AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782924554067
260 pages
Nouveaux Cahiers du socialisme (01/09/2017)
2.5/5   1 notes
Résumé :
Le but de ce dossier est de lever le voile sur les Autochtones au Canada et au Québec, ces « peuples invisibles » selon l’expression de Richard Desjardins afin de mieux comprendre ce qui nous y lie et quelles solidarités il est nécessaire de tisser pour combattre ensemble. Le dossier contient quatre sections : la première expose les enjeux contemporains de la question, la seconde retrace et remet en question l’histoire officielle des relations de l’État canadien et ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Autochtones et société québécoiseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La solidarité n'est pas une inévitabilité, elle doit être construite

Dans leur introduction au dossier, Pierre Beaudet, Marie-Josée Béliveau, Brieg Capitaine, Dalie Giroux et Pierre Trudel reviennent, entre autres, sur le colonialisme européen et son impact sur les « Premières Nations », la longue histoire coloniale, l'introduction des rapports capitalistes, les catastrophes bactériologiques, les rapports politiques entre les peuples autochtones, la création de l'Etat canadien, les dépossessions, la structuration d'apartheid envers les communautés autochtones.

Elles et ils soulignent les ruptures et les continuités dans les politiques coloniales modernes, les dislocations sociales, les transformations possiblement porteuses de renouvellement et présentent « les sentiers actuels de la résistance autochtone », les revendications autochtones, les passerelles avec d'autres « mouvements populaires ».

Les auteur-e-s parlent d'« identité en reconstruction », de la Commission de vérité et réconciliation, des politiques canadiennes d'assimilation « et la destruction de l'identité, de la langue, de l'imaginaire autochtone, couplées à la destruction de l'économie autochtone, l'accaparement des terres et la clochardisation dans le système apartheid mis en place depuis la Confédération », des contradictions à l'oeuvre, des fractures internes, de l'engagement de jeunes dans les travaux historiques ou anthropologiques, de la non-négociabilité de la souveraineté des peuples…

Interroger le passé, les combats actuels des populations autochtones nécessite de rompre radicalement avec les pensées euro-centrées et le colonialisme. J'ajoute que les travaux européens sur les questions nationales (par exemple, Otto Bauer : La question des nationalités) montrent des limites en la matière. « En 1867, les peuples autochtones sont devenus une minorité sur leurs terres ». C'est, je crois, du coté du « pluriversalisme » qu'il convient de regarder (Tumultes : Pluriversalisme décolonial. Sous la direction de Zahra Ali et Sonia Dayan-Herzbrun)

Les textes du dossier offrent une large palette d'analyses, d'interrogations, de descriptions. Les différent-e-s auteur-e-s traitent des liens entre capitalisme et colonialisme, de l'économie politique du colonialisme, des droits des autochtones, des combats contre l'extractivisme et ses installations, des relations à la terre, des approches autochtones, des nouvelles alliances possibles.

Sont abordés aussi, la « commission de vérité et réconciliation » et ses limites, la forte « dissonance » entre l'idéal universaliste abstrait et les réalités institutionnelles, la dichotomie « sauvage/civilisé », les mouvements d'« affirmation identitaire », les différentes organisations des « Premières Nations », les métis et les indiens non inscrits, le sentiment d'appartenance, « Appartenir à une communauté ne veut pas forcément dire être acceptée par elle ».

Des luttes « environnementales » ou des résistances sont analysées en détail, batailles contre les sables bitumeux, barricade à Oka/Kanehsatake, Idle No More, Standing Rock, Healing Walk, Innus contre Iron Ore… Sans oublier le rôle des minières canadiennes contre les peuples autochtones au Mexique.

Je souligne les articles sur l'histoire du colonialisme, les résistances et les solidarités, les conflictualités, la ségrégation et le racisme différentialiste, la substancialisation de l'identité autochtone, le mythe colonial de la « disparition de l'Indien », les problèmes de souveraineté…

J'ai notamment apprécié les articles de Taisiake Alfred « En finir avec le bon sauvage », les analyses de l'imaginaire colonial, la dépossession et le génocide, le piège de la réconciliation, la redécouverte de la langue, les cosmologies ; de Julie Vautour « La lutte des femmes autochtones pour les droits reproductifs » ; et les articles sur la « culture », la tradition orale, la pratiques de certains rituels…

Le terme nation n'a ici ni la même histoire ni le même sens qu'en Europe avec les Etats-nations, les « concepts européens s'inscrivant dans une logique de souveraineté étatique moderne ». Il convient une fois de plus de ne pas réduire les possibles affirmations collectives aux formes construites en Europe. Il est nécessaire de repenser les formes historiques de « souveraineté », d'auto-nomination collective, de refuser de les hiérarchiser, d'en comprendre les sens en terme d'émancipation…

Parmi les autres textes, je souligne particulièrement :

l'entretien avec Alexa Conradi (Suzanne-G. Chartrand) : Un engagement féministe qui s'approfondit dans les luttes.

L'article de Sandrine Ricci : Contrer les violences sexuelles à l'université : un maillage de résistance. L'autrice analyse, entre autres, le rôle de l'institution universitaire dans la (re)production de la culture du viol, « Parler de culture de viol réfère à des pratiques et à des structures sociales qui minimisent, normalisent, cachent et donc encourage les violences sexuelles »
L'article de Carole Boulebsol : de l'importance de la lutte contre l'exploitation sexuelle et les autres formes de violences des hommes envers les femmes. Et le travail effectué par la Concertation des luttes contre l'exploitation sexuelle (CLES)
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
la destruction de l’identité, de la langue, de l’imaginaire autochtone, couplées à la destruction de l’économie autochtone, l’accaparement des terres et la clochardisation dans le système apartheid mis en place depuis la Confédération
Commenter  J’apprécie          10
Parler de culture de viol réfère à des pratiques et à des structures sociales qui minimisent, normalisent, cachent et donc encourage les violences sexuelles
Commenter  J’apprécie          20
En 1867, les peuples autochtones sont devenus une minorité sur leurs terres
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : colonialismeVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3173 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}