Ce tri de mots impressionnant, mené par le brillant spécialiste de Zola, qui laisse entrevoir entre les lignes des angles aigus et des motifs intrigants, peut cependant mener à des révélations et à de nouvelles pistes de recherche.
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J'ai dit un jour que notre théâtre se mourait d'une indigestion de morale. Rien de plus juste. Nos pièces sont petites, parce qu'au lieu d'être humaines, elles ont la prétention d'être honnêtes. Mettez donc la largeur philosophique de Shakespeare à côté du catéchisme d'honnêteté que nos auteurs dramatiques les plus célèbres se piquent d'enseigner à la foule. Comme c'est étroit, ces luttes d'un honneur faux sur des points qui devraient disparaître dans le grand cri douloureux de l'humanité souffrante ! Ce n'est pas vrai et ce n'est pas grand. Est-ce que nos énergies sont là ? est-ce que le labeur de notre grand siècle se trouve dans ces puérilités du cœur ? On appelle cela la morale ; non, ce n'est pas la morale, c'est un affadissement de toutes nos virilités, c'est un temps précieux perdu à des jeux de marionnettes.
2726 - [p. 596] Le naturalisme au théâtre, 1881.
Je ne comprends pas une République gouvernée par des médiocres. Cela me paraît illogique. Dans le gouvernement du pays par le pays, les hommes qui reçoivent de leurs concitoyens la délégation du pouvoir, doivent être forcément les plus honnêtes et les plus intelligents de la nation. Autrement, pourquoi les choisirait-on ? S’ils sont médiocres, d’une honnêteté douteuse et d’un esprit nul, s’ils n’ont rien en un mot, je demande qu’on me ramène à l’ancien régime au moins, les ministres, sous la monarchie, étaient des hommes titrés, appartenant à une aristocratie de race, existant à part et au-dessus de la foule. (Le roman expérimental, 1880)
2696 – [p. 404]