Après
Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage, une ultime lettre envoyée du champs de bataille de la rupture, voilà que
Martine Delvaux, une auteure de l'intime, du vrai, nous offre avec
Blanc dehors, une quête d'identité, un récit intime et déchirant d'une femme qui cherche à retracer son histoire en remplissant les blancs… Elle avance à tâtons dans un brouillard épais fait de silences, de secrets, de non-dits… Elle grappille ici et là des indices laissés au hasard… indices rares et précieux qu'elle tente de relier entre eux pour reconstituer ce qui a été avant qu'elle n'arrive au monde. Elle veut savoir. Qui il est. Pourquoi il a fui. Qui elle est, elle. Que serait-elle devenue si elle avait connu ce père qui n'en a jamais été un.
Martine Delvaux nous offre ici un récit, comme une longue lettre, faites d'interrogations qui trouveront peu de réponse, mais que la narratrice essaiera de combler en ayant recours à la fiction. Elle se reconstituera, tant bien que mal, un père, à moitié vrai à moitié inventé, et cherchera à découvrir son histoire pour donner un sens à la sienne.
Je n'écris pas un livre sur ma mère amnésique, ni sur mon père disparu, ni sur leur histoire d'amour inconnue. J'écris pour remplir des trous, mettre des mots à la place des blancs.
Si ce père était mort au lieu d'avoir fui, si ma mère m'avait vraiment abandonnée, j'aurais l'impression d'avoir une histoire à raconter au lieu de ce récit auquel je suis incapable d'accorder une légitimité parce qu'il est invisible. […]
Peut-être qu'on passe toute notre vie à faire des deuils, et peut-être que c'est ce que j'ai fait moi aussi, tous les deuils, mais pas celui-ci, pas le deuil de ce que je ne sais pas. C'est la seule disparition que je n'accepte pas. Je refuse d'être cette fille-là, une fille sans histoire.
Ce roman n'en est pas un. Nous tenons entre les mains les pans d'une vie. Celle de l'auteure. Si elle a choisi de mêler la fiction à la réalité, il n'en demeure pas moins, et on le devine rapidement, que ces mots, cette douleur, cette quête, sont les siens. Cet ouvrage se veut une autobiographie, une autopsie d'une vie sans père, l'autopsie d'une vie criblée de blancs.
Un roman qui questionne, qui remue. Un récit d'une beauté bouleversante.
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