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EAN : 9791092858242
90 pages
La Tête à l'envers (01/04/2018)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Que reste-t-il de notre vie passée : nos joies, nos peines, nos soucis et nos regrets, les voix d’antan, les silences et les beautés, les lumières et les ombres…

Que reste-t-il sinon « ce long sillage du cœur ». Douceur de ce rappel, réalité de ce sillage qui nourrit notre vie d’aujourd’hui et éloigne de l’oubli, « étrange rumeur de ce qui n’existe plus », écrit Françoise Lefèvre dans sa préface car les mots de Philippe Leuckx « nous ramènent à l’enfa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce n'est pas souvent que l'on apprend la disparition d'un poète, et encore moins celle d'un poète auquel on revient sans cesse au fil des années.
Il y a bien des façons de rendre hommage à un disparu, faire un billet dithyrambique sur son oeuvre, éplucher ses écrits, parler de l'homme lui-même.
Ma bibliothèque est riche de ses poèmes, de ses écrits autour de ses amis et j'attends avec impatience les dernières parutions qui vont sortir début mars.
Poète de l'éphémère qui souhaitait que « L'effacement soit ma façon de resplendir »
Mes étagères sont riches aussi de ses traductions.

Mais aujourd'hui ce que je préfère c'est vous parler d'un poète qui pour moi appartient à la même famille que Philippe Jaccottet, un poète francophone comme lui, non pas suisse mais belge.
J'ai fait connaissance avec Philippe Leuckx il y a peu de temps, je l'ai trouvé discret dans une petite maison d'éditions qui porte un nom qui me plait infiniment : La Tête à l'envers.
Il a publié bien entendu chez d'autres éditeurs et je compte bien élargir ma bibliothèque.
Aujourd'hui le recueil que j'ai reçu porte un titre qui ma plu immédiatement et qui est inspiré par un autre poète Jules Supervielle
Quelqu' un a pris ta main qui t'attendait aussi
Pour écouter ce long sillage du coeur
Qui ne pouvait pas croire à la fin du voyage

Un recueil de 62 poèmes en vers ou en prose avec lesquels j'ai fait la promenade parfaite, promenade faite de sensations, d'émotions, d'impressions saisies sur l'instant.
Philippe Leuckx vise la simplicité car les mots coulent « j'avais pour compagnie un ruisseau »

J'ai senti la lumière à travers les mots
Mon coeur est plein de fenêtres
Et d'étoiles vers les confins

Je suis passée de l'ombre à la lumière, du soleil à la fine bruine

Le printemps ose une fine bruine sur le murmure des mondes
A peine
Un troglodyte bruisse sur l'arbre à découvert

La beauté de la nature s'impose sans effort dans ses poèmes.

Au-delà des rumeurs
La lumière ruse
A l'heure où les herbes
Vont boire
Un abri sous les fleurs

Rêve et nostalgie se partagent les poèmes, tout est empreint de douceur « Nous allions sous la pluie avec les mots en poche »

L' enfance est très présente, une enfance peut être un peu malmenée et sans doute solitaire dans le pays du Hainaut, pays de mines et de terrils, le pays de van Gogh

L'enfant blessé d'ombre
se recoud au soleil

Le poète vagabonde avec bonheur « D'errance en vagabondage, de cheminement en balade, de sentes en passages escarpés » parfois il va chercher la lumière en Grèce
Il va comme le marcheur, le wanderer comme le surnomme Françoise Lefèvre dans sa préface, je préfère le nom de pérégrin car nous dit le poète « Chaque poème rend pèlerin de soi »
Il m'a rappelé un poète que j'aime beaucoup Hubert Voignier et son recueil Les Hautes herbes.

Un poète que je vais m'empresser de connaitre mieux car j'ai aimé sa poésie subtile et apaisée, forte de sensations, de bribes d'enfance, de paysages du coeur.

J'ai aimé sa « langue douce de l'errance » mais aussi cette sensibilité qui touche profondément

"Il y a quelque chose de compté dans l'air. Qui broie. Efface.
C'est un tumulte léger au coeur. Parfois juste un repli.
Souvent une souffrance."



Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Philippe Leuckx se contraint à compter les pieds pour ne pas verser dans un pur lyrisme. Cela lui permet de garder raison et de ponctuer les vers qui énumèrent ses émotions. Lui-même se définit comme poète sensationiste, en référence à la philosophie selon laquelle toutes les connaissances viennent des sensations ;

La nuit même éclairée

La technique et les figures de style ne s'exposent pas ou ne se voient plus car l'auteur a assez écrit pour les avoir pleinement intégrées, visant la simplicité. de sorte qu'il est en mesure de noter les instants dans son carnet, sur le vif, en promenade, évitant soigneusement à son retour de retravailler la rythmique du paysage qui s'est naturellement métamorphosée en mots.

J'avais pour compagnie
Un ruisseau

Ce long sillage du coeur recueille soixante-deux poèmes qui coulent comme une rivière, montent comme la sève de l'arbre, tombent comme un rai de lumière entre ses branches, sentent l'humus des petites villes et l'asphalte des campagnes. Lors d'un entretien par téléphone, Philippe Leuckx s'étonne de la fluidité du verbe que son corps accueille, que son coeur ressent, que sa main transcrit entre ombre et lumière, thème central où

La beauté s'impose sans effort

Le livre rend hommage à Jules Supervielle, innocent forçat de styles très différents, justifiant la présence de poèmes épousant toutes formes. Il s'articule en six parties dont cinq sont dédiées à autant d'auteurs. Philippe Leuckx reprend par exemple à André Hardellet la pratique littéraire de restituer des moments autobiographiques avec le plus de détachement possible et selon un « je multiple » où se fondent les mondes extérieur et intérieur.

Mon coeur est plein de fenêtres

Ailleurs, à l'instar de Fernando Pessoa et ses Fragments d'un voyage immobile, l'auteur explore le temps, l'enfance, infatigable « wanderer dans l'errance et l'incertitude » comme le préface Françoise Lefèbvre, elle-même citée pour ouvrir la quatrième partie du recueil. Là encore le plus court instant et le détail le plus ténu deviennent une trace biographique ;

Invisible vraiment sous la chemise

« Pèlerin de soi », Philippe Leuckx pérégrine depuis toujours, d'espaces mentaux en paysages grands ouverts, convaincu et confiant que

La justesse est un chant
De syllabes et de terre
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
LE SOIR…


Extrait 2

Soudain, une colline, des crêtes et le regard souffle toute méprise.
Tu as bien vu cet arbre de solitude, vrillant le ciel d’aiguilles vertes
 qui te cinglent. Tu reviendras là, des mots en poches. Un peu de
 chagrin nomade. Au cœur.
Loin, un berger pousse un vent mousseux.
Plus près, la main tremble.
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LE SOIR…


Extrait 1

Le soir
le ciel fait son nid d’éteules et notre faim s’invente des sentiers
 au cœur pour rien — à peine un chemin ou une averse


Il va falloir coudre les jours à l’été — recourir à ces petites joies
 bien familières, comme des trésors cachés sous les pierres
Ne rien présumer de la chaleur ni de cette halte presque
 réjouissante quand le jour grimpe un peu trop et que le cœur
 n’en peut mais
On se consolera sous les arbres
On ravira au ciel un soupçon de bleu à loger dans l’œil de l’étrange
On vivra

[…]
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Tu resteras parfois en retrait du silence
Et de l'ombre
Comme un oiseau blessé que l'herbe
Ramasse
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« On est si peu de chose à soi (…) / Le début d’une éclaircie / Dans les déroutes d’une vie » (p.47).
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