Jo Uddermann tient entre ses mains un exemplaire de son dernier roman, tout juste sorti de l'imprimerie. Son éditrice est confiante, les critiques sont favorables, « la craie » devrait être son premier succès. Il y fait le récit de son amitié avec Georg, un garçon aux cheveux blancs qui lui ont valu le surnom de « la craie ». Rejeté par tous les élèves, Georg est un garçon étrange et inquiétant qui éprouve une fascination malsaine pour Katinka, la plus jolie fille du lycée. Il la dessine et n'hésite pas à l'épier et à s'introduire dans sa chambre la nuit. Un matin, Georg met le feu à un bâtiment du collège, il est logiquement exclu et disparaît de la vie de Jo.
Des années plus tard, Jo rencontre par hasard la mère de Georg. Elle lui apprend la disparition de son fils en Irlande. Il décide alors d'utiliser cette histoire pour son prochain roman. Mais des événements inquiétants surviennent rapidement à la sortie du roman. Jo se sent épié, son courrier est ouvert, sa maison est fouillée, il découvre le cadavre d'un chien sur son terrain. Pire, Katinka avec laquelle il avait débuté une liaison extra conjugale est assassinée. Les événements deviennent de plus en plus étranges et angoissants. Si la fiction s'est nourrie de la réalité, son existence devient progressivement confuse, à la limite de la paranoïa. Il y a ces rêves dans lesquels il se noie et ce passé qui ressurgit et dont il est le seul témoin. Son roman a réveillé d'anciens démons, l'auteur devient personnage.
Dans « Branches obscures », Nikolaj Frobenius reprend les codes du thriller. C'est un roman noir, au suspense haletant, qui parvient à faire ressentir au lecteur le sentiment d'étouffement du personnage principal. La réalité de Jo s'écroule comme dans un conte, il a le sentiment de ne plus être cru, il ne sait même plus s'il doit lui-même se croire. le voilà piégé par sa fascination pour cet individu étrange. L'écrivain qui a posé un regard impudique sur la vie d'un homme se retrouve à son tour observé et manipulé. Ainsi, le roman nous questionne sur la mince frontière entre la réalité et le romanesque. Qu'est ce qui est vrai et qu'est-ce qui relève de la fiction ? Un écrivain peut-il remuer impunément un passé trouble?
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La quatrième de couverture nous a prévenu : "les frontières entre le réel et le romanesque s'effrite imperceptiblement jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune certitude. La limite est franchie....."
C'est bien cela ... une histoire tranquille, un bon père de famille, un couple modèle .... puis ce qu'on croit être un petit écart mais qui finalement n'était pas vraiment le premier, une remontée dans le temps qui nous laisse perplexe et nous trouble .... on ne sait plus rien, on n'est plus sûr de rien, on navigue entre deux eaux, nous sommes au milieu d'un torrent qui nous entraîne là où on ne voudrait pas aller mais c'est trop tard, on flotte, on boit la tasse, on se retrouve remué, chamboulé ....
Qui croire, que lit on, qui écrit, qui invente, on ne sait plus jusqu'au dernières pages, on se laisse aller, on ne cherche même plus à comprendre, à raisonner, on prend les choses comme on nous les présente ....même l'épilogue nous laisse dubitatif... pas oublié ....
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Un écrivain, Jo Udderman, publie un roman autobiographique sur un ami d'enfance décédé, révélant ainsi sa personnalité sombre [et psychopathe]. Au fur et à mesure, beaucoup d'événements troublants vont se produire et faire basculer sa vie dans le chaos, et notamment la réception du manuscrit de son autobiographie... qu'il n'a jamais écrite.
Le résumé de l'éditeur nous vend un roman aux aspects psychologiques et policiers... et j'ai plongé dedans.
L'intrigue est longue à mettre en place, les scènes érotiques trop crues à mon goût et n'apportant strictement rien au récit, j'ai même failli arrêter ma lecture. Passer les 100 premières pages en revanche, difficile de laisser tomber ce livre. On a envie de savoir qui se cache derrière tout cela, et si tout est vrai ou non.
Au final, une lecture distrayante mais qui ne m'a pas toujours emballée !
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Un thriller au suspense hitchcockien, très différent sur le fond des polars nordiques traditionnels.
Lire la critique sur le site : LesEchos
J'aime Agnete, me disais-je, je ne m’étais jamais perçu comme un mari infidèle; Mais c'est ce que j’étais. Un menteur lâche qui rôdait sur les sentiers forestiers tard le soir à la recherche de son amoureuse putassière. Je m’étais toujours considéré comme loyal et franc, mais quand j'avais embrasé Katinka pour la première fois et aussitôt eu envie de coucher avec elle, j'avais été frappé par combien la trahison me paraissait naturelle. Comme un talent que j'avais toujours eu - et développé dans le plus grand secret - mais dont je m’étais jamais servi. Je savais comment trahir, mentir, recouvrir mes traces. Je n'avais pas été obligé de l'apprendre à la "dure école de la vie". Cela m'était venu avec une facilité choquante.
Les opérations de couverture, le téléphone supplémentaire, le mensonge et le sourire masquant la trahison, le baiser, la baise, l’infidélité ; c’était comme un jeu dont j'avais des souvenirs d'enfance et qu'en quelques minutes seulement j'avais maîtrisé à un haut niveau d'aptitude.
Effrayante, cette facilité avec laquelle un homme apparemment digne d'amour et en harmonie avec lui-même se mue en un monstre traître et égoïste.
Tout ce que je vois autour de moi a l'air si faux, si fabriqué. Le monde est une scénographie branlante, les hommes sont de mauvais comédiens. Leurs répliques des parodies de ce à qui ressemblerait une véritable déclaration. La mimique indifférente, ils se donnent tout juste la peine d'achever les gestes appris.
Le sentiment de les percer à jour est convaincant, mais je ne sais pas ce que j'ai démasqué. Si ce n'est que tout est faux et que la vie est sans nécessité.
Finir un livre, c'est comme emmener un enfant dans la cour et l'abattre, écrivait Truman Capote. J'avais collé la citation sur le mur comme rappel de ce que je n'étais pas seul à penser que conclure l'écriture d'un roman était un crime.
Je me souviens: chaque fois qu'il avait l'occasion de démolir, ses yeux brillaient. Et quand, des années plus tard, je me suis assis pour réfléchir aux raisons pour lesquelles il avait fait ce qu'il a fait, c'est le "plaisir du mal" qui m'est venu en premier.
- Le plaisir du mal ?
Je hochais la tête, sentant combien j'étais devenu fervent.
- J'appelle ça le plaisir du démolisseur. C'est ce plaisir que vous éprouvez quand vous êtes enfant, n'est-ce pas, quand vous renversez une tour légo que vous avez passé des heures à construire. Tout l'effort, le travail minutieux pour imbriquer les pièces et trouver l'équilibre de l'édifice valent les quelques secondes d'extase quand vous le démolissez ! C'est la même joie qu'on éprouve quand on met le feu aux cheveux de ses Barbie, quand on leur arrache les bras ou leur extirpe les yeux avec une petite épingle pour voir à quoi elles ressemblent avec les yeux abîmés.
Je descendis vers la rivière à travers le bois de bouleaux. En marchant, j'eus le sentiment qu'on m'épiait entre les bouquets d'arbres qui poussaient tout en bas sur la rive. C'étaient les personnages du roman, les gens sur lesquels j'écrivais, songeai-je. Entre les arbres, ils me fixaient avec des regards lumineux, plein d'espoirs, ils attendaient que je tombe.