Aux sources de notre nourriture

Pan de vie insoupçonné, biographie d'un voyageur aux explorations peu communes, grand arpenteur de terres et recueilleur de graines :
Nikolaï Vavilov, botaniste né dans la Russie des grandes famines, mort de faim dans cette même Russie après avoir parcouru la terre dans l'espoir de collecter et préserver les semences qui sauveront les vies de demain. L'émotion de marcher sur ces pas, l'hallucination face à ce morceau d'histoire incroyable, cette épopée touchante, humble et fondamentale comme une sagesse de cultivateur : la tragédie silencieuse du siège de Leningrad, quand l'équipe de Vavilov se battait pour sauver les précieuses graines collectées – héroïsme de personnes qui choisissent de mourir de faim ou de maladie pour transmettre comme un trésor leurs sachets de riz, de périr dévorés par les rats en défendant des pommes de terre – conscientes de tenir entre leurs mains la précieuse biodiversité du lendemain, l'avenir et l'espoir. Gorge serrée.

Je suis toujours en marche sur les traces de Vavilov, ma première impression reste donc ouverte. Mais comme je m'en doutais, Fabrice Nicolino en parle, bellement et en toute connaissance de cause, sur sa Planète sans Visa, et c'est donc par là :
Lien : http://fabrice-nicolino.com/..

Né en 1887, Nikolaï Vavilov est un botaniste et généticien russe.
Il a exploré beaucoup de contrées, parfois hostiles, pour en découvrir la flore. Ainsi, en vingt ans, il visita plus de soixante pays. Il a décrit le mimétisme dit "vavilovien", phénomène par lequel une 'mauvaise herbe' (ou plante adventice) acquiert des caractéristiques de la plante domestiquée qu'elle accompagne.
Adversaire scientifique du charlatan Trofim Lyssenko, il en fit les frais puisqu'il fût arrêté et expédié au goulag en 1940, où il mourut trois ans plus tard des suites de dénutrition.
Ce destin semble tragiquement ironique pour un homme qui a tant oeuvré pour que l'humanité puisse mieux s'alimenter.

Cette biographie est doublement passionnante : par ce qu'elle raconte de cet homme et par ce qu'elle montre de l'Etat de l'URSS.

Je remercie Babelio et l'éditeur Nevicata pour cette opération Masse Critique 'non fiction'.