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EAN : 9791038700239
398 pages
Zulma (01/04/2021)
3.99/5   458 notes
Résumé :
Roman traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Stéphane Roques

Postface de Haruki Murakami

Roman d'aventures ou dystopie, voici LE western du Grand Nord. Un roman déjà culte. Steppes et taïga en lieu et place des plaines du Far West. Une ville fantôme balayée par les vents, dernier vestige de la vie de ces pionniers de Sibérie avant qu'un cataclysme emporte tout. Ou presque.
Le temps s'est arrêté pour Makepeace. En cavalier solitai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (88) Voir plus Ajouter une critique
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De la postface rédigée par Haruki Murakami, et parmi toutes ses réflexions intéressantes, j'en retiens deux :
- d'une part, le fait qu'il souligne le caractère essentiel de l'originalité dans un roman
- d'autre part, l'envie qu'il exprime de demander les opinions des lecteurs sur ce texte de Marcel Theroux

Je le rejoins complètement sur l'originalité car, dans ce roman, dont le thème dystopique, post-apocalyptique, pourrait paraître usé jusqu'à la corde, il parvient à créer cette originalité nécessaire pour sortir des poncifs du genre, et il le fait en créant une héroïne attachante dès les premières pages, dont le livre retrace finalement l'existence avec une grande habileté littéraire.

Déjà son prénom : Makepeace, qu'elle a eu du mal à porter dans l'enfance et l'adolescence. Puis, ses attitudes, ses réflexions sur son passé, son présent, sa volonté d'imaginer un avenir si improbable, son désir ou son acceptation de la mort, son vécu de celle de tous ceux qui lui ont été proches.

Makepeace, c'est une fille qui bouge, une battante, une combattante, acceptant les défaites, l'adversité terrible, mais qui garde un secret espoir au fond d'elle-même qui lui fait accomplir les actions les plus téméraires -- c'est bien le mot, car elle va bien plus loin que le simple courage -- agissant souvent sans la réflexion qui pourrait l'empêcher d'agir.

C'est un beau roman dont il ne faut surtout pas dévoiler le contenu, mais dire simplement aux lecteurs tentés par ce livre qu'ils vont plonger dans un univers qu'ils ne quitteront pas dès les premières pages tournées, pour le lire quasiment d'une traite, tant il est naturel et nécessaire de ne plus quitter un instant Makepeace, pour la suivre jusqu'à la fin, une fin d'anthologie qui referme un livre de vie inoubliable.
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Au nord, dans l'immensité des steppes et des taïgas, se trouve le salut.
Des hommes quittent les grandes villes et leur confort pour aller vivre en Sibérie, cette « étrange terre déserte, froide, et tachée de sang ». Pour tourner le dos à un monde avili et sans grâce. Pour retrouver ces valeurs oubliées et simples du travail, le vrai, et de l'entraide entre les hommes.
Des pionniers d'un genre nouveau.
C'est ici, en pleine Sibérie, presque au milieu de nulle part, qu'est née et a vécu Makepeace. Très loin du mercantilisme et des dépravations du monde de ses parents. Un monde qui l'attire, malgré toutes les mises en garde, les ressentiments, et les interdits des adultes.
Mais ce monde qu'ils ont abandonné part en vrille. À force de se lézarder de tous côtés, il finit par s'effondrer. Dérèglement climatique, inondations, guerres, problèmes d'approvisionnement des grandes métropoles, famines… Il a fallu le temps d'une génération pour en arriver à ce naufrage.
Ce sont des hordes de familles affamées, hagardes et dépenaillées, ce sont des bandits de grand chemin sans foi ni loi, qui viennent saccager les terres cultivées avec tant d'amour et de désintéressement par nos pionniers.
Au nord, dans l'immensité des steppes et des taïgas, se trouve désormais la survie.
Le monde s'efface, se retire, et Makepeace se retrouve seule, ou presque, dans la ville des pionniers de la lointaine Sibérie. Une ville fantôme qu'elle parcourt chaque jour à cheval. La voilà contrainte de vivre comme le peuple des caribous. Il en faut de la force d'âme, du courage, pour être cette dernière sentinelle d'un ancien monde tombé en jachère.
Makepeace se tient prudemment à l'écart du nouveau qu'elle voit apparaître dans de grandes colonnes de poussière. Seuls l'opportunisme, la cruauté et l'exploitation s'épanouissent au milieu de ce grand désordre.
Puis il y a cet avion qui caracole dans le ciel. Et si la civilisation existait encore quelque part, là où se rendait l'avion ? L'espoir chevillé au corps, Makepeace abandonne sa maison et son potager pour tenter de la retrouver. Elle se lance dans la grande steppe, prête à affronter tous les dangers, toutes les cruautés.
Elle a des fantômes à oublier aussi. Ses parents. Charlo et Anna qu'elle a enterrée. Et Ping. Son sourire. Sa joie. Sa reconnaissance. Son ventre rond.
Dans son dernier périple, elle ne trouvera que mort, exactions, haine et dépravation. Puis au moment où elle n'attendait plus rien, une dernière raison de vivre.
Il y a du souffle épique dans ce refus obstiné du renoncement malgré les échecs et les espérances trahies.
Vraiment. Une histoire prenante. Un beau et grand roman.
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Makepeace, l'héroïne sans peur ni reproche d'« Au bord du monde », évolue dans un monde post-apocalyptique. Elle est la shérif solitaire d'une grande cité de Sibérie où elle a grandi et dont elle est l'une des uniques survivantes. Ses parents, dans une tentative utopiste d'échapper à l'hystérie consumériste de l'Occident, ont émigré des années plus tôt dans une contrée lointaine et sauvage pour fonder une communauté qui ne survivra pas à l'arrivée ininterrompue de migrants fuyant l'apocalypse.

Sa rencontre avec Ping, une jeune femme chinoise enceinte, puis l'apparition stupéfiante d'un avion survolant la cité maudite en direction du nord vont conduire Makepeace à reprendre espoir et à entamer un long périple semé d'embûches. Au cours de cette interminable expédition, rien ne lui sera épargné, mauvaises rencontres, privations, torture, emprisonnement, mission suicide en zone infestée par la pollution nucléaire, pour ne citer que quelques uns des événements qui jalonnent la quête désespérée de la narratrice au courage aussi immense que les steppes qu'elle va traverser au péril de sa vie.

« Au bord du monde » de Marcel Théroux est un livre à la fois classique et étrange qui mêle le western sibérien avec le roman post-apocalyptique. le monde tel que nous le connaissons a été victime de son hubris et ravagé par un cataclysme mystérieux. Ne subsistent que quelques communautés retournées à l'âge de pierre et conduites par des guides spirituels dont la caractéristique principale est l'hypocrisie. Prisonnière de l'une de ces communautés, l'héroïne au coeur pur et au visage défiguré par la soude que lui ont versée une bande de lâches, fait preuve d'une résilience inouïe. Elle ne perd jamais espoir dans sa quête d'une cité qui aurait été épargnée par l'apocalypse et serait encore en mesure de faire voler des avions vers le grand nord.

Le charme du roman réside dans ce mélange des genres. Si on y retrouve la solitude, la beauté des paysages, le courage des protagonistes propre au western, le retour soudain de l'humanité à une vie tribale guidée par la religion, devenir ultime d'une civilisation ayant atteint une forme de perfection mortifère, dont ne subsistent que des zones infectées par une radio-activité mortelle, renvoie le lecteur aux grands classiques de la dystopie.

Le statut de roman culte d'« Au bord du monde » doit forcément à la beauté de la toundra balayée par une lumière rasante, ainsi qu'à l'interrogation qu'il suscite sur le séisme qui menace une civilisation hypnotisée par sa propre hubris. Et pourtant, l'essentiel est sans doute ailleurs et se niche au creux de l'âme intègre et sauvage de Makepeace, qui ne rend jamais les armes, malgré les épreuves indicibles qu'elle traverse lors de sa quête éperdue d'un monde qui aurait gardé une forme de dignité.
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Un grand vent d'aventure souffle sur cette dystopie que je n'ai pas lâchée.
Marcel Théroux nous entraîne sur les traces d'une fin de civilisation dans les paysages époustouflants et sauvages du grand Nord Sibérien qu'il connait bien.
Le grand Nord abrite des villes nouvelles construites par ces colons qui ont fui une vie misérable ou bien ont été chassés de leurs terres depuis que le dérèglement climatique a provoqué le chaos dans le monde entier.

« Nos étés dans le Nord rallongeaient et nos hivers se faisaient plus doux. Personne ne s'inquiétait outre mesure de savoir que ce qui atténuait les effets du froid de nos hivers réchauffait, affamait et déstabilisait les régions surpeuplées du globe »

Evangeline est une de ces bourgades où une communauté de Quakers tente de vivre en autarcie et dans la concorde. Il faut pourtant se protéger des dangers extérieurs, ces gens venus d'ailleurs, et c'est la mission de Makepeace, promue sheriff.
Du monde au-delà d'Evangeline, Makepeace ne connait que ce qu'on raconte ou que ses parents ont connus dans une époque désormais révolue. Après les départs et la mort de ses habitants, la bourgade ne compte plus que la jeune femme rebelle. Un jour, elle voit un avion traverser le ciel, évènement inattendu qui va la pousser à partir découvrir le reste du monde dans l'espoir que la civilisation technologique peut renaître de ses cendres. Makepeace joue sur son allure androgyne et son instinct de survie, lesquels vont lui permettre de surmonter nombres dangers.
Son errance dans ces régions du nord de la Sibérie nous fait découvrir une civilisation violente où les hommes retournent à la sauvagerie. Ils ont tout perdu des technologies anciennes et réinventent un monde où les vestiges du passé qu'on ne sait plus fabriquer ont valeur de trésor. Certains, comme Makepeace, sauvent les livres car ils représentent un savoir et une culture perdue. Car que penser d'un monde où l'on brule les livres pour se chauffer ? Les hommes sont puissants ou bien esclaves, entre les deux l'espace est infime pour vivre. Alors, quel avenir reste-t-il à cette humanité pour garder l'espoir d'un monde nouveau ?

« Ce monde est un vieux serpent qui mue. C'est une vieille femme rusée, et je deviens moi-même peu à peu une vieille femme rusée, et le dernier être humain qui respirera sur cette planète sera une vieille femme rusée qui élève des poulets et plante des choux, ne se fait plus d'illusions et a survécu à tous ses enfants. »

L'avenir brossé par Marcel Théroux est très sombre, mais c'est grâce à sa résilience que l'homme peut y survivre.
Cette dystopie se lit d'une traite. J'ai particulièrement apprécié la personnalité de l'héroïne, sa capacité à survivre et sa résilience d'un monde perdu.
Un roman fort qui me poursuivra longtemps.

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Sous couvert d'un roman d'aventure post-apocalyptique, dans un futur proche, l'auteur décrit le combat solitaire de l'homme contre un environnement hostile. Il écrit sur la confiance que l'homme sait tirer de sa propre force, la persévérance, le dévouement, la lutte et la puissance de l'esprit. Mais Theroux donne aussi une image de la vulnérabilité des êtres humains en relation avec les technologies avec lesquelles ils s'entouraient... dans un monde, désormais voué à l'oubli.

Si "Au nord du monde" donne une vision plutôt pessimiste de notre avenir, l'auteur laisse également transparaître un message positif sur la résilience de l'individu... et -contrairement à "La Route" de Cormac McCarthy, auquel ce livre a parfois été comparé- le lecteur reste finalement sur un sentiment d'espoir.

Une histoire intimiste dans laquelle on entre rapidement, non seulement à cause du principal personnage, fort et volontaire, de Makepeace (à la recherche du monde perdu au-delà de la Sibérie où sa famille quaker s'était autrefois installée)... mais aussi par un style d'écriture riche et figuré qui m'a fait particulièrement apprécier ce récit d'errance.
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critiques presse (5)
LaCroix
17 juin 2021
Aux confins de la Sibérie, une femme cherche une issue à la désolation de sa vie sur une terre abandonnée de tous. Un superbe roman d’anticipation.
Lire la critique sur le site : LaCroix
FocusLeVif
28 mai 2021
Publié il y a dix ans et trop vite épuisé, le récit post-apocalyptique et désespéré de l'Anglais Marcel Theroux brille aussi par sa lumière.
Lire la critique sur le site : FocusLeVif
Culturebox
04 mai 2021
Paysages superbes, nature sauvage : ce récit dystopique est écrit comme un western, avec pionniers, pistolets, gentils et méchants (qui ne sont pas toujours ceux qu’on croit) dans le grand Nord sibérien.
Lire la critique sur le site : Culturebox
RevueTransfuge
04 mai 2021
Heureuse inspiration de Zulma : rééditer la traduction de la fable de dévastation et de survie de Marcel Theroux. Au nord du monde est un requiem pour les temps prochains.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Telerama
23 novembre 2011
Comme dans La Route, de Cormac McCarthy, l'essentiel est de survivre un jour de plus, mais ce roman suggère aussi une lueur d'espoir et ne cesse de surprendre grâce à une intrigue forte et un soupçon d'illusion.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (103) Voir plus Ajouter une citation
Fin avril je suis remontée en haut du poste de guet avec une longue-vue et j'ai repéré du mouvement au loin, sur la route de l'est : d'abord de la poussière, puis une colonne de gens qui se détachait de l'horizon et venait vers nous. C'est étrange, ce silence, quand on voit une chose pareille d'aussi loin à la lunette. On sait que ça fait du bruit : les chevaux qui peinent sous un lourd fardeau, les cravaches et les bâtons, le cliquetis des chaines, les hommes qui maudissent les traînards, sauf qu'on ne les entend pas. Et la longue-vue aplatit tout comme une illustration dans un livre d'images.
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J'ai regardé mon haleine monter dans la clarté du ciel. Jadis, les étoiles avaient un nom, chacune d'elles, jadis elles brillaient comme les lumieres d'une ville familière, à présent elles devenaient chaque jour plus mystérieuses. [...]
Le ciel devenait la page écrite d'une langue tombée dans l'oubli. Les choses que l'humanité avait vues et nommées pour toujours étaient rayées de l'existence.
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Et c'est dans ces moments-là que j'avais l'impression de comprendre un peu mon père, parce que le monde que je voulais ressemblait à celui qu'il devait avoir en tête quand il est parti pour le Grand Nord. Et je me suis rendu compte que ce n'était pas sa faute. C'était dans la nature même de notre époque. C'était dans la nature même des calamités qui avaient frappé notre planète. Les gens portaient toutes ces possibilités en eux, ange et démon, selon la direction que l'époque leur faisait prendre. Comme la graine qui fend le béton, c'est leur appétit pour la vie qui les rendait si destructeurs. Nous avions tous le malheur d'être nés à une époque où les ressources vitales étaient devenues très rares.
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Même si j'ai tendance à dire du mal des gens et à penser les pires choses sur leur compte, au fond j'attends toujours qu'ils me surprennent. J'ai beau essayer, je n'arrive pas à désespérer du genre humain. Même si à quatre-vingt-dix-neuf pour cent c'est des fumiers, de temps à autre ils sont capables de faire quelque chose d'angélique. Je ne peux pas dire que ça me redonne la foi vu que je ne l'ai jamais vraiment eue, mais c'est toujours déroutant quand ça se produit.
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Il y a plein de choses que je voudrais désapprendre, mais on ne peut feindre l'innocence. Ne pas savoir est une chose, faire semblant de n'avoir jamais su, c'est une imposture.
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