Le démon entre en moi, la santiag trouée qui frétille sur un air que fredonne le vent. Soit bon Johnny. Un verre de whisky à la main, double dose, l'autre sur mon manche qui me démange. Gratte quelques accords, caresse quelques âmes, brûle la cagoule blanche, noir de peau, fièvre dans le corps. Madame chante le blues, et moi je serais prêt à vendre mon âme au diable pour le succès de Johnson. Robert, pas Don. Alors que le don de Johnson émeut, je croise le Malin, plaisir du divin diabolique, prêt à m'octroyer le statut de bluesman adulé par des nanas en furie et en chemisier si étroit que je vois battre leurs coeurs en choeur.
Y'a un Hic ! le whisky est frelaté dans ce bouge, mais surtout le Diable même ne veut pas de ma putain d'âme, trop impure ou trop transparente. Il en veut une meilleure. Mais putain où vais-je trouver une âme pure, les gars, dans la misère du Mississippi ? Encore un coup à bourlinguer dans le coin, prendre des trains sans composter au milieu du bétail – O'Brother tu me suis – et manger de la poussière. Pas étonnant que j'ai le gosier asséché et ce n'est pas dans les clubs miteux du Mississippi que mon âme pure va se montrer à nu devant moi. En plus, histoire de corser le challenge, j'ai rendez-vous dans deux jours seulement avec le grand jury, pour un casting nouvelle star endiablé, autour d'un feu de camp qui crépite au croisement des chemins, celui du purgatoire et de la rédemption. Tiens, pourquoi qu'il y a une croix à côté du feu de joie ? Et cette corde qui pend sur cet arbre, le Diable aurait-il des vues SM avec mon âme ? Coquin divin aux moeurs bondage... Après tout, du moment que j'arrive à faire chialer les demoiselles du cru jusqu'à leur enlever leurs soutifs juste par les larmes de désespoir de ma guitare désaccordée…
I got the blues. Angux et Tamarit, auteurs espagnols signent ici, à la pointe de la lance de
Don Quichotte, un premier récit grand format tout en couleur ocre, couleur du whisky ou de la poussière qui chatoie la misère et le sud. Et pis, le blues, ça tombe bien pa'ce que j'ai une certaine sympathie pour le Diable. Alors, j'me suis dit – ouais m'dame j'me parle tout seul quand j'ai bu y'a qu'aux autres que j'cause pas – que ça me ferait du bien de boire un verre en écoutant
Robert Johnson.
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