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EAN : 9782365691833
224 pages
Editions Les Escales (25/08/2016)
3.34/5   112 notes
Résumé :
Marié à une jolie rousse, père d’une petite fille, Albert vit paisiblement au bout du RER parisien. Un jour qu’il traîne au lit avec sa femme, il laisse le téléphone sonner. Le répondeur se déclenche : sa mère est morte. Démuni, Albert décide de faire le point et s’enferme seul avec l’urne maternelle dans la propriété familiale de Mayenne, une grande maison cerclée de plusieurs hectares de bois. Une idée l’obsède : trouver une chanson pour la cérémonie funèbre – une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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Terminer la mère. Puisque la mère est morte c'est bien parachever le fils. Il est le buste d'un sculpteur qui a omis de poser, apposer sa touche finale. Il y a donc en lui cette partie saillante sur son corps qui doit se prémunir du mal. Il doit veiller que ne s'y insinue à ce point de fragilité, rien d'autre que ce qui peut le nourrir en sève, tel cet arbre dont le tronc prospère jusqu'à maturité. Si ce n'est un chêne, ça lui ressemble, en « lyre », quand la tristesse s'accroît par force et en beauté. Ainsi, orphelin de mère, Albert foule de ses pieds nus, le parterre somptueux de la forêt, minéraux et humus, mais tel l'animal fou, il s'élance aussi par-delà les chemins de traverse, frayant alors dans les ronces et les anfractuosités du sol qui le blessent et l'atteignent en douleur immédiate, atténuant l'onde incisive du mal intérieur qui déferle. Il doit ‘faire' et tergiverse. Il n'est pas d'oubli que le renouveau qui s'attache à combler la mémoire. Sa renaissance à elle, c'est sa vaillance à lui et c'est pourquoi il convie les souvenirs, pour mieux les disperser après, afin d'emplir son être de ce qu'il devient. L'écriture est brillante et le procédé bien abouti si l'on songe que c'est une première construction, un premier livre. Ce qui me ferait perdre le fil en chaleur et harmonie et méditer sur la conduction de l'histoire, c'est cette surimpression de la féminité qui ternit l'impulsion lumineuse et le style indéniable. Aussi, j'ai aimé cette image du châtelain nourrissant le démuni sur ses terres et le transfert d'âme quand c'est l'ermite qui dépose un subside sous le chêne à l'intention du maître ; lequel maître devient sauvage au coeur du dépouillement, mais, oh ! combien roi, dans sa forêt.
Une belle découverte et l'orée de belles perspectives.
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Un premier roman surprenant. Très bien écrit mais avec des longueurs. La première moitié à été longue et fastidieuse, la seconde partie à été lu en une après midi. J'avoue ne pas savoir si cela m'a plus ou non. Il fait partie de ces romans qui vous laissent le sentiment d'une lecture mitigée.
Pour ma part, je trouve ce roman assez inégal.
L'histoire se passe en Mayenne. Albert la quarantaine, vient de perdre sa mère, qui habitait dans la maison familiale près d'une forêt. Sa femme et sa soeur l'accompagne pour organiser les préparatifs de la cérémonie, mais le temps s'éternise et les deux femmes partent et laisse Albert seul dans la maison avec ses propres souvenirs. Peu à peu Albert s'enfonce dans cette forêt omniprésente.
Ce qui m'a plu : les souvenirs musicaux du héros qui m'ont beaucoup parlé, nous devons être de la même génération. Cette ode à la nature, au silence, aux bruits mystérieux et à notre part sauvage.
Ce qui m'a moins plu : les longueurs au début du roman et le côté surnaturel.
Un roman original mais un peu long à mon goût.


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Je me suis laissé happer par cette histoire comme le narrateur par cette forêt de Mayenne, dont il hérite après le décès de sa mère. Il vient sur les lieux avec une mission bien définie : préparer l'enterrement de cette dernière. Mais dès le début on sent bien que la normalité va être bousculée et que le narrateur va nous embarquer dans une histoire troublante car tout est dual dans ce roman, à la fois ordinaire et extra-ordinaire. L'auteur tisse sa toile insidieusement, patiemment et fait entrer sa lectrice ou son lecteur dans une sorte de cercle magique, un territoire où il n'a pas forcément l'habitude d'aller, celui du supranaturel.
Jugez plutôt.
Parti de Paris, où il quitte femme et enfant, le narrateur se trouve rapidement confronté à l'histoire familiale dont il fait, par bribes et souvent au gré de flashbacks, un récit très circonstancié empreint d'une ironie mordante, d'un humour décapant auquel se mêle aussi un grand sens de l'autodérision. Mais là où les choses se compliquent, c'est que plane sur cette famille l'ombre d'une forêt tutélaire devenue bien plus qu'un simple bien familial. Menacée de disparaître, elle est redevenue au moment où arrive le narrateur, la grande prêtresse où se rejoignent et se mêlent la vie et la mort. Et chacun des membres de la famille se retrouve l'héritier d'une sorte "de péché originel" auquel il doit faire face.
Sa mère l'a fait, le narrateur doit reprendre le flambeau. le récit va alors insidieusement basculer vers un autre monde et devenir une quête initiatique dont le narrateur va franchir une à une les étapes. La première sera celle d'un dépouillement ascétique progressif : perte des repères spatiotemporels, jeûne, longues marches dans la forêt... Communication avec la nature mais aussi plongée dans une vie méditative très intense et magnifiquement analysée. S'en suit un état euphorique doublée d'un sentiment de grande plénitude. Mais cette plongée vers un moi profond va aussi être la porte ouverte vers des perceptions terrifiantes, des peurs archaïques. Celles liées à cette maison familiale, très minutieusement décrite dans son historicité, mais aussi lieu étrange dont les bruits inconnus et les fantômes vont hanter les nuits d'insomnie du narrateur. le thème de la maison hantée n'est pas original en lui-même. Mais l'art de l'auteur est pour moi de nous faire douter, de mettre l'accent sur l'hypersensibilité acoustique du narrateur et de trouver les bons mots pour décrire tout ce qui relève de l'impalpable, du vibratoire.
Comme dans toute quête initiatique, notre héros rencontre des obstacles mais se fait des alliés. La encore, le sol va se dérober sous nos pieds car d'innocentes chansons bien ancrées dans une époque, celle où sa mère les écoutait vont se révéler être des sortes de talismans. Par leur pouvoir médiumnique, elles vont être une porte d'entrée dans le monde des souvenirs et aussi le sésame qui va donner accès au douloureux secret maternel, celui qui fait qu'elle échappe constamment à l'évocation que le narrateur essaie de se faire d'elle. A partir de là sa quête va être double : redonner à sa mère la paix qu'elle mérite et poursuivre à travers elle la mission familiale quasiment sacrée dont elle se sentait investie. S'en suit alors un récit que l'on peut qualifier de fantastique, mais si l'on a accepté d'entrer dans le cercle magique de l'auteur, il s'agit plutôt d'une sorte d'aventure mystique dans laquelle le héros trouve enfin son Graal et les dernière pages sont vraiment superbes par la force incantatoire de leur écriture.
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"Aujourd'hui, la maison n'est plus qu'un cimetière des éléphants. Mes grands- parents, que je peux encore revoir étendus sur leurs lits,
sont morts ici, à dix ans d'intervalle, ma mère, bien sûr, et d'autres encore. (...)
Finalement, je suis incapable de dire si cette maison est bonne ou mauvaise. Ma femme s'est toujours méfiée de cet endroit trop à l'écart de la vie sociale qui nous donne le sentiment d'être seuls, uniques, et de n'avoir besoin de rien. Elle trouve cela malsain. Pour ma part, je suis heureux d'être loin de tout, sans connexion, sans téléphone, régnant sur mon peuple végétal. Ici, le temps prend une épaisseur qu'il n'a pas ailleurs. Il semble profond. Pénétrable." (p. 59)

Un premier roman des plus déroutants et originaux !! Une ode à la nature... aux arbres, aux forêts... dans une solitude tour à tour régénératrice et oppressante ...

Le narrateur apprenant la mort de sa mère rejoint la domaine et la forêt familiale dont elle s'occupait... Une sorte de "fuite-régression-pause" qui nous emporte dans un tourbillon d'émotions, d'odeurs et de couleurs !

Devant s'occuper des obsèques de sa mère, Charles se plonge dans la maison et la forêt de son enfance, dans les souvenirs, les archives de
famille... Un roman surprenant, qui nous capte par les odeurs, les couleurs, les noms des arbres, des plantes, des animaux, etc.
Ce retour aux sources simultanément jubilatoire et mortifère, doit permettre à notre narrateur de renaître,de faire le point, etc.
Charles, dans sa pause, se retrouve empêtré dans une ambivalence croissante, tentant de faire table rase, d'alléger les lourdeurs des attachements du passé familial, parental !!

"Que suis-je venu faire ici ?
(...) Est-ce que j'ai eu une seule fois l'intention réelle d'enterrer ma mère, ou bien n'est-ce qu'un prétexte pour fuir mon existence ?"
(p. 178)

Du mal à rédiger ce billet, car j'ai adoré cette fiction et en même temps je me sens dans un sentiment mélangé... tout comme la fascination mâtinée d'inquiétude qui peut nous saisir lors d'une promenade dans le monde opaque de la forêt...

Premier roman troublant,inquiétant, prodigue en mystère et légendes, entre les rêves et la réalité prégnante de la terre...

"Les obsèques vont commencer.
J'ai tout organisé: je jetterai ses cendres dans les cendres de la maison. Elles s'envoleront par-delà les plus hautes branches. Plus
loin, elles iront se répandre dans la chevelure des grands arbres. (...)
Comme ce sera le début de l'été, les rhododendrons et les magnolias seront épanouis, mais nous ne ferons pas de bouquets,
car ma mère voulait qu'on laisse vivre les fleurs. nous aurons une piste de danse autour de la fontaine parme de la
glycine. Et au nombre des convives, s'ajouteront ces arbres fruitiers qu'elle avait plantés avec tant d'espoir. Ils seront les domestiques en livrées naturelles: des poiriers, pommiers, prunus, palmiers et le ginkgo malingre qu'elle protégeait comme une louve" (p. 217)

Double hommage à la nature, et à la mère perdue... Un style fort poétique et le plaisir supplémentaire d'un vocabulaire... riche, qui m'est apparu "nouveau", pour parler des arbres, des oiseaux et de Mère Nature !
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Imprégnation forestière et plume ensorcelantes !

Ce sont les ressentis d'Erveine et de Fanafanouche24 qui m'avaient donné envie de lire ce livre, merci à elles! Un premier roman qui n'a pas l'air du tout d'en être un, tant le propos est maîtrisé, le style superbe. Vous me direz que j'abonde en adjectifs élogieux, mais franchement, l'auteur les mérite.

Eau, forêt, femme. Tout est là, dans cette trinité familiale, dans cette malédiction transmise , ce repli au fond des secrets de sous-bois, du lac, d'une maison dont les voix inquiètent, au coeur du chêne ardent, dans les recoins cinglants d'une chambre, au centre fou du mystère maternel.

Car après la mort de sa mère,le narrateur et fils cherche sans cesse son identité profonde, jusque dans les flammes purificatrices, jusqu'à la nudité première, jusqu'à se fondre dans la forêt...Et je l'ai accompagné, fascinée par la poésie des mots, par la force attractive des arbres et de la vie sauvage, dépossédée de tout, révélatrice de l'être.

Et j'ai aimé cette immersion dans les souvenirs, cette remontée du temps, notamment à travers les chansons, reflets du moi. Ce que l'auteur écrit à propos de "Partir" de Julien Clerc, ou de "Michèle" de Lenormand a réveillé des impressions personnelles fortes.

Surtout, il y a la forêt des origines, où l'on se noie, ou l'on se retrouve.Enfin. Au-delà des morts.

En un mot: impressionnant!

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Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Presque une semaine déjà que je suis ici. Tout est lent, autour de moi, sauf le temps qui passe à toute allure. J'ai retrouvé le goût de l'aube. Cette pureté de l'air qui dessine toute chose. Ce matin, je suis allé défendre un lilas qui était colonisé par les rejets d'un merisier. Il en poussait de partout et les longues tiges des surgeons éventraient le bouquet aux senteurs si subtiles. Les fleurs bleues du lilas se mêlaient à celles blanches du merisier. C'était un duel parfumé. Encore une année, peut-être deux, et le lilas serait étouffé. J'ai donc attaqué le merisier au couteau dentelé d'élagueur. Je n'aime pas les êtres qui colonisent. J'ai rasé toutes ses repousses et enlevé quelques branches dominantes. Le lilas m'a remercié en projetant dans mes narines des volutes printanières.
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je suis allé dans les bois et j'ai demandé son avis à la forêt. Ma mère faisait cela. Elle ne rentrait jamais sans un bout de branche allégorique, une poignée de châtaignes et une décision. Quelquefois totalement absurde. Elle connaissait les habitants des taillis et savait interpréter le vent dans les houppiers. Je suis allé sur ses traces et j'ai entendu le silence. La chose que j'ai comprise, c'est que les arbres sont pleins et que je suis creux. (p. 111-112)
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C’est arrivé un 15 août. Chez nous, le jour de la Vierge est la plus importante des fêtes du calendrier. La figure de Marie est partout. Mon grand-père, qui avait toutes les raisons de ne plus être chrétien après avoir été brûlé vif dans les tranchées de la Somme, ne croyait qu’en elle. Son côté homme à femmes. Il y a une statue de la Vierge dans une niche, au milieu des rosiers du jardin, une autre à l’angle sud de la maison, sous la vigne vierge, et des médailles miraculeuses de Lourdes sous les premières pierres des fondations. Nous vouons également un culte à sainte Blandine dont on a dû me raconter vingt fois le supplice. Enfant, je pensais que Dieu était une femme, que les cieux étaient peuplés de saintes suppliciées, et j’imaginais leurs poitrines dressées contre les fauves, dans la lumière poussiéreuse des arènes de Lyon. Tout était femme : déesses, sorcières ou divinités. Et j’étais convaincu qu’elles rôdaient autour de la maison pour nous protéger.
Ma mère était une Parisienne dont les racines avaient poussé là, en Mayenne, dans le bocage normand, le nord du pays chouan, une terre d’élevage parsemée de bois, jalonnée de châteaux habités par d’antiques tribus peu inquiètes du progrès et du temps qui passe. Toutes ces familles, dont la mienne, avaient appliqué le même schéma : le travail en ville et les racines à la campagne, une part sociale, une part
sauvage. Et un sens inné du naufrage.
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Je mets un disque de Whitney Houston. Bientôt la chanson devient une pâte qui s'enroule en spirale autour de la voix. Elle monte, corne d'abondance vers le ciel, projetée depuis la gorge de la chanteuse, elle s'incline avant de disparaître dans l'obscurité et se courbe vers moi. L'intérieur de sa cavité est la gueule d'un animal subaquatique prêt à m'engloutir. Au fond, j'aperçois une grotte telle qu'on en voit dans les romans de Jules Verne. A l'intérieur se trouve une mer qui roule des flots tempétueux surplombés d'une rage électrique. C'est une eau antédiluvienne où se croisent les coecanthes et les placodermes. Ils ont le regard aveugle des origines.
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Les obsèques vont commencer.
J'ai tout organisé: je jetterai ses cendres dans les cendres de la maison. Elles s'envoleront par-delà les plus hautes branches. Plus loin, elles iront se répandre dans la chevelure des grands arbres. (...)
Comme ce sera le début de l'été, les rhododendrons et les magnolias seront épanouis, mais nous ne ferons pas de bouquets, car ma mère voulait qu'on laisse vivre les fleurs. nous aurons une piste de danse autour de la fontaine parme de la glycine. Et au nombre des convives, s'ajouteront ces arbres fruitiers qu'elle avait plantés avec tant d'espoir. Ils seront les domestiques en livrées naturelles: des poiriers, pommiers, prunus, palmiers et le ginkgo malingre qu'elle protégeait comme une louve. (p. 217)
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