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EAN : 9782283028186
128 pages
Buchet-Chastel (21/08/2014)
3.75/5   20 notes
Résumé :
De son enfance, Nine ne sait rien d’autre  : rien que la rencontre de ses parents en Algérie, leur amour trop bref, et son père fauché par la guerre dont on a déposé le cœur «  dans une cabane en bois  ». Madame Plume, sa mère, ne parle pas de ce passé, de son pays, de ses souvenirs. Un jour, elle s’est arrachée à la sollicitude de Fatma la douce, elle a fui son village de Kabylie pour emmener sa petite dans une ville du nord de la France, où el... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Tellement beau ! Tellement émouvant !
« Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. Derrière le vent, en contrebas de la colline, se dressait le minaret du village. À heures régulières, la voix du muezzin annonçait le nom des dernières victimes tombées sous les bombes. Étrangers à eux-mêmes, au milieu d'un champ de ruines, les coeurs trop lourds s'efforçaient de se décharger de l'horreur. Hier, des enfants étaient nés sans mère, d'autres tiraient désespérément sur le cordon, à contretemps des projectiles. Voilà qui aurait dû suffire à nous rendre fous ! »
Nine et sa mère Madame Plume ont fui la guerre, qu'en Algérie on nomme pudiquement les évènements. La femme et la petite fille partent très loin, dans le nord de la France pour construire une autre vie, pour oublier. Au chaud soleil de Kabylie a succédé le ciel gris et pluvieux.
Il faut réapprendre à vivre ou à survivre, dans le souvenir pour l'une, dans les interrogations pour l'autre.
Ce livre est un petit bijou de tendresse et de poésie. Un roman poignant, qui évoque avec subtilité et pudeur les destins brisés par l'exil.
L'écriture de Marie-Aimée Lebreton est splendide, pleine d'émotion. J'ai passé avec ce texte deux heures de pur bonheur littéraire.

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Ainsi commence le livre :

« Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. Derrière le vent, en contrebas de la colline, se dressait le minaret du village. A heures régulières, la voix du muezzin annonçait le nom des dernières victimes tombées sous les bombes.

Ce petit extrait donne le ton. Poésie, beauté, noirceur et douleur. On sait.

« C'était le début de l'été. le père avait vingt ans, il riait parce qu'il était vivant… Il était algérien, Madame Plume était française, de cela ils ne parlaient pas. » L'amour et la guerre, pardon, « les évènements » ne font pas bon ménage. le père sera exécuté et laissé mort sur le bord d'une route. Madame Plume donnera naissance à Nine qui ne connaîtra jamais son père. Vint le temps de l'exil vers cette France, territoire inconnu, vers le nord froid et noir. Commence le temps des manques. Celui du père, celui du soleil, celui de Fatma, indissociable de la Kabylie, celui de l'isolement pour cette petite mauricaude (à l'époque on ne disait pas beur), celui de l'obéissance à la mère pour ne pas aggraver son chagrin. Les mots ne peuvent sortir pour expliquer la disparition, le corps dans la cabane en bois là-bas à Bouïra.
Puis, après la mort de la mère des suites d'un cancer, Nine repart en Kabylie pour renouer le fil de sa vie, pour repartir sur des bases plus solides.

Il y a opposition entre l'univers masculin de la guerre, de la violence et celui de ces deux femmes qui ont l'air de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas déranger le père.

Nul besoin de grandes phrases, de pages noircies pour nous faire ressentir le mal être de Madame Plume : «elle percevait l'assurance des autres mères comme un lieu dans lequel elle n'avait pas sa place»,

Un livre que m'a posée sur un nuage. Les phrases ciselées comme un bijou kabyle sont emplies de poésie et de beauté. Tout est dit en peu de mots et si bien dit. Un enchantement, un coup de coeur pour moi.

Marie-Aimée Lebreton, n'attendez pas cent sept ans et encore moins les calendes grecques pour nous ravir avec un autre ouvrage. Je vous remercie pour cette belle lecture.

Je remercie vivement Babelio qui par son opération Masse Critique, m'a permis cette très belle découverte. Je n'aurais garde d'oublier les Editions Buchet-Chastel. La qualité des livres qu'ils proposent m'a permis de passer de très bons moments en compagnie de leurs auteurs.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Cent sept ans

C'est un très beau texte tout en douceur et en poésie

Ce sont de courts chapitres qui disent la vie, avant et après l'exil. Le soleil et la chaleur du pays et puis la guerre et la mort, l'exil et la tristesse du pays du nord.

Nine n'a pas connu son pays de naissance, Madame Plume, sa mère, l'a quitté pour n'y plus revenir juste après la naissance de sa fille et depuis elle n'en parle presque pas. Elle élève Nine seule et du mieux qu'elle peut et Nine grandit en essayant de ne pas décevoir sa mère.

C'est une quête d'identité, remplie de tendresse et d'amour pour la mère, le père mort là-bas, et ce pays qu'elle ne connaît pas.

En lisant ce livre j'ai souris, les larmes me sont montées aux yeux, j'ai rêvé, c'est vraiment un très beau texte. Je l'ai déjà lu deux fois

A lire. c'est un coup de cœur. ********

Challenge abc 2014/2015
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petit écrin de poésie dans lequel se cache un magnifique bijou. exil et retour au pays narrés sous forme de conte pour aborder la quête identitaire d'une enfant (Nine) petite moricaude née de l'amour flamboyant et mort-né d'un jeune soldat algérien et de Madame Plume. Nous sommes en 1962 année de chaos pour l'Algérie. le jeune soldat mourra sans avoir vu sa fille, qui quittera le Pays du soleil avec sa mère pour la grisaille du Nord. La violence de la Guerre des hommes, sans pathos pourtant, la résignation, le courage et la douceur des femmes.
L'absence de ce père si présent malgré et dans la mort: la douleur de Nine.
"- Petite Nine, tu n'as pas de papa?
- Non, j'ai deux trous noirs à la place d'un papa."
Pour Nine devenue grande c'est le retour aux sources sur" l'échine éclatante de la Kabylie, là-bas au coeur du monde."
"On l'appelait Plume car elle avait un sein plus petit que l'autre. Une petite boule à droite, pâlichonne comme un grain de millet. Elle disait en le regardant que c'était son petit bout du monde: un peu de larmes et de sang dans les plis dela peau, comme un volcan muet." Un texte magnifique sculpté dans une matière riche. Chaque phrase appelle la suivante comme roulées par les flots de la mer immense scandées par le son des leçons de piano, ce piano ami ingrat qui sauvera Nine du manque de mots maternels pour parler de la mort du père ("là-bas dans une cabane en bois"). La musique présente tout au long de ce livre et dans les mots et dans le rythme, la musique qui aidera Nine à se reconstruire quand sa mère lui sera enlevée et qu'elle osera retourner au pays et retrouvera Fatma la douce. Pudique, violent et doux
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Nine est née de l'amour entre une femme française et un Algérien. Rien de si original aujourd'hui mais en 1962 (date de naissance de l'auteure également), il y avait risque à être amoureuse d'un « Arabe », risque à être épris d'une « colon » (pas de féminin à ce mot, bizarrement) mais les deux amoureux ont mis un route un bébé que le papa ne connaîtra jamais, exécuté comme traître à la patrie par les soldats du cru,
Alors, Madame Plume, la maman, est partie avec sa fillette vers un pays de froid et de mélancolie, une ville du nord de la France où elle s'applique à faire de Nine une petite fille épanouie, entre leçons de piano, école et vie quasi fusionnelle entre les deux exilées, l'une accrochée à la hanche de l'autre,

Pourtant, Nine n'est pas heureuse, elle est amputée vive d'un père idéalisé parce que jamais connu, Alors le jour du concours de piano, elle s'effondre en un vertige qui va la laisser inerte plusieurs jours, Sa mère « se demandait si Nine ne souffrait pas d'un mauvais sort que lui auraient jeté les soldats, le choc provoqué par le bruit des kalachnikovs avait-il fait tomber sur son ventre arrondi tout le poids des ténèbres ? »

Roman de l'enfance abîmée, roman de l'exil, de la quête d'un passé enfoui dans la mémoire d'une mère mutique. Je crois que les mots « rapatriés » ou « Pieds-Noirs » ne sortent jamais sous la plume de l'auteure, comme s'ils étaient douloureux, réducteurs. Plume et Nine ont juste volé d'un continent à l'autre, dans un monde rêvé et poétique, parcouru d' un amour tendre et fort mais si désespérant du fait de l'Absent, Et l'on sait bien que Nine, dès qu'elle le pourra, ira chercher sur le sable chaud et dans l'air brûlant de l'Algérie le souvenir d'un père – fantôme. Elle renouera avec Fatma la douce qui a pris soin de sa mère, Il n'empêche qu'elle ne connaîtra jamais l'homme dans sa cabane en bois, jeté là par ses assassins,

Une belle plume, douce et poétique, sans aucun pathos, sans rancoeur, sans complaisance larmoyante pour le sort de tous ceux qui ont été victimes de cette guerre qu'on qualifiait à l'époque d'« événements », et de toutes les guerres, Seulement quelques mots qui sonnent juste et beau,
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Oh ! Ma fille, tu es née à présent et je t’aime. Je dis que mon ventre est triste mais tu es là et je te regarde. Mes yeux sont noirs mais tendre à l’intérieur. Tu es née aux premiers chants de l’aube et je t’appellerai toujours l’enfant de l’aube. Je sais que tu as déjà tes souffrances. Mon enfant, mon amour ! Mais c’est comme ça ! Une vieille loi du monde ! Mes seins tout gorgés d’amour cherchent ta bouche pour téter eux aussi. Mais de lait, je n’ai pas assez. Mon enfant, mon amour. La faim muette laisse des marques tout autour de ma bouche. Les chagrins attroupés dans l’assiette ne suffisent pas à me nourrir.
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Après la mort du père, Madame Plume était descendue à la rivière où les femmes nageaient autrefois parmi les nénuphars et les oléastres. Elle savait que son corps ne lui donnerait pas d'autres enfants.

Lourd son cœur dans la chaleur incendiaire.
Énorme la respiration stupéfaite.
Mais toujours pareil l'amour.
Sonore comme le vent dans les arbres.
Rond comme le monde en veille, près de l'enfant endormi.
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La vraie vie ne passe jamais très loin de ceux qui portent en eux l'enfant qu'ils ont été. Là est l'essentiel de leur appartenance au monde.
...elle savait qu'ils s'aimaient... " au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent".
Elle avait trouvé ce qu'elle cherchait, au bord du récit, un mot pour le dire, un petit mot d'amour.
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Nine savait qu’elle n’avait jamais oublié la terre qui l’avait enfantée. Nous sommes ainsi faits, nous cherchons toute notre vie à nous glisser dans le lit du temps pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui, au premier matin du monde, nous ont donné la vie
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C’était une fin d’après-midi ordinaire. La lumière se diffusait comme du lait. Pourrait-on faire passer toute la beauté du monde dans la simplicité des jours sans histoire ? A quel mystère se raccrocher lorsque les élans du cœur sont ralentis par les mots qui ne veulent pas venir ?
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Videos de Marie-Aimée Lebreton (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Aimée Lebreton
Marie-Aimée Lebreton - Cent sept ans .Marie-Aimée Lebreton vous présente son ouvrage "Cent sept ans" aux éditions Buchet Chastel. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/lebreton-marie-aimee-cent-sept-ans-9782283028186.html Notes de Musique : Various Artists [Cervello Meccanico]/Canzoni per i Natali del Futuro/01 Elatan. Free Music Archives.
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