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Pierre Duys (Illustrateur)
EAN : 9782930607511
96 pages
Les Carnets du Dessert de Lune (07/02/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Voilà un poète qui va toujours plus loin en amont. Vers l'enfance. Pas forcément la sienne. Toujours celle du monde. Sa parole, comme la musique, n'explique pas, elle implique. Elle dépasse les significations pour atteindre le domaine du sens et de la mémoire, elle accompagne et nomme les choses dans leurs mouvements.
Voilà un poète au travail, une poésie en travail, langue intempestive, radicale, chuchotis à dire puissamment, recherche du chant perdu, refus ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Daniel Simon – Au prochain arrêt je descends. Illustration de couverture de Pierre Duys. Quatrième de couverture de Daniel Fano. 96 pages. Poésie. Collection Pleine Lune. Editions Les Carnets du Dessert de Lune, 2019. ISBN 9782930607511. 14 €

A lire la bibliographie de Daniel Simon dont des extraits figurent en ouverture de son dernier recueil de textes poétiques, Au prochain arrêt je descends , on se dit qu’il y a là déjà le premier poème du recueil tant les titres reflètent déjà la lumière qui va nous envelopper lorsque nous aurons achevé le volume et que nous aurons aspiré les embruns de la dernière ligne, ce départ vers nulle part (…) au loin vers les brisants. »
Nous l’avons lu d’une traite ce recueil de textes dont plusieurs nous ont invité à les relire, à en extraire pour s’en imprégner davantage encore , les paysages intérieurs qu’ils évoquent et dont nous nous rendons compte, sidérés, qu’ils sont nôtres. Il y a, de page en page renouvelé, ce mystérieux envoûtement qui nous donne à penser que , lisant, nous écrivons avec le poète ce qu’il nous dit de lui, mais aussi de nous. Nous nous devinons assis à côté du poète lorsqu’il observe le monde, mais surtout les hommes, les femmes, les enfances qu’il évoque en nous les murmurant : Ecrire et les voici, deux phrases, un mot, surgis du calme paysage de l’oubli. Un chagrin parfois, la cicatrice d’une trahison, d’une honte, d’un amour si discret qu’il ne fut jamais nommé, des bruits, des fugues, des bleuets au seuil des forêts.
C’est ainsi que s’achève le poème d’ouverture du recueil, comme une invitation à déjà faire quelques pas au début du chemin qui nous attend, fait de la musique des évocations qui, à chaque page, trouvent leur rythme propre qui prend l’amble avec le nôtre, avec nos nuits ou la mémoire que nous avons de certaines d’entre elles Des nuits de rêves, de cauchemar, de visions, d’éclats, de tumultes/ et l’on se tend vers l’aube épuisés de quitter le ring des sommeils douloureux (…)/, de l’enfance dont Daniel Fano dit si bien, en quatrième de couverture, qu’elle n’est pas forcément la sienne. Toujours celle du monde. On cherche des repères on trouve des repaires où réfugier, dans les formulations qui nous sidèrent par leur complicité, les indignations et les chagrins, les bonheurs effleurés et les tendresses enfuies, des images à la fulgurance inaccessible, qu’elle soit de beauté ou de détresse, comme celle de cet homme effondré/la pluie avait lavé la craie devant lui/une histoire liquide coulait/dans le caniveau (…). Nous l’avons croisé cet homme effondré tant de fois, au détour des rues de la ville et voici qu’enfin il nous est dit, tel qu’il est et tel que nous voulions le voir et le serrer dans nos bras, tandis que nous allions/en nous hâtant vers la maison/le soir et le bruit des familles.
Nous feuilletons le livre en écrivant ces quelques lignes qui voudraient tant donner l’envie de partager et de dire l’émotion tellurique qui nous envahit. Ainsi nous n’étions pas seul devant le spectacle du monde à nous demander comment en alléger les peines, ainsi nous allions, sans le savoir, du même pas sur les chemins bouleversés de l’enfance, ainsi nous traversions les mêmes obscures nuits accablées d’insomnie, ainsi nous parcourions en sautillant sur des sentiers secrets/au plus près des beautés des jardins, ainsi nous pleurions ensemble de rage et de colère et d’impuissance en voyant les images de la barque (…) cousue de bras morts…
Nous avons coutume de déplorer l’absence d’engagement de la pensée pour décrypter le naufrage du monde et des hommes. Nous avions négligé la force du verbe poétique. Daniel Simon, dans le sillage des plus grands de ses frères poètes – de Villon à Prévert – nous invité à retrouver la fragile puissance de la poésie. Nous ne sommes plus seul sur le champ de bataille à faire résonner les cris plutôt qu’à les escamoter.
© Jean Jauniaux, le 30 mars 2019
in http://espacelivresedmondmorrel.blogspot.com/2019/04/daniel-simon-la-poesie-comme-lumiere.html

Habituellement, je ne lis pas la quatrième de couverture pour ne pas risquer d’être trop influencé dans ma lecture, pour garder toute ma fraîcheur et mon innocence face à l’auteur et à son texte. Mais avant de lire ce recueil, apercevant la signature de Daniel Fano, j’ai souhaité voir ce qu’il pensait de cet opus et une fois ma lecture terminée je suis bien obligé de reconnaître que ce qu’il a retenu de la sienne contient pratiquement tout ce que je pourrais dire de ce texte. « Voilà un poète qui va toujours plus loin en amont. Vers l’enfance. pas forcément la sienne. Toujours celle du monde. Sa parole, comme la musique ne s’explique pas, elle implique. Elle dépasse les significations pour atteindre le domaine du sens et de la mémoire, elle accompagne et nomme les choses dans leurs mouvement ». Daniel Fano je ne l’ai jamais rencontré mais je connais la finesse de son jugement et son talent d’écrivain.
Comme Fano, j’ai senti cette nostalgie de l’enfance, cette envie de retourner au pays qu’il parcourait à cette époque, j’ai apprécié la musique des vers et leur rythme malgré leur grande liberté. Certains textes sont même rédigés en prose poétique. Mais, au-delà, j’ai aussi ressenti une chose que je n’ai peut-être jamais constatée dans un poème, j’ai eu l’impression de toucher, de sentir sous mes doigts, sur ma peau, les choses que Daniel Simon évoque.
J’ai noté quelques thèmes récurrents qui reviennent dans ses poèmes : le vent, omniprésent, qui rappelle les campagnes du plat pays qui est le sien, « Un texte pour le vent du nord, le meltem, le siroco, l’alizé, le noroît, … » ; le temps, le temps qui passe et qui entraîne vers la mort, « Le temps peine à demeurer en place » ; la nuit, hôte de tous les cauchemars et autres visions, « Des nuits de rêves, de cauchemars, de visions, d’éclats, de tumultes …. » ; Les choses simples qui ont meublé le passé, l’enfance, la jeunesse, « Nos histoires sont de plus en plus simples, Des histoires à deux temps, il tire il est mort …. » ; et les mots qu’il faut mettre sur ce passé pour nourrir la mémoire, « Les mots sont cabosses, vilebrequins, glaïeuls, apostrophes, génocides, desserts et autres cosses calcaires d’une langue ouverte comme une cage aux barreaux dispersés ».
Dans ses vers elliptiques, un peu hermétiques mais très poétiques, Daniel Simon raconte son enfance dans son plat pays parcouru par le vent, là où sont enterrés beaucoup de soldats de vains combats, là où la civilisation européenne pourrait trouver une âme sur la tombe de ces soldats massacrés pour une cause qu’ils n’ont même pas comprise. Il est parti à la recherche « Des nids des caches des mots perdus… » pour projeter un avenir sur les fondements d’un passé presque oublié.
Ainsi, Daniel Simon m’a ramené vers le « Pauvre Rutebeuf », j’ai alors écouté ce magnifique texte chanté par le grand Léo, Ferré, et j’ai entendu : « Ce sont amis que le vent emporte », des paroles que Daniel aurait pu écrire dans son recueil après ces quelques vers :
« Mes amis
Qui sont-ils
Vivants fantômes d’avant
Mes amis
Où êtes-vous tombés
Disparus ? »
Après la lecture de ce recueil, on pourrait aussi chanter avec Léo et Daniel : « Avec le temps, Avec le temps va, tout s’en va… »
© Denis Billamboz in Mes impressions de lecture, 2019

Le poète sent-il venir le temps par lequel « nous apprenons déjà/ à disparaître » (p.37) ? Ecrire pour lui doit préserver : hâter le mot, le poème pour ne pas abandonner « cet homme effondré » (p.59) ni avaler « Cet âcre goût de fêtes / dans la bouche des hommes / cet âcre goût de sang » (p.63).
Toujours est-il que Daniel Simon, dans ces longs poèmes aux vers rythmés d’enjambements et de rejets, saisit bien le monde étrange, cruel, étrange et violent, que nous partageons sans avoir sur lui le moindre poids, si ce n’est les mots posés.
En quête d’amis disparus, sensible aux « gifles des ressacs », le poète nettoie sa mémoire des fausses écritures, « crimes lâchetés rimées », haussant la « voix/ des hommes sous contrainte » (p.72), se gardant « des vestiges d’Europe/ poète du saccage ».
Que dire quand le poème s’impose et qu’on a « des hommes/ à la langue coupée » (p.78) ? Le poème est-il encore ressource, rempart ?
Alors, le poète se lève chaque matin, balayant devant sa porte « mépris des moissons », « sonnailles tristes » et il va, quasi impersonnel dans ce « on » dont « le cœur encore saisi de ces vives échappées » est tout près de mourir, à l’aune du temps, dans « une agonie fragile ».
« Quand vous irez sur des sentiers secrets », enjoint pourtant le lecteur à prendre route au milieu de toutes les déroutes.
© Philippe Leuckx in revue Texture, 2019
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