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EAN : 9782823604160
204 pages
Editions de l'Olivier (02/05/2014)
3.74/5   39 notes
Résumé :
Mon âme, que vaut-elle ? Mon âme est une liste de courses, une déclaration d’impôts. Elle est corrompue par la fatigue de jours sans héroïsme. Qui parle ainsi ? Une femme à qui le diable a proposé un pacte. Mais le diable ferait bien de se méfier : dans le monde d’Agnès Desarthe, qui perd gagne, l’oubli est source de mémoire, les enfants engendrent leurs parents et le châtiment précède la faute.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Ces quatorze nouvelles sont des petites histoires où quelque chose bascule,des retournements de situation qui révèlent l'envers du décor,la part secrète des personnages.

Comme toujours avec Desarthe,le diable est dans les détails,dans ce qu'on veut ou ne peut entendre (ou voir), dans les trahisons intimes et l'image que l'on renvoie à notre insu.
Au travers des angoisses et des fantasmes,arrivent ce (ou ceux) qu'on n'attend pas.
Cela amène des réflexions puissantes sur l'existence et nos jeux de dupes.

C'est un univers borderline,un "comité" imaginaire qui régit les vies,dévoile les impostures et sonde les âmes...
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"Pour Agnès Desarthe, une histoire non racontable, ça n'existe pas" écrit Florence Seyvos dans la collection mon écrivain préféré.
Une fois encore, Agnès Desarthe nous le prouve dans ces 14 nouvelles qui envisagent le pire comme le meilleur. Mais de son écriture si particulière que j'aime tant, où les choses se devinent plus qu'elles ne se lisent. Tout est à ressentir. Ce qui est beau est l'indicible, ce qui peut advenir ou pas entre les lignes.
Les personnages sont des hommes et des femmes ordinaires. Nous reconnaissons en eux nos petites faiblesses et lâchetés, nos envies inavouables, nos désirs cachés. Tous ces petits noeuds qui nous étouffent parfois.
L'auteure réussit à révéler la part lumineuse de ses personnages en les confrontant, en tant que témoin ou acteur, à des situations bien insolites, très gênantes et souvent compliquées.
Comment s'en sortir ?
L'auteure ne raconte pas, elle nous immerge doucement dans son univers si prenant où souvent un objet (piano, livre), un lieu (paquebot, hôtel) ou un animal (oiseau) en est le conducteur.
Afin de trouver un sens même quand tout est fini et nous aider à regarder au délà du tangible et de l'apparente réalité pour y puiser des forces.


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J'essaie souvent de faire un petit résumé du livre que je chronique, mais pas cette fois. Après un temps à fixer le clavier, à feuilleter le recueil, à effacer ce que je n'ai pas encore écrit, je me dis que c'est entreprise vaine. Que raconter ? 14 situations initiales ? 14 protagonistes ? 2-3 retournements de situation ? Non. Car ces situations n'ont rien d'initiales, elles sont continuellement taquinées et détournées par l'auteure. Car je ne saurai décrire intelligemment ses personnages, spécialement en quelques mots. Car ôter le charme de la découverte c'est fausser l'équilibre de la prose d'Agnès Desarthe.

Quatorze nouvelles pour se laisser emporter, accepter de ne pas comprendre, voir se transformer le rationnel en irrationnel. En effet, lorsque le quotidien devient irréel et que l'apesanteur ne fait plus le poids, le familier se transforme et le paradoxe s'expose au grand jour. J'aime la manière dont Agnès Desarthe mène un chemin parallèle au réalisme, en le frôlant de temps à autre, mais sans s'y fondre.
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Dans ce recueil de 14 nouvelles, Agnès Desarthe nous emmène dans l'envers du quotidien, nous fait découvrir ce qui se cache au-delà des apparences, dévoile ce qui se trame derrière l'anodin et fait tomber les masques. 14 vies, 14 destins qui soulèvent un bout du rideau pour dépoussiérer leur existence. 14 histoires qui nous embarquent dans le tourbillon de la vie, de ses joies et de ses paradoxes, de ses hasards plus ou moins contrôlés, de ses pertes de sens et de retour à soi, de ses renaissances et de ses surprises.

Une fois de plus, c'est au hasard d'une promenade sans but précis en bibliothèque que j'ai déniché ce petit trésor littéraire qui m'a grandement plu. Je lis rarement des nouvelles ces derniers temps (le parcours de cet ouvrage m'en a fait prendre conscience) et Agnès Desarthe m'a fait renouer avec plaisir avec ce genre.

Dans ce recueil, les nouvelles sont toutes plus percutantes les unes que les autres, possèdent chacune une fragrance forte et des personnages denses, à la psychologie complexe, qui nous emmènent dans les méandres de leurs pensées, de leur histoire personnelle et de leurs interrogations. Alors bien sûr, tout un chacun aura sa sensibilité et sa subjectivité, une préférence pour quelques unes d'entre elles. Mais aucune ne m'a déçue ou laissée indifférente. Il faut croire qu'aucune ne se rapproche d'une autre dans le lieu, le contexte ou l'intrigue, ce qui fait rebondir le lecteur mais en même temps, une note de coeur s'installe tout au long de la lecture.

De longueur inégale, même si la plupart font environ 20 pages, j'ai été agréablement étonnée par la capacité de l'auteure à créer un univers si complet à chaque fois, à nous mettre instantanément dans une ambiance et à nous en arracher abruptement par moments. Avec style, j'en conviens. Je vous disais que ça faisait longtemps que je n'avais pas lu de nouvelles, mais le dénouement parfois pas complètement achevé de certaines de ces histoires n'est pas allé sans me rappeler les nouvelles que je lisais De Maupassant au collège. Sans vouloir faire une comparaison qui n'a pas lieu d'être, c'est le souvenir de ce sentiment aussi frustrant (on veut connaître la fin, la vraie, pas d'inachevé s'il vous plaît !) que jouissif (on a le sentiment que l'auteur joue avec le lecteur, créant ainsi une complicité et nous laissant une porte ouverte pour déployer notre imaginaire) qui a réveillé ce souvenir.

J'ai tout bonnement été happée par ce livre, que j'ai parcouru en un rien de temps car chaque titre donne envie de découvrir de quel genre de récit il peut bien s'agir et bien souvent, ils surprennent car se portent sur un détail, mais un détail qui bien souvent porte l'essence de l'interrogation ou de la réflexion du narrateur. Agnès Desarthe a su exercer sur moi une attraction littéraire certaine et ses histoires me restent en tête bien après avoir fermé ce livre.

Alors, au sortir de cette belle balade dans ce recueil de nouvelles, y en a-t-il quelques unes qui m'ont plus touchée que d'autres ? Oui. Lettres ouvertes, La table de Mendeleïev, Pseudonyme et Ce qui est arrivé aux Kempinski ont su me marquer peut-être un peu plus que les autres. Est-ce dû au moment de lecture ? Je ne sais pas, la rencontre entre un livre et un lecteur a un quelque chose de magique qui nous échappe parfois mais qui a lieu. Et qu'on ne préfère pas analyser plus que cela.

Et vous, quelles sont celles qui vous ont touchées / marquées / intriguées ?
Lien : http://wp.me/p12Kl4-zC
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Je ne sais pas ce que je préfère chez Agnès Desarthe : sa gourmandise de mots ou sa volonté de ne jamais brider son imagination. Ce recueil de quatorze nouvelles constitue un superbe échantillon de son univers, des textes plutôt courts (le plus long fait une vingtaine de pages), ciselés avec humour, tendresse, audace et ce petit grain de folie qui renverse les points de vue. Je me suis régalée, oui, c'est bien le mot, du début à la fin.

Conversation avec le diable, avec un faisan ou un comité "d'anges gardiens", on ne s'interdit rien dans les histoires d'Agnès Desarthe et surtout pas les sujets qui fâchent. La maternité, le destin, les choix, les passions, les faux-semblants, les mensonges... On est loin du conte de fées et pourtant, en quelques lignes à chaque fois, la magie opère. Palme de l'émotion pour "Le disciple" qui suit pas à pas un professeur, de son premier cours à son décès et entre temps, l'attente de toute une vie. Superbe. Dans "Il ne se passe jamais rien ici", tout est dit sur la relation mère-fils. "Tonton Achille" offre une jolie réflexion sur la solitude et l'attention aux autres. Sans oublier la nouvelle titre qui s'interroge sur la mémoire, le devoir, l'implication personnelle. Et tous les autres textes dont la singularité n'occulte pas l'empathie.

L'auteur aime particulièrement révéler les faces cachées, éclairer d'un nouveau jour ce que l'on croit pourtant parfaitement connaître, dévoiler les mystifications. Tout ceci avec une énorme tendresse pour ses personnages, plus aveugles et sourds que méchants, plus victimes que coupables. Souvent malheureux pour s'être trompés, n'avoir pas su voir ou au contraire avoir trop espéré, s'être résignés.
De tous les recueils de nouvelles lus ces dernières années, "Ce qui est arrivé aux Kempinski" est l'un de ceux qui me convainquent le mieux. Par l'écriture autant que par l'unité qui se dégage de l'ensemble avec pourtant des histoires totalement différentes. Et par la porte laissée ouverte à l'imagination du lecteur, toujours guidé mais jamais enfermé. Voilà qui pourrait constituer un parfait livre de chevet, de ceux que l'on picore régulièrement pour mieux en savourer les phrases.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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critiques presse (1)
Culturebox
09 mai 2014
La romancière tient le récit en quelques pages, ménage des surprises, opère des bifurcations, soigne ses chutes, bref, manie avec aisance l'art de la nouvelle, ce genre littéraire si plaisant à lire quand c'est bien fait, et que l'on peut déguster par petits morceaux, comme des gourmandises.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Comme c'est étrange, cet homme de soixante-dix ans qui parle de sa mère, ai-je pensé. Je croyais, à l'époque, que les parents disparaissaient simplement de votre vie à la fin de l'adolescence, qu'ils se dissolvaient dans vos souvenirs aux côtés des maîtresses d'école et des amoureux de maternelle. J'ignorais qu'en réalité on porte nos parents en nous jusqu'à la tombe.
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Moi,je collabore à un site très confidentiel dont le nom désuet me plaît beaucoup : "Oiseaux de nos campagnes ".C’est joli,non ? Ça me rappelle les images que la maîtresse nous distribuait au bout de dix bons points quand on était sages.C’est sans doute là qu’est née ma vocation,dans le face-à-face ensommeillé d’un samedi matin glorieux avec une bergeronnette grise,un gros-bec casse-noyaux,un cincle plongeur,joliment peints sur le papier mat ivoire à l’odeur mélancolique de buvard.
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Dès qu'on franchit le seuil, les poumons se déploient. On ne devrait jamais passer plus d'une heure d'affilée enfermé dans une maison. Une claque de soleil en pleine face, le crissement des graviers sous les pas, les chants cocasses des oiseaux. Le monde est un tout petit peu merveilleux, songe Léna. Elle a beau se croire aussi nihiliste que son fils, elle s'émeut de chaque nuance de vert, observe les fleurettes jaunes au bord du chemin, se demande avec le plus grand sérieux pourquoi les fleurs sauvages sont si souvent jaunes, beaucoup plus rarement bleues et plus rarement encore rouges, d'où la stupeur et la gratitude face au champ de coquelicots qui se découpe entre deux charmes, au loin, en contrebas, comme un cœur qui palpite.
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Les oiseaux ont un squelette très léger. Ils ont une bulle d'air au milieu du corps, du creux dans le plein et, quelque part, dans leur cerveau, ou bien dans leur ventre, se trouve un gyroscope qui sert à... comment dire, se diriger dans toutes les positions, abolir la notion d'endroit et d'envers, de haut et de bas. Leurs plumes lisses les aident à s'immiscer entre deux vents, ils volent par inadvertance. L'inadvertance du ciel qui oublie leur présence, ils volent par discrétion.
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Je ne crois pas à la vie éternelle. Je ne crois pas non plus à la mort éternelle. J’envisage que les disparus reviennent sous forme de crocus ou de lièvre. La conviction n’est pas mon fort. Le cimetière de Pantin m’a plu immédiatement. Je ne sais pas comment sont les autres, mais j’ai été surprise d’y voir tant d’arbres, d’y retrouver les vieilles fontaines en fonte des squares de mon enfance, et d’y sentir cette odeur de campagne, de feuilles cuites par le soleil et d’herbe chaude. Je me suis dit que j’avais une chance incroyable de pouvoir apprécier tous ces détails. Je redoutais de croiser une famille endeuillée, une vraie, une qui se fiche pas mal des rameaux et des coussinets de mousse aux abords des trottoirs, une qui pleure, qui souffre, dont les genoux se dérobent à la vue du trou. Les miens étaient fermes et nous étions seules, Irma Waltz – car c’est ainsi que se nommait la responsable des Pompes funèbres parisiennes – et moi, face à la fosse dans laquelle les employés avaient déposé le cercueil de tonton Achille. Je fixai le couvercle en bois, m’efforçant d’éprouver du chagrin. La chaleur qui entoure nos épaules et nos bras, tonton Achille ne la sent pas, me suis-je dit. Ses yeux fermés ne distinguent aucune clarté. Pas une pensée dans son esprit. Il est aussi inerte qu’un caillou du chemin. En lui, les souvenirs, les songes demeurent séquestrés à jamais.
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Videos de Agnès Desarthe (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Desarthe
Par l'autrice & Louise Hakim
Rue du Château des Rentiers, 13e arrondissement de Paris : c'est là que se trouve une tour impersonnelle et peuplée d'habitants tout sauf riches. Là vivaient les grands-parents de la narratrice, Juifs originaires d'Europe centrale, et leur phalanstère, point de départ d'une réflexion superbement libre sur la beauté de ceux qu'on nomme les « vieux » et sur le fait de vieillir soi-même. Ce récit, en forme de déambulation toute personnelle, est à l'image de son autrice : aussi drôle, lumineux que surprenant.
À lire – Agnès Desarthe, le Château des Rentiers, L'Olivier, 2023.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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