Donc, pour parler de sexualité avec les enfants, chers parents, il est primordial à partir d’un certain âge de désigner les bonnes choses par leurs vrais noms. J’insiste. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le au moins pour leurs enseignants de biologie. Lorsque j’ai commencé à donner des cours de physiologie de la reproduction, j’ai rapidement remarqué que le simple fait de parler de pénis, de vagin ou de spermatozoïde suffisait à faire dégringoler l’intelligence collective de la classe de 50 %, et ce, même dans un amphithéâtre universitaire. L’éducation sexuelle à l’ancienne a des limites.
J’imagine parfois le petit Québécois des années 1930 s’interroger sur la conception des bébés. Il approche de sa mère, tout affairée à préparer le souper pour la petite famille de douze, et finit par lui poser la question. Embêtée, elle lui sort sa salade, la traditionnelle, celle aux choux. Comme il n’est pas une poire, il sait que maman est dans les patates. Au lieu d’aller droit au but, elle épluche les fruits et légumes. « En gros, maman, dit l’enfant, je dois plus tard ôter la pelure de ma banane avant de la mélanger à la cerise ou à la figue de la voisine. Et si je veux faire pousser ma carotte, mieux vaut planter ma graine dans un jardin secret et labourer. C’est bien ça ?»
Boucar Diouf : Questions de langue