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EAN : 9782234078178
378 pages
Stock (09/09/2015)
3.19/5   16 notes
Résumé :
C'est la nuit à Fürstenfelde, avant la fête de la Sainte-Anne. Le village se couche de bonne heure. A l'exception du passeur - il est mort. Madame Kranz, l'artiste peintre locale, ambitionne quant à elle de réaliser son premier tableau nocturne. Le sonneur et son apprenti veulent sonner les cloches. Monsieur Schramm, ancien lieutenant-colonel de l'Armée nationale populaire, puis garde forestier, n'a pas encore décidé s'il allait acheter des cigarettes ou se mettre u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Parution le 9 septembre 2015.

Nous sommes dans un village d’Allemagne, ancienne RDA, dans les derniers jours de vrai beau temps avant l’automne. Sans le dire, le village se sait condamné, voué à la nécrose. « Ils sont plus nombreux à s’en aller morts qu’à naître. Nous entendons les anciens s’esseuler. Nous regardons les jeunes forger leur manque de projet. Ou leur projet de départ. » (p. 15) Les traditions disparaissent et pourtant, on prépare la fête de Sainte-Anne qui se tiendra demain. Il y a des multitudes de petites vies qui s’agitent la veille de la fête. Le passeur est mort : qui désormais fera traverser les lacs ? Une renarde cherche des œufs pour ses petits. Monsieur Schramm ne sait pas encore s’il va acheter des cigarettes ou se faire sauter la cervelle. Anna sera brûlée demain pendant la fête et un cochon sera gracié. Mme Kranz part peindre un de ses fameux tableaux, au bord du lac, la nuit. Johann prépare son examen pratique de carillonneur.

Et il y a des multitudes d’histoires qui s’ajoutent au texte : les histoires des habitants du village, des souvenirs et des récits des siècles passées. Dans la Maison du Patrimoine, il y a des textes et des jugements qui, dans une langue un peu passée, parlent de cochon à tête d’homme, de sorcière, d’empoisonneur ou de pommier sans propriétaire. « Qui écrit les histoires anciennes ? » (p. 258) Le texte se répond quelques pages plus loin. « Quelqu’un. Quelqu’un écrit. Quelqu’un a toujours survécu pour le faire. » (p. 263) Toutes ces histoires juxtaposées, superposées, qui se font écho et répétitions composent une tapisserie précieuse qui fait la chronique du village. Le lecteur attentif remarque que certains motifs se répètent au fil des années. Et, à y regarder de plus près, la nuit qui précède la fête est longue comme les siècles déjà écoulés.

Il est un personnage qui m’a particulièrement émue : la renarde aussi prépare une fête, elle qui veut offrir à ses petits des œufs frais, comme un dernier cadeau avant de les laisser vivre, adultes et indépendants. Prête à tous les risques et à toutes les audaces, elle est une mère courage d’un genre nouveau et son drame final n’en est que plus poignant, plus injuste et plus révoltant.

La grande musicalité du style, très certainement rendue audible grâce au talent de la traductrice (Françoise Toraille), confère des accents de conte à ce roman original, beau comme une légende
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Nous sommes dans un village de l'ex-RDA, blotti entre deux lacs. Un village qui se délite : les vieux meurent, les jeunes traînent ou s'en vont, les enfants ne naissent plus.
Cependant la tradition se perpétue et s'il n'y a plus de passeur, il y a toujours un carillonneur, et une Maison du Patrimoine dont les archives renferment les légendes et les actes du passé.
Dans la nuit qui précède la fête de Sainte Anne, (où s'organise une vente aux enchères là où autrefois on brûlait les sorcières), chacun vaque à des occupations qui n'ont de sens que pour lui-même, y compris la renarde, qui attaque le poulailler.

C'est un amalgame de vies et de temps épars qui s'entrecroisent dans une poésie un peu étrange.
Il y a du Kusturica là-dedans, mais sans la folie ni la musique klezmer. On se dit qu'un recueil de nouvelles aurait été particulièrement réussi.

(Et une fois de plus on ne s'explique pas du tout la photo de couverture...)

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Pour raconter la vie d'un village, il faut multiplier les angles d'attaque ; dans le présent, mais aussi dans le passé. Et comme se maintiennent des événements dans l'atmosphère, comme y flottent des croyances anciennes, il est tout aussi nécessaire de la rapporter. Quelle cacophonie au final que la vie d'un village ! Pour un peu, on s'y perdrait...
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Fürstenfelde, deux lacs, un passé, ses légendes; un village un peu perdu mais qui ne veux pas se perdre. Ca bouillonne de vies et de symboles.
Une fête, la fête... se prépare et pendant tout ce temps chacun de Madame Kranz à la Renarde fait son maximum pour la prérennité du lieu, pour que quelque chose demeure de tout ce monde et de ceux qui sont passés avant.
C'est quand bien touffu et foisonnant, j'avouerai même difficile à suivre avec toute cette vie dans un lieu qui semblait n'en avoir plus. Mais bon tout cela c'est peut être normal c'était la première fois que je me rendais à Fürstendele....
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L'idée de départ était intéressante. Dépeindre un village de l'ex-RDA à travers la vie de ses habitants (vivants et morts) en mêlant le folklore et les traditions. Oui mais là où ça coince, c'est le style de l'écriture. Pour tout dire, il n'y en a pas. Des phrases courtes et simplistes qui ne permettent pas de se passionner pour ce texte qui devient rapidement ennuyeux. Hélas !

Olivier (Meulan et Bouafle)
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critiques presse (1)
LaPresse
19 octobre 2015
Éclaté, drôle et bouleversant, Avant la fête met à l'avant-scène une Allemagne laissée pour compte.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Fürstenfelde. Population : impaire. Nos saisons : le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. L'été l'emporte d'une bonne longueur. Notre été s'en tire à peine moins bien qu'au bord de la Méditerranée. En guise de Méditerranée, nous avons les lacs. Le printemps ne vaut rien pour les tempéraments allergiques ni pour Madame Schermuth, de la Maison du Patrimoine, au printemps, elle déprime. L'automne est coupe en deux, automne précoce et automne tardif. C'est pendant l'automne tardif que s'est développé le tourisme autour des machines agricoles. Des pères citadins viennent avec leurs fils pour leur montrer les machines agricoles travaillant de nuit. Les fils : bouche bée devant les roues géantes, les projecteurs et le boucan. Dans un village avec deux lacs, l'histoire de l'hiver commence toujours au moment où les lacs gèlent et s'achève quand la glace fond.
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Le seul néonazi peint par Madame Krantz est endormi. C'est là le truc. Malgré son crâne rasé, un observateur extérieur n'affirmerait pas d'emblée qu'il s'agit indiscutablement d'un nazi endormi. C'est pourtant le cas. On peut le lire au dos du tableau. Le néonazi dort, c'est le titre du tableau. Les habitants de Fürstenfelde sauraient de toute façon qu'il s'agit d'un néonazi en train de dormir, puisque c'est Rico. Nous avons un néonazi et demi : ce fameux Rico, justement, et sa copine Luise. Luise est une demi-nazie, parce qu'elle ne joue ce jeu à la con que pour l'amour de Rico.
"Je ne m'étais jamais demandé à quoi ça ressemble", dit le journaliste, et sa main caresse l'air au-dessus de la joue de Rico, "un néonazi qui dort".
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Ils sont plus nombreux à s'en aller morts qu'à naître. Nous entendons les anciens s'esseuler. Nous regardons les jeunes forger leur manque de projet. Ou leur projet de départ. Au printemps, nous avons perdu la fréquence horaire de la ligne 419. Les gens disent : encore quelques générations, ça ne peut pas durer plus longtemps. Notre point de vue : ça va s'arranger. Ça s'est toujours plus ou moins arrangé. La peste et la guerre, les épidémies et les famines, la vie et la mort, nous avons survécu à tout. Ça va s'arranger, d'une manière ou d'une autre.
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Sous un hêtre, à la lisière de l'antique forêt, immobile, tapie sur les feuilles mortes, la renarde. De l'endroit où la forêt rencontre les champs, blé, orge, colza, elle observe les maisons des hommes groupées entre les deux lacs sur une bande de terre si étroite qu'on croirait que les humains, dans leur irrépressible volonté de créer à leur profit les plus agréables endroits, avaient séparé en deux une pièce d'eau pour se donner, en profitant de deux rives à la fois, un lieu fertile qui les accueille, eux et leurs petits, et leurs chemins de terre, dont ils s'écartent rarement, et les cachettes pour leurs réserves de nourriture, pour leurs pierres et leurs métaux et pour la foule d'autres choses qu'ils accumulent.
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Nous sommes tristes. Nous n'avons plus de passeur. Le passeur est mort. Deux lacs, pas de passeur. Désormais, pour gagner les îles, tu devras posséder un bateau. Ou être un bateau. Ou traverser à la nage. Mais essaye donc de nager quand les blocs de glace claquent dans les vagues comme les mille tiges d'un carillon à vent.
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Sasa Stanisic - Avant la fête .Sasa Stanisic vous présente son ouvrage "Avant la fête" aux éditions Stock à l'occasion du salon le Livre sur la place à Nancy. Traduit de l'allemand par Françoise Toraille. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/stanisic-sasa-avant-fete-roman-9782234078178.html Musique © Mollat - http://www.mollat.com/ Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/petrovic-goran-atlas-des-reflets-celestes-9782882503824.html http://www.lelivresurlaplace.fr/ Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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