Ils sont jeunes, ils ne sont plus des enfants, mais ils ne sont pas encore des adultes.
Ils sont confinés dans un coin de la Vallée d’Aoste, ils habitent le grand Hôtel Brusson et la guerre est à leur trousse.
Nous sommes en août 1943, ils ont des chaussures trouées, ils ont faim.
Pour tromper l’ennui ils jouent au tennis, mais ils jouent aussi la comédie de la vie : tomber amoureux, souffrir, sentir le plaisir de souffrir parce qu’un autre ne vous aime pas.
Nous sommes dans la tête de l’héroïne : elle ressemble étrangement à l’auteure au même âge, elle s’appelle Paula, elle a 12 ans, et avec ses parents et ses deux sœurs plus âgées elle découvre la vie. Elle tombe amoureuse de Antoine, qui a perdu son bras dans un accident de vélo, mais lui se moque bien d’elle, elle n’a rien pour elle comme on dit alors.
Antoine est amoureux de Milly, comme tous les garçons du village, mais elle se fiche d’eux, elle n’a d’attention que pour Pierre.
Et la comédie amoureuse se poursuit sans que personne n’y trouve son compte.
« Ay, Paloma » c’est le nom d’une chanson qui dit : « Ay, una Paloma blanca como la nieve, como la nieve, ay, me has arruinado et alma, como me duele, como me duele… » et c’est la disque qui tourne sans arrêt sur le gramophone qu’écoutent les adolescents réunis le soir.
Mais bientôt le mois d’août se termine et nous sommes le 08 septembre 1943, c’est la destitution de Mussolini du Grand Conseil fasciste. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Les esprits se déchaînent, les adultes se déchirent et les enfants assistent aux empoignades.
Après ? Après, chacun ira rejoindre son destin : celui qui est juif sera renvoyé vers les camps, celui qui opte pour le Duce rejoindra les rangs de la République, le troisième choisira le camp des partisans qui ont pris le maquis.
L’héroïne, elle, n’aura pas choisi, mais plus rien ne sera comme avant.
En redescendant de la vallée d’Aoste pour Rome ou pour Milan, ils auront définitivement quitté la pays de l’enfance.
C'est la curiosité qui a constamment guidé l'écrivain, comme un courant souterrain. La curiosité va de pair avec la mémoire. Rosette Loy joue avec les souvenirs de sa propre enfance pour nous rendre vibrante la présence de cette petite qui n’est déjà plus une enfant, et qui souffre de ce que personne ne s’intéresse à elle.
Une écriture dense, très proche des personnages qui s’incarnent sous nos yeux.
L’un des romans les plus resserrés de cette auteure italienne de renom (ses autres romans « la bicyclette », « un chocolat pour Hanselmann » … sont connus dans toute l’Europe) , peut-être son plus beau.
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