AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264058706
360 pages
10-18 (21/02/2013)
4.32/5   52 notes
Résumé :
Certains ont été blessés, violentés. D'autres ont volé, tué, séquestré. Victimes ou coupables supposés, les voici au tribunal. Pour les plus vulnérables comme pour les plus frustes, c'est l'un des seuls lieux où la parole leur soit donnée. Du récit cocasse de sa première plaidoirie à celui, poignant, d'un accident mortel dont le responsable traverse l'enfer avant de connaître la rédemption, Maître Mô, avocat au barreau de Lille, met en lumière des hommes, des femmes... >Voir plus
Que lire après Au guet-apensVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,32

sur 52 notes
5
7 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Cet ouvrage écrit par Jean-Yves Moyart sous le pseudo Maître Mô, avocat pénaliste, regroupe plusieurs récits d'après des affaires qu'il a vécues, toutes étant différentes sans lien avec les autres (principalement sur le terrain pénal). Chaque cas constitue un chapitre plus ou moins long ; certains ne font que quelques pages, d'autres s'étendant beaucoup plus.

J'étais très curieuse à l'idée de découvrir ce livre et il n'y a aucun doute sur mon ressenti final : j'ai profondément aimé cette lecture et oui, je le clame haut et fort, c'est je pense un de mes coups de coeur de l'année en matière de découvertes. (et je vais tenter tant bien que mal de condenser toutes mes notes éparpillées prises à chaud. :')) (spoiler : je n'ai pas réussi et ceci est bien trop long, oups... pardon d'avance.)

La façon qu'a l'auteur de raconter son récit le rend de suite sympathique, c'est indéniable. Il ne prend pas de ton pompeux, n'utilise pas un vocabulaire particulièrement riche et/ou technique, avec des phrases longues qui seraient un peu compliquées… pas du tout ! En fait, son ouvrage est fait pour être accessible à tous et c'est en ça qu'il est agréable. Il est appréciable de pouvoir plonger dans le milieu d'un avocat pénaliste sans se confronter à tous les détails complexes et techniques du droit pénal. Il explique les choses de manière simple, cela se lit avec fluidité et rend l'ouvrage parfaitement abordable pour tout individu, juriste ou non-juriste (ou débutant dans la matière, comme moi qui suis en L1 Droit :)).

J'ai donc vraiment apprécié la plume de l'auteur. Je trouve qu'on se sent facilement ‘proche' de lui, même si on n'est pas avocat et qu'on n'est absolument pas dans le milieu du Droit de manière générale.
Par ailleurs, j'ai trouvé les petites notes en bas de pages super pertinentes ! Elles ne sont pas nombreuses, ne viennent pas entrecouper la lecture toutes les trois pages pour expliquer le moindre terme de vocabulaire relatif au Droit. Mais elles interviennent ponctuellement pour éclairer un lecteur qui serait peu spécialiste en Droit. Me concernant, j'ai trouvé ça très bien !

Je note aussi sa façon, parfois, de s'adresser directement aux individus qu'il a croisés au cours de sa vie et qu'il évoque dans cet ouvrage. Il y montre sa considération envers ces personnes, son respect, ainsi que son intérêt de savoir ce qu'ils sont devenus. Cela rend le truc tellement réel, tellement touchant. Je trouve que ce n'est pas rien.

À travers cet ouvrage de 300 et quelques pages, on découvre ainsi plein d'affaires diverses : des ‘petites' affaires à d'autres qui ont probablement fait beaucoup parler à l'époque, des comparutions immédiates à des affaires de plusieurs années, ou encore de l'anecdote de sa première plaidoirie à des cas bien plus terribles…
(Petite remarque sur sa première plaidoirie d'ailleurs : elle est consacrée au deuxième chapitre, et je dois dire que son ton second degré était que trop appréciable ! Et l'anecdote est juste mémorable comme tout - et qui m'aurait je pense fort traumatisée si je l'avais vécue… :'))

Du vol simple au meurtre en passant par l'homicide involontaire ou le viol, s'il y a bien une chose de certaine, c'est que je ne me suis pas ennuyée une seule seconde durant cette lecture. Ecoeurée par certaines histoires, touchée par d'autres… on n'en reste dans tous les cas pas indifférent.

J'ai aimé suivre les questionnements du narrateur, ses pensées, voir les enjeux et la pression du métier ou encore les émotions qui surgissent au moment de la décision rendue après délibération des juges…
J'ai aimé la façon dont l'auteur ne racontait pas uniquement des affaires d'un point de vue objectif et juridique.
Je pense que si je devais trouver des mots qui me font penser à cet ouvrage, le premier qui me viendrait à l'esprit serait ‘humanité'. J'ai pu observer au cours de ma lecture une réelle volonté de se pencher sur l'aspect humain : le fait qu'il parle de ses clients, évoque ses relations avec eux, ce qu'il sait d'eux, la façon dont il les a perçus et compris…

Par exemple, un chapitre m'a particulièrement touchée sur ce point-là, puisque c'est un cas où il ne raconte pas le procès, il s'arrête juste avant, juste après un échange fort entre la mère de la victime et le prévenu, accusé d'homicide involontaire… Je sais que ce passage m'a marquée sur le moment, car je me suis dit que cela aurait pu arriver à n'importe qui, finalement…
Dans une autre affaire, l'auteur évoque le temps qu'il a passé avec le prévenu qu'il devait défendre, la façon dont il a pris le temps de l'écouter, etc.

J'y ai vu cet ouvrage, non pas seulement comme un témoignage d'avocat sur des affaires pénales, mais aussi comme un récit qui parle de l'être humain, de sa complexité, ainsi que de celle de la justice pénale, qui est bien loin de se résumer à *une infraction = une sanction*. J'y ai vu la complexité de l'âme humaine, les remords possibles, la culpabilité qui peut détruire de l'intérieur suite à des actes inexplicables et impardonnables, des traumatismes passés, la difficulté de se positionner, et puis le rôle de l'avocat dans tout cela…

Évidemment, on a une plongée dans le monde du droit pénal. Concernant certains chapitres, l'accent va être mis un peu plus sur l'aspect déroulement de la procédure ; notamment sur la phase d'instruction, par exemple. J'y ai vu durant ces passages un aperçu de toute la difficulté et minutie que demande le travail du juge d'instruction, du temps que cela peut prendre de chercher chaque détail susceptible de servir à l'enquête…

À noter également que la lecture est d'autant plus dynamique qu'il y a une approche différente à chaque chapitre pour aborder l'affaire en question et la ‘raconter'. Parfois, il conserve son pdv à la première personne de A à Z. D'autres fois, il se met dans la peau de son client, écrit à la troisième personne… On sent (en tout cas c'est mon ressenti!) que l'auteur ne voulait pas transmettre chaque cas de la même façon. de cette manière, le ton du récit n'est pas monotone, pas ennuyeux, pas répétitif. J'ai été intéressée du début à la fin par chaque affaire différente.

Il me faut souligner le fait que j'ai lu le dernier tiers d'un trait et que cela ne fut pas des plus évident compte tenu les sujets abordés dans les derniers chapitres…
-> Concernant le chapitre « Au Guet-apens », il est à noter qu'il est assez long car on suit vraiment le déroulé de l'affaire et que j'ai trouvé que c'était un des cas les plus fous et fascinants à suivre… On suit le fil du raisonnement de l'auteur et de sa pensée qui aboutit à sa plaidoirie de 3 heures et je me suis faite la réflexion à cet instant que c'est assez dingue comme métier, quand même… Et puis, affaire d'autant plus marquante de par sa chute… Je suis clairement tombée des nues et je ne peux qu'imaginer vainement la sensation et claque monumentale que tu dois te prendre en tant qu'avocat… le terme d'écoeurement utilisé par l'auteur est plutôt bien choisi à mon avis.

-> Pour ce qui est du chapitre intitulé « Noël », j'ai très vite compris que c'était l'affaire mentionnée dans la quatrième de couverture. C'était un cas juste affreux et terriblement éprouvant à lire ; on a un aperçu de torture plutôt insoutenable pour la sensible que je peux être. A se demander comment un être humain peut rester vivant après avoir vécu des horreurs pareilles… Là encore, cas très intéressant malgré tout car on est témoin encore une fois de la difficulté du métier d'avocat de devoir se confronter à toute sorte de profil, nécessitant de se mettre à la place de n'importe qui afin d'essayer de comprendre, même dans la peau d'un tortionnaire… Il s'agit d'essayer de comprendre la complexité humaine, parfois capable des actes les plus terribles… Et comme l'auteur le dit lui-même, la source de ce genre d'actes vient, le plus souvent, d'un passé lui-même composé de souffrances… Et comme il l'exprime également : le rôle d'un avocat est d'essayer de faire avancer quelqu'un et de l'humaniser… même après avoir commis des actes d'une telle cruauté, même quand, parfois, avoir de l'empathie est pratiquement impossible… Et le pire, là encore, dans cette affaire ? La fin du chapitre, encore. :') La chute.
« Mon confrère a vaillamment défendu Gérald, invoquant longuement le premier dossier, ce qu'il avait subi, la sauvagerie dans laquelle on l'avait plongé, et que des années après, il avait répétée, ressortie de lui, pour son malheur et celui de la victime… »

-> Autre cas qui m'a heurtée sur le moment (un peu moins que les autres évoqués dans cette chronique, ceci dit), celui intitulé « Passion ». Je me suis demandé un bref instant s'il ne s'agissait pas de l'auteur lui-même, tant j'ai été perturbée par la narration à la première personne… Mais en fait, l'auteur a seulement utilisé ici une approche encore différente, du point de vue de son client, approche d'autant plus percutante et intéressante qu'il s'agit du point de vue du délinquant.
À noter que tous les passages où il 's'approprie' les pensées de ces individus, bien sûr, ont donc été écrits avec une part évidente de fiction. Cela dit, à aucun moment je n'ai senti dans son écrire une volonté d'exagérer ou amplifier quoi que ce soit. Tout m'a semblé simplement profondément juste et réaliste.

-> le chapitre « Petite fille… », j'avoue m'être demandé sur le moment si je ne devais pas faire une pause dans ma lecture. Il ne m'avait même pas fallu le temps de lire la première page que j'avais déjà senti le truc arriver… C'était un des cas les plus éprouvants à lire et qui m'a profondément impacté. le chapitre était lourd, sombre, dur, bref, affreux, comme chaque fois qu'il s'agit de parler de viol et de pédophilie, mais c'était un chapitre aussi très fort. Pour tout dire, les derniers mots que l'auteur adresse directement à Jade… j'en ai presque eu les larmes aux yeux.
-> La dernière affaire racontée, « Plainte », ne m'a pas épargnée non plus. (Emprise, violence, inceste, bref…) J'ai réellement eu peur pour cette femme et ses filles durant ma lecture ; peur rien qu'en lisant le récit. Alors à vivre… Je ne peux pas le comprendre, même pas vraiment l'imaginer. Mais j'ai un respect infini pour ces personnes qui ont vécu des histoires similaires et qui ont ce courage surhumain là pour s'en relever et peut-être, comme pour les trois personnes concernées dans l'ouvrage, d'en parler enfin après tant d'années.
D'ailleurs, à noter que je n'ai pas été indifférente à la personne que représente le chef hiérarchique de la mère. Il existe des gens biens dans ce monde bordel. J'ai parfois tendance à l'oublier. Mais il existe des gens au coeur si pur.
À ces gens-là : juste merci d'exister.
Et encore une fois, les derniers mots de l'auteur qu'il adresse aux victimes… Tellement de respect, de gentillesse, de bienveillance… C'était la dernière chronique judiciaire et elle s'est conclue de la meilleure façon possible.

À l'auteur, décédé en 2021 et qui ne verra jamais mes mots, merci d'avoir su si bien retranscrire la réalité de ce monde et de ce que vivent tant de personnes. Merci d'avoir partagé ces quelques expériences dans cet ouvrage pour les partager, et merci pour avoir fait votre métier avec tant d'humanité et d'humilité. Je vous admire.
Commenter  J’apprécie          180
Le monde judiciaire est source de fantasmes, où se côtoient criminels sanguinaires, juges corrompus et procéduriers qui relâchent sans état d'âme des meurtriers dans la nature, avocats cyniques qui s'en mettent plein les poches et, quand même de temps en temps, des héros qui bravent tous les pouvoirs pour rendre leur dû à la veuve et à l'orphelin. La justice est aussi un domaine où tout un chacun, quelle que soit la complexité du sujet abordé, a une opinion ferme et bien arrêtée sur ce qui doit et ne doit pas se faire. Sur le papier, en effet, toutes ces idées sont merveilleusement simples et cohérentes.

Et ce livre est une vraie claque, parce qu'on se rend compte qu'on a faux sur toute la ligne, qu'un voleur, c'est un peu plus que « quelqu'un qui a pris quelque chose qui ne lui appartient pas » mais qu'il y a toute une vie derrière, que la vérité, dans certains cas, est introuvable mais qu'il faut bien quand même dire qui est coupable et qui est innocent, qu'il existe des cas où quel que soit le jugement rendu, il sera toujours mauvais, et que des gens se retrouvent devant un juge alors que la seule chose dont ils ont besoin, c'est quelqu'un pour les épauler, les soigner ou leur donner un petit coup de pouce.

Quinze histoires, vécues par un avocat qui parfois doute, se trompe, se met en colère, se démène dans tous les sens pour ses clients. Quinze histoires qui prennent à la gorge, mais qui tordent aussi le cou à un bon paquet d'idées reçues.
Commenter  J’apprécie          180
Les chroniques judiciaires semblent se répandre de plus en plus sur la toile, et connaître également un certain succès en librairie. Celles de Maître Mô ont été publiées il y a un peu plus d'un an, et reprennent parfois des articles qu'il a pu publier sur son blog.

Les histoires sont différentes les unes des autres, affaires de moeurs, homicide involontaire, divorce contentieux, tortures et actes de barbarie, démêlés avec des propriétaires véreux... c'est ce qui fait la richesse du métier d'avocat, elles peuvent se ressembler mais ont chacune leurs particularités. Leur point commun, toujours, Maître Mô.



Maître Mô, a une écriture très agréable. J'ai eu l' impression de lire un roman, la narration se fait parfois à la première personne, parfois l'auteur prend ses libertés et se met à la place d'un personnage. Cela m'a un peu surprise qu'il rentre dans ce jeu et leur prête des pensées fictives, pour le lecteur qui n'a accès à rien sinon à ces paroles, difficile de faire la part des choses, d'autant plus que sa vision comme il le dit dans l'avant propos est nécessairement subjective.



Chaque affaire est traitée comme la plus grande des affaires criminelles. Il n'y a pas de petites affaires.

Son rôle comme j'ai pu l'entendre dire récemment consiste avant tout à assister son client, parler pour lui à l'occasion du procès, étape fondamentale où l'individu a la parole pour se défendre mais ne sait le plus souvent qu'articuler quelques phrases voire quelques mots.

L' avocat peut avoir ses convictions et ses certitudes, notamment à propos de l' innocence d'un client ,mais l'expérience et les erreurs passées apprenent à les tempérer. " Ne jamais rien croire d'emblée, ne jamais rien tenir pour absolument vrai qui ne soit pas absolument démontré".



Comme j'ai pu le constater également dans le livre Bête noire de Maître Dupond-Moretti, un avocat réellement passionné par son métier, d'autant plus s'il est pénaliste se transforme physiquement et surtout mentalement à l'occasion d'un procès, entre le doute et la peur qui l'assaillent quant à l'issue de celui-ci.

Il est frappant de constater le nombre de fois où l'auteur décrit ses propres sentiments : la rage, la colère, la tristesse, l'envie de pleurer, la joie etc...



Le pénaliste ne se contente pas d'entrer dans la vie de tiers le temps d'un procès, il vit lui-même cette histoire malgré lui. C'est cette passion parfois excessive que nous transmet brillamment Maître Mô sur le ton de la confidence, sans oublier toutefois d' y ajouter une pointe de plaisanterie notamment avec son clin d'oeil à un journaliste, chroniqueur judiciaire d'un quotidien régional, fidèle des comparutions immédiates que j'ai immédiatement reconnu à sa belle description...
Commenter  J’apprécie          30
C'est un recueil de récits d'intérêt public, parfois sidérants, parfois émouvants, toujours instructifs sur la justice pénale...et surtout plein d'humanité, sous le regard intelligent de Maître Mô qui nous a quitté le mois dernier. C'est un concentré d'humanité à chaque chronique, avec sa beauté et ses aspects moins reluisants (terrible chronique « Noël », glaçante), avec sa part d'espoir et sa part de déception, parfois de désillusion (cf « au guet-apens », peut-être la lecture la plus marquante de l'ensemble).

Les rapports humains sont exposés ici dans toute leur complexité, loin des manichéismes habituels, via le prisme de cas parfois extrêmes, mais aussi parfois bien plus proches de nous qu'il n'y paraît. Si seulement ce livre pouvait être lu par le plus grand nombre...On dit que la lecture a cette capacité unique à créer de l'empathie en permettant de se mettre dans la peau d'autres que soi : on trouvera difficilement meilleure illustration que ce livre-ci.
Commenter  J’apprécie          70
Au guet-apens qui n'en est pas un, à une époque où il est de bon ton d'ajouter à son C.V. l'écriture d'un livre….

La ménagère de moins de 50 ans les appellerait des monstres. Maître Mô les appelle Kader, Monsieur Bertrand, Jade, Ahmed, Gérald… des hommes et des femmes en somme, parce que pour Maître Mô il y a de l'humain partout.

Maître Mô est, après exercer en tant qu'avocat pénaliste, un bloggeur. « Au guet-apens » reprend 14 de ses posts. J'écris reprend, car les habitués du blog constateront que l'auteur a retravaillé ses chroniques dans une optique beaucoup plus littéraire.

Ces chroniques de la justice ordinaire font la part belle à ce que Maître Mô appelle les réprouvés, c'est-à-dire ceux qui ne se sont pas construits normalement et qui ne peuvent donc pas construire normalement. Elles vont plus loin que ce que les médias et les comptes-rendus d'audience peuvent relater d'un fait divers. Chaque histoire est racontée de l'intérieur, comme un avocat peut la vivre à côté de ceux qui n'ont parfois que quarante mots pour se défendre. Car durant chaque dossier Maître Mô vit littéralement avec son client. Empathie ? Non humanité.
Commenter  J’apprécie          50


critiques presse (2)
LesEchos
25 novembre 2011
Sur son site, il raconte les audiences, les enquêtes, les rencontres. Ses doutes aussi, ses erreurs, sans effet de manche. Les éditions de la Table Ronde ont eu l'idée géniale de rassembler ses chroniques dans un livre. « Au guet-apens ». C'est le titre aussi d'une chronique publiée un matin de printemps sur le blog de maître Mô.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
17 novembre 2011
Cet avocat - le "je" du narrateur - est un homme qui doute, se trompe, passe à côté, s'en veut, se bat et perd bien plus souvent qu'il ne gagne. Un artisan et pas un héros. Dernier avertissement : lecture nuisible aux idées reçues, susceptible de provoquer une forte dépendance.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Odile, comparaissant en état de récidive légale pour la tentative d'un vol de chaussettes valant neuf euros cinquante, restituées lors de son interpellation, a été condamnée à la peine (plancher) de deux années d'emprisonnement dont une assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve comportant obligation de soins, notamment, le tout avec mandat de dépôt. Ce qui veut aussi, et d'abord, dire un an ferme, peine immédiatement exécutée – deux semaines se sont écoulées depuis la commission de ce délit inadmissible. La dernière fois qu'Odile a été libre, elle franchissait la sortie sans achats d'un supermarché avec une paire de chaussettes cachée dans son ciré trop grand.

Oui, la ministre aurait dû être là et assister à cette audience, farcie de peines planchers dont celle-ci était l'apothéose. Nos brillants députés aussi, qui votent ce genre de choses ; ceux des magistrats que je connais qui pensent qu'être gardien de l'application de la loi, c'est se contenter de l'appliquer sans nuances ; ceux de mes confrères qui, dès qu'elle est juridiquement applicable, baissent les bras ; et tous ceux, dans l'opinion publique, cette espèce de grande putain, qui osent soutenir ce type de décision uniquement sécuritaire ou censée l'être, sans réfléchir un instant à qui on va l'appliquer, et qui changeraient immédiatement d'avis si cette petite fille en ciré jaune trop grand était leur enfant ou leur sœur...
Commenter  J’apprécie          70
Je pense à tous ces êtres humains, à cet homme, en demeurant certain, profondément, douloureusement, que oui, monsieur Bertrand, il existait un avenir, oui. Pour avoir vécu votre repentir et vos douleurs avec, vous vis-à-vis de ces gosses, je sais que vous étiez tout sauf irrécupérable, tout sauf foutu, y compris pour le bien que vous pouviez apporter de mille façons, ailleurs, je crois que vous n’aviez pas perdu la qualité d’homme, et que vous deviez, que de vous devez vivre !
J’espère que vous êtes vivant.
Commenter  J’apprécie          70
Nous sourions parfois à l'évocation de telle ou telle scène, et nous parlons de nos expériences de ces moments affreux où plus rien ne vous appartient et où, sous peine de blessure profonde, il faut absolument parvenir à penser qu'on a à peu près tout dit.
Commenter  J’apprécie          110
Je baisse le micro à sa taille. Elle se tient à cette barre qu’elle a tant attendue et elle parle, non pas des faits en eux-mêmes, déjà tellement acquis que ce n’est plus nécessaire, mais d’elle, de ses peurs, de son ressentiment. Elle exprime, je crois, ce qu’elle voulait absolument qu’il entende, haute comme trois pommes, sa petite voix entrecoupée de larmes. Elle lui décrit ses cauchemars en s’accrochant au béton de la barre comme une noyée à son radeau, elle lui dit qu’elle pourra peut-être un jour avoir un ami, accepter une relation, mais pas encore, pas maintenant… Elle lui met sous les yeux et dans les oreilles, une bonne fois pour toutes, le mal qu’il lui a fait.
Commenter  J’apprécie          30
Avez-vous déjà contemplé une plage après tempête, quand le soleil glisse à nouveau sur le sable mouillé et lisse, les couleurs, les nuages dans le ciel redevenu bleu et le reflet de ce bleu dans les flaques et la mer, et cette impression que la mer est lavée, que les vagues refluent, désormais ?
Nous reprenons notre place, je lui murmure « bravo », Jade me regarde, épuisée, avec un sourire timide, et son visage est cette plage.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Maître Mô (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maître Mô
Extrait du livre audio « le Livre de Maître Mô » de Jean-Yves Moyart lu par Hugues Martel. Parution numérique le 14 décembre 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/le-livre-de-maitre-mo-9791035411091/
autres livres classés : chroniques judiciairesVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (167) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..