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EAN : 9782843376214
150 pages
Anne Carrière (01/08/2011)
3.18/5   14 notes
Résumé :
Chili, 1980. Dans la réserve de Huara, les journées passent et se ressemblent. C’est là que Carlos, lieutenant de police, a été affecté. Il trompe son ennui en consignant ses journées par écrit et livre ses pensées et ses inquiétudes sur l’état mental de sa femme. Car à la différence de son mari, Rocio voit et entend ce qui se passe, ressent la douleur, celle du peuple et la sienne.
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Comment exorciser un passé que l'on n'a pas vécu ? Comment parler d'une dictature militaire quand on ne l'a connu que par des bribes de conversation, « des récits embrouillés, des narrations invraisemblables, des digressions interminables » ? Comment appréhender 17 années de régime (de 1973 à 1990) dans le Chili de Pinochet, quand la génération à laquelle on appartient n'a perçu de la dictature que ce qu'elle en a entendu ?

Felipe Becerra Calderòn est un jeune écrivain chilien de 27 ans. Il a cinq ans lorsque le Chili retrouve sa démocratie en 1990. Trop jeune pour se souvenir des tortures, des châtiments infligés, des camps d'emprisonnement, des corps sans sépultures, des immenses charniers dissimulés dans les terres arides du nord du Chili.
Mais si sa génération n'a pas « expérimenté » les horreurs de la répression militaire, la force des récits a laissé son empreinte dans les coeurs des jeunes gens nés avec la démocratie, des impressions recueillies par l'écoute, par l'audition, par tout ce qui s'est fait entendre comme témoignages, confidences, secrets, déclarations et aveux divulgués par les victimes ou par les bourreaux. Ces jeunes gens, comme Felipe Becerra Calderòn, sont « entrés dans l'Histoire par ouïe-dire ».

Avec « Chiens Féraux », l'auteur s'est laissé entraîner par toutes ces voix déformées du passé lui narrant l'histoire récente de son pays, il s'est laissé porter par « des rythmes étranges, des frémissements, des bruissements». Au lieu de donner la description effective des horreurs du régime – les répressions, les persécutions, la barbarie – il en a « désamorcé la représentation ». Son évocation est d'autant plus puissante qu'elle se fait de façon indirecte, en prenant la forme troublée d'un mirage gorgé de voix effrayantes.

Nous sommes en 1980 dans le Nord du Chili, un désert de roches et de poussière sous un soleil impitoyable.
Dans ce lieu de déréliction, le brigadier Carlos Molina a été affecté à la garde d'une réserve, vide et abandonnée. Si sa mission est de consigner jour après jour les activités de la réserve, il ne peut que se rendre compte qu'ici, au seuil de nulle part, rien ne se passe jamais. Aussi, pour pallier à l'isolement et à l'ennui journaliers, s'attelle-t-il à décrire sa solitude, ses doutes, ses interrogations sur une forme étrange qui se déploie à l'horizon et semble se diriger vers lui, ainsi que ses inquiétudes quant à la santé mentale de Rociò, sa femme, une ancienne étudiante en médecine traumatisée par un événement passé.
Car l'épouvante règne à l'intérieur de Rocìo. Son esprit est contaminé par des rêves étranges, des visions terrifiantes, par des voix qu'elle a procréées et dont elle est la mère, des voix ténues mais démoniaques qui la harcèlent, la rongent, la grignotent comme de petits diables souffreteux et voraces.
Ces petites voix venues du plus loin de sa conscience, qui chuintent et qui chuchotent, qui pleurnichent, qui geignent ,qui mordillent, lacèrent, déchiquettent de leurs petites dents acérés d'enfants imaginaires ; ces petites voix d'enfants qui égratignent la conscience jusqu'à l'obsession, jusqu'au délire, jusqu'à la folie ; ces petites voix tourmentées sont celles de la culpabilité, de la résignation, de la soumission, des crimes des oppresseurs, des bourreaux du Chili, ce sont celles des corps suppliciés, torturés, avilis, celles des charniers, des cadavres laissés sans sépulture aux abords du désert, celles de tout un peuple martyrisé par des années d'oppression.
Dans ce désert de poussière où la solitude est aussi implacable que le soleil de plomb, dans cette étendue de roches noires et de sable gris, dans l'incandescence métallique des collines de sel, dans cette aridité qui joue avec les visions et les nerfs, Carlos et Rociò se laissent peu à peu ensevelir par leurs ombres intérieures, taraudés par des questions obsédantes : que sont ces chiens redevenus sauvages, ces chiens féraux rôdant la nuit aux abords du village? Et quelle est cette tache brune à l'horizon qui s'amplifie et se transforme, chaque jour se faisant plus menaçante ?

Le lecteur qui entrera dans ce roman étrange et hypnotique, y pénètrera comme soumis à l'effet d'un puissant narcotique.
Le jeu des couleurs, criardes ou sombres, chatoyantes ou mates ; les formes mouvantes, changeantes et floues, qui se transforment, s'allongent et se rétrécissent ; le bourdonnement des voix enfantines, chuchotis malfaisants et continus, donnent un côté psychédélique à ce roman insolite, où la polyphonie des voix se mêle à celle d'une écriture offrant plusieurs formes narratives.
On baigne dans un onirisme à la poésie noire par lequel le jeune auteur chilien noie « l'histoire dans une vague d'hallucinations et fait affleurer une forme de salut dans la schizophrénie de la langue ».
Sorte de longue errance, le roman, récompensé par le Prix Roberto Bolaño lors de sa parution au Chili en 2006, devient « la divagation embrouillée d'un enfant un peu pervers, un chuchotement à peine audible sous un silence terrassant. Un gazouillis que quelqu'un croit entendre entre la poussière et le vent. »
« le roman est ce doute : en pleine nuit, un mirage de l'ouïe. »
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Felipe Becerra Calderón est né à Viña del Mar au Chili en 1985. Avec son premier roman, "Chiens féraux", il obtient en 2006, le premier prix du concours Roberto Bolaño dans la catégorie roman. La même année, il se voit attribuer le Premier Prix dans la catégorie Conte du même concours. Les maisons d'édition chiliennes refusent toutes son manuscrit. "Chiens féraux" est finalement publié en 2008 par la maison d'édition Zignos, de Lima, au Pérou. En 2009, le roman est traduit en anglais et, la même année, la revue The Radgeworks (Edimbourg) présente et publie quelques chapitres de sa traduction. Aujourd'hui, Felipe Becerra fait partie de la Faunita, groupement littéraire grâce auquel il imprime ses propres livres. Felipe Becerra écrit actuellement son second roman, "Ñache". Il s'agira également - comme "Chiens Féraux" - d'un roman hallucinant. Selon le quotidien national chilien La Tercera, Felipe Becerra est l'une des promesses de la scène littéraire du Chili.

Nous sommes en 1980, au Nord du Chili, sous la dictature de Pinochet. Les terres arides du désert d'Atacama servent de décors. Rocio, ancienne étudiante en médecine, a suivi son mari, Carlos, lieutenant de police, en pleine réserve de Huara : il n'y a rien à faire et beaucoup à méditer car la dictature a ensemencé le désert de fosses communes innombrables et instillé la terreur et la folie chez la plupart des survivants, qu'ils soient victimes ou bourreaux. Rocio s'enfonce dans sa folie : elle rêvait de prodiguer des soins et d'apporter un peu de bonheur aux malades et aux blessés, mais elle a dû obéir aux ordres et tourmenter femmes, enfants et hommes qui lui passaient entre les mains. Ils ont comme beaucoup fini dans les cuves et le formol, dans un sous-sol ou dans un charnier, abandonnés ! Rocio est en train de retourner à l'état sauvage, comme un "bagual". Elle est oppressée par ces voix d'enfants qui l'habitent, comme un remords dont elle aimerait se débarrasser. Ces voix, ce sont les voix déformées du passé : elles lui reprochent les horreurs du régime, les répressions, les tortures et les fosses où gisaient blessés et mourants. Rocio délire et refuse (page 115) sa maternité, imprévue, inopposable dans ce monde de brutes sanguinaires.

Roman étrange, déroutant, hallucinant, psychédélique, plein de couleurs et de formes bizarres, "Chiens féraux" livre au lecteur un texte aux phrases courtes et violentes, oscillant entre le réel et le cauchemar. J'ai été perturbé à la lecture de ce livre qui met d'entrée de jeu le lecteur très mal à l'aise. Felipe Becerra ne s'attaque pas, ne critique pas la dictature de Pinochet, dictature qu'il n'a pas connue (il avait 5 ans quand le Chili a découvert la démocratie). Felipe Becerra tente avec "Chiens Féraux" d'exorciser un passé qu'il n'a pas vécu mais qui lui a complètement absorbé sa propre enfance : Felipe Becerra est entré dans l'histoire par ouï-dire. Sa petite enfance n'a été qu'un univers de sons et d'images incompréhensibles pour lui (les adultes autour de lui causaient inlassablement de disparus et de suppliciés du régime dictatorial), un brouillard permanent qui le réduisait à n'être qu'une quantité négligeable. Il se devait de reprendre le dessus. Il réussit avec "Chiens Féraux" à mêler un récit réel ou imaginaire de faits, une réflexion relative à ces faits, du rêve, de l'introspection et le regard des autres sur ces faits, le tout dans un ballet surréaliste, onirique et sanguinolent. du Grand Guignol ? Felipe Becerra s'est laissé guidé par sa propre voix, "une voix infantile un peu comme celle d'un enfant de choeur". Il devait parler car (page 151), c'est le silence qui fait le plus mal. Et ces voix, ce sont un peu (page 40) les âmes des disparus.

Mais quel but poursuivait Felipe Becerra ? A défaut de dénoncer le régime et les atrocités de Pinochet, n'a-t-il pas participé à la banalisation du mal commis par ce régime ? Par la banalité de l'homme qu'il décrit, Felipe Becerra souligne la banalité même des actes commis, une banalité toute politique. Ici, le mal est avant tout celui que l'on fait à l'autre. Ça n'est pas un manquement à la morale. Il s'agit d'une action prise en plein espace public. Et la banalité du mal ne réduit pas le mal à un simple détail. Alors, peut-on juger ces crimes insupportables alors même que les criminels étaient des gens ordinaires, des gens d'une banalité confondante, que le régime avait réussit à instrumentaliser ? Felipe Becerra nous montre que le mal n'était pas une violation de la loi, mais au contraire, une obéissance à la loi : il y avait inversion des notions de Bien et de Mal. Alors, comment juger les brutes qui les ont commis ? Il eut été plus réconfortant de croire que les tortionnaires Chiliens étaient des monstres. Et pourtant beaucoup d'entre eux étaient effroyablement normaux. Au-delà du Bien et du Mal, "Chiens Féraux" pose aussi la possibilité de l'inhumain en chacun d'entre nous.

Un livre difficile d'où Dieu et la Vierge sont absents, un texte où les têtes explosent comme une "pinata" sur laquelle on donnerait un violent coup de bâton (page 46), des lignes comme des sentiers parcourus par des meutes de chiens déchirant des sacs poubelle, à la recherche de la moindre nourriture, mais une belle expérience de lecture !
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Felipe Calderón avait à peine cinq ans lorsque le Chili a renoué avec la démocratie. Il n'a connu la dictature de Pinochet que dans la voix étranglée de ses aînés. Une voix confuse et meurtrie. Il eut été plus simple de l'oublier, d'ignorer les fantômes de ce passé d'horreurs et de turpitudes. Il a choisi une voie contraire, celle d'un souvenir recomposé au milieu des corps décomposés. Il n'en ressort pas indemne. On dit parfois que les névroses et les souffrances sautent les générations, qu'elles expliquent les comportements étranges de ceux qui ont eu le malheur d'en hériter. Calderón, lui, les accueille et les démagnétise par le truchement de la littérature, sous hypnose et licence poétique. Il en ressort un récit halluciné et fantastique, fait d'enfants désirés, de reptiles, de momies, de brumes et de chiens semblables aux cerbères gardant l'entrée d'un enfer qu'il convient d'ignorer, pour ne pas perdre la raison. Roció, l'épouse du brigadier, n'y parviendra pas, prisonnière d'incessants cauchemars. Elle devient la naufragée volontaire de sa démence. Comme les chiens féraux, elle retourne à l'état sauvage, s'éloigne d'un monde devenu hostile, prête à mordre la main de ces hommes dits « civilisés », mais devenus bourreaux. Voici un extrait : « Ils avancèrent précautionneusement sur la route en terre pendant que, dehors, les chiens les regardaient avec un calme absolu, comme si rien n'avait plus d'importance à leurs yeux, comme s'ils revenaient d'une bataille improbable, où la victoire était l'égale de la défaite et la défaite toujours une solitude, un oubli, un abîme infini de silence ». Calderón n'épargne rien ni personne, fait aussi le procès d'une Église complice dans des pages terribles (chapitre XX) où le Christ devient un monstre mythologique. Un livre beau et difficile qui m'a tant rappelé le film « Valse avec Bachir » pour ses meutes de chiens errants et cette impossibilité à concevoir, à moins de tutoyer la folie, l'exécution du crime de masse.
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Ce sera tout l'un ou tout l'autre : ou ce roman vous accrochera ou il vous tombera des mains ! Un roman qui alterne des débuts de chapitres classiques, qui racontent des faits avérés -du moins le pense-t-on- avec des fins délirantes, surréalistes. Certains autres chapitres, ceux dans lesquels les voix d'enfants s'expriment sont totalement irrationels, barrés. Ce qui fait dire à l'éditeur que nous avons affaire à "un texte dense, où la langue se fait schyzophrène." (4ème de couverture) J'acquiesce, j'applaudis et j'opine -tout cela en même temps ? Bien sûr, tout mâle que je suis, je sais faire plusieurs choses simultanément- et je reprends donc au crédit de mon article cette définition qui colle bien à ce livre.

L'histoire va assez vite malgré le paysage désertique, la lenteur des gestes et l'inactivité des personnages. Les phrases courtes, voire très courtes imposent une lecture saccadée et rapide -enfin, pour moi au moins ! Et puis, si Carlos et Rocio ne sont pas très actifs, les enfants imaginaires eux le sont, il s'agitent pour s'inscrire de manière indélébile dans la tête de leur maman
Néanmoins, grâce à une écriture extrêmement simple et accessible (à condition de se laisser porter par les délires des uns et des autres), la lecture n'est pas pesante. Elle n'est pas banale. Elle marque et ne laisse pas insensible ni indifférent. A plusieurs moments, j'ai fait un parallèle avec une lecture ancienne : le bal des vipères de H. Castellanos Moya (écrivain salvadorien), un livre lu il y a 3 ans et qui me reste encore en mémoire assez fortement. Mais contrairement au livre salvadorien -désolé pour la concision de l'article que je lui ai consacré, c'était au tout début de mon blog, j'étais encore jeune et peu disert-, il n'y a dans Chiens féraux aucune critique ou métaphore de la dictature. L'auteur s'en explique dans un avant-propos instructif et intéressant qui le place lui, écrivain né au Chili à peine 5 ans avant la fin de Pinochet, comme un "critique auditeur", imprégné de l'histoire de ses parents et grands parents, mais qui n'a pas vécu cette période. Il qualifie son ouvrage de "longue errance, la divagation embrouillée d'un enfant un peu fou [...] Un babillage d'enfant, un gazouillis que quelqu'un croit entendre entre la poussière et le vent." (p.14/15)

Un autre roman de cette rentrée littéraire ! Puissant et original.
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Un livre que j ai complétement " raté" la première fois en 2000, et que j ai repris, intrigué de ne pas en avoir un souvenir clair.
C est en fait un petit bijou de maîtrise dans un univers étrange et pour le moins malsain. Plusieurs voix viennent s intercaler au fil du récit, un langage sans fioritures souvent, pour raconter ce rêve/cauchemar sans point de repère.
Comme je l ai dit, un texte ciselé qui atteint son but déranger le lecteur tout en me gardant sous sa plume, jusqu'au terme de cette histoire où se côtoient le pouvoir des rêves et des cauchemars.
Un petit bémol pour la fin, à mon humble avis.
Mais le style l histoire et la construction du livre vous emmènent dans des contrées pour moi jusqu'alors inconnues.
Une très belle (re) découverte.
Lauréat du prix Roberto Bolano en 2006.
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critiques presse (1)
LeFigaro
23 septembre 2011
Entre un délire à la William Burroughs (Le Festin nu) et le grotesque fascinant d'un Jean-Pierre Martinet (La Somnolence ), Felipe Calderon a trouvé sa place : poète du mal, de l'indicible.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
page 42
[...] Une scène effroyable, vraiment. Six cuves peu profondes mais énormes couvraient toute la surface de la pièce. Et, dans ces cuves, flottait tout ce que vous pouvez imaginer : des morceaux de corps humains naviguaient tels des bateaux noirs en papier, mais aussi de petits cadavres intacts, auxquels les étudiants de médecine ne s'étaient pas encore attaqués, des morts qui pensaient, les amis, qui pensaient en contemplant par-delà le plafond, par-delà les nuages et l'espace. Nous n'étions pas encore éclos que déjà, dans le ventre, nous pressentions la frayeur terrible de la scène. Ce ne fut pas le cas des étudiants. Eux se frayaient un chemin à la recherche de leurs têtes entaillées. On aurait dit des rats. Il fallait voir l'acharnement avec lequel ils fouillaient les cuves. Tandis que l'un d'eux reconnut les travaux qu'ils avaient égarés, d'autres insultaient déjà leur pauvre mère pour savoir lequel plongerait dans les cuves afin d'y récupérer les cervelles. Rocio était au bord de la crise de nerfs, elle aurait voulu prendre la sienne et partir aussitôt. Nous, au contraire, nous aurions voulu déjà être là, pour que la fête commence enfin, une vraie chienlit. [...] Quelqu'un sortit un appareil photo et immortalisa les étudiants qui exécutaient des figures lubriques avec les têtes sur fonds de cadavres, découvrant leurs dents pointues lorsqu'ils s'esclaffaient. [...] Alors maman sourit et, là, notre cœur est brisé car il nous a semblé que ce sourire nous était adressé. [...]
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Ils avancèrent précautionneusement sur la route en terre pendant que, dehors, les chiens les regardaient avec un calme absolu, comme si rien n’avait plus d’importance à leurs yeux, comme s’ils revenaient d’une bataille improbable, où la victoire était l’égale de la défaite et la défaite toujours une solitude, un oubli, un abîme infini de silence.
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On ne peut pas continuer comme ça, maman, on ne peut pas. Il fait si froid, ici, dans l'ombre, dans ce tourbillon noir. Et ce sifflement persistant, comme une douleur, maman chérie. Laisse-nous leur raconter ton histoire, laisse-nous nous délivrer de tout ce fardeau, s'il te plait, on ne fera de mal à personne. (p.17)
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Le monde de maman ressemble à une farce étrange, n'est-ce pas ? Mais à une farce faite aussi de douleur et de folie, et d'une peur insupportable. Dans ce qui suit, par exemple, il n'y a pas un poil de rigolade. On vous aura prévenus. Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. (p.24)
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L’image du lézard s’est embrumée de tout ce formol qui s’amoncelle dans ses yeux. Alors nous domptons le reptile dans la glaciale froideur de se tripes et nous la regardons, d’un regard haineux, puis nous éructons un cri terrifiant qui lui fait mal comme la blessure par balle d’un ange.
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