Seulement 120 pages pour ce roman d'
Ana Paula Maia, et pourtant ce sont 120 pages d'une force incroyable.
Charbon animal met en scène trois hommes vivant dans une ville fictive au Brésil, Abalurdes. Ernesto Wesley est pompier et déteste scier en deux le fer. « Je suis devenu pompier parce que j'avais le courage d'aller là où personne ne voulait » dit-il page 50. Il vit avec son frère Ronivron, qui travaille quant à lui dans un crématorium : « Ronivron croit que l'homme doit retourner à la poussière, car c'est de la poussière qu'il est né. Il n'approuve pas la crémation. » Enfin, Edgar Wilson quant à lui est mineur et « le jour où il quittera ce travail, il s'est promis de contempler le ciel tout le temps qu'il lui sera possible. » (p.64). Pour parler de ces hommes,
Ana Paula Maiaa choisi de parler de leur travail, de la façon dont il les définit et les écrase.
L'intrigue de
Charbon animal est totalement centrée sur ces trois personnages et leur quotidien. Pas besoin d'élément perturbateur dramatique ici, leur quotidien en est déjà largement parsemé et est assez riche pour donner de la matière et du relief au roman. Et si l'histoire d'
Ana Paula Maiaest une des plus saisissantes que j'ai lu récemment, bizarrement je ne me l'explique pas. Ce qui pourrait être terriblement ennuyant chez quelqu'un d'autre est passionnant chez elle ; j'adore ses personnages, qu'on pourrait penser passifs et victimes de leur vie mais qui sont en fait terriblement vivants ; j'adore leurs histoires qu'on découvre petit à petit, la force et l'énorme sensibilité qu'il y a en chacun d'eux et la façon dont ils font face aux épreuves (atroces) qui les attendent. En construisant ce roman autour de la symbolique du feu,
Ana Paula Maiaa su créer des personnages intéressants, attachants et inoubliables. Un roman inattendu, avec du caractère et une sensibilité incroyables et qui m'a fait passer un excellent moment. Une vraie claque, même.
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