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EAN : 9782072741524
320 pages
Gallimard (04/04/2019)
3.57/5   15 notes
Résumé :
Dans un immeuble de Barcelone, Araceli, une jeune étudiante en traduction, fantasme la vie de sa voisine du dessous. À peine trente centimètres de poutre les séparent, pourtant il lui paraît bien difficile de percer le mystère d’Alba Cambó. Écrivaine, elle semble rayonner d’une aura magnétique, attirant dans sa toile tous ceux qu’elle rencontre. On croise, pêle-mêle, une femme de ménage meurtrière, Lucifer en cavale, ou encore un négociant cocu. Un peu dingue, débor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici un livre qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Il est même plutôt difficile d'accès et je l'ai laissé plusieurs fois de côté, avant de le reprendre en roue libre.

L'auteur n'a fait aucun effort pour se rendre attractive, au contraire, et pourtant, une fois refermée, cette oeuvre, car c'est plus qu'un livre, apparaît comme un ovni qui fait du bien dans la masse sirupeuse de livres préconstruits en fonction de recettes plus ou moins efficaces.

Ce livre n'est pas pour autant inclassable. L'on sent clairement poindre l'amour qu'a cette auteur suédoise pour la littérature sud-américaine. Il y a cette même ambiance, atmosphère et cruauté. Car rien ne nous est épargné dans la platitude des relations humaines et amoureuses dans ce Barcelone où souffle un vent nordique des moins chaleureux en matière d'empathie réciproque.

Si vous êtes intrépide et curieux, ne passez donc pas à côté.
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Bret Easton Ellis et les autres chiens fait partie de ces livres qui laissent circonspect et partagé, ce qui était d'ailleurs le cas pour Les amants polyglottes, premier roman traduit en français de l'écrivaine suédoise Lina Wolff, mais qui était en réalité postérieur à Bret Easton Ellis ... Contrairement à ce que semble prétendre la quatrième de couverture, le livre est loin d'être limpide avec sa narration qui ressemble plutôt à un assemblage hétéroclite de nouvelles plus ou moins interconnectées autour d'Alba, son personnage le plus intrigant, qui reste en définitive un mystère complet. Lina Wolff est traductrice d'auteurs latino-américains et sans doute y puise-t-elle une sorte de réalisme magique mais confronté à des histoires assez cruelles avec des personnages en général peu aimables, on ne peut pas dire que l'alchimie soit une pleine réussite, du moins pas de manière constante. le style de la romancière est pourtant enlevé, foisonnant par moments, et pas dénué d'humour, mais ce qu'elle dit de la comédie humaine, de l'amour et des relations entre hommes et femmes n'est pas très souriant et cette noirceur continue est parfois lassante par son côté systématique. Peut-on affirmer que Lina Wolff est une autrice féministe ? Elle tourne en ridicule Houellebecq et Bret Easton Ellis et leur vision des femmes mais, dans le même temps, son livre fait beaucoup penser au premier, ce qui est sans doute voulu mais ne contribue pas à rendre l'ouvrage plus sympathique. Elle a un talent indéniable, pourtant, mais vraiment gâché par une construction inutilement complexe de son récit et une inégalité d'intérêt entre les différents segments qui le composent.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Voilà un roman envoutant. Enigmatique et mystérieux.
On y entre, comme dans une danse.
Tantôt endiablée, tantôt solennelle,
Parfois effrénée, souvent langoureuse.


On y entre sans trop savoir qui du début, qui de la fin,
Doucement, à pas de velours, sur le bout de nos chaussons,
Avant de caracoler, toutes voiles dehors, sur une succession de croches déchaînées.
On ne sait pas où nos pas nous mènent,
A l'autre bout de la salle ou de l'autre côté de la vie,
On ne sait rien mais l'on s'en moque.


Car on danse comme si c'était la dernière fois,
que nos pieds endoloris nous portent sans tressaillir et sans frémir,
que nos bouches sourient à s'en décrocher la mâchoire,
et que nos fronts perlent de la plus salée des sueurs,
sur les frémissements d'une nuit étoilée,
infinie, tumultueuse.


C'est d'abord sur l'extrême originalité de ce livre que j'aimerai revenir. J'ai lu, à droite à gauche, que beaucoup le trouvait insaisissable, difficile à appréhender, fugitif somme toute. C'est une critique que je peux entendre mais que je ne partage pas pleinement. S'il a effectivement un petit côté caméléon, j'ai trouvé qu'il était extrêmement aisé de plonger entre ses pages et de s'y enfoncer entièrement.
Mais, et c'est là que se révèle toute sa fraicheur, alors que l'on pensait évoluer dans les eaux apaisées d'un lac opalescent, c'est soudainement dans les flots tumultueux d'un torrent de montagne que nous nous retrouvons. Puis, quelques secondes plus tard à peine, nous voilà balancés par le ressac salé d'une mer agitée, avant de flotter à nouveau sur les rythmes binaires d'une marée noircie par le soir.
On ne sait jamais vraiment où l'on est, somme toute, et pourtant, impossible de détacher ses yeux de ses pages somptueuses et terriblement incisives !


L'écriture de Lina Wolff m'a fait l'effet revigorant d'une pluie battante au coeur d'un été trop chaud. Parfois crue et désillusionnée, souvent sombre voire noire, toujours féministe et fantasque, je l'ai trouvée d'une justesse implacable tout le long du roman.
Capable de nous entrainer où elle le souhaitait en moins de temps qu'il n'en fallait pour tourner une page.


Un rythme remarquable caractérise également Bret Easton Ellis et les autres chiens qui pourtant ne présente ni réel début, ni réelle fin, pas de scénario très construit, pas de morale ni de vraie leçon de vie. Rien de rassurant.
Juste un foisonnement de mots et d'histoires d'un cynisme exaltant que l'on ne parvient pas à lâcher.


Je ne peux que vous recommander d'y plonger la tête la première et de vous laisser submerger. L'expérience a de quoi se montrer vivifiante,
et un rien dérangeante!
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Son plafond est notre plancher

Barcelone. Une jeune fille Araceli. Une écrivaine Alba Cambó. Lina Wolff croise des parcours, nous offre une multitude d'histoires enchevêtrées. Les un·es et les autres parlent d'elleux et d'autres, entre vérité banale et « toboggan vers l'inconnu », entre les vivre et la mort. Les journées se suivent ou se dispersent, « Soudain la journée dégringole, privée de grâce, comme une corneille qui aurait du plomb dans l'aile », la tumeur est là, elle serait maligne…

Les fils tissés par l'autrice nous entraine autant dans le réel sordide du quotidien que dans les fantasmes imagés. Les colorations choisies sont le plus souvent épicées d'un ludique regard féministe, le monde des hommes est grotesque et brutal. Des histoires écoutées ou narrées, des tensions « comme une révolte intérieure longuement contenue contre les murs couleur bouillie », des nouvelles d'Alba Cambó comme des inserts – brisant ou orientant le récit -, des odeurs comme « ce relent de vielle couverture sale », les maisons et la pourriture des occupants, « Se laisser enfermer entre les murs, c'est favoriser en soi-même l'éclosion de la moisissure »…

Des pères de substitution et le choix d'une femme, des amours et des illusions, les morceau de biographie de certain·es, le moment où tout est fini, la cécité des hommes, l'orgueilleuse de Poitiers, les roses délicates et les solides plantes en pot, l'assèchement du marécage d'un cerveau, deux professeurs de français, des déshabillages verbaux, le palmarès cumulé du genre masculin, les vêtures voyantes et celles qui doivent « porter un tailleur de la même couleur que le papier peint des murs entre lesquels se déroule sa mission », la louche personnelle à la marmite du malheur, des chiens et des vendeurs de bois…

Lina Wolff interroge la vie à deux avec une ironie mordante, la flopée de proverbes et de lieux communs, l'éclairage diurne ou nocturne, « Une pièce plongée dans le noir, c'est exactement comme une pièce éclairée. La seule différence, c'est qu'on a éteint le plafonnier », les verres de réconfort, les failles par où entre la lumière, les recoins…

« Alba Cambó est morte dans une chambre aseptisée et artificiellement éclairée de l'hôpital San Rafael de Barcelone, l'une de ces chambres dont l'unique fonction est de permettre aux gens de mourir sans être dérangés par le monde extérieur ». Laissez-vous entrainer dans ce tourbillon littéraire sans avoir peur de savoir de quoi la tumeur peut-être le nom, sans craindre d'en perdre le fil, sans crainte de vous retrouver face à vous-même…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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critiques presse (1)
LaPresse
27 juin 2019
Dans un style éclaté qui nous fait penser à un croisement entre Virginie Despentes (pour le parti pris féministe) et Eduardo Mendoza (pour l'humour caustique et les situations désopilantes), Wolff nous propose une réflexion sur la place des femmes en littérature. Irrésistible.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
D’un autre côté, s’ils doivent passer trop de temps en compagnie de filles jeunes, ils s’ennuient affreusement, bien sûr. Une fois l’exercice physique terminé, ils ne savent pas de quoi on pourrait parler. Et ils sont très déçus quand on ne montre pas le respect qui convient à leurs monologues mangés aux mites sur des écrivains encore plus vieux qu’eux, des parties de pêche fabuleuses et des matches de foot historiques. Leur vient alors la nostalgie d’un autre genre de femme, de celles qui ont appris l’indispensable technique de survie : avoir l’air d’écouter attentivement tout en pensant à autre chose. Alors ils comprennent que ce qu’ils désirent, au fond d’eux-mêmes, ce n’est pas une rose délicate mais une solide plante en pot.
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Mais ce que je voulais dire, c'est que les meilleures baises, moi, je les ai eues dans mon imagination. Là, rien ne sent le corps, tout le monde est parfait. On peut baiser la femme des autres, et leur bonne, et si on veut on peut aussi baiser ceux qui baisent les femmes et les bonnes des autres.
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A quoi tient un tel délabrement chez un être ? Au fait de n’avoir personne qui vous aime d’un amour sincère, au fait de savoir qu’aucun autre humain n’a besoin de vous et que rien ne s’arrêtera, même un court instant, si vous venez à disparaître. Ces gens-là ont toujours quelque chose d’inquiet, sans doute parce qu’ils doivent à chaque seconde s’inventer une raison de vivre et s’y accrocher et, dans le cas de Moreau, cette raison de vivre se réduisait à une collection de vieux bouquins.
Or les livres ne sont que la cendre de la vie d’autrui, et encore, pas même une cendre authentique car, pour la plus grande part, ce que contiennent les livres n’est pas vrai et, quand on y réfléchit, la vérité n’a aucune importance et tout ce qu’on sait avec certitude c’est qu’il faut infiniment plus de courage pour vivre qu’il n’en faut pour lire, et même pour écrire, d‘ailleurs. (Page 107)
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A quoi tient un tel délabrement chez un être ? Au fait de n'avoir personne qui vous aime d'un amour sincère, au fait de savoir qu'aucun autre humain n'a besoin de vous et que rien ne s'arrêtera, même un court instant, si vous venez à disparaître. Ces gens-là ont toujours quelque chose d'inquiet, sans doute parce qu'ils doivent à chaque seconde s'inventer une raison de vivre et s'y accrocher et, dans le cas de Moreau, cette raison de vivre se réduisait à une collection de vieux bouquins. Or les livres ne sont que la cendre de la vie d'autrui, et encore, pas même une cendre authentique car, pour la plus grande part, ce que contiennent les livres n'est pas vrai et, quand on y réfléchit, la vérité n'a aucune importance et tout ce qu'on sait avec certitude, c'est qu'il faut infiniment plus de courage pour vivre qu'il n'en faut pour lire, et même pour écrire, d'ailleurs.
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Alba Cambó y parlait du potentiel de divertissement associé à des corps de femmes mutilées et assassinées en disant qu’elle avait choisi d’écrire sur des corps d’hommes mutilés et assassinés pour voir si le potentiel de divertissement était, là encore, infini et inépuisable. Ensuite, elle anticipait assez maladroitement la réaction du journaliste en enchaînant sur une question rhétorique. Quel mal y avait-il à décrire des corps masculins profanés, quand les corps féminins étaient sans cesse exploités à cette fin dans la littérature ? Certains auteurs, disait-elle, lui évoquaient des singes se masturbant mollement dans des cages surchauffées. Ils écrivaient comme s’ils avaient perdu le goût des bons ingrédients et se croyaient obligés de forcer sur le sel et la graisse de porc pour donner de la saveur à leur ragoût.
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