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Gérard de Chergé (Traducteur)
EAN : 9782869308923
481 pages
Payot et Rivages (02/03/1995)
3.31/5   21 notes
Résumé :
Lenore, jeune lieutenant de la brigade des Stups à Quinsigamond, fan de heavy metal et accro aux amphétamines, n'hésite pas à se mettre dans la peau d'une prostituée pour infiltrer les milieux criminels. Une nouvelle drogue, le Jargon, est arrivée sur le marché : elle décuple les fonctions du langage chez les utilisateurs mais aussi les pulsions de mort. Par ailleurs, Lenore a un frère jumeau, Ike, employé à la poste, qui voit transiter des choses innommables par la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Premier livre de Jack O'Connell et premier tome de la saga Quinsigamond, "B.P.9" est un roman noir curieux. D'abord parce que Quinsigamond est tout de même un drôle de nom pour une ville. C'est une ville imaginaire - imagine-t-on sérieusement une ville avec un nom pareil ? A mes oreilles, ça avait tout l'air d'un nom inventé... Après recherche, il s'avère que non. Il s'avère également que Jack O'Connell est un petit malin qui maitrise son affaire. Quinsigamond est un nom indien dont la page wikipedia nous dit qu'il possède pas moins de 9 variations dans L Histoire (Quansigemog, Quansigamaug, Quansigamug, Qunnosuog-amaug).

Ce qui m'amène directement à l'autre curiosité : le roman raconte notamment les dévastations causées par une nouvelle drogue "le Jargon" dont les effets sur le langage sont pour le moins impressionnant et donne au roman une teinte fantastique et inquiétante. Jack O'Connell a visiblement accordé beaucoup de place à cette question du langage qui ressurgit sur différentes formes tout au long du récit : outre les effets de la drogue (que vous découvrirez bien assez tôt, O'Connell enchâsse dans son récit une pièce de théâtre, des monologues dictés à un dictaphone, etc. le langage est omniprésent. Quand l'héroïne se tape son nouveau partenaire c'est avec en bande son le terme "domination" scandé dans plusieurs langues...

Il y a donc une ambiance tout à fait singulière et très réussie à mon avis. La question du langage charpente le roman de manière admirable. Moi qui aime les romans bien construits, je suis servi et j'ai ajouté "Porno Palace", deuxième roman de la saga (qu'on peut lire indépendamment semble-t-il sur ma pile à lire).

Pour l'histoire à proprement parler, la 4ème de couverture fait le job...
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Pour moi la magie n'a pas fonctionné. Ce livre ne trouve pas sa place, ne trouve pas son genre. La quatrième de couverture relate que ce livre est une satire visionnaire de la société américaine. Désolé mais sur ce volet je suis passé a côté. Ce livre est vendu comme un modele de roman noir mais la encore quelle déception ! C est mou, c est long a décoller. le pire c est que je me suis dit dans la première partie du livre que comme tout roman noir il fallait un peu de temps a l' auteur pour poser l' intrigue et les personnages mais c'est l'inverse qui se produit. Plus on avance dans l' histoire plus c est mou. L'auteur se perd complètement dans des introspections psychologiques de l ensemble de ses personnages, merci beaucoup mais si j' avais voulu lire un essai sur la psychiatrie j' aurais acheté du Freud. Il alterne également des chapitres inutiles en décrivant les dialogues insipides d un animateur radio avec ses auditeurs ou des scenes de sexe qui sont d ailleurs tres bien ecrites mais c' est pareil que pour la psychologie :si je veux du cul je vais chez Porn Hub...La quatrième de couverture nous promet une ambiance a la Cronenberg et au moins c est vrai. C'est mou, long et sans queue ni tête comme un Cronenberg. Ce livre n' a aucune construction et aucune âme. Les chapitres ne sont qu' une succession de petites scenettes devenues rapidement pour moi insupportables a lire. J' ai quand même tenu 300 pages mais j 'ai rendu les armes tellement l' évolution de l 'histoire devenait n' importe quoi. Prometteur au départ mais cette histoire évolue au final comme un poulet sans tête. Un peu comme les romans de Jeremy Fel qui a préfacé le livre. La boucle est bouclée... Pour ma part j ' ai vu, j' ai lu et on ne m' y reprendra plus.
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Un polar bien noir, aux personnages aussi réjouissants qu'improbables, pour mettre en scène son véritable héros : le langage.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/12/17/note-de-lecture-b-p-9-jack-oconnell/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
D’un bond, elle descend de voiture, se dirige vers le diner, fait demi-tour, ouvre la portière et enlève les clés de contact.
Une bouffée de vapeur l’assaille quand elle ouvre la porte métallique et entre dans le diner. Lon, en voulant lui dire bonjour, manque de laisser tomber sa cuvette en plastique remplie de vaisselle sale. Elle se glisse dans le premier box et lui rend son salut. La table est jonchée des reliefs du repas des précédents clients : deux assiettes de petit déjeuner recouvertes d’une croûte jaune, durcie – restes d’œufs sur le plat ; grands verres striés de traces granuleuses de jus de tomate ; bols contenant les dernières miettes brunâtres des frites maison de Harry, à l’assaisonnement secret ; croûtes de toasts ; pelures d’orange ; tasses à café. Lenore suppose que les deux clients étaient des hommes, sans doute des routiers, entre quarante-cinq et cinquante ans. Elle s’arrête, contrariée de ne même pas pouvoir s’asseoir dans un diner sans avoir le réflexe d’analyser le décor comme si c’était la scène d’un crime. Elle ne peut pas s’empêcher d’être flic, de chercher le plus petit indice susceptible de révéler autre chose.
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Ne serait-ce qu'une fois, Ike voudrait tomber sur un livre différent, un vieux volume en piteux état, incrusté de poussière, oublié, coincé sur l'étagère d'une bibliothèque de prêt, dans un rayonnage rarement consulté, avec, sur la fiche de lecture collée en dernière page, un cachet indiquant une date révolue depuis des décennies. Il voudrait ouvrir ce livre et trouver l'unique auteur, ignoré, qui était disposé à dire la vérité, comme dans le conte d'Andersen, "Le nouvel habit de l'empereur". Il voudrait trouver la voix suffisamment courageuse pour dire : "Je regrette, bonne gens, mais vous aurez beau rendre le service postal aussi efficace et élaboré que possible, cela n'y changera rien. Vous n'en serez pas pour autant moins isolés, moins séparés, moins seuls. Vous aurez beau mettre à la boîte un nombre illimité de grosses enveloppes, bourrées à craquer de mots divers et variés, cela ne changera rien à la nature des choses. Nous sommes seuls. Et tous nos bureaux de poste ne sont que des temples de l'illusion, des artifices compliqués par lesquels nous tentons de nous persuader du contraire.
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Parlez avec Dieu. Amendez-vous. Le Jugement est proche et le temps vous est compté. Marie fait tout ce qu’elle peut pour retenir la main de son fils. Seuls les élus échapperont au châtiment.
Lenore abaisse sur sa nuque le casque à écouteurs en mousse orange et coupe la radio. Ray, le néo-nazi de WQSG, s’est lancé dans une nouvelle diatribe vociférante, une nouvelle variante de son réquisitoire habituel contre Satan, le communisme et les dernières propositions budgétaires du maire Welby.
Elle n’aurait jamais dû apporter cette radio. Un appareil sans fonction utilitaire, c’est mauvais pour la concentration. Mais la perspective de passer une nuit de plus à écouter Zarelli discuter divorce lui était insupportable. C’était au-dessus de ses forces. Elle avait le pressentiment que les choses tourneraient au vinaigre si elle ne prenait pas une mesure préventive.
Mais écouter Ray éructer et s’époumoner au point d’en être suffoqué, près de vomir, ce n’est pas une solution.
C’est pourquoi elle envoie de bonne heure son coéquipier, Zarelli, de l’autre côté de la rue, en lui disant de guetter d’éventuelles surprises, et elle tâche de se concentrer sur son dîner. Elle mange une sorte de thon au riz dans une barquette en carton. C’est froid, et elle ne saurait dire si c’est censé être servi de cette façon ou si Zarelli s’est encore fait avoir, si on lui a refilé par la porte des cuisines une portion refroidie du « plat du jour » de la veille au soir. Elle imagine un trio de jeunes plongeurs chinois, tabliers humides collés aux jambes, empochant l’argent de Zarelli en se frottant les mains d’avoir arrondi leur salaire.
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Les soirs où ils dînent ensemble, c’est Ike qui fait la cuisine. Lenore, comme P’pa, aime les œufs et les saucisses. À toute heure du jour ou de la nuit. Ike voudrait bien la mettre en garde contre le cholestérol et l’obésité, mais il peut difficilement parler à Lénore de ces foutaises. Elle risque sa vie, et dans les grandes largeurs, au moins trois ou quatre fois par semaine. L’année dernière, dans la cité H.L.M., Zarelli enfonce d’un coup de pied la porte d’un dealer d’héro et Lenore bondit dans le taudis, gonflée à bloc par la perspective d’une arrestation triomphale. Mais le type a été rencardé et les attend de pied ferme, planqué dans un coin, un flingue braqué sur la tête de Lenore. Avant que Zarelli ait pu bouger, le type presse la détente ; Dieu merci, son revolver est de la camelote, un engin non immatriculé qui vient de Taïwan ou d’on ne sait où, et l’arme lui explose entre les mains, expédiant dans la gorge du dealer la balle destinée à Lenore.
Comment voulez-vous mettre quelqu’un en garde contre les dangers de la saucisse après une journée pareille ?
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En début de soirée, les gars de la technique ont réussi à équiper Zarelli d’un micro enregistreur. Ils ont assuré à Lenore que c’était un modèle dernier cri. Elle n’a pas pris la peine de leur dire que le matériel qui lui donne le plus de souci, c’est son coéquipier. En ce moment même, Cousin Mo et ses sbires pourraient sacrifier des nouveau-nés à l’autre bout du bar sans que Zarelli cesse pour autant de débiter, en s’étouffant de rire, ses toutes dernières histoires drôles sur les féministes et les Orientaux.
Elle se l’imagine, son coéquipier et amant, les coudes rivés au bar – une longue planche en teck posée sur un piédestal sculpté à la main représentant une colonne d’éléphants, chacun tenant par la trompe la queue du précédent. Elle le voit lancer une plaisanterie au barman avant d’emboucher une autre chope de Genesee Cream Ale. Comme toujours, il porte sa veste sport qui pourrait aussi bien avoir dans le dos une enseigne au néon proclamant en lettres oranges, clignotantes : Je suis un flic, je suis un flic.
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