Cartes postales

Ce nouveau livre de Chantal T. Spitz est, une fois de plus, détonnant !
D'abord car elle adopte ici un format "nouvelles", sept exactement, toutes animées par des protagonistes féminins.
Confrontés à la modernité polynésienne, elle y dénonce les résultats parfois sordides, glauques, déroutants, d'une post-colonisation contemporaine et souligne les traces, pour ne pas dire les marques, laissées par le choc des cultures ou le métissage politiquement correct.
Sous un style hautement littéraire, son écriture est ici encore plus aboutie que dans ses précédents romans : sans ponctuation aucune, ni majuscule, les phrases sont en fait des strophes, des vers parfois rimés, souvent en prose, où le sarcasme ne fait que révéler l'ironie du quotidien de certains.
Car sous le stéréotype de la "carte postale" polynésienne, il n'en est rien de la Nouvelle-Cythère ou des clichés de vahine dénudées : la réalité est comme une douche froide qui balaie d'un geste tous ces préjugés envers la Polynésie et son mode de vie soit disant idyllique. Car même si le lagon reste turquoise et tempéré, la vie n'y est pas plus douce qu'ailleurs et comporte son lot de souffrances, douleurs, violences et afflictions multiples.
Encore une fois, la plume de Chantal Spitz se veut efficace, ne pardonnant rien à ses personnages meurtris par la vie, à ses personnages pourtant si authentiques que l'on se retrouve tous un peu en eux.
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Chantal Spitz nous livre des portraits douloureux de femmes et d'hommes livrés à la violence économique et sociale. Son écriture poétique nous rapproche du destin des personnages, elle donne envie d'être davantage à l'écoute des corps et des âmes qui souffrent.