De livre en livre,
Christophe Lartas s'impose comme un styliste hors pair. Pour ce quatrième ouvrage aux éditions de l'Abat-Jour, on retrouve son goût du mot juste et des mots précieux, ainsi que sa fidélité à une certaine intransigeance et exigence, à rebrousse-poil des best-sellers actuels.
Le livre se compose de deux novellas, très différentes en apparence mais qui finissent par se rejoindre.
La première s'intitule "Azarphaël, Roi du monde". A la fois ange et démon, prophète et usurpateur, véritable caméléon, Azarphaël a vécu mille vies. Universel, il est de tous les lieux et de toutes les époques et fait voyager le lecteur dans l'espace et dans le temps.
Comme dans "
Planète des ombres" paru en 2014 chez le même éditeur, "Azarphaël, Roi du monde" ensorcelle le lecteur par la richesse de son imaginaire fantastique foisonnant, notamment avec ses créatures monstrueuses et ses espèces mutantes.
Avec
Christophe Lartas, le lecteur se surprend à se délecter de scènes d'horreur décrivant les tortures les plus raffinées.
"Azarphaël, Roi du monde" saisit par sa radicalité et ses partis pris d'écriture. de longues listes de lieux mais surtout de noms de personnalités. Artistes de tous horizons (dont des écrivains que l'on peut supposer chers au coeur de l'auteur), figures historiques, grands noms du mysticisme se côtoient avec jubilation. La liste impose son rythme poétique et nous emporte dans son tourbillon jusqu'au vertige. Nul besoin de connaître toutes les personnes citées par l'auteur, les sonorités des noms sont à elles seules des portes vers autant d'univers différents.
Le lecteur doit lâcher prise et se laisser bercer, porter par la musique des mots de l'auteur. Pour autant le lecteur n'est pas passif : comme le dit
Umberto Eco dans
Lector in fabula, le lecteur coopère avec l'auteur en apportant du sens au texte. Sans être un livre difficile d'accès, "Azarphaël, Roi du monde" est un texte qui se mérite.
"Jean Montségur", deuxième novella de l'ouvrage, nous entraîne sur un terrain tout autre, celui de la politique-fiction... à moins que ce ne soit là qu'une fausse piste sur laquelle l'auteur facétieux cherche à nous perdre.
Elle nous conte la fulgurante ascension de Jean Montségur, candidat du parti libéral-libertaire qui accède à la fonction suprême. Qui se cache derrière son masque néo-humaniste ? Son ambition connaît-elle des limites ? Aurait-il basculé dans la folie ?
Ces deux novellas, comme tous les textes de Lartas, sont hantées par la violence des hommes, la vengeance de la nature, le spectre d'une catastrophe et les prémices d'un monde post-apocalyptique.
Une lecture qui procure autant de plaisir esthétique au lecteur sur le moment qu'il marque son esprit pour longtemps.
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