« Ce sont les Blancs qui ont écrit l'histoire de ces conflits et de tous ceux qui résultèrent de la rencontre des deux races. Faut-il préciser que cette histoire, au fil des ans, a été soigneusement déformée afin de justifier l'invasion et la soumission de la population indigène ? (p. 41)
James Welch est un Amérindien Blackfeet né dans le Montana en 1940. En 1974, il commence à s'intéresser de près à l'histoire des Indiens. Jusque là, il ne les connaissait qu'à travers les westerns qu'il avait vus au cinéma. Il dépouille les archives, recueille les souvenirs des Anciens, les calendriers constitués de dessins des événements les plus importants de l'année, lit les rapports de balistique et d'archéologie récents. Puis, il se met à écrire pour restituer une perspective détournée au profit des nouveaux occupants.
Le sujet de ce livre est le combat mené par les Sioux Lakotas, les Cheyennes et les Arapahos des Grandes plaines contre les incursions massives des Blancs. Particulièrement depuis que de l'or fut découvert en 1874 dans les Black Hills, leurs montagnes sacrées.
En 1851, le traité de Fort Laramie fixe les limites des territoires de diverses tribus des Grandes Plaines qui vivent essentiellement de la chasse au bison et de la cueillette. Les Indiens acceptent que des routes soient tracées et des forts construits contre une promesse de protection des Blancs et un forfait annuel de 50 000 dollars pendant 50 ans.
Très vite, les limites ne sont pas respectées par les colons. Manquant d'effectifs militaires durant la guerre de Sécession, le gouvernement US n'a pas assuré la protection des Indiens et leur seule issue fut de se battre contre les prédateurs.
En 1865, après la bataille sanglante de Sand Creek, le gouvernement négocie un traité avec les Indiens « amis », ceux qui acceptent de se rendre dans les réserves. Sitting Bull, Crazy Horse et plusieurs autres grands chefs deviennent les « hostiles » car ils veulent rester libres. L'épisode des guerres indiennes commence en 1866 et se terminera par le carnage de Wounded Knee en 1890.
La guerre civile terminée, l'armée dispose d'effectifs importants pour exterminer les Indiens qui sont systématiquement spoliés de leurs terres et assassinés à gogo. Les horreurs ne sont pas différentes des autres guerres, elles sont valorisées autrement. Les Blancs conduits par leur « Destinée Manifeste » voulue par Dieu affrontent des sauvages nus, rouges, incultes et cruels qu'ils ont pour mission de « civiliser ».
En 1874, de l'or est découvert dans les Black Hills et aucune loi ne peut plus juguler la cupidité des hommes d'autant qu'une crise économique mondiale les poussent vers d'autres horizons..
Tous les traités et conférences de paix sont bafoués et après de nombreux massacres de villages indiens, Sitting Bull et Crazy Horse décident d'unir leurs forces. Les batailles sont incessantes, la pression territoriale des colons s'accentue, les bisons sont massacrés, les camps d'hiver sont démolis, la famine et les maladies déciment un grand nombre d'Indiens.
Le 17 juin 1876, le général Crook doit rebrousser chemin lors de la bataille de Rosebud. Quelques jours plus tard, le lieutenant-colonel George Armstrong Custer et son 7e de Cavalerie découvrent l'immense campement des Sioux et Cheyennes qui s'étend sur plus de 5 km le long de la Little Bighorn. le pourfendeur d'Indiens est tué avec tous ses hommes le 25 juin et devient un mythe aux yeux des Américains.
Après cet affront à la puissante armée américaine, les campagnes s'intensifient, les déportations s'aggravent dans des conditions épouvantables. Plus question pour le gouvernement américain de négocier un quelconque achat des Black Hills, il se les approprie. Crazy Horse et Sitting Bull, poursuivis sans cesse par l'armée, décident de suivre des voies différentes. Sitting Bull séjourne pendant quatre ans au Canada.
En mai 1877, lors de La-Lune-Où-Les-Chevaux-Changent-De-Robe, Crazy Horse, avec ses 1 100 Oglalas et Cheyennes, affamés, à bout de force et en loques, se rend à la réserve de Red Cloud. La reddition est la condition de sa survie. En septembre 1877, lors de La-Lune-Du-Veau-Noir, le grand chef est assassiné suite à des rumeurs répandues par Red Cloud qui craint de perdre son statut de chef de réserve.
En 1881, Sitting Bull revient aux Etats-Unis où il est gardé prisonnier pendant deux ans. Il revendique cependant que n'ayant jamais signé de traité avec les Blancs, il n'en a jamais violé. Son aura de crainte et de courage concourt à un succès de foule. Il est autorisé à s'installer à Standing Rock, en face de l'endroit où il est né. En 1885, il part en tournée avec le grand spectacle de Buffalo Bill « Wild West Show » mais en revient cruellement déçu.
En décembre 1890, quelques jours avant le massacre de Wounded Knee, il est tué par des policiers indiens qui craignent une révolte lors du rite annuel de la danse des Esprits.
Le portrait du lieutenant-colonel Custer est dépeint non selon le mythe de héros et martyr mais selon la réalité. de l'armée d'abord, car il fut mis aux arrêts à plusieurs reprises pour insubordination et perdit même sa solde et son commandement pendant plusieurs mois. Par ses hommes ensuite qui l'affublaient de sobriquets comme « Bouclettes », « Tête Jaune », « Fesse en fer », « Ecuyer de cirque ». Soutenu par les généraux Sheridan et Sherman, il fut réhabilité par le président Ulysses S. Grant à la tête du 7e de Cavalerie qui caracolait sur des chevaux blancs au son du « Garry Owen », hymne irlandais choisi par Custer pour son régiment
A Little Bighorn, il a négligé les rapports de ses éclaireurs et a manqué de stratégie. Même s'il reste beaucoup de controverses par rapport à cette bataille, on sait par des carnets, des lettres, des documents que la poussière et le chaos régnaient en maîtres. Des exhumations récentes ont permis de détecter que des soldats, pris de panique, se sont suicidés ou entretués.
Aujourd'hui, Custer est désigné comme l'exemple à ne pas suivre.
Récit majeur pour rétablir une vérité historique, celle d'hommes libres sur leurs terres ancestrales.