Candide au pays des gourous

Swami Prajnanpad demandait d'aller jusqu'au bout de ses désirs pour les accomplir, pour ensuite, par delà le désir, découvrir l'état sans désir ?

Oui, c’est pas l'expérience du désir qu’on arrive au non-désir, et non pas en plaçant celui-ci au départ. On trouve beaucoup d’anecdotes qui montrent cela dans les Upanishads. Je pense à Yajna-valkya, considéré comme le plus grand sage de son époque. Il était marié, avait deux femmes, un serviteur et ne dédaignait pas du tout les richesses matérielles, comme le montre l’épisode où il s’empare des mille vaches du roi Janaka. II vivait au milieu de choses, au milieu du monde, dans le flux de la vie avec tous ses aspects. Et c’est ainsi qu’il a grandi, qu’il est arrivé au détachement. C’est le détachement par les affaires.

Depuis quelques jours m'apparaît assez clairement l'opposition entre deux écoles : la première, celle de Buddha, de Ramana Maharishi, de Krishnamurti, qui parlent de l'état sans ego. La seconde de Yogânanda, des yogî en général qui parlent de vibrations, de conscience cosmique, de concentration, de transmission d'énergie... Seule la première peut être appelée « spirituelle ». La seconde c'est l'occultisme. Ce sont deux voies différentes. Il me paraît important de ne pas mélanger spiritualité et occultisme.
L'occultisme est une sorte de matérialisme pré ou parascientifique. On y parle de pouvoirs parapsychiques : clairvoyance, clairaudience, matérialisation d'objets, communication avec les morts, les esprits, guérisons inexplicables, etc. Peut-être ces pouvoirs existent-ils mais ceux qui les possèdent ne semblent pas libres de leur ego. Ils n'irradient ni Calme, ni Lumière, ni Paix, ni Joie. Leur égo est présent. C'est la voie des pouvoirs, et souvent, ces pouvoirs parapsychiques ne font que renforcer l'ego. Alors que dans la voie spirituelle, la disparition de l'ego peut parfois s'accompagner de pouvoirs parapsychiques qui ne sont pas recherchés pour eux-mêmes. Ce sont des sous-produits de la transformation spirituelle.

- Mâ : Qu'appelez-vous le guru intérieur ?
- Daniel Roumanoff : La réponse qui vient de l'intérieur lorsqu'on a une question, un problème à résoudre et que le mental est incapable d'aller dans un sens ou dans l'autre.
- Mâ : Apercevoir le guru intérieur c'est le connaître complètement et pour toujours.
(...)
- D. : ... S'il y a contradicion entre le guru intérieur et Matâji, à qui dois-je obéir ?
- Mâ : Si c'est le guru intérieur, alors obéissez au guru intérieur.
(...)
- D. : Quelle est donc la nature de ce que j'appelle le guru intérieur ?
- Mâ : Dans un étang des bulles apparaissent à la surface de l'eau. Elles indiquent la profondeur de l'eau. Quand le mental est pur, une étincelle peut venir de ce qui est vrai. Mais il faut faire attention à ne pas se tromper. (...)
Si vous faite un rêve et que ce rêve se réalise, cela ne prouve pas que le rêve est vrai. C'est une coïncidence. Connaître le guru intérieur c'est être transformé. (...)

- Q. : Svâmiji, demande un jeune garçon, je ne comprends pas, on dit qu'un jour Râma s'adresse à Siva et lui dit...
- Ramdas : Tout ceci sont des histoires puraniques... vous pouvez les tourner et les interpréter comme vous voulez. Chaque pandit ajoute son grain de sel. Ramakrishna a dit : « Les Écritures sont un mélange de sucre et de sable. » Il y a plus de 90% de sable. Comment dégager le sucre ? Placer le mélange dans l'eau. C'est pour cela que les Écritures ne peuvent être d'aucune utilité.