Brasiers de
Marie-Pierre Jadin, une découverte offerte par la masse critique de Babelio est une vraie joie de lecture, un roman policier d'une fraicheur tendre, une écriture dense allant à l'essentiel,
Marie-Pierre Jadin avec ce premier roman aiguille les sens de la curiosité, primé par le prix Fintro des écritures noires 2019.
Le roman est structuré comme un puzzle, les pièces s'assemblent lentement, l'intrigue débute dans les années 80, un homme tente de visiter une ferme dans une Ardennes belge, où il est menacé par un untel. Cette région, de nos jours va subir malgré elle, le vent de ce passé qui va grignoter ce présent et le faire resurgir comme un geyser qui éclate dans une terre tranquille d'une oisiveté légère et évaporante, ou Luc Delcourt arrive de son Bruxelles, cette capitale cristallisant tous les regards laissant les Ardennes dans un silence ou s'invite l'inconnu, comme le verra notre jeune inspecteur à la mono langue s'installer dans cette campagne perdue d'histoires réveillant des souvenirs intimes endormies dans le berceau d'un secret de famille dramatique…
Cette campagne Ardennaises belge accueille aussi un jeune couple avec leur fils dans cette ferme qui vingt ans plus aura était le théâtre d'un drame, bousculant la vie de ces nouveaux résidents. La finesse de ce roman est dans l'écriture vraiment riche et envoutante dans une intrigue complexe faisant vivre un passé de guerre et d'horreur, et ce feu venant arracher des âmes innocentes et des granges pour une vengeance nazisme dans ces périodes sombres de la deuxième guerre mondiale.
Sans dévoiler l'intrigue et ces rouages profonds, je vais parler des personnages et de l'ambiance qui gravite ce roman, comme ce jeune inspecteur qui se fond dans cette campagne tant différente de la capitale, laissant ses amis et ses parents, puis ce vieil agriculteur, André Willocq, veuf, aviné dès le début de la matinée, habitant dans un capharnaüm, sa cuisine est une décharge, cet homme en détresse, se lamente de son tracteur neuf disparu, en devient une source de polémique, ne l'a-t-il pas égaré sous l'emprise abusive de vin, qu'il boit au goulot… le désarroi de cet homme émeut notre inspecteur, décidant de l'aider de l'enfer de la solitude et de l'alcool, tout en s'activant dans son enquête sur la disparition de son outil de travail, ce tracteur neuf. Il y a aussi ce couple, surtout cette femme Cécile, seule avec son fils Noé, dans cette ferme Sainte Olde, son compagnon Antonio partit à Berlin pour la maladie de sa mère, elle fait quelque traduction, va au cybercafé pour les envoyer. Les paragraphes sont souvent dans la style direct où Cécile et Luc sont les voix, leurs pensées intimes se dévoilent et avec cette proximité, nous nous invitons dans le coeur de l'intrigue, comme happer à notre insu dans la trame.
Le titre
Brasiers devient au fil de la lecture une évidence,
Marie-Pierre Jadin d'une empreinte prosaïque assez courte, distille petit à petit les rouages profonds et complexes des enquêtes, l'une ancienne, avec ce cadavre retrouvé et ce vol. Ce roman ne ressemble pas beaucoup au polar noir, comme ceux de
Chattam,
Harlan Coben que j'ai pu lire, même ceux de
Fred Vargas, qui sont plus léger et d'une écriture littéraire avancée,
Marie-Pierre Jadin n'axe pas sur livre sur un meurtrier et son arrestation, mais ces petites histoires qui fourmillent entre les personnages, un roman agréable, très surprenant et une chute étonnante.