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EAN : 9782813207708
95 pages
Guy Trédaniel éditeur (10/11/2014)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Les samouraïs font à la fois rêver et trembler. Ils représentent l’une des incarnations les plus puissantes de l’héroïsme masculin, au sens noble du terme, de par leur soumission à un code d’honneur et de vertus irréprochables, en suivant le bushidô, la voie du chevalier-guerrier.

Ils éclairent l’âme d’un Japon qui, après la tragédie d’Hiroshima et de Nagasaki au XXe siècle, a fini par opter pour la paix intérieure et l’harmonie, renouant ainsi avec s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La culture d'un peuple se fonde souvent sur des figures mythiques, réelles ou fantasmées. La France du XVIIème siècle avait son modèle de l'honnête homme. le Japon féodal du XII au XIXème siècle avait son Bushidô, code de bonne conduite des samouraïs. L'influence du second sur l'époque contemporaine n'est cependant d'aucune comparaison avec le premier.

Le Bushidô est l'ensemble des principes moraux que les chevaliers étaient tenus d'observer. Il ne s'agit pas d'un code écrit et Inazo Nitobe n'a pas la prétention de fixer la tradition orale. Sa motivation est tout autre : il cherche à rendre accessibles les notions morales du Japon actuel, chose qui ne peut se faire sans une "compréhension profonde du féodalisme et du Bushidô".

L'ouvrage est ainsi divisé en 17 chapitres, dont la plupart se consacrent à une vertu, une qualité, un caractère en particulier. Puisant ses inspirations dans le bouddhisme, le shintoïsme et le confucianisme, le Bushidô n'a pas le savoir en finalité mais n'est qu'un moyen d'atteindre la sagesse.

Ce chemin philosophique exige de la rectitude et de la justice (chapitre 3), du courage, de l'esprit d'audace et de l'endurance (chapitre 4), de la bienveillance et de la compassion (chapitre 5), de la politesse (chapitre 6), de la véracité de la sincérité (chapitre 7), de l'honneur (chapitre 8), le devoir de loyauté (chapitre 9), de l'éducation et de l'entraînement (chapitre 10) et de la maîtrise de soi (chapitre 11). Ce sont toutes ces aptitudes valorisées qui influencent encore aujourd'hui les japonais.

En ce qui concerne la politesse par exemple, Inazo Nitobe reconnaît que le cha-no-yu, la cérémonie du thé, peut sembler "fastidieux pour un novice." Un allochtone pourrait ne pas comprendre la mise en scène et le rituel. En fait, explique l'auteur, "la finalité de toute étiquette est de cultiver son esprit de sorte que même lorsqu'on est tranquillement assis, pas même la pire des brutes n'ose nous attaquer [...] le calme de l'esprit, le tempérament serein et l'attitude maîtrisée, qui sont les composantes essentielles du Cha-no-yu, sont sans aucun doute les premières conditions de la pensée et du sentiment justes. [...] Chi-no-yu est plus qu'une cérémonie - c'est un art ; elle est la poésie rythmée par des gestes articulés : elle est le modus operandi de la discipline de l'âme." La politesse consiste à ne pas altérer le plaisir ou la sérénité d'autrui par la manifestation de notre propre peine ou douleur, tout en pleurant avec autrui lorsqu'il pleure et en se réjouissant avec lui lorsqu'il se réjouit.

Ou encore en ce qui concerne la maîtrise de soi (liée à la politesse), Nitobe explique que le visage du samouraï ne doit pas trahir ses émotions. Révéler les pensées et sentiments les plus intimes - surtout lorsqu'il est question du sacré - est considéré dans la culture japonaise comme un signe qu'ils ne sont ni très profonds, ni très sincères. le refoulement de toute manifestation sentimentale est profond et constant, mais trouve un exutoire dans les aphorismes poétiques. Il reconnaît cependant que "cette discipline du contrôle de soi peut facilement aller trop loin" et qu'il ne faut pas que cela engendre "la bigoterie, ou l'hypocrisie, ou les affections bêtifiantes."

Voilà donc dans les grandes lignes ce que propose cet ouvrage : comprendre le Japon actuel - surtout le Japon moral et intellectuel - à partir du Bushidô. Au fil des pages se dessine également la figure idéale du samouraï, particulièrement au chapitre 12, qui parle des institutions du suicide et de la réparation et au chapitre 13, qui parle du sabre en tant qu'âme du samouraï. le bien connu hara-kiri, qui consiste à ouvrir symboliquement son âme pour faire voir si elle est souillée ou pure et physiquement à s'éventrer selon un rituel précis, est décrit et contextualisé via des extraits de scènes de hara-kiri repris d'auteurs renommés. Ce chapitre est émouvant et didactique, on en ressort pensif. Rappelons tout de même que hâter ou courtiser la mort reste un acte de lâcheté pour le vrai samouraï et que le hara-kiri ne se justifie que dans un cadre précis.

Finalement, au-delà de l'intérêt mémoriel, didactique ou même philosophique, quelques passages ont mal vieillis. Au chapitre 14, l'auteur explique par exemple que "les charmes physiques et les pensées délicates du beau sexe ne peuvent être pleinement appréhendés par la structure mentale grossière de la gent masculine" et que l'idéal féminin du Bushidô est avant tout domestique et valorise des "vertus spécifiquement féminines". Ces relents de patriarcat/phallocratie qui apparaissent également dans le chapitre consacré à l'éducation des femmes ne doivent cependant pas discréditer les autres aspects du Bushidô. C'est bien sur cela que se fonde l'éthique japonaise - souvent appréciée de l'étranger.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La rectitude est le pouvoir de décider d'un certain code de conduite en accord avec la raison, sans hésiter ; de mourir lorsqu'il est juste de mourir, de frapper lorsqu'il est juste de frapper.
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La honte est le terreau de toutes les vertus, des bonnes manières et des bonnes moeurs.
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