C'est rare, du moins en temps de paix, de trouver d'exemples de politiciens qui réussissent à agir contre l'intérêt général, aveuglé par leur propre gloire personnelle passagère, à cette échelle que le Brexit. Il existe, depuis les 3 ans du référendum sur le Brexit, une bibliothèque d'ouvrages sur cette lamentable "farce" et il est également rare de constater une si large unanimité. le petit livre de
Marc Roche "
Le Brexit va réussir" constituant l'exception qui confirme la règle et que je ne vous recommande sûrement pas, car pas très sérieux.
Je remercie Babelio et la maison d'édition "Atlande" pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la dernière opération masse critique. J'étais en train de lire de
Danny Dorling et
Sally Tomlinson "
Rule Britannia : Brexit and the End of Empire", mais un livre reçu grâce à masse critique a, bien entendu, priorité. Par ailleurs, j'ai déjà fait la critique d'un livre sur ce phénomène étrange, notamment le 18 octobre 2017 sur la base de l'ouvrage de
Craig Oliver "
Unleashing Demons : The Inside Story of the Brexit" (libérer les démons, l'inside story du Brexit). Un témoignage intéressant par quelqu'un qui y était mêlé au tout début.
Les maîtres d'oeuvre de cette confusion magistrale s'appellent
Nigel Farage, David Cameron,
Boris Johnson et, plutôt par incompétence, Theresa May.
David Cameron, en prenant l'initiative d'organiser ce fameux référendum sur le Brexit, le 23 juin 2016, avec 51,9 % de voix en faveur du départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, a signé en même temps son propre suicide politique, lui qui espérait devenir le
Benjamin Disraeli ou William Gladstone de notre temps. Pour Theresa May le Brexit a signifié également la fin d'une carrière politique au sommet. Il est vrai que la pauvre avait en face d'elle un négociateur européen de talent exceptionnel, le commissaire français Michel Barnier et que parmi les 27 autres États de l'UE existait une solide solidarité.
Si ces deux-là ont été punis, la situation est exactement le contraire pour les 2 autres énergumènes de la mauvaise saga du Brexit, qui eux jubilent pour le moment.
Boris Johnson (surnommé Bojo), ancien maire de la capitale britannique et brièvement un très incompétent ministre des affaires étrangères, a de bonnes chances d'être récompensé royalement pour sa politique dubieuse en devenant chef du Parti conservateur et donc bientôt Premier ministre. Je dois admettre que pour moi ce n'est pas encore très clair si Bojo est seulement un showman, un peu à la Trump, qui profite bêtement de l'aveuglement actuel d'une majorité de ses compatriotes, ou au contraire un personnage narcissique dangereux, qui applique une espèce de "après moi le déluge" à la Louis XV.
Celui qui me met cependant le plus en colère c'est ce petit rigolo de
Nigel Farage. Créateur du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni - UKIP - et membre depuis juillet 1999 du Parlement européen, où pendant 20 ans, il n'a fait que de l'obstruction systématique, sans jamais proposer la moindre mesure constructive. Et bien qu'il soit bon orateur l'hémicycle se vide lorsqu'il a la parole : les membres disparaissent dans leurs bureaux ou à la cafétéria, tellement qu'ils en aient assez de sa mauvaise comédie, critiques à la pelle et attaques personnelles, parfois particulièrement vulgaires, de personnalités européennes. Il a été, à ma connaissance, le seul membre du PE à être sanctionné financièrement pour abus de langage.
Son succès est basé en fait sur le double sentiment imaginaire de supériorité britannique et une xénophobie habilement cultivée. Sa grande spécialité c'est la propagation de "fake news" ou intoxication. Ainsi, il a eu le culot de promettre, la veille du référendum, que la contribution britannique au budget de l'UE irait intégralement à la caisse-maladies nationale britannique. Une information qu'il savait parfaitement fausse et qui a été démentie rapidement, mais qui a incité néanmoins combien de personnes en mauvaise santé ou tout simplement âgées à voter pour le Brexit ? Il n'y a qu'un mot pour caractériser un manoeuvre pareil : scandaleux !
Son pote, un homme d'affaires britannique qui aurait eu des rapports privilégiés dans la Russie de Poutine, l'honorable Arron Banks, a financé 8,4 millions de livres sterling, soit 9,3 millions d'euros, dans la campagne anti-Europe de Farage et il n'y avait pas de l'argent russe dans cette aide, selon l'assureur de la City ! (
Source Wikipédia). J'aimerais bien rencontrer quelqu'un qui puisse m'expliquer le sens d'un tel don énorme ? Ça m'étonnerait que Mister Banks veuille juste jouer le mécène pour cette oeuvre d'art unique qu'est le Brexit !
Maintenant que
Nigel Farage a créé le Parti du Brexit et raflé, aux dernières élections, plein de voix aux conservateurs (31,6 %) et 29 sièges au PE, pour Bojo il est devenu l'homme à abattre. Disposant de "qualités" similaires (narcissiques, fabulateurs et menteurs ...), ils n'étaient déjà pas - on s'en doute - de grands amis, mais maintenant c'est carrément la guerre entre ces 2 grands chefs d'État.
Toute ma vie professionnelle j'ai oeuvré, certes comme fonctionnaire dans un secteur réduit qui était dans mon cas celui des transports, et cela me chagrine de voir des gugusses comme ce duo risquer de tout compromettre pour des raisons étroites de gains purement personnels. Trump et Poutine avaient espéré que d'autres pays allaient suivre le mauvais exemple et préconiser un "exit", mais cela n'a pas du tout été le cas. Ce que l'on constate, en revanche, ce sont les initiatives de certains courants politiques, surtout de droite, dans certains États membres de l'UE de justement vouloir réduire les compétences de cette Union, en faveur d'initiatives d'intérêt purement local. C'est par exemple le cas de la nouvelle alliance flamande dans mon pays, où le sieur de Wever a des vues bien à lui, qui condamnent ses propres élus au PE à l'inactivité.
Sur le plan de l'intégration européenne, nous sommes aujourd'hui bien loin du rêve de Sir
Winston Churchill de la création des "États-Unis d'Europe" qu'il a proclamé en 1951. Avec l'Angleterre, nous avons connu des moments difficiles, notamment lors des 11 années de règne de
Margaret Thatcher, mais nous avions aussi un
Jacques Delors, visionnaire de talent et tacticien de génie.
L'ouvrage d'
Edwige Camp-Pietrain et 7 coauteurs comprend 3 grands chapitres : 1) Comprendre le Brexit, un historique des relations souvent houleuses entre le Royaume-Uni et le continent européen ; 2) Vivre le Brexit, les implications pour les différentes parties de ce Royaume, en Irlande, Écosse et Gibraltar ; et - tout à fait surprenant - 8 'nouvelles du futur". En effet, ce dernier chapitre est tout à fait original et très littéraire où "nous nous projetterons dans des futurs conditionnels grâce à une série de nouvelles illustrant chacune sous forme fictionnelle un aspect de ce que pourrait être un monde post--Brexit.
L'éditeur Atlande - non sans humour - à défaut de nous "souhaiter un bon Brexit", nous souhaite "une bonne lecture !"