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EAN : 9782862312354
173 pages
Maurice Nadeau (10/02/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Considéré comme l'un des plus grands écrivains de l'avant-garde européenne, Max Blecher, né le 8 septembre 1909 à Botoșani, disparaît prématurément le 31 mai 1938 à Roman. Figure remarquable et centrale de la littérature roumaine, il a été traduit dans une dizaine de langues dont le français dès 1973 aux éditions Maurice Nadeau. Préface d'Ovid S. Crohmălniceanu.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Max Blecher est souvent comparé à Kafka ou Bruno Schulz. Pour le côté « fantastique » de ce roman, c'est assez exact. Cependant, quelques distinctions qui me paraissent importantes : Blecher a la même simplicité que dans "Coeurs cicatrisés", au moins jusqu'à l'approche de la fin, qui est un peu plus symbolique. En clair : cela se lit bien plus facilement dans l'ensemble que Kafka à mon sens. Noter aussi que le sexe « explicite » est loin d'être absent. L'auteur roumain me paraît aussi moins personnel que Schulz et donne bien plus le sentiment d'une composition et, bien qu'il écrive à la première personne, la fameuse « suspension volontaire de l'incrédulité » qui pour certains définit la fiction. Pour le reste, le titre définit très bien ce qui vous attend à la lecture : un jeune homme est victime d'hallucinations, positivement qualifiées d'aventures. Celles-ci ont lieu dans son quotidien et sont en lien immédiat avec ses expériences familiales, d'amitié, d'attirance sexuelle ou autres. Présentées sous forme de petits chapitres (une suite d'historiettes en quelque sorte, autre point commun avec "Coeurs cicatrisés"), elles produisent dans l'ensemble une forte impression, malgré la grande sobriété du style : pas vraiment de recherche de situations ou termes choquants ou vulgaires, de manière générale Blecher évite le larmoyant, le mélodrame, tout ce qui suscite exagérément l'émotion. Il montre comment la conscience, donc la vie, l'espace d'un instant, bascule, du fait, à mon sens car finalement nous ne sommes pas véritablement informés sur ce point, de la santé de son propriétaire. Ce faisant, il dédramatise non pas la maladie, mais le malade (dieu sait que l'auteur ne manquait pas d'expérience en la matière) et le réintègre, comme on dirait aujourd'hui, en tant qu'aventurier des temps modernes.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans Cœurs cicatrisés, le drame, une fois déclenché, se situe dans le domaine de la réalité objective. Emmanuel apprend qu’il est atteint du mal de Pott ; à Berck, emprisonnés dans des corsets de plâtre, les malades ne se déplacent que dans des chariots. Comme dans La montagne magique de Thomas Mann, c’est l’existence en marge de la vie qui est reconstituée dans ce roman. La misère physiologique et morale de ces infirmes est notée par un esprit toujours en éveil, que n’intimide aucune sorte de pudeur. Ce livre est loin d’avoir les dimensions spirituelles de La montagne magique ; ce n’est qu’une sorte de journal clinique, écrit à la troisième personne, vivant de l’authenticité d’une expérience enregistrée avec une épouvantable sincérité.

Le fait d’avoir une vertèbre pourrie, une poche de pus dans la hanche, de réapprendre tous les actes vitaux, immobilisé dans un corset de plâtre sous lequel la peau se couvre d’une crasse immonde et humiliante, cela change radicalement les rapports entre l’individu et l’univers. Les étapes de l’adaptation à une existence condamnée sont notées ici avec une cruauté et une totale absence d’égards, par un analyste intériorisé et désabusé.

« Le drame, disait Mihail Sebastian, se passe loin de la table d’opération, au-delà de ce qu’on appelle le lit de souffrance : il consiste dans la torture morale de la solitude, et dans le spectacle aride de la vie contemplé par quelqu’un qui n’en fait plus partie. » Cœurs cicatrisés est un symbole de l’existence réduite au niveau des tissus « insensibles au froid, à la chaleur et à la douleur ». C’est en qualité de spectateur hors du monde que l’auteur évolue parmi les hommes et les choses, et qu’il écrit son hallucinant journal.

Ovid S. Crohmălniceanu
(p. 13-14, extrait de la préface)
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Si Blecher parvient à nous entraîner dans cette « irréalité immédiate », c’est que son art de la description du banal est si minutieux qu’il gagne une transparence déroutante ? et cela grâce à une observation concentrée, insistante, pénétrante. Cette transparence n’est-elle pas celle du réalisme fantastique de l’univers kafkaïen ? Chez Blecher, comme d’ailleurs chez Bruno Schulz, nous découvrons une préférence pour les choses dévalorisées ou communes dont se compose un monde d’étrangeté et d’aliénation : fleurs en papier, statuettes vulgaires en plâtre, images vendues dans les foires, bagues de bohémiens, gramophones détériorés, crachoirs de fer-blanc, couronnes mortuaires. « Les falbalas dont s’affublent les femmes, ainsi que les objets à bon marché chargés d’ornements, ont toujours eu pour moi un attrait singulier… Tout ce qui est imitation m’impressionne », écrit Blecher, sous le charme des figures de cire des foires. (Bruno Schulz, lui, a composé un Traité des mannequins.) Sur les contrefaçons d’êtres vivants, Blecher braque une lumière intense, qui les isole et dévoile leur inquiétante nature secrète. « Les personnages de cire étaient pour moi les seules choses au monde qui fussent authentiques ; eux seuls falsifiaient la vie avec ostentation ; par leur immobilité étrange et artificielle, ils appartenaient au monde réel. »

Ovid S. Crohmălniceanu
(p. 12-13, extrait de la préface)
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Les deux jambes tordues et ankylosées, la colonne vertébrale rongée par la tuberculose, son corps entier est devenu une mine où s’entrecroisent les galeries creusées par les abcès et les fistules. La majeure partie de sa vie, il la passa comme prisonnier d’un bloc de plâtre. Et pourtant il trouva la force d’écrire. Ses trois livres : Aventures dans l’irréalité immédiate (1936) Cœurs cicatrisés (1937) et La tanière éclairée (posthume) constituent un témoignage d’une effarante lucidité sur cette existence.

Ovid S. Crohmălniceanu
(extrait de la préface, p. 10)
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Ainsi me parvenaient du dehors divers avertissements de nature à me rendre immobile et à m'enlever brusquement ma compréhension habituelle de la vie quotidienne. Ils me stupéfiaient, m'arrêtaient net et cristallisaient pour moi d'un seul coup toute l'inutilité du monde. (p.79)
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Vidéo de Max Blecher
Une chronique sur le livre Cœurs cicatrisés, dans la traduction de Gabrielle Danoux.
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