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EAN : 9782872672387
112 pages
éditions du Cerisier (22/06/2022)
3.2/5   5 notes
Résumé :
« Ce n’est pas de la sociologie, pas de la littérature, pas un témoignage, pas un essai sur le monde du travail, pas du journalisme, je ne sais pas ce que c’est. Aucune prétention à dire que c’est comme ça partout. C’est comme ça là où j’ai regardé. »
C’est Fabienne Brutus qui le dit.

« Cassos » c’est tout ça, et plus encore.
Une écriture qui frappe et qui fait du bien. Ça réveille, ça donne un coup de fouet, une cure de vitamines.
... >Voir plus
Que lire après Cassos : L'amertume des marchandisesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une masse critique dans l'immersion de la France d'en bas, ce qui pourrait être le titre d'un média mainstream à la mode de chez nous, ceux qui pullulent nos médias comme un virus gangrénant le monde dans un confinement politico-financier. Fabienne Brutus accouche d'un roman-récit aux forceps d'une écriture convive, au style nerveux, presque télégraphique, loin du prolixe Proustien, avec une palette d'aphorismes croustillants et de portraits chinois extensibles, que l'auteur étale telles des marchandises, se trouvant sur un catalogue, fantôme errant sur le quatrième de couverture résumant l'horreur de ces formations, ces mirages sociétaux où des hommes et femmes, adolescents et adolescentes s'invitent dans la mascarade gouvernementale depuis des lustres à remplir le manque de moyens et d'envies pour obtenir des diplômes cache misère et devenir des oubliés, des chiffres balancés dans des tableaux Excel, faisant l'écho de ce refrain psittaciforme sur la réinsertion de ces oubliés numériques du taux de chômages….



Je n'oublie pas le témoignage de Florence Aubenas dans son récit, le Quai de Ouistreham, cette quête d'avoir un CDI, dans Cassos : L'amertume des marchandises, c'est d'avoir un diplôme issu d'une formation lambda, énième démarche issu d'une bureaucratie vampirisante, presque libérale, effaçant d'un trait ces âmes humaines d'une catégorie qu'on essore à coups de subterfuge, qu'on assèche pour avoir un nombre de chômeurs au plus bas, les chiffres sont rois au détriment de l'humain !



Fabienne Brutus connait bien la chanson de ce processus, le dénonçant dans son premier roman, Chômage, des secrets bien gardés, elle revient avec un récit plus intime, une plongée dans une couche sociale qu'on musèle dans un stéréotype bien rodé par des gouvernements drogués au dogmatisme des cabinets-conseils privés, avec cet humour acide, Fabienne Brutus ne peut définir ce livre, n'étant pas de la sociologie, ni de la littérature, ni un témoignage, ni un essai sur le monde du travail, ni du journaliste, c'est un hybride alors, un catalogue de marchandises humaines, voilà, c'est dit, nous voilà dans le coeur du livre, Fabienne Brutus rencontre au fil des années, des êtres cabossés, des individus issus de l'immigration, des personnes en échec scolaire, et les autres rejetés par la société de consommation où la famille vole en éclat, pour devenir selon certain des « cassos », l'ironie c'est ce mot que l'auteure explique, par la définition même du dictionnaire et qu'elle entendra fuser entre les différents participants de la formation. Nous sommes surement le Cassos de quelqu'un comme peut l'être l'insulte « con ».

Ce sont des paragraphes qui s'accumulent les uns aux autres, chacun raconte une petite scène de vie de la formation, des anecdotes, des instants, c'est une cartographie sociale des élèves, avec comme filigrane le désabusement de l'auteur avec ces formations trompe-l'oeil, tout en gardant une forme d'humour, pour ne pas sombrer dans l'émotion, comme avec cette fille subissant l'inceste de son paternel, ce garçon globe-trotteur de la France pour suivre son père incarcéré pour 25 ans, changeant de prison régulièrement, un autre vampirisé par sa mère, puis les pauvres de génération en génération, les illettrés, les immigrés ne parlant pas français, les naïfs et naïves, les caïds, les religieux actifs, les ignorants, des gitans et les autres paumés abandonnés par notre société.

Je souris, avec ce soupçon d'amertume, en repensant au paragraphe Urgence historique, sur cet oral d'histoire-géographique, en apprenant que les Allemands avaient gagné la guerre grâce à la collaboration de Renault, les inondations dans le Gard ont été causées par une grosse vague sous la mer, mai 68 a permis l'interdiction au travail des moins de huit ans, comme aussi une adolescente est surprise que « Joséphine ange gardien » n'existe pas, Fabienne Brutus constate que le niveau des jeunes a baissé, trop nourrit d'images sans médiateur pour expliquer le monde réel.

C'est un livre qui explore la France profonde, celle ignorée des médias, ces hommes, ces femmes et leurs enfants piégés dans le rouage administratif d'une formation du désespoir de réinsertion, pensée par des quidams planqués dans des bureaux à l'abri de la réalité, coincés devant des écrans à faire parler des chiffres au détriment de comprendre la vie qui les entoure, Fabienne Brutus jette un regard pragmatique et juste sur cette France qu'on oublie, dont je fais partie, l'humain est devenu seulement une marchandise que l'on déplace d'une catégorie à une autre, Fabienne Brutus les humanise, ce qui est un vrai oxymore !
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Ce livre nous plonge dans le quotidien d'un formateur pour adultes demandeurs d'emploi, entre désespoir et petits moments de poésie hors du temps. Ces formateurs souvent improvisés, toujours mal préparés pour prendre en charge ces "cassos", cette jeunesse dite "décrochée", ceux qu'on appelle maintenant les NEETS, ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation.

En quelques mots, à travers une situation vécue, nous découvrons des individus brisés qui suivent des formations moins par envie que par obligation, avec des rêves plein la tête parfois mais souvent beaucoup de résignation. On découvre les humains derrière les statistiques officielles, celles mises en avant par les politiques pour justifier les millions investis à perte.

On a de la peine pour ces jeunes qui passent de formations en formations sans jamais décrocher un emploi. Et ce livre interroge la place du formateur dans ce contexte d'autocongratulations sans résultat réel. Comment espérer leur apprendre les bases du français ou, rêvons, un métier quand les bases de la vie en société ne sont pas acquises et qu'on ne peut que planter des graines en espérant qu'un jour, elles trouvent le terreau nécessaire à leur croissance.

Pour la côtoyer de près, je trouve que ce ivre dépeint bien la réalité de l'insertion socio professionnelle, entre formateurs dépassés, jeunes qui profitent du système et politiques qui fixent des objectifs absurdes.

Les phrases sont courtes, comme martelées, ce qui donne du rythme au récit. Je déplore juste que les situations ne soient pas plus approfondies car j'aurai aimé savoir ce que sont devenus ces jeunes.

Remerciements aux Editions du Cerisier et à Babelio pour cette lecture
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Elle le dit elle-même, elle ne peut pas définir ce livre... et moi ? Non plus.
Je pense que les histoires, les expériences que Fabienne Brutus a vécues, pourraient être intéressantes, mais malheureusement la structure de ce livre et son écriture m'a empêché de les apprécier. J'ai eu de la peine à lire ce livre, certains passages se lisaient plus facilement que d'autres. Mais non, je n'ai pas accroché. À mon avis, c'est un peu chaotique, même si ce livre nous montre les misères de ceux qui n'ont pas eu de chance ou ont choisi de ne plus en avoir.
Bref rien pour moi, désolé.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Un stagiaire s’est malencontreusement retrouvé enfermé dans les toilettes (encore). Il faudrait que quelqu’un se décide à changer les serrures. Cinq de ses acolytes viennent le soutenir, essentiellement en lui racontant des conneries, pastichant le fait divers.
- Ne perds pas espoir ! Reste avec nous ! Respire !
Ils lui glissent sous la porte de quoi écrire.
L’affaire dure un peu, personne dans ce vaste bâtiment ne possédant d’outils basiques nécessaires au bricolage et encore moins une quelconque compétence manuelle se rattachant à cet exercice.
- Raconte ce moment de ta vie où tout a basculé !
Ils parodient, fort à propos, l’atelier d’écriture que nous devons reporter, le temps de libérer ce participant. Surgit de nulle part l’envie de dire une bêtise plus grosse que les leurs. Il n’y a pas de raison qu’ils soient les seuls à rigoler. Le second degré, toujours un peu risqué, si tentant. 
— Cinq Arabes devant une porte fermée à clef, et pas un qui soit foutu de l’ouvrir... Vous n’êtes pas à la hauteur de votre réputation.
Le blanc.
La boulette ?
Ils s’esclaffent. Moi aussi. On passera ensemble une année formidable.
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Des entreprises font appel à la main-d'œuvre gratuite. Ladite main-d'œuvre n'accepte pas parce qu'elle perçoit une petite rémunération déguisée en allocation. Les impôts financent ainsi des postes mis à la disposition des entreprises. On dirait du communisme, en pire.
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Raconter aux gouvernements que tout va pour le mieux, c'est les encourager à continuer le saupoudrage.
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Video de Fabienne Brutus (1) Voir plusAjouter une vidéo

[Polémique sur les chiffres du chômage]
Reportage consacré la baisse "artificielle" des chiffres du chômage, dénoncée entre autres, par l'ouvrage d'une conseillère de l'Agence Nationale pour l'Emploi. Commentaires sur images d'archives avec Dominique de VILLEPIN ponctués par les interviews de Fabienne BRUTUS, conseillère ANPE et de Nicolas LECAUSSIN, chercheur auteur d'une enquête "Baisse du chômage : réalité ou...
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