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EAN : 9791095438618
200 pages
L' Iconoclaste (07/03/2018)
3.83/5   23 notes
Résumé :
Créatrice de la chaîne YouTube "Solange te parle", Ina Mihalache signe aujourd'hui son premier récit intime. Une voix littéraire et générationnelle.

DÉSIR DE CHIEN

Ina, jeune trentenaire, peine à vivre au milieu de ses semblables. À l’heure où certaines ressentent un désir d’enfant, elle est envahie par un désir de chien. Elle adopte Truite.

À quelques années d’écart, toutes deux ont quitté l’Amérique du Nord pour une nou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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La narratrice raconte comment elle a adopté Truite, petite chienne abandonnée du Tennessee. « J'écris à propos de mon chien parce que c'est quelque chose qui m'est arrivé dont je ne m'imaginais pas capable. » (p. 17) La femme et l'animale sont toutes deux immigrées à Paris. La première est pleine de fêlures et de fragilités, mais elle a trouvé les ressources nécessaires pour accueillir un être vivant dans son quotidien. « Ce n'est pas un enfant, mais il dépend de vous et vous rend gaga. » (p. 17) Parce que d'enfant, justement, il n'en est pas question pour Solange. Entre être mère ou adopter un chien, la jeune femme a choisi, et elle a surtout choisi la famille qu'elle veut composer. La Québécoise est mariée et sa relation avec Anatole, plus âgé qu'elle, est une subtile composition de compromis et de renoncements que l'autrice étudie avec un regard parfois détaché, souvent inquiet, mais sans aucun doute tendre tout en restant très lucide. « Je suis une chienne. C'est pourquoi je revisiterai aussi ces occasions où je me suis domestiquée pour attirer le mâle. Cette éducation parallèle qu'on se forge toute seule avant d'en avoir honte et de mettre des années pour le dire. » (p. 19)

Je comprends l'adoration de Solange pour sa petite animale : je bêtifie de même devant Bowie, minuscule créature devenue majestueuse (Disons cela pour ne pas être vexante...) qui occupe mon coeur et mes inquiétudes en permanence. J'admire sa grâce, j'envie son indépendance et sa souplesse, je m'enchante de ses mimiques et de ses attitudes. Je la couvre de tendresse en mots et en gestes. « Anatole n'a jamais eu droit à tous les 'mon amour' que j'adresse sans compter à Truite. » (p. 77) Est-il anormal d'aimer une bête plus fort que certains représentants de mon espèce ? D'aucuns pensent que oui et se moquent de mon rapport exclusif et quasi obsessionnel avec Bowie. C'est que cette petite chatte fière et distante m'apporte plus que nombre de mes congénères. Pour autant, je ne suis pas une crazy-cat lady : j'ai des amis, je sais tenir une conversation et aller vers les inconnus. En cela, j'ai sans doute plus d'aptitudes sociales que Solange qui peine à dissimuler son mal-être en société. « Si je pouvais comme Truite susciter l'attendrissement, j'oserais davantage me frotter aux humains. » (p. 95)

Mais trêve de blabla égocentrique, revenons au texte ! Dans cette autobiographie, Solange choisit en mots précis l'intimité qu'elle nous montre. « Les gens m'inspirent des effusions plus que des rapports. » (p. 68) Elle aborde avec finesse, humour et dérision des sujets déjà évoqués dans ses vidéos YouTube. Ses réflexions sur la vie, la mort, l'amour, le couple ou encore l'avenir composent un panel d'angoisses et d'attentes qui déclinent le thème ancestral d'éros et thanatos (désir et mot pour les non-hellénistes). En parlant de son chien, la femme parle d'elle-même : l'animal se fait projection du soi, miroir déformant et alter ego. Connaissant la vidéaste au travers de son oeuvre sur YouTube, je n'ai rien découvert de très nouveau dans ce texte, mais j'ai pris plaisir à passer un moment dans le quotidien canin de Solange. Parce que Truite est une petite créature que j'aime à voir passer dans les vidéos de l'artiste.

Si le travail de cette jeune femme (elle a un an de moins que moi, elle est donc très jeune !) vous attire, lisez ses deux précédents ouvrages, Solange te parle et Très intime, et n'hésitez pas à découvrir sa chaîne YouTube.
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Chienne de vie, grand(e) (h)auteur(e)

Hasard d'un service de presse, ce livre pas encore paru trainait sur une pile à la maison. Intrigué par la couverture et une dédicace culottée invitant à le lire dans le plus simple appareil, je l'ai feuilleté et je suis tombé sur ça : "J'écris à propos de mon chien parce que c'est quelque chose qui m'est arrivé dont je ne m'imaginais pas capable. Une aberration, un élan mystérieux, le genre d'accident de parcours qui peut vous transformer en quelqu'un d'autre."

Je me suis reconnu. le chien qui change la vie. J'ai vécu ça.

J'ai dévoré le livre d'une traite, comme mon chien sa gamelle de pâtée. Je vais en offrir à mes ami(e)s les plus cher(e)s. C'est le genre de bouquin qui se partage sans modération.

De cette "Solange", je ne savais rien. C'est une "youtubeuse" aux 40 millions de vues selon la jaquette. Mais elle ne correspond pas à l'idée que je me fais de cette espèce nouvelle - j'avoue, ce monde m'est assez étranger. Pas de tutoriels beauté, pas de couleurs criardes, ni d'humour formaté plus ou moins scato, plutôt une personnalité drôlatique et décalée à la Desproges, débit décortiqué, un peu maniéré à la Luchini, sans trace de l'accent québécois qu'on pourrait attendre d'une native de Montréal. Tantôt femme-enfant narcissique, tantôt passionaria féministe, mais sans spécialité identifiable. Personnage intrigant, qui irrite sûrement autant qu'il peut fasciner.

D'un ton nettement plus grave que sa couverture (et les illustrations qu'il contient) ne le laisse croire, ce livre est une plongée dans l'âme tourmentée d'une enfant du siècle dans laquelle beaucoup d'enfants de ce siècle et du précédent se retrouveront sûrement. Ce n'est donc pas un recueil de pensées humoristiques ou de blagues à deux balles comme il en fleurit dans les kiosques de gare. Découpé en courts chapitres thématiques, le livre dessine le portrait de son auteur et de son rapport au monde, en vis-à-vis de ceux de sa chienne - prénommée Truite, c'est pas banal.

Désarroi, inadaptation à ce monde vide de sens, rapport conflictuels aux parents bienveillants mais qui ne comprennent pas leur progéniture. Solange se décrit sans ciller comme "la jeune fille découvrant qu'elle avait atteint beaucoup trop tôt les limites intellectuelles de ses parents". Ou encore : "J'avais par défaut les goûts de mes parents, qui par malheur n'en avaient pas." L'amour circule pourtant, mais il y a de la friture sur la ligne.

Filiations évidentes comme elles me viennent : Annie Ernaux, Christine Angot, Nelly Arcan, Didier Eribon, Edouard Louis, Fritz Zorn... Tou(te)s ces auteur(e)s qui se sont rebellé(e)s contre leur condition, leur origine sociale - ou même leur langue, dans le cas de Solange - s'y sont découvert(e)s différent(e)s, décalé(e)s, dissonant(e)s, aliéné(e)s.

L'analogie avec la chienne revient comme un leit-motiv, et ça n'a rien d'artificiel : le procédé frappe au contraire par sa pertinence. Qu'il s'agisse de sexe, d'amour(s), de nourriture, de nudité (Solange se revendique naturiste), de rapports sociaux... le contrepoint à poils élève ces carnets intimes à une dimension universelle susceptible de toucher large. Très large même (mon museau flaire un gros succès de librairie).

Solange décrit ses gouffres existentiels, tandis que sa "Truite" ne se pose pas de questions. "Bon an mal an, cette bébête gardera le moral au beau fixe. Ses jours défileront sans bouleversements majeurs, outre la menace des divers soucis de santé qui hantera parfois vos insomnies. Les conflits se résorberont toujours en votre faveur. le chien restera fidèle à lui-même et à vous qui êtes tout pour lui, c'est d'ailleurs sa grande mission sur terre."
Houellebecq ne l'écrirait pas mieux, qui pleure toujours son Clément.

Solange envie la condition canine de sa bâtarde bicolore (race indéterminée, on la voit dans certaines de ses vidéos) chez qui elle détecte dans les plis de son pelage "la classe des carcasses qui laissent dégouliner le temps sur elles [...] du Iggy Pop sans les années ni la défonce". Et cette neutralité du genre : "Elle peut tout ce que peut un mâle. Il n'y a rien dont il faudrait la prémunir du fait de son sexe." Les amoureu(x)ses des chiens y trouveront de quoi régénérer leur passion, des vocations naîtront peut-être chez celles et ceux qui, comme "Anatole" (le compagnon humain de Solange), hésitent à faire le grand saut de l'adoption.

Cette youtubeuse roumano-québécoise, qui s'appelle en réalité Ina Mihalache, se révèle en tout cas une véritable écrivaine.
Sa prose claque au vent comme la grand-voile d'un trimaran. Son français est stylé, cadencé, sobre mais recherché, avec un talent inné pour décocher la phrase qui fait mouche, qui touche juste, sans un mot superflu.
Finalement le seul défaut de ce livre c'est d'être trop court. Il est loin d'épuiser son sujet. On attend donc la saison 2 avec impatience.
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J'ai lu AUTOPORTRAIT EN CHIENNE de Solange, l'autobiographie d'Ina / Solange et sa chienne Truite qui a su convaincre les jurés du "Goncourt des animaux", le Prix Littéraire 30 Millions d'Amis 2018.

Pourtant c'est plutôt une déception pour moi !

En début d'ouvrage, le récit de ses débuts au Québec ont été fastidieux à suivre - où voulait-elle en venir ? - tant d'infos à la fois dans un tourbillon d'écriture... dur dur... Il y a certes un style particulier, des phrases courtes incisives, mais d'autres plus alambiquées et le tout avec une teneur très autocentrée qui m'a gênée.

Cela a glissé sur moi, la faute au tempo du récit, au manque de contextualisation, au centrage sur l'héroïne plutôt que sur son chien…

Quand j'ai découvert certains membres du jury, j'ai compris ce choix qui assurément n'aurait pas été le mien.

Il ne suffit pas d'aimer les chiens pour apprécier ce texte. En tout cas, en ce qui me concerne.
Lien : http://justelire.fr/autoport..
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Comment parler de soi, sans ne parler que de soi ? J'ai toujours beaucoup aimé les récits qui révèlent l'intimité d'un auteur tout en traitant d'autre chose : les récits de voyages (Kauffman), une quête spirituelle (Carrère), une étude sociologique (Eribon)… et ici un autoportrait en racontant son animal de compagnie.

À travers de courts chapitres chronologiques, Ina Mihalache raconte comment Truite, une petite chienne tachetée, a transformé sa vie. Elle en profite pour revenir sur des souvenirs, sur son enfance au Québec et son déménagement en France.

L'écriture est vive et percutante, assez différente des de celle des vidéos. On y retrouve tout de même la sensibilité, l'humour, et le goût du détail de la chaîne Youtube « Solange te parle ». On saute d'une saynète à l'autre avec plaisir, comme on piocherait dans un sac de bonbons acidulés. Pourtant à travers la vie de sa petite chienne, Ina nous parle de son inaptitude à la vie sociale, de sa vie de couple (très pudiquement d'ailleurs), de ses angoisses créatives et de son milieu social dont elle cherche à se détacher. Les illustrations vibrantes d'Iris de Mouy complètent admirablement ces tranches de vies.

J'aurais aimé que la lecture dure plus longtemps à la manière du livre «Vingt ans avec mon chat » de Mayumi Inaba. Et puis, finalement non. Je préfère un livre sur lequel on a envie de revenir, même par la fin, même par petit bout. Un livre ami ou compagnon.
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Le premier mot qui me vient à l'esprit c'est « sincère ». Autoportrait en chienne est d'abord un autoportrait. On y sent la volonté de se livrer, de se mettre en livre. Exercice auquel s'adonne Ina Mihalache avec brio. Truite, sa chienne, trouve une place inédite dans la tache de se raconter. Elle est à la fois miroir, modèle, et compagnon de vie.
En tant que miroir, elle permet à sa maitresse de questionner son propre rapport à la domestication et donc son rapport aux hommes. Ina Mihalache remonte alors à son enfance et aborde, toujours sur le mode du récit de soi, des questions féministes comme celle de la différence entre l'éducation d'une fille et celle d'un garçon.
Si Ina s'identifie parfois à Truite, il reste cependant une distance entre elles, qu'Ina voudrait parfois franchir. Truite est donc aussi modèle. Son rapport à la nudité et à la nature, sa joie de vivre incommensurable avec la nôtre, sont autant d'idéaux que l'on souhaiterait pouvoir atteindre. Mais si les normes ne nous le permettent pas, le livre d'Ina nous permet du moins de questionner ces normes.
Parfois Ina est Truite, parfois elle voudrait être Truite, et la plupart du temps elle est avec Truite. le récit de leur cohabitation nous montre un autre rapport qui existe entre elles. Ina ne se raconte plus à travers Truite mais à côté de Truite. Or être à côté de Truite signifie être à côté d'autres individus et aussi que Truite elle-même est à côté d'autres individus. Sont alors racontés l'amour, la dépendance et la jalousie qui existent entre elles et envers les autres.
Il me semble qu'un autoportrait n'est vraiment réussi que s'il est double : autoportrait de l'auteur.e et portrait du/de la lecteur.trice. Et nous avons effectivement toute notre place dans Autoportrait en chienne. On se découvre simultanément chienne, désir d'être chienne et entouré.e.s de chiennes.
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critiques presse (1)
Actualitte
14 mars 2018
Autoportrait en chienne , chez L’Iconoclaste, est le troisième ouvrage, mais premier texte littéraire, d’Ina Mihalache ou peut-être de Solange. Car c’est la voix de la YouTubeuse qui nous en livre un peu plus sur sa conceptrice, Ina.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Les gens m’inspirent des effusions plus que des rapports. » (p. 68)
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« Je suis une chienne. C’est pourquoi je revisiterai aussi ces occasions où je me suis domestiquée pour attirer le mâle. Cette éducation parallèle qu’on se forge toute seule avant d’en avoir honte et de mettre des années pour le dire. » (p. 19)
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« Si je pouvais comme Truite susciter l’attendrissement, j’oserais davantage me frotter aux humains. » (p. 95)
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« Anatole n’a jamais eu droit à tous les ‘mon amour’ que j’adresse sans compter à Truite. » (p. 77)
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« J’écris à propos de mon chien parce que c’est quelque chose qui m’est arrivé dont je ne m’imaginais pas capable. » (p. 17)
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