Premier livre de Jack O'Connell et premier tome de la saga Quinsigamond, "
B.P.9" est un roman noir curieux. D'abord parce que Quinsigamond est tout de même un drôle de nom pour une ville. C'est une ville imaginaire - imagine-t-on sérieusement une ville avec un nom pareil ? A mes oreilles, ça avait tout l'air d'un nom inventé... Après recherche, il s'avère que non. Il s'avère également que Jack O'Connell est un petit malin qui maitrise son affaire. Quinsigamond est un nom indien dont la page wikipedia nous dit qu'il possède pas moins de 9 variations dans
L Histoire (Quansigemog, Quansigamaug, Quansigamug, Qunnosuog-amaug).
Ce qui m'amène directement à l'autre curiosité : le roman raconte notamment les dévastations causées par une nouvelle drogue "le Jargon" dont les effets sur le langage sont pour le moins impressionnant et donne au roman une teinte fantastique et inquiétante. Jack O'Connell a visiblement accordé beaucoup de place à cette question du langage qui ressurgit sur différentes formes tout au long du récit : outre les effets de la drogue (que vous découvrirez bien assez tôt, O'Connell enchâsse dans son récit une pièce de théâtre, des monologues dictés à un dictaphone, etc. le langage est omniprésent. Quand l'héroïne se tape son nouveau partenaire c'est avec en bande son le terme "domination" scandé dans plusieurs langues...
Il y a donc une ambiance tout à fait singulière et très réussie à mon avis. La question du langage charpente le roman de manière admirable. Moi qui aime les romans bien construits, je suis servi et j'ai ajouté "
Porno Palace", deuxième roman de la saga (qu'on peut lire indépendamment semble-t-il sur ma pile à lire).
Pour l'histoire à proprement parler, la 4ème de couverture fait le job...