Attention les fauves

Après avoir dévoré ce livre, je me dois de rendre justice à Brice Pelman. Ce roman, qui part d'une idée simple, est tout simplement fantastique. Car au-delà de l'intrigue qui est fort bien racontée, au-delà du style fluide et limpide qui se lit bien et vite, la psychologie des personnages est vraiment impeccable. Entre Jourdain qui est d'abord pris de remords avant de chercher à comprendre puis à s'en sortir, et les voisins qui font circuler les bruits de couloir, l'intrigue avance essentiellement grâce à ses personnages vrais, à ses réactions réalistes, aux coups du sort qui compliquent la vie, aux bonnes moeurs qu'il ne faut pas transiger. Même les réactions des enfants sont impressionnantes de justesse. Cela en fait un récit incroyablement vrai et passionnant dont on ne sait jamais comment cela peut se terminer. Par moments, on atteint même des retournements à la Feydeau.

Quelle bonne idée d'avoir ressorti ces romans qui seraient aujourd'hui mis en lumière plus qu'ils ne le furent à l'époque (il faut dire aussi qu'il y a plus de media qu'avant), car il doit y avoir de vrais petits bijoux et qu'il est grand temps de leur rendre justice. A cet égard, je vous conseille de lire l'interview de Brice Pelman publiée chez Paul Maugendre pour avoir une idée du travail de titan que ces auteurs abattaient afin de garnir les rayonnages des gares d'antan.
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Un petit roman me faisait de l'oeil depuis quelques temps déjà et je n'avais pas pris le temps de l'ouvrir. Voilà, c'est chose faite ! Si vous êtes allergique à l'humour noir arrêtez-vous ici.

Nous sommes sur les hauteurs de Nice dans une villa reculée où vit Doria et ses jumeaux de 11 ans, Marieke et Patrick. Un soir, Doria reçoit la visite de son voisin. Voisin qui pris de pulsions dévastatrices la viole, l'étouffe et s'enfuit. le lendemain matin à leur réveil, les enfants découvrent le corps glacé et sans vie de leur mère. Passé le moment d'effroi ils décident, de peur de finir en pension, de garder le secret et de faire comme si rien ne s'était passé. La routine continue alors pour les deux enfants. Les journées sont rythmées par l'école, les devoirs, les jeux et les repas. Mais combien de temps vont-ils pouvoir continuer à faire illusion ? Surtout quand la vieille bigote des environs commence à mettre le nez dans leur petite vie et que le voisin meurtrier commence à paniquer...

Un petit extrait : "C'est tout de suite après le départ de Mme Josepha qu'ils ont pris la décision d'enterrer maman. Encore ont-ils discuté longtemps avant d'en arriver là, mais ils étaient d'accord pour reconnaître que l'odeur devenait insupportable, qu'il fallait faire quelque chose. [...] C'est alors que Marieke a proposé qu'on l'enterre, on pourra même faire un jardin sur sa tombe, planter des fleurs, ce sera chouette."

Ce livre est arrivé entre mes mains pile au bon moment. C'est un excellent remède contre les coups de cafard. Dommage qu'il se soit lu si vite. En 2 heures il était plié. J'ai rit tout au long du livre, jaune souvent mais j'ai rit. Les situations sont cocasses. L'aplomb des enfants est effarant ! Innocents ou cruels difficile de faire son choix...
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Non sans humour, Brice Pelman nous rappelle qu'au royaume des prédateurs, les enfants sont les rois. Une savoureuse petite histoire de crime(s), traitée avec la simplicité et la noirceur des comptines d'autrefois : les personnages sont un brin trop stéréotypés pour qu'on s'y attache mais le récit reste diablement efficace !

La grande force de cette histoire repose sur les sentiments contradictoires que les deux gosses éveillent en nous, de l'élan de tendresse au sentiment d'horreur. Ils sont à la fois si vulnérables et si dangereux, ces innocents "monstres".
On finit même par souhaiter qu'ils tiennent le coup et que leurs stratagèmes ne soient jamais découverts, d'autant plus que les adultes qui les entourent ne sont pas franchement reluisants et ne donnent guère envie de grandir...

Inspiré d'un fait divers, ce roman qui se lit d'une traite, évoque avec simplicité et justesse le monde de l'enfance .
Mon coup de coeur.