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EAN : 9782754833257
280 pages
Futuropolis (09/11/2022)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Une trilogie inédite, en un seul volume, réalisée entre 2016 et 2019 par un Carlos Giménez toujours actif et débordant de projets. Elle met en scène un dessinateur vieillissant, alter ego de l'auteur, qui s'interroge sur la mort, ce qu'il a fait et ce qu'il laissera aux générations futures.
Carlos Giménez a conquis les lecteurs avec la série Paracuellos, où il racontait son enfance dans un orphelinat sous la dictature du général Franco. En accueillant un nouv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Les choses, de même qu'elles commencent, se terminent un jour.
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Ce tome regroupe trois ouvrages de Carlos Giménez (scénario et dessin) : Chrysalide (2016), Un chant de Noël (2018), C'est aujourd'hui (2020). La première édition en français date de 2022, et la traduction a été réalisée par Hélène Dauniol-Renaud. Ces récits sont en noir & blanc. Chacun des trois récits dispose d'une préface rédigée par l'auteur. le premier s'accompagne d'un épilogue sous forme de texte consacré à Raúl, accompagné des dessins qu'il a fait de pépé Páquito.

Chrysalide, 58 pages. Pablo, bédéiste vieillissant, est assis à sa table de travail et annonce que son ami Raúl est décédé il y a quelques jours. Il devrait plutôt dire, pour reprendre l'expression précise qu'il employait, que son ami Raúl a fini de mourir. Il se souvient de l'une de leur conversation dans l'atelier de son ami. Ce dernier lui expliquait qu'on a l'idée que la mort tombe sur l'être humain. Par exemple : untel est mort mardi à 11h15. Mais ce n'est pas comme ça. À moins de passer sous un autobus ou de se faire tirer dessus, ce n'est pas comme ça. Untel a fini de mourir, mais en réalité sa mort avait commencé plusieurs années auparavant. On commence à mourir le jour où on commence à penser sérieusement à la mort, le jour où on prend conscience que la fin a commencé, qu'on est dans sa dernière ligne droite. C'est ce jour-là qu'autour de l'individu commence à se former une chrysalide. Il arrive un jour où tout autour de l'individu commence à se former une espèce de cocon, une chrysalide qui, peu à peu, couche après couche, durcit, l'emprisonne, le réduit. C'est ce jour-là que l'individu commence à mourir. Lui Raúl a commencé à mourir il y a onze ans, un 11 février pour être exact.

Un chant de Noël, une histoire de fantômes, 101 pages. Pour commencer, Raúl était mort. Pablo papote avec Páqui, sa femme de ménage. À sa question, il lui répond qu'il ne pense pas beaucoup à Raúl, normalement, de temps en temps. Ils évoquent les résultats de la loterie, puis elle lui demande où il va réveillonner pour la veillée. Il lui répond qu'il dîne toujours seul pour la veillée de Noël : il n'aime pas Noël, il n'en garde pas de bons souvenirs. Sa nièce Loli arrive pour l'inviter à venir manger chez elle avec tout le reste de la famille. Mais il refuse également. le soir-même, alors qu'il est dans sa chambre, le fantôme de Raúl lui apparaît pour le prévenir que trois autres spectres vont venir lui rendre visite.

C'est aujourd'hui, 94 pages. Pablo est chez lui, assis sur son lit en train de discuter avec un autre lui-même. le premier porte une couronne de carton sur la tête et il fait le constat à haute voix : Alors c'est aujourd'hui. Les deux Pablo commencent à papoter, à échanger des souvenirs, des anecdotes, à faire des constats sur l'état du monde, de la société, de ses habitudes.

Carlos Giménez est un bédéiste espagnol, né en 1941, ayant commencé sa carrière au tout début des années 1960. Il a acquis sa renommée avec des oeuvres autobiographiques, comme la série Paracuellos (Alfred du meilleur album au Festival d'Angoulême 1981 & Prix du patrimoine au Festival d'Angoulême 2010), et Los Profesionales. Dans les trois albums regroupés dans ce recueil, il se met en scène sous la forme d'un avatar dénommé Pablo, ce qui lui permet de raconter ses souvenirs, sans s'en tenir à une forme de vérité biographique. Dans la première histoire, il évoque son ami Raúl au travers de ses derniers jours, et de souvenirs de discussion. Dans la deuxième, il reprend le principe de Un chant de Noël (1843), de Charles Dickens (1812-1870), Pablo revisitant des moments de son passé, la réalité de son présent, et un futur possible. Dans le troisième, le titre du recueil prend tout son sens puisque Pablo vit son dernier jour en toute conscience de ce qu'il en est, en se parlant à un double fantomatique, évoquant à nouveau des souvenirs. Dans un premier temps, le lecteur peut être un peu appréhensif de la narration visuelle qui se compose à plus des deux tiers de personnages en plan taille ou en plan poitrine, souvent assis, souvent en train de papoter, et parfois en train de descendre un cocktail Cuba Libre (à base de rhum, citron vert, et cola). En plus, il s'agit essentiellement de dialogues entre hommes blancs d'un certain âge, vraisemblablement des septuagénaires. Les contours sont réalisés avec des traits un peu sec, quelques aplats de noir pour les ombres portées. Les personnages présentent de légères exagérations dans les expressions de visage, dans les coiffures, dans certaines postures. Bref, rien de folichon.

Chrysalide s'ouvre avec un texte en introduction dans lequel l'auteur regrette le manque d'expérimentations en BD, la rareté des transgressions, le fait que presque personne ne proteste contre rien, que la routine amène à gagner sa vie en faisant toujours les mêmes travaux, la nécessité de ne pas déranger l'éditeur, ni agacer le client. Ça sent un peu la personne âgée aigrie. de temps à autre, Raúl ou Pablo effectue constats ou des jugements de valeur négatifs : tout le monde ment, la décrépitude corporelle avec l'âge, la perte de pouvoirs des états face à l'économie de marché généralisée, la destruction des emplois non qualifiés par la technologie, la fossilisation des comportements de l'individu avec l'âge, la mainmise des religions prescriptrices, le sort des réfugiés traversant la mer méditerranée sur des embarcations de fortune, la fumisterie des euphémismes, l'insignifiance d'une vie humaine, le tabou à parler de sa mort. Or à la lecture, ces dialogues, ces souvenirs, ces considérations charrient une chaleur humaine, un goût de vivre, une humanité incroyables. D'un côté, le lecteur voit un vieux barbon pontifier allant parfois jusqu'à s'écouter parler ; de l'autre côté, il dévore ces paroles d'un individu humaniste avec une solide expérience de la vie dont chaque anecdote relève des petits riens de la vie pour en révéler l'infinité de saveurs.

Alors bien sûr, Carlos Gimenez a atteint son stade de maturité graphique depuis belle lurette et il ne faut pas attendre de lui qu'il innove. Alors bien sûr, un tel artiste n'a pas réussi à mener une aussi longue carrière juste sur un malentendu. Certes, il y a de nombreuses cases de Pablo en train de parler en plan taille, mais il bouge encore (il n'est pas vraiment mort), il s'emporte, il s'indigne, il va jusqu'à gesticuler parfois, exprimant ainsi son état d'esprit. En outre, la représentation des souvenirs s'accompagne souvent d'une représentation dudit passé, avec Pablo jeune homme, ou enfant, ou à un autre stade de sa vie, avec d'autres potes, des membres de sa famille, une copine. Dans ces circonstances, la prise de vue quitte le bureau de Pablo ou sa chambre à coucher pour s'aventurer dans la rue, dans d'autres intérieurs, dans une école, sur une plage, dans une chambre d'étudiant, dans un parc, etc. L'artiste représente tout ça avec une évidence et un naturel qui dénotent une longue pratique apportant une aisance donnant une impression de facilité trompeuse. S'il n'y prête pas attention, le lecteur peut même ne pas se rendre compte qu'à chaque retour dans le passé, la reconstitution de l'époque comporte des détails authentiques, directement issus de la mémoire de l'auteur. de même, il suffit d'une planche pour prouver sans doute possible la qualité de la narration visuelle : la planche 77 de Un chant de Noël, muette sans un seul mot, et reprenant la découverte du corps d'Aylan Kurdi, enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre 2015.

Quoi qu'il en soit, le lecteur oublie rapidement ses réserves sur la narration visuelle car Pablo se révèle être un homme singulièrement attachant, même sans partager toutes ses convictions. En fait, il ne raconte rien d'exceptionnel : des anecdotes sur sa vie, banales prises une à une. Elles dégagent un parfum un peu exotique car il s'agit de la vie d'un auteur espagnol de bande dessinée, peu probable que ce soit la situation du lecteur. D'un autre côté, elles brossent le portrait d'un homme ordinaire, commun, parfois médiocre, qualificatif qu'il utilise lui-même. En même temps, elles relatent l'expérience faite de la vie, l'expression d'une humanité universelle générant une empathie chez le lecteur. de temps à autre, ce dernier peut s'offusquer de se retrouver face à des certitudes défaitistes, certes construites à partir de nombreux constats faits au cours d'une vie riche de plusieurs décennies. Toutefois, il devient vite évident que ces anecdotes qui se rapportent toutes à Pablo (ou presque) parlent surtout des autres personnes qu'il a rencontrées ou côtoyées. Ces trois autofictions parlent de lui sans être nombrilistes ou égocentriques. Son évocation de la vie se fait avec la conscience explicite et exprimée de sa mort, sans rien de macabre ou de morbide. En cela, il applique le principe qu'il développe dans sa première introduction : une transgression majeure (parler de sa propre mort) et aborder des sujets personnels et d'actualité tels que certaines facettes de la société, ou l'état du monde.

En outre, Carlos Gimenez n'est pas un donneur de leçon : il exprime son opinion personnelle présentée comme telle, il expose sans fard les facettes les moins reluisantes de sa personne. Il sait mettre en lumière des aspects de la condition humaine aussi bien dans la vie de tous les jours (se baigner en été et découvrir à quel point le monde peut se passer de soi) que dans un fait divers atroce (la mort d'Aylan Kurdi et l'impuissance de l'individu à l'éviter, ainsi que l'obligation de savoir qu'on vit dans un monde qui s'accommode d'une telle tragédie), ou une tragédie meurtrière (l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015). Par ailleurs, au fil de ces trois récits, le lecteur comprend que l'auteur dispose d'une culture littéraire, sans qu'il n'ait besoin de l'étaler avec l'évocation en passant d'auteurs comme Gustavo Bécquer (1836-1870), Jack London (1876-1916), Guy de Maupassant (1850-1893), André Maurois (1885-1967), Francisco Candel (1925-2007), Charles Dickens (1812-1870), Omar Khayyam (1048-1131).

Feuilleter cette bande dessinée ne donne pas forcément envie de la lire. En revanche commencer à la lire donne une envie irrépressible de passer du temps en compagnie de Pablo / Carlos Giménez par ce moyen privilégié. La narration visuelle ne paye pas de mine, pour autant après quelques pages le lecteur ne peut pas l'imaginer sous une autre forme. Après quelques séquences, il a fait l'expérience de sa richesse sous-jacente. Au début, Pablo semble être un vieil oncle un peu casse-pied avec ses rengaines. Rapidement, il devient un homme expérimenté qu'on a envie d'écouter pour ses anecdotes sur sa vie, pour ses avis éclairants et tolérants. Lui-même dit qu'il est devenu l'homme âgé qu'adolescent ou jeune homme il considérait comme un fossile, un être humain dont le corps a commencé à dépérir, tout le contraire de l‘appétit de vie. le lecteur n'entretient aucun doute sur l'inéluctabilité de la fin de l'ouvrage, et c'est pourtant une vraie tristesse qui l'étreint. Formidable.
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critiques presse (1)
BDGest
16 janvier 2023
Dès la première case, le récit annonce la couleur. Raùl, le meilleur ami du personnage principal, vient de mourir. Ce n'est pas tout à fait exact. Il vient de finir de mourir.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Ce sont des réfugiés. Ils sont venus jusqu’ici pour fuir la guerre, la persécution, l’injustice, le fanatisme, la mort… Des milliers et des milliers, plusieurs centaines de milliers de personnes, toutes avec leurs peurs, toutes avec leurs tragédies… Toutes perdues dans le néant, sans avenir. Sans pouvoir aller nulle part parce que personne n’en veut. Regarde cette famille : l’enfant est brûlant de fièvre, il est en train de mourir. Il fait une hémorragie cérébrale. Regarde son père qui cherche désespérément un médecin. Il y a la Croix Rouge et quelques autres ONG bénévoles. Mais elles n’y arrivent pas, elles sont débordées, elles n’ont pas assez de moyens. Et, comme tu vois, ils meurent peu à peu. De froid, de maladie, de faim, d’épuisement, de déception. Ils meurent en pleine Europe, pendant que l’Europe détourne le regard. Et les gouvernements de ces pays, nos gouvernements, ne font rien ? Si, ils montent des clôtures de fil barbelé pour les maintenir loin de leurs villes modernes, de leurs rues propres, de leur vie bien confortable.
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Je veux rester seul. […] Ces derniers temps, chaque fois que je suis sorti, je l’ai regretté. J’aime bien être seul : je dessine, j’écris, j’écoute la radio. J’écoute de la musique. Je dessine surtout. J’ai plein de travail. J’ai pris l’habitude d’être seul. Au début, c’était dur. Maintenant, c’est l’inverse qui est insupportable. Je ne suis pas de bonne compagnie. Je finis toujours par me disputer avec quelqu’un, par regretter quelque chose que j’ai dit ou quelque chose que je n’ai pas dit. Je préfère rester seul.
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Dans ce monde de la BD où l’on fait si peu d’expérimentations, où les transgressions sont si rares, où les auteurs ne donnent pratiquement jamais leur avis sur les choses importantes, où presque personne ne proteste contre rien, où la routine nous amène à devoir gagner notre vie en accomplissant toujours, ou presque toujours, les mêmes travaux, où nous autres professionnels finissons par peu à peu par croupir, mais sans hausser le ton pour ne pas déranger l’éditeur ni agacer le client, rencontrer tout à coup l’oncle Pablo, un personnage de papier racontant une histoire curieuse avec un montage narratif insolite et nous parlant comme à des lecteurs authentiquement adultes, sans crainte de scandaliser ou de manquer de respect aux clients… Eh bien, que voulez-vous que je vous dise ? Je pense que pour une fois, et sans que ça serve de précédent, nous devrions l’accepter.
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Je ne comprendrais jamais la bêtise des gens qui pensent que leur religion est la vraie. Tu as la religion du lieu où tu es né. Si tu es né en Espagne, tu es catholique. Si tu es né au Maroc qui se trouve à 17 kilomètres, tu es musulman. Et si tu es né en Chine, tu es bouddhiste. Ces gens qui assassinent au nom de leur religion sont la preuve la plus tangible de la stupidité, de l’inculture et de l’aveuglement humain. Et dans ce sac, je mets aussi bien les sadiques inquisiteurs catholiques du passé, que les talibans décérébrés du présent. Si tous les gens riaient, baisaient et lisaient un peu plus, on se battrait un peu moins.
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À la question Vous êtes féministe ? – Je suis partisan de l’égalité entre les hommes et les femmes : droits égaux et obligation égales ; entre hommes et femmes, entre Blancs et Noirs, entre musulmans et chrétiens… Et je pense que les postes ou les emplois de pouvoir doivent être occupés par le plus préparé, que ce soit un homme ou une femme. Je ne comprends pas cette histoire de discrimination positive, une quantité égale d’hommes et de femmes par obligation, une quantité égale d’intelligents et d’idiots. Pourquoi pas que des hommes ? À formation égale - si elle existe, comme elle le devrait - opportunité égale. C’est le talent d’une personne, et non son genre, qui fait sa valeur. Et par ailleurs, je n’ai jamais aimé le fait d’apposer mon non à certains mots pour en camoufler la signification, pour qu’ils paraissent acceptables alors qu’ils ne le sont pas. Dictature du prolétariat, par exemple, ou discrimination positive, démocratie organique… Non à la dictature, qu’elle soit du prolétariat ou du bon Dieu, non à la discrimination, ni féministe ni machiste, et oui à la Démocratie, tout simplement, avec un grand D, avec son Suffrage Universel, ses Droits de l’Homme et ses Libertés Garanties.
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Videos de Carlos Gimenez (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Gimenez
Les agences dédiées à la production et à la distribution de BD ont géré une part importante des oeuvres produites par des auteurs espagnols dans la seconde moitié du XXe siècle. Elles ont employé un grand nombre de dessinateurs ibériques, dont certains ont acquis une grande notoriété (Francisco Ibáñez, Antonio Hernandez Palacios, Víctor de la Fuente, Carlos Giménez, etc.), et on diffusé leur production dans les titres de la presse espagnole, mais également en Amérique du Sud et en Europe. Carlos de Gregorio revient d'abord sur l'histoire de ces agences, qui trouve son origine aux États-Unis, où on les appelait les « syndicates ». Il évoque Opera Mundi et l'agence belge A.L.I., qui firent travailler les auteurs espagnols, puis s'attarde sur les nombreuses agences espagnoles. Il revient bien entendu sur la figure de Josep Toutain et la fameuse S.I., mais également sur l'agence Creaciones Editoriales (Bruguera). La trajectoire de ces agences espagnoles croise celle des petits formats en France, mais aussi des éditeurs de bande dessinée italiens, allemands, scandinaves et anglais atteignant même le Japon.
Cette intervention de Carlos de Gregorio a eu lieu dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole du 13 SoBD. Organisation Félix Lopès. Interprétation David Rousseau.
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