AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264070746
240 pages
10-18 (07/06/2018)
4/5   29 notes
Résumé :
Et si les Noirs devenaient blancs, le racisme disparaîtrait-il pour autant ?

Comme l'a vite appris Max Disher, jeune Noir de Harlem en ce début des années 1930, un membre de sa communauté n'a que trois alternatives : « Foutre le camp, devenir blanc ou serrer les dents. » Incapable de partir et n'appréciant guère de s'aplatir, Max va bondir sur la deuxième opportunité.

En effet, grâce à Black No MoreTM, mystérieux procédé créé par un cer... >Voir plus
Que lire après Black no moreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4

sur 29 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Bien que publié en 1931, Black no more est résolument d'actualité hélas. Dans cette contre-utopie ironique et grinçante, George S. Schuyler, journaliste d'un influent journal afro-américain, raconte le procédé d'un médecin noir pour rendre les membres de sa communauté blancs, et ses conséquences. Et il y en a tout un tas. La première question étant : s'il n'y a plus de Noirs, la question noire et le racisme tiennent-ils toujours?

La plume de l'auteur mêle humour et dénonciation des travers humains. Tout le monde en prend pour son grade : Noirs, Blancs, hommes ou femmes, de toutes catégories sociales, confessionnelles ou politiques. Il met en scène les magouilles à tous niveaux dans tous milieux, il démontre les velléités des adeptes de la pureté de la race pour établir un certificat généalogique de vraie blancheur. Ce qui n'est pas sans rappeler les mesures contre les Juifs en Allemagne, Italie, France vichyste pour déterminer le taux potentiels de judéité en fonction des ascendants.

Les actuels suprématistes blancs applaudiraient à cette idée au nom d'une pseudo-supériorité du Blanc. Quelle c....ie.! George S. Schuyler a eu des détracteurs dans les deux communautés par ses dénonciations des mensonges raciaux, par le sort qu'il donne à la confrérie Nordica, ersatz grotesque et louche du Ku Klux Klan, etc. Son roman, par son impartialité dans la satire, lui valu hostilité et succès mitigé. Il fallut attendre les années 1990, soit près de quinze années après sa mort, pour que les États-Unis redécouvre et reconnaisse son oeuvre.

Stylistiquement, ça n'est certes pas un chef d'oeuvre mais le principal n'est pas là. Je crois que c'est un livre qui mérite une plus large diffusion afin de mesurer l'inanité des préjugés de tous genres. La fin est d'une délicieuse ironie.
Commenter  J’apprécie          290
Quel « intérêt » y-a-t-il pour une société d'établir une classification raciste officielle comme fondement de la citoyenneté ?
Quel intérêt y a t il à faire opposer les groupes humains sur les bases de « faits de nature » ( couleurs de peau, sexe, ethnie, etc.. - ) si ce n'est pour dynamiter systématiquement toute notion de classe, ceci afin d'établir, d'asseoir la suprématie d'un pouvoir financier, économique, politique ? Quel intérêt y a t il à faire fructifier cette opposition en l'envenimant par le moyen d'arguments religieux, culturels, voir « civilisationnels » ?
Livre étonnant que ce « Black no more » de George S. Schuyler. Écrit en 1931. D'une surprenante lucidité. Beaucoup est dit. Décrit. C'est toute la mécanique sociale américaine qui est ici analysée. La plume est rapide, satirique, caustique. Personne n'en réchappe. Chaque hypocrisie est démasquée.
Le parcourt de S. Schuyler est étonnant. Atypique. Ex homme de gauche, journaliste, essayiste, romancier, noir américain, né en Alabama, il deviendra républicain ( ce qui est une évidence en lisant ce livre, et qui d'ailleurs peut, en ce 18e anniversaire de notre siècle nous irriter souvent à la lecture de certain passage ...) , il soutiendra Nixon, deviendra anti communiste...Presque incompréhensible pour nous aujourd'hui. Et pourtant on peu comprendre certain destin si on les replace dans la grande mécanique du temps. J'écris : comprendre et non : acquiescer.
Georges S. Schuyler était conservateur et connaissait extrêmement bien le territoire américain et ses différentes populations.
Mais... était-ce concevable d'être conservateur en cette Amérique de 1931 ?
Est ce concevable qu'il ait pu critiquer, trente ans plus tard, l'action et l'oeuvre de Martin Luther King ?
Le monde est multiple, divers courants le traversent. L'hydrographie de la pensée mondiale est complexe. Mais on peut et on doit en faire la lecture.
1931..deux ans après la grande crise de 1929….
1931. L'Amérique prêche l'eugénisme raciale. Charles Lindbergh , « héros national » , Henri Ford, « fleuron de économie américaine », en seront les tristes pasteurs. Il est établi qu'Hitler, et y puisera beaucoup de ses poisons.
1931.Paris accueille l'exposition coloniale internationale et le Cirque Carl Hagenbeck avec ses répugnantes représentations ethnologiques.
1931, les États Unis et l'Europe nourrissent allègrement les monstres qui détruiront, en quelques années la vie de plusieurs millions d'êtres humains.
1931, Sosso le fou, alias Josef Staline, déploie sa sanglante dictature faisant lui même des millions de victimes.
1931, la folie du monde s'emballe.
Black no more est devenu un classique de la littérature américaine. Par ses positions George S. Schuyler ne s'est pas fait que des amis dans certains groupes de la société afro-américaine en dénonçant par exemple les dérives du mouvement Back-to-Africa, qu'il jugeait dangereux, extrémiste.
En replaçant le parcours de Schuyler dans le courant de l'Histoire des années 30, et au regard de sa vie personnelle, Schuyler défendait le métissage, seul moyen d'en finir avec l'absurdité de toute classification raciale.
Ce n'est pas un hasard si sa propre fille, fruit d'un mariage mixte, enfant surdouée, pianiste virtuose s'engagea durant la guerre du Vietnam, en qualité de correspondante de guerre, guerre qu'elle dénonçait et à laquelle elle s'opposa et qui trouva, malheureusement la mort dans le crash d'un hélicoptère en tentant de sauver des enfants vietnamiens.
Ce père, conservateur républicain, n'avait pas tord de penser que l'avenir le plus raisonnable pour les USA devait passer par le métissage de sa population.
Sa fille en est la plus parfaite illustration.
Intimement convaincu que seul le métissage pouvait faire avancer les USA vers la voie du progrès économique, social, et était seul capable de maintenir une réelle paix sociale. Une utopie?
Il dénonce dans black no more tous les faux bergers, qu'ils soient blancs ou noirs, qu'ils soient politiques ou religieux.
Il dénonce tous ceux qui ont intérêt à ce qu'une division “raciale” soit maintenue dans la société américaine. Ils décrit l'abrutissement des classes les plus pauvres orchestré par le pouvoir économique et politique, les poussant à préférer rejoindre des groupuscules racistes et fascisant plutôt que de les laisser organiser eux-mêmes des syndicats de travailleurs.
Et pourtant ceci est écrit par un homme dont les choix politiques peuvent nous surprendre.
Le livre de Gorge S. Schuyler, aux Éditions Wombat, reparaît en ce moins de juin dans la collection de poche 10.18. Et ce n'est pas un hasard. Il est saisissant d'actualité.
Parce que ce livre est à la fois impertinent et pertinent, parce qu'il est atypique, intéressant.
Une satire dénonçant toutes les formes de racisme.
Un outil de réflexion, une pièce historique. Une des voix innombrables des USA.

Astrid Shriqui Garain


Commenter  J’apprécie          80
En lisant la quatrième de couverture de Black no more, j'ai immédiatement été amusée du négatif photo du livre de John Howard Griffin « Dans la peau d'un Noir » : en effet, celui-ci s'était, par un procédé chimique et un maquillage spécial, transformé en Noir pour pouvoir appréhender la situation des Noirs du Sud – nous étions alors dans les années soixante – tandis que Black no more nous parle d'un jeune Noir de Harlem qui grâce à un mystérieux procédé qui s'appuie sur le processus du vitiligo (maladie dé-pigmentaire) transforme les Noirs en Blancs… et ce livre a été écrit en 1930 (aurait-il inspiré l'expérience de « Dans la peau d'un Noir » ?) !

Mais la comparaison s'arrête là. Tandis que John Howard Griffin a réellement tenté cette expérience et décrit son quotidien en tant que « Noir » (et je vous conseille vivement de lire son livre très éloquent si ce n'est déjà fait), Black no more est un roman, ou plutôt une satire sociale.

Le récit résonne de manière étonnamment actuelle. Certains éléments interpellent en ce qu'ils semblent annoncer ou comme décalquer à l'avance les mêmes théories raciales et les mêmes projets (déportation, étude des ascendants dans l'arbre généalogique pour vérifier qui a du sang noir, etc.) que ce que fut la Shoah. Interpellant puisque donc le roman a été édité en 1931. En même temps, l'ersatz de Ku Klux Klan qui apparait dans le livre avec sa pureté de la race, la suprématie blanche, etc. reprend finalement les fondements racistes du nazisme et l'un comme l'autre sont comparables à plus d'un titre.

Concernant l'histoire proprement dite, je dois dire que j'ai eu un peu de mal à accrocher dans la mesure où ce sont surtout les enjeux politiques et économiques qui nous sont dépeints dans cette société où on ne sait plus qui est blanc ou noir… le sous-titre du livre indiquait « Si les Noirs devenaient blancs, le racisme disparaitrait-il pour autant ? ». Je ne vais évidemment pas répondre à la question… il vous faudra lire le livre.

Toutefois, je dois reconnaitre que je me suis demandé où l'auteur allait nous emmener et quelle serait la « morale » de l'histoire…

Ce livre corrosif est un objet de curiosité et de réflexion qui vaut le détour, peut-être moins pour le plaisir qu'on en a à la lecture que pour son côté dérangeant et cynique.


Commenter  J’apprécie          120
Publié en 1931, Black No More est considéré comme le premier roman de science-fiction noir.

L'histoire : Un nouveau procédé médical permet à n'importe qui de devenir blanc. le livre explore alors tout ce que cela implique pour les Blancs, pour les communautés noires, ainsi que les US dans leurs ensembles.

Tous les personnages de Schuyler sont des connards égoïstes de première (à l'exception des personnages féminins qui sont des coquilles vides). Les Blancs sont obsédés par l'idée de perdre leurs privilèges (ou de les partager avec d'autres). Les portes-paroles des communautés noires (dont une caricature De W.E.B. Dubois) souhaitent secrètement que les injustices raciales perdurent afin de conserver leur prestige de leaders.

Le protagoniste lui-même décide de devenir Blanc pour deux raisons : pouvoir se taper des femmes blanches, et pouvoir rejoindre le KKK afin de s'enrichir de l'argent des racistes.

Sinon, contrairement à ce tout cela laisse entendre, le livre est hilarant. S'y succèdent des retournements imprévisibles et bien pensés et l'ironie narrative règne en maître. Tout escalade, hors de contrôle, jusqu'à mener vers une campagne présidentielle d'un ridicule assumé. La fin, pour chaque personnage, est particulièrement décapante.

Je n'aurais sincèrement pas pensé aimé ce roman. L'auteur, Schuyler, était considéré comme un militant d'extrême droite dans les années 60-70. Travaillant pour la John Birch Society, militant pour la guerre du Vietnam, pour le Maccarthysme, contre les droits civiques, contre MLK, etc.

Pourtant, si le livre aborde les questions de race et de classe avec cynisme, il le fait avec une sensibilité à laquelle je ne m'attendais pas. le lexique a certainement évolué depuis 1931, mais outre certains éléments comme la Prohibition, le roman n'a pas tellement vieilli.
Commenter  J’apprécie          100
Roman très intéressant dans lequel l'auteur parle de ségrégation, politique et sociologie (plafond de verre, mépris de classe et de race, religion/sectarisation...).
Il dénonce l'hypocrisie de l'être humain, peu importe sa couleur de peau (marquant à une époque où les différents mouvements "en faveur de l'égalité" tirent la corde vers eux pour tenter de favoriser une partie de la population !) grâce à plusieurs points de vue : on suit tour à tour le premier afro-américain à devenir blanc grâce à un procédé médical, le médecin à l'origine de celui-ci et ses financiers, ou un homme à la tête d'une organisation suprématiste blanche.
J'ajouterai que le monde peut bien partir dans tous les sens, certains en sortiront un peu plus matures et ouverts d'esprits, ce qui est indéniablement le message que voulait transmettre l'auteur (ou bien il jugeait l'humanité irrécupérable mais souhaitait que son récit se termine plus gaiement...).
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[ Honky Tonk Club, Harlem, 1933 ]
Il avança d'un pas nonchalant vers la table en prenant son air le plus séducteur et regarda l'étincelante jeune femme aux cheveux blond vénitien. Elle était vraiment sublime et son parfum exotique titilla ses narines malgré les nuages de fumée de cigarette.
- Voudriez-vous danser ? demanda-t-il après un moment d'hésitation.
Elle leva ses yeux d'un vert froid et le dévisagea avec morgue, un peu surprise de son insolence et peut-être aussi secrètement intriguée, mais sa réponse ne laissa planer aucun doute.
- Non, dit-elle d'un ton glacial. Je ne danse jamais avec les nègres !
Puis, se tournant vers son amie, elle lui fit remarquer :
- Ces négros ont un drôle de toupet, non ?
Elle fit une petite moue dédaigneuse, haussa gracieusement les épaules et s'efforça d'oublier ce déplaisant incident.
Furieux d'avoir été rabroué, Max retourna à sa place sans dire un mot.
[...]
Elle était venue se procurer des sensations fortes dans le quartier noir, mais juste avec les yeux, en évitant les contacts. Les Blancs étaient quand même bizarres. Ils ne voulaient pas jouer avec les Noirs, mais ils s'obstinaient à fréquenter leurs lieux de perdition.
(p. 27-28)
Commenter  J’apprécie          150
Des centaines de Noirs récemment blanchis se sont déjà infiltrés dans la société blanche et des milliers d’autres vont les suivre. D’un bout à l’autre du pays, la perspective d’acquérir une peau blanche agite la race noire. Jour après jour, nous assistons à la destruction accélérée de la frontière raciale que nous avons su établir avec tant de difficultés.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : ségregationVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4856 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}