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EAN : 9782253073536
352 pages
Le Livre de Poche (02/01/2019)
3.92/5   708 notes
Résumé :
Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIIe Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l’Allemagne nazie. L’ambitieuse s’est hissée jusqu’aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu’elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s’enfonce dans l’abîme, avec ses secrets.

Au même moment, des centaines de femmes et d’hommes avancent sur un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (228) Voir plus Ajouter une critique
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Gros plan sur une période maudite de notre histoire : au moment de la libération des camps de la mort. Deux focus : la cavale d'une mère et de sa fille, tandis qu'un cahier de fortune se passe de main en main, témoignage de l'horreur, mais aussi outil de solidarité. C'est là que la réalité se mêle à la fiction, le but ultime étant de faire parvenir ces écrits à Magda, l'épouse de Goebbels, alors que l'édifice mortifère construit par quelques illuminés, suivis par les hordes bêlantes s'écroule de toute part.

Lorsque l'histoire a déjà été maintes fois racontée, c'est l'écriture qui fait la différence. Et là elle est particulièrement efficace : les phrases courtes, cinglantes, témoignent de l'affolement général, qu'il concerne les fuyards, traqués jusqu'au dernier moment, dans l'urgence de faire disparaître les preuves, ou les libérateurs, qui découvrent abasourdis l'étendue du désastre.


En contraste, le personnage de Magda reste placide, résignée, et prête à accomplir le pire des crimes, et pourtant encore attentive à un détail vestimentaire en songeant à une gloire déchue.
C'es sans doute celle qui est décrite avec le plus de précision;

La petite Ava, figure centrale du roman, est esquissée, comme une allégorie, une icône de ces enfants nés en captivité. Et elle est un point d'ancrage solide du récit, alors qu'autour d'elle ses repères sont mouvants.

C'est aussi un bel exploit que de créer une ambiance de thriller, par la convergence des deux histoires et l'attente de ce qui va les lier.


Un premier roman percutant, poignant, qui mêle adroitement l'histoire vérifiée sur des textes solides et fiction à travers des personnages à la fois fragiles et denses.




Lien : https://kittylamouette.blogs..
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☠️ La chute des bourreaux.
Celle plus précisément de Magda Goebbels, personnage phare de ce roman prenant, figure emblématique du Troisième Reich, épouse de Joseph Goebbels ministre de la propagande du régime nazi. le récit se situe à la fin de la seconde guerre mondiale alors que l'un des régimes totalitaires les plus abjectes et les plus meurtriers de l'Histoire est en pleine déliquescence.
Magda, la toute puissante. Taillée dans le roc à la lame d'acier, un temps première dame du IIIe Reich, cachait sa véritable nature sous un épais vernis.
Froide, arriviste, méprisant tous ceux qui ne sont pas au dessus de la mêlée. Seule chose qu'elle s'ingénie à préserver : son image publique de femme et de mère parfaite.
Elle se réfugie avec son mari et six de ses enfants dans le bunker berlinois d'Hitler où se trouvent « tous les derniers figurants de ce qui reste du Reich ». Dans ce bâtiment glauque elle finira par se suicider après avoir tué ses enfants méthodiquement. Comment en arrive-t-on à de tels actes? « Un voile reste dressé entre le geste et son moteur intime ».
L'auteur non sans réalisme reconstitue ses dernières heures et met en lumière son parcours passionnant remontant de manière factuelle aux origines du mal. Peut-être pour tenter de comprendre les sources de ce fanatisme et cet infanticide car l'histoire familiale de Magda, enfant naturelle, est compliquée.
D'autres récits s'entrelacent, ceux de survivants des camps contraints par les SS aux « marches de la mort » et donnent lieu à des scènes poignantes et chaotiques.
Des récits touchants où l'humanité et la solidarité des opprimés « sur le terrain » contrastent avec la froideur des persécuteurs-commanditaires retranchés dans leur sphère mais au destin finalement tout aussi tragique.
Leurs histoires se recouperont par l'intermédiaire de lettres, notamment celles désespérées du père adoptif juif de Magda qui l'a élevée comme sa fille, prisonnier des camps et qu'elle a abandonné à son sort.
Le style est percutant, constitué de phrases courtes, de mots riches, acérés et accumulés donnant un sentiment d'urgence, un rythme frénétique et une densité au récit.
Une très belle découverte💖.
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Au début de ce livre le lecteur est traversé par un sentiment d'inquiétude, de méfiance , de désarroi encore un livre sur cette période maudite de la seconde guerre mondiale !
Beaucoup de personnages : Aimé, Judah, Ava, Fela, Magda ....

Puis l'on s'attache férocement à ce récit , pas loin du coup de coeur, récit qui fait valser les faits grâce à sa construction hardie , frontale , osée, formidable ....

L'auteur tente la fiction et manie l'histoire avec un grand «  H »  d'une main de maître...là , où pourtant les travaux complexes des historiens, les recherches , les photos et le cinéma semblent avoir tout archivé, répertorié , restitué, et éclairci ?

Nous arpentons à toute allure les territoires de l'Est de l'Europe en1945, en côtoyant d'infinies colonnes de mourants , luttant pour leur survie, un spectre total, à peine échappés des camps de concentration .....

«  Judah file aussi droit que possible. Il étouffe la douleur de ses poumons mis à l'épreuve.
Il a la gueule ouverte , inspirant , expirant , sans que ses lèvres se touchent , grande ouverte , toute grande ouverte ....Vite . S'accrocher. Ne pas tomber , Ne pas se retourner . Droit devant . Les tirs allemands! Ces plombs brûlants !Ces déchirures ! Les blessures! . Et le sang ...! . »


Nous sommes entraînés à l'aide de phrases courtes, tranchantes , dans le vraisemblable mêlé à l'imaginaire ....C'est le talent de l'écrivain.

Une course folle où celui-ci réussit à éviter tous les pièges....

Les personnages sont criants de vérité , révélant leurs contradictions, leur entêtement à vivre au sein d'un monde éclaté qui n'a plus aucun sens ....

Grâce à une écriture vive et descriptive, jamais lourde, il nous emporte dans la tourmente le souffle court, tous nos sens alertés...

Une espèce de théâtre macabre où ces hommes à bout de force , en charpie , résistent , au delà de tout....
L'auteur talentueux avance dans la tragédie avec des interrogations , des questions, à propos de survie, de sacrifice , et de mémoire.
Qu'il se tienne dans le bunker berlinois où Magda Goebbels , dont il dresse un portrait terrible, cinglant , dont je ne dévoilerai rien, cette Medée moderne, ambitieuse , qui s'enfonce dans l'abîme avec ses regrets ...en passe de se suicider avec ses enfants ...un mystère ...
Qu'il marche dans la forêt polonaise aux côtés d'une mère et sa fille , Ava , enfant mutique , obstinée , frêle et silencieuse , toutes deux tentant d'echapper aux tirs des villageois et des nazis...
Il garde la distance, transmet une voix juste sur l'effondrement des rêves mais aussi la volonté farouche de survivre pour transmettre ....Il reconstruit ou invente des personnages sortant de l'ombre et prenant chair ....

La construction du livre frontale et hardie ,originale et téméraire , brûlante, appuyée sur une somme documentaire et un travail de recherche importants «  Flirter le mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste » écrit l'auteur dans sa postface ..donne un ouvrage fort , doté d'une écriture brillante , troublante qui transperce, saisit , nous passionne et nous glace , «tenter dit- il encore , «  d'astiquer les consciences » ......tout ce que l'histoire néglige peut - être ....

Un premier grand roman au souffle puissant , au titre pourtant anodin!

Écrit par un journaliste dont je salue le brio .
A quand le prochain livre ?

















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Pour s'emparer du passé, les écrivains prennent parfois des libertés avec L Histoire. Ils la contournent, la personnalisent, pour combler des vides, la rendre plus épidermique ou lui donner une nouvelle vigueur. Et parfois ça marche.
Comme beaucoup ici, j'ai aimé l'angle choisi par Sébastien Spitzer pour se saisir de la chute de la femme la plus puissante du IIIe Reich, Magda Goebbels. Une biographie richement documentée a déjà été consacrée à cette femme qui de manière surprenante est passée des bras d'un sioniste affirmé à ceux d'un haut dignitaire nazi.
Mais à la différence d'Anja Klabunde, Sébastien Spitzer préfère la fiction. Et pour concentrer notre attention sur un secret que l'ambition de cette femme a tenté de dissimuler.

Pour cela, l'auteur, en véritable alchimiste du récit, a envisagé un double récit qui n'a vocation à raconter qu'une seule histoire. Il tisse des liens entre des personnages fictifs et réels. Il utilise un subterfuge pour rendre «solidaires» des personnages totalement étrangers les uns aux autres à l'heure où Magda Goebbels voit se profiler la fin du régime alors que des rescapés juifs tentent d'échapper à la folie de leurs tortionnaires qui veulent effacer toute trace de leurs atrocités.
Avec habileté, Sébastien Spitzer glisse presque sans effort de l'attente glaçante de l'une à la fébrilité des autres, les pulsations des personnages rythmant avec finesse la progression du récit. Mais là où on imaginait une course à la survie, l'auteur préfère propulser son histoire dans une quête mémorielle. Loin de traquer la trajectoire d'une femme énigmatique ou de dresser son portrait psychologique, tous les ingrédients narratifs et stylistiques sont guidés par le devoir de transmission et érigent le livre en véritable recueil commémoratif.
Malgré un léger fléchissement de la verve, ce fut une lecture passionnante car, malgré les tensions délicatement orchestrées, le ton très personnel et contemporain, Sébastien Spitzer parsème son roman de nombreuses références historiques qui donnent une authenticité profonde à chaque page.
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Bonne pioche, ce livre ! Pas loin du coup de coeur!
Et pourtant, quelle charge émotionnelle dramatique il véhicule...

Je craignais une énième histoire sur la période du nazisme. Mon enthousiasme est donc inversement proportionnel à ma saturation concernant l'époque maintes fois utilisée en littérature.
Mais, par une alchimie brillante, l'auteur m'a tenue captive par le montage romanesque impeccable et une poésie de l'écriture qui permet de tout dire et décrire.
Cette plume très personnelle dessine les lieux, façonne des ambiances et crée des images avec élégance, permettant la mise à distance des événements dramatiques.
On trouve ici le meilleur d'une production littéraire fictionnelle au service du devoir de mémoire et de l'Histoire.

Ajouté à cela le fait incontestable que Magda Goebbels possède tous les attributs d'un personnage de roman, sorte de Walkyrie ou icône désenchantée d'une idéologie nauséabonde. On reste fasciné par le récit désincarné des dernières heures crépusculaires d'une fin annoncée.

Je conseille! Voici un livre aux personnages de chair et sang, qui renouvelle le contexte de la guerre, s'appuie sur une solide documentation et ne tombe jamais dans le pathos et les clichés.

Une jolie pépite dont le titre un peu sucré ne rend pas justice à la qualité. Un premier roman prometteur d'un écrivain journaliste.

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critiques presse (2)
Actualitte
18 septembre 2017
La lecture est incandescente, à la fois déchirante et douloureuse, relate l’horreur absolue et macabre mais conserve une distance à la fois juste et très digne. Empreinte d’une humanité salutaire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
04 septembre 2017
Il y a des pères qu'on ne voudrait pas voir resurgir dans sa vie, surtout si l'on s'appelle Magda Goebbels et que ce père est juif. Pour son premier roman, Sébastien Spitzer exhume ce juif "encombrant" pour le IIIe Reich.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (141) Voir plus Ajouter une citation
Ce bâtiment est un monstre d’orgueil. Un bloc. Marbreux. Écrasant. Pensé pour réduire chacun de ses visiteurs. Pour accéder au bureau du chancelier, il faut emprunter une galerie deux fois plus longue que la galerie des Glaces, à Versailles. Son sol est en marbre poli, luisant, dépourvu du moindre tapis, de la moindre aspérité afin de rappeler aux visiteurs que tout équilibre reste instable, que le sol peut toujours se dérober sous les pieds du plus fort. Cette nouvelle chancellerie a été la grande œuvre de son bon ami Speer. Construite pour surpasser Notre-Dame de Paris, faire la nique à la belle cathédrale, et durer plus de mille ans. Elle se retrouve, désormais, sous le feu continu de la moitié des armées du monde, bien décidées à réduire en charpie le rêve de Speer et de son maître.
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Il s'approcha du micro et se mit à parler plus distinctement. Il évoqua le destin de ces ouvriers allemands ruinés par la dette et le Diktat. Il parlait de ces hommes comme s'il avait partagé leur quotidien. Son visage se rembrunit. Il s'approcha du micro et lança des questions sur l'origine de tous ces maux.
« Qui ? Qui a le droit ? Qui a imposé cela ? »
Il désignait les coupables de la crise par leur nom : le banquier Schultz, le ministre Weiss et laissait à la foule le soin de les réduire :
« Juifs !
−Le patron Köhn et le général Kinzbergersten.
−Juifs ! Juifs ! » râlaient quinze mille personnes à chaque nom en pâture.
C'était un roulement de locomotive qui crachait « Juif », comme « suif » à chaque tour de bielle, comme l'hélice d'un paquebot propulsant des milliers d'âmes à coup de pales fendant les flots : « Juifs ! Juifs ! »
Un grondement irrésistible qui grandissait le gauleiter. Il incarnait sa haine, se gonflait de cette rage bien branlée.
« Juifs ! Juifs ! »
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Mais, maman, l’oncle Adolf dit que…
— Il faut le laisser tranquille. Il est fatigué !
— … qu’on a perdu ! »
Magda pense qu’une mère doit rassurer ses petits. Les propos de sa fille sont hors-jeu. Elle rappelle que là-haut des hommes se battent pour eux, qu’ils vont bientôt sortir et que leur frère Harald, leur grand frère, va bientôt les sauver. Son fils lui manque tellement ! 
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La dernière chose que nous possédons, c'est notre histoire. Il y a deux mille ans, nous avons dû quitter notre terre, notre Jérusalem, nos temples, nos rois et nos armées. Nous avons été riches, pauvres, puissants, chassés et pourchassés. Nous avons construit des temples en bois, en pierre. Ils ont été brûlés. Nous en avons construit d'autres. Vous les avez fait fermer. Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est inaliénable. On essaiera de nous tuer, jusqu'au dernier. On essaiera de trahir, de falsifier, d'effacer... Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un homme pour lire, un écrit quelque part.
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Magda pense à son fils. Combien de médailles Harald ramènera-t-il quand la guerre sera finie ? Elle se ravise. Les médailles ne valent rien. Ces deux imbéciles peuvent bien jouer les héros, ils sont solubles comme le sucre sur cette table. Et quand vient la défaite, les héros disparaissent, au profit des héros ennemis. Magda sait qu'il n'y a pas d'Histoire. Il n'y a que des victoires et des défaites, les récits des vainqueurs et l'oubli des vaincus. Memento mori. Tout passe.
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Sébastien Spitzer vous présente son ouvrage "Léonie B." aux éditions Albin Michel.
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Comment Magda est censé apprendre la mort de son père adoptif ?

De bouche à oreilles
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