Une histoire de femmes qui m'a beaucoup fait penser aux Heures Solaires de
Caroline Caugant mais dans un tout autre registre littéraire. Un voyage inter générationnel au début du XXe siècle constitué de la grand-mère, Noémie, la mère, Mathilde, et ses deux filles. le quatuor vit sur le domaine familial du nom de Malavielle non loin de Nantes, ville d'origine de l'auteur.
Une ambiance austère, humide et secrète
Je me suis tout de suite figurée un univers oscillant entre Jane Eyre et Les malheurs de Sophie entre une marâtre visqueuse, opportuniste, froide comme la glace très certainement vêtue d'une dentelle noire passée aux odeurs de naphtaline et une mère aimante mais peu expressive, en retrait, une petite souris chétive qui se terre dans un trou trop petit pour elle. Au milieu de ce duo génétique, deux jeunes soeurs, Cécile et Juliette que l'ambiance austère, humide et secrète de Malavielle n'épargne pas, incitant l'une à rejoindre, comme novice, un monastère et l'autre à prendre la fuite direction Paris pour y trouver des réponses. Que sont donc devenus les « mâles » de la famille ? Où est donc le père, Armand ? Et le grand-père, Georges ? Pourquoi n'en parle-t-on jamais dans les murs de ce château ?
L'auteur exploite plusieurs pistes. A la fois les secrets de famille, thème récurrent de la littérature mais en y ajoutant une bonne dose de fraîcheur à travers le personnage de Cécile qui navigue dans sa nouvelle vie parisienne sans trop de difficultés. Les bonnes rencontres et les décisives vont bon train jusqu'à nous faire regretter parfois le goût de l'aventure et des rebondissements. Il exploite également à travers les deux soeurs deux angles réactifs bien distincts, entre Juliette qui fuit ces histoires de famille lourdes de sens et Cécile qui choisit d'affronter et de percer à jour les secrets enfouis par sa grand-mère.
Un petit monde qui s'effondre
Il va s'en dire que les noeuds se dénouent, les liens entre tous les personnages se tissent pour se défaire aussitôt. le petit monde de Malavielle, tenu en laisse par Noémie, s'effondre comme un château de cartes et il est plaisant de constater comment une jeune femme de 17 ans au moment de la fuite réussit, avec seulement quelques pièces en poche, à démanteler cette tour de garde et à s'épanouir dans une vie dont elle aurait pu être privée.
Nous plongeons en plein début du XXe siècle, immortalisant aussi bien les beaux quartiers des faubourgs, que les mines défaites des bas fonds parisiens. Cécile passe de l'un à l'autre avec une facilité déconcertante lui conférant un attachement particulier de la part du lecteur. Elle veut la vérité et n'est pas prête à tout pour l'obtenir. Un roman parfait pour qui voudrait remonter le temps, saisir la poussière des vieux portraits de famille peints à l'huile, sentir le parquet fraichement ciré et l'odeur du bois de cheminée brûlé la veille. Cécile et les Beaujour, c'est la fougue d'une adolescente prête à devenir femme avec toutes les clés en main pour définir une vie à son image.
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