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EAN : 9782890351448
Saint-Martin (01/12/1988)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Toute expérience de maladie est influencée par la culture. Comment comprendre le vécu du cancer dans le contexte des échanges entre thérapeutes et malades? Y a-t-il une science populaire du cancer? Le modèle Terry Fox influence-t-il les personnes atteintes de cancer ? Toute expérience du cancer est-elle nécessairement reliée à la mort ? C'est à ces questions que ce livre apporte des réponses; on y pose également des jal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'en ai accumulé des lectures sur le cancer et tout ce qui l'entoure dans la veine qu'on dit psychanalytique, parce que c'est comme ça dans la vie : faut choisir de quel bord on est, même si on en change tous les trois mois. Moi j'ai choisi le bord de la psychanalyse un peu par hasard, parce qu'on ne choisit pas comment on aime réfléchir, mais je me laisse la possibilité de détester ça un de ces jours prochains. C'est un peu ça mon problème : il suffit qu'un truc m'intéresse pour que je lui chie sur la gueule au bout de dix jours, cinq mois ou dix ans. Pour la psychanalyse, ça va, c'est assez fou et foutraque pour que je me lasse pas encore et que je continue à être surprise.


Fut un temps où je cherchais à connaître les représentations populaires qui pouvaient peupler le folklore de nos contrées. Je tombe sur un PDF en ligne de « Cancer et culture », un remanié d'une thèse de Francine Saillant. Moi, fascinée par les interprétations analytiques, croyant qu'il n'existe plus que ça au monde, je me doutais même pas que l'approche de ce document serait différente. C'est ainsi que je lus une thèse anthropologique. Ce qu'il y a de bien avec la psychanalyse, c'est que tout ce qu'on lit après semble plus facile. du coup j'ai torché cette lecture à la vitesse d'environ 30 secondes par page, mais on peut y passer plus de temps si on veut se laisser bercer par les mélodieuses dissonances d'un parler québécois retranscrit dans les diverses vignettes cliniques de ce travail.


Ce qui s'inscrit en conclusion de ce travail n'étonnera guère les lecteurs aujourd'hui (c'est que cette thèse a fait de la route depuis sa publication en 1987, rendons-lui au moins cet honneur) : le discours des soignants intercède mal celui des soignés et entraîne une situation de liminalité qui se prolonge sans possibilité que la symbolisation du statut de survivant du cancer ne s'effectue efficacement. Ou, pour en venir à la dernière page de cette thèse : « L'intérêt d'une approche anthropologique dans le domaine de la santé se situe justement là, dans la compréhension et la connaissance de l'univers culturel des soignés et des catégories fondatrices d'un tel univers. C'est là, je crois, la seule démarche qui nous permette de prendre du recul face au scientisme et au professionnalisme dans lequel baigne l'institution médicale, et de placer l'expérience et le quotidien au premier plan, en laissant pour une fois à l'arrière les multiples facettes de la « raison » et du champ technique ».


Si la rupture nette entre discours des soignants et des soignés était encore possible il y a 30 ans, cet écart s'est possiblement amoindri aujourd'hui avec l'information croissante proposée aux malades et l'intervention des médecines parallèles et cortèges associatifs qui – qu'on le déplore ou qu'on l'implore – remodèlent quelque peu le discours scientifique et atténue sa portée hégémonique. Cette donnée qui n'a pas pu être travaillée dans cette thèse (une thèse n'est pas un récit de science-fiction venant interroger les futurs possibles) la rend aujourd'hui quelque peu obsolète - ceci simplement parce que j'ai envie de chipoter.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
De véritables « dispositifs » sont à l'œuvre dans la fabrication de la maladie comme l'a fait voir Foucault dans son Histoire de la folie (1972). Un « dispositif », selon Foucault, « inclut les discours, les institutions, les dispositions architecturales, les règlements, les lois, les mesures administratives, les énoncés scientifiques, les propositions philosophiques, la moralité, la philanthropie » (Dreyfus et Rabinow, 1984 : 178). Les différents niveaux de construction de l'expérience du cancer qui seront abordés dans les prochains chapitres représentent, ni plus ni moins, un dispositif au sens de Foucault.
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Je n'ai pas trouvé de nombreuses recettes populaires censées délivrer du mal... pas plus que de dictons bizarres rattachés à des « croyances ». En contexte clinique ou chez soi, pas de rituels hauts en couleur auxquels nous ont habitués les anthropologues. Pas de guérisseurs, pas plus que de système médical parallèle à la médecine officielle : rien, donc, qui fasse penser à l'existence d'une science populaire du cancer. Plus encore, l'éclatement des discours singuliers offre la tentation, toujours présente, de voir en ce phénomène le démantèlement de tout le savoir populaire, alors que les personnes atteintes de cancer seraient entièrement « acculturées » à la raison scientifique sous forme vulgarisée ou non.
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Sontag (1979) et d'autres auteurs ont analysé le discours sur le cancer comme une métaphore du discours sur le mal du monde moderne, entre autres, à travers les thèmes du chaos, de la surproduction et du non-contrôle. Le cancer serait à la fois l'effet et la métaphore du monde moderne. La victime devient selon cette logique, une victime des forces incontrôlées d'un monde perçu comme de plus en plus anarchique. À quoi sert alors la promotion du retour aux valeurs traditionnelles ? Tout simplement à bouleverser l'ordre social, comme si le recul dans un passé historique pouvait nous ramener dans un monde sans maladie et surtout sans cancer. La culpabilité sous-jacente à un tel univers de représentations ne surprend pas, étant donné le rapport constamment établi, dans les sociétés occidentales et ailleurs, entre mal et maladie.
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dans le folklore médical québécois, l'association du cancer à la pourriture, au noir, à la mort, est très présente, comme en témoignent les « recettes de nos grands-mères » recueillies par les ethnologues. L'utilisation des taupes, des araignées ou de la mouffette dans les recettes médicinales populaires rappellent bien, là aussi, cette association du cancer à des idées de mal intérieur et souterrain, à la noirceur, si l'on s'en tient aux caractéristiques de ces animaux.
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La préservation du moral ressemble à une éthique du comportement à laquelle on rattache une valeur thérapeutique. Car les émotions négatives vécues antérieurement sont susceptibles d'avoir créé la maladie, tout comme elles pourraient accélérer un processus morbide.
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