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EAN : 9782754821414
184 pages
Futuropolis (03/05/2018)
4.28/5   9 notes
Résumé :
Alors qu'il fait des études de cinéma, Julien Frey rencontre Édouard Luntz. Le cinéaste prétend que sa carrière a été brisée par Darryl F. Zanuck, le dernier nabab d'Hollywood. Après un tournage épique au Brésil, en mai 1968, et un budget multiplié par vingt, le producteur aurait fait disparaître son film, Le Grabuge. Des années plus tard, Julien découvre que c'est l'oeuvre tout entière d'Édouard Luntz qui n'est plus visible. Des films fantômes ? Julien décide de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
A la poursuite d'Edouard Luntz.
Quand le narrateur, passionné de cinéma apprend au cours d'une formation d'écriture de scénario qu'un réalisateur français du nom de Luntz avait intenté un procès au producteur Darryl Zanuck afin que le final cut soit partagé entre l'auteur et le producteur, il se rappelle un rendez-vous quelques années auparavant avec Luntz qui souhaitait produire son court-métrage. le projet n'avait pas eu de suite, mais cette rencontre l'avait marqué . L'homme est décédé en 2009 et ses films sont introuvables. Pourtant, il fut une figure du cinéma des années 60/70. Il avait été assistant de Nicholas Ray, de Jean Grémillon, avait réalisé des courts métrages dont un mémorable intitulé Les Enfants des courants d'air, sur les bidonvilles d'Aubervilliers (lauréat du Prix Jean Vigo). Son premier long métrage, intitulé Les Coeurs verts fut sélectionné à la Berlinale en 1966 où il reçut le Prix de la Critique et le Dernier Saut, figura à la sélection officielle du Festival de Cannes en 1970. Quant à L'Humeur vagabonde , il fut sélectionné pour la Mostra de Venise l'année suivante.

Le roman graphique Avec Édouard Luntz: le cinéaste des âmes inquiètes est le récit d'une quête. de la cinémathèque française aux bureaux de la Fox, de Paris aux Etats-Unis, partout Julien Frey fait chou blanc. Point de films de Luntz. Avec obstination, il rencontre ses ayant droits, d'anciens collaborateurs, Michel Bouquet qui signe la préface du roman graphique et écrit ces lignes: « Les films d'Edouard étaient sans doute trop violents, trop dénonciateurs pour avoir un succès public. Et il ne transigeait pas sur son travail. Peut-être n'a-t-il pas été assez prudent, peut-être était-il trop frontal pour le monde du cinéma? Nous devions faire d'autres films ensemble.Mais on ne l'a pas laissé les tourner. »

L'Espagnol Nadar au crayon (minimaliste) laisse toute la place à une histoire digne d'un roman ou d'un long métrage. Les amoureux du cinéma se régalent, et se mettent à partager l'obsession du narrateur pour les films disparus. Luntz a-t-il été perdu par ses addictions, sa singularité? Cet homme intuitif, l'un des premiers à s'être intéressé à la jeunesse des banlieues (à l'époque « les blousons noirs », Les Coeurs verts), qui s'était présenté tel David contre Goliath sans avocat face à Zanuck et la Fox pour défendre le montage de son film Grabuge (dont toutes les copies ont été supprimées ou subtilisées par la Fox, même celle du C.N.C) incarne aux yeux du lecteur le cinéma européen face aux machineries américaines, deux conception du 7ème Art à l'époque viscéralement différentes.
Avec Edouard Luntz est une enquête aussi singulière qu'émouvante. On peut désormais voir Les Coeurs verts en D.V.D et Les Enfants des courants d'air (emblématique des bidonvilles de la Seine Saint-Denis) aisément en ligne.
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Un bandeau posé sur la couverture nous précise : " Pour Michel Bouquet, c'est l'un des plus grands cinéaste français. Pourtant, personne ne le connaît.". Chic ! une découverte et tout ça sous l'égide d'une personnalité inattaquable !

Quand le bandeau dit que personne ne le connaît, c'est un peu faux. Même si à la Cinémathèque Française ( la seule, l'unique, avec un C majuscule) citer le nom d'Edouard Luntz n'éveille qu'un regard interrogatif dans les yeux des conservateurs de notre patrimoine cinématographique, le scénariste de ce roman graphique, Julien Frey, l'a rencontré une fois en 1998. Alors étudiant en cinéma, Edouard Luntz l'avait contacté avec l'intention de produire son premier court-métrage... qui ne se fera pas...par manque de fonds car à l'époque le cinéaste tirait le diable par la queue. Ne pouvant même pas payer ses factures EDF, vous imaginez bien que mettre des sommes conséquentes dans un bout de film que personne ne verrait, relevait de l'utopie. 6 ans plus tard, alors que cet épisode était bien oublié, participant à une formation d'écriture de scénario, le nom d'Edouard Luntz reviendra aux oreilles de Julien Frey sous la forme d'une jurisprudence évoquée lors d'un cours autour du final cut ( en France, l'auteur et le producteur se partagent le droit de la version finale d'un film).. Ce droit, on le doit en grande partie à Edouard Luntz suite à un long procès contre la firme américaine Fox qui voulait que s'applique le droit américain ( donnant plein pouvoir au producteur quant au montage final) sur la version d'un film qu'avait tourné le cinéaste français pour elle. Luntz avait été financé en 1968 pour un long-métrage intitulé "Grabuge" ... au titre bien nommé et prophétique puisque court encore aujourd'hui toute une kyrielle de problèmes de droit, rendant le film inaccessible.

Il n'en fallait pas plus à Julien Frey pour se créer une petite fixette et de mettre toute son énergie à découvrir l'oeuvre d'Edouard Luntz, en son temps sélectionné, et même primé, aux festivals de Cannes, Berlin ou Venise. Cette quête, qui mène de Paris à Rio en passant par Washington, racontée dans cet album hommage, nous invite dans les coulisses du monde du cinéma où la notoriété, le talent se cognent à l'argent, ou comment on peut éclipser de l'histoire du 7ème art toute la production d'un auteur doué mais rebelle au système.

Magistralement scénarisé, avec un très pertinent montage de flash-backs qui éclairent le propos et le rendent passionnant, tout aussi magnifiquement mis en images par Nadar ( un descendant du photographe ? ) avec un simple trait noir et blanc qui colle parfaitement à cette enquête/hommage, transcendée par la très émouvante apparition de Michel Bouquet lui même, cet album devrait intéresser bien au-delà des cinéphiles. On adorera se plonger dans les rouages d'une industrie faite pour rêver mais dont les arrières-cuisines révèlent des couches de crasse peu reluisantes.

Alors que Cannes fait résonner son tam tam médiatique annuel, n'hésitez pas, découvrez Edouard Luntz, qui a monté les marches en son temps, et dont le destin est bien plus passionnant que deux vieux moches retapés entourés de trois jeunes comédiennes largement décolletées se pavanant sur un tapis rouge.



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Une BD pour nous parler du réalisateur français Edouard Luntz (1938 - 2009) aujourd'hui complétement oublié. Prix Jean Vigo en 1960, il est le scénariste et le réalisateur d'une dizaine de films qu'il est impossible de visionner aujourd'hui. Edouard Luntz est surtout connu car il a intenté un procès retentissant dans les années 1970 contre la société hollywoodienne de la Fox. Ce procès a fait avancer les droits des réalisateurs contre les producteurs qui jusque-là avaient le dernier mot sur le montage du film.
Julien Fray signe (avec Nadar au dessin) un long travail documentaire sur la piste des films perdus. Il nous promène dans les travées de la cinémathèque française, à la BNF (épinglée…) et jusqu'à la bibliothèque du Congrès de Washington. Travail d'enquête dans les archives du cinéma français.
Ecouter l'interview de Julien Fray par Kathleen Evin sur France inter
https://www.franceinter.fr/emissions/l-humeur-vagabonde/l-humeur-vagabonde-12-mai-2018
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Scénariste de séries animées, Julien Frey part à la recherche des films, perdus semble-t-il, du réalisateur français des années 60 : Edouard Luntz. Suite à un procès (gagné) face au géant Daryl Zanuck de la Twentieth Century Fox et suite à des problèmes de succession des droits, ses films ont mystérieusement disparus des écrans.

Julien Frey nous livre en bande-dessinée une enquête passionnante sur l'oeuvre d'un cinéaste oublié. L'auteur pique notre curiosité et nous laisse sur notre fin, désappointés de ne pas pouvoir voir les films d'Edouard Luntz ! A découvrir…un jour, on l'espère !

Lien : https://plumeetpellicule.wor..
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critiques presse (3)
BoDoi
13 août 2018
Le trait clair de l’espagnol Nadar dont l’oeuvre récente mérite un net détour trace en noir et blanc les lignes de cette enquête dans des portraits mi-caricaturaux, mi-réalistes, cherchant, avec un minimum de moyen, le maximum de rendu. Idéal pour cette enquête passionnante sur un mystère ignoré du septième art !
Lire la critique sur le site : BoDoi
BDGest
23 juillet 2018
Du travail de l’artiste se dégage une forme de modestie ; le coup de crayon demeure simple, sans devenir simpliste, un peu comme s’il souhaitait offrir toute la place au propos.
Un bon travail journalistique pour sauver un homme et son œuvre de l'indifférence.
Lire la critique sur le site : BDGest
Lexpress
02 mai 2018
Le bédéphile et cinéphile goûtera sans doute davantage cette BD (quelques savoureuses références ici ou là au 7e art), mais l'originalité de l'entreprise plaira sûrement à tout le monde.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je me souviens d'un prof à la fac qui disait que les réalisateurs avaient tous leur "truc", leur obsession. Le "faux coupable" pour Hitchcock, par exemple. Pour Luntz, c'était créer du lien, faire tomber les murs. Plus je vois ses films, plus je me dis qu'il aimait profondément les gens. Ce qui ne l'a pas empêché de tomber dans l'oubli.
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Mais moi, ma culture s'est faite essentiellement avec le cinéma. C'est aux films que je pense. C'est peut-être pour ça que j'ai peur qu'ils disparaissent.
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