Je sais que cela va paraître étrange, mais je n’ai pas trouvé qu’il se passait grand-chose dans ce roman, et pourtant, je l’ai beaucoup aimé. Après l’avoir lu et en y repensant, j’ai l’impression de repenser à une histoire qui s’est déroulé très vite, sans action, mais qui est tellement prenante qu’il est difficile de lâcher Attraction mortelle. Je ne crois avoir déjà lu un roman me laissant cette drôle d’impression, et quand on lit la note de l’auteur nous disant qu’il a été très long d’écrire ce livre, on la comprend aisément. Car en fin de compte, tout ce passe dans les esprits des deux protagonistes principaux. On vit l’histoire à travers leurs pensées, leurs souvenirs, leurs interrogations. Bien entendu, il y a de l’action à proprement parler. On voit tout une ville secouer par ce tragique événement, on découvre la fameuse forêt de Darkwood. Mais, ce qui m’a vraiment absorbé, ce sont de voir Emily et Damon se battre avec eux-mêmes.
Tout se joue sur la psychologie des personnages. Emily se voit du jour au lendemain comme la pire paria qui soit lorsque son père, ancien militaire souffrant de stress post-traumatique, est accusé du meurtre de la fille la plus populaire du lycée. Damon, le petit ami de la victime, est le dernier à l’avoir vu avant le terrible accident, mais ne se rappelle de rien. Voilà comment nous commençons Attraction mortelle. On arrive dès le départ à penser comme Emily, que son père ne peut pas être coupable, même avec les soucis qu’il a. De plus, l’amnésie de Damon est tout de suite très louche, mais en même temps, on se dit qu’il serait trop facile que ce soit lui aussi. Et puis, les deux protagonistes commencent à réfléchir, à vouloir comprendre. Et là, nous perdons tous nos repères. Les intuitions du début sont mises à mal, on commence à douter comme nos deux héros, nous ne sommes plus sûrs de rien. Des coupables potentiels se présentent, mais à part quelques faits étranges, rien ne les accuse vraiment. Et les seuls indices que l’on a, ce sont les réflexions d’Emily et Damon. C’est maigre surtout qu’ils n’ont rien de quoi à se raccrocher. Du coup, on veut savoir, on veut comprendre ce qui a bien pu se passer cette nuit-là. Et vraiment, l’auteur a très bien su construire son histoire. Le suspens et le côté psychologique de l’histoire montent petit à petit en intensité, jusqu’aux derniers chapitres où tout s’accélère, où la tension vous fait craindre le pire même si on sent le dénouement proche.
Une autre chose que j’ai beaucoup apprécié, est l’alternance des chapitres avec à chaque fois le point de vue d’Emily et Damon. Cela crée une très bonne dynamique et en même temps, cela nous permet aussi d’avancer dans l’histoire beaucoup plus vite que si un seul personnage nous conter tout cela. De plus, le procédé employé par Lucy Christopher permet aussi de voir clairement l’évolution des pensées de nos deux héros. On les voit tous les deux changer complètement d’opinion sur leurs certitudes si bien qu’à un moment donné, Emily pense comme Damon et inversement. Ces deux personnages étaient très réussis, d’ailleurs. J’ai tout de suite eu de l’empathie pour tous les deux, et je voulais réellement que chacun d’eux puissent trouver la paix à la fin de l’histoire. La relation qui s’instaure aussi entre eux est très réaliste. Elle évolue aussi tout au long du roman comme une sorte de fil conducteur. Il y a cette attraction/répulsion qui en même temps leur permet à tous les deux de garder la tête hors de l’eau. J’ai adoré. Faiblesse et force se mélangent à tour de rôle. Il n’y a pas beaucoup d’action, mais les émotions sont là. Et il y en a à revendre.
La fin est très bien trouvé. Je ne m’attendais pas vraiment à cela, en un sens. Mais, je trouve l’épilogue parfait, sans être trop parfait non plus, dans le sens où on ne vit pas dans un monde idyllique, mais l’auteur a su rendre très juste cette histoire.
Mon seul regret en un sens, c’est Ashlee, la victime. Je n’ai pas du tout aimé ce personnage. Elle est pourtant extrêmement présente, mais je l’ai tout de suite trouvé très toxique. Et même dans le discours de Damon, on sentait qu’elle n’était pas très stable, dangereuse, incontrôlable, malsaine… C’est difficile à expliquer, mais je n’ai pas aimé sentir sa présence partout tout au long du roman.
Merci en tout cas à Babelio et aux Éditions Gallimard Jeunesse pour cette découverte. J’ai vraiment envie de découvrir d’autres romans de l’auteur grâce à Attraction mortelle, et j’ai passé un très bon moment de lecture.
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