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EAN : 9782764624487
Boréal (01/01/2016)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Un fantôme erre entre deux continents. Celui d'un homme, un médecin, né dans un grand pays vide et froid, mais qui est mort à l'autre bout du monde, empoisonné à cause d'une blessure reçue sur un champ de bataille.

Il s'était porté volontaire dans une vaste guerre révolutionnaire où était plongé un vieil empire pourrissant. Il voulait être sur le front pour soigner les blessés, tous les blessés, de quelque côté qu'ils soient. Là-bas, il est devenu une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À ceux qui lisent cette critique sans connaître Blessures ni avoir lu ou entendu d'informations à son sujet, ne lisez pas la quatrième de couverture. Là, il est dévoilé l'identité du narrateur, pourtant restée voilée, cachée tout le long du roman. N'ayez crainte, je ne le ferai pas plus. Je regrette un peu l'avoir lue avant ma lecture, me privant du plaisir de la découvrir moi-même (j'adore les intrigues !). Ceci dit, découvrir cette identité n'est pas le but du livre et les indices sont rares donc, ne pas la connaître peut rendre la lecture du roman difficile. Parfois, on a besoin de quelques assises… Dans tous les cas, on suit les pérégrinations d'un médecin, toujours nommé « le docteur ». Il est mort, il y a un certain temps. Dix ans ? Cent ans ? On ne sait trop et ce n'est pas vraiment important. Son esprit erre d'un continent à l'autre, de son pays d'origine à un autre, où il a oeuvré plusieurs années, où il a trouvé sa vocation et, ultimement, sa mort. Quelques indices sont disséminés ça et là, permettant aux plus subtils deviner les lieux, les personnages. Bonnes chances à ceux qui s'y attèleront.

Donc, on baigne dans le mystère mais l'écriture fluide, lyrique, poétique de Ying Chen fait en sorte qu'on se laisse emporter par ses mots un peu comme on se laisser charmer au son d'une jolie berçeuse. Même si l'auteure habite le Québec depuis longtemps, sa plume a gardé ce petit quelque chose d'oriental, une musicalité, qualité esthétique que j'apprécie beaucoup. Elle favorise l'instrospection et c'est important, car on suit le docteur dans ses états d'âme, alors qu'il se rappelle ses moments dans son pays d'origine, ses parents qui ne le comprenaient pas, son épouse qui n'a su le maintenir à ses côtés. C'est qu'il avait des convictions : son désir d'aider son prochain, même à l'autre bout du monde, auprès de gens que ses compriotes et ses proches considéraient comme des ennemis. Et toutes ses expériences dans cet immense empire en crise, en proie à l'appétit des grandes puissances étrangères, à la division interne, à la guerre et à la violence. Là, il se rend compte que personne n'est complètement innocent mais il continue tout de même son oeuvre.

Mais tous ces souvenirs, et peu d'action… Pas que se soit à ce point important, ni que je souhaite que le roman devienne un feu roulant de péripéties, mais quelques gestes ou événements importants aident n'importe quel lecteur à s'accrocher, peuvent servir de point de repère. Par moments, je croyais m'y perdre un peu. Déjà que le docteur est si éthéré, distant, qu'il risque de disparaitre à tout moment… On a l'impression que l'auteure nous amène nulle part, que son oeuvre n'est qu'une succession de tableaux. À la fin, il n'en reste que des images évanescentes (je ne me rappelle clairement que de la rencontre avec le commandant et la scène où le docteur demande de la péniciline) et je n'ai pas l'impression d'avoir appris beaucoup sur le docteur, ce grand personnage historique, révéré à l'étranger et pendant longtemps oublié dans son pays d'origine. En d'autres mots, Blessures est une lecture agréable sur le coup mais il en reste peu par la suite…
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Au début, ce court roman est difficile à suivre. Puis, tout à coup, on s'habitue à la prose de Chen qui est très riche, pleine de circonvolutions heureuses. On devine tout le respect qu'elle voue à ce docteur qui donne sa vie pour des blessés, qu'il soit d'un camp ou l'autre. Très bel hommage à Betune, bien sûr, mais aussi à tous ces docteurs qui partent encore aujourd'hui sur des champs de batailles modernes qui ne sont pas plus humains que ceux du XXe siècle.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il hésita un instant sur le mot "heureux", conscient de la quantité d'encre que l'on avait versée depuis des siècles au sujet de ce sentiment ineffable, impossible à saisir, à démontrer, à prouver. Il eut une brève pensée pour ses parents, qui avaient consacré leur vie entière à une abstraction. Il m'avait ni la force ni le temps d'analyser sa courte existence, de réfléchir à ce qui l'avait pousser à se croire heureux. Il s'imaginait qu'on lèverait les yeux au ciel en lisant son dernier message : lui heureux, mais comment est-ce possible?
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N'a-t-il pas coupé les ponts en partant de chez lui?
Il est vrai qu'il déteste les ponts. Les arrières-pensées, les prétextes, les précautions, les compromis que sous-entendent les ponts. Les ponts renvoient à des structures solides, à des oppositions insurmontables, à des écarts toujours persistants, à des divisions et des séparations changeantes mais éternelles. Ce mot fait partie du vocabulaire des stratèges, des diplomates, des guerriers, des savants, de ceux qui s'appuient sur des catégories rassurantes. Il refuse de devenir cette chose sur laquelle on marche en agitant un drapeau, en emportant un plan dans sa poche, en entonnant une chanson selon la direction du vent.
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[...] la guerre, voulant imposer un autre rythme et d'autres modalités, cherchant à réduire le monde à une seule civilisation, était capable de balayer toute trace humaine, d'enterrer plusieurs générations, en très peu de temps. Cela au profit d'une minorité de gens puisque, au détriment d'une masse manipulable, grâce au sacrifice du sang jeune, car dans tous les camps, ce sont des jeunes plein de vitalité, des jeunes brûlants de révolte et d'exaltation, qui sont envoyés au front et qui meurent les premiers.
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Connaitre une guerre simplement par l'intermédiaire de la radio et de journaux remplis de slogans, de rumeurs, de préjugés immuables, dans le confort de sa maison, est différent d'une expérience directe. Il est dangereux d'accorder trop d'importance aux informations de secondes main.
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[...] toutes les blessures reçues de chaque côté du front lui paraissaient infligées sur un seul et même corps qu'était l'humanité.
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Video de Ying Chen (3) Voir plusAjouter une vidéo
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