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EAN : 9782356392718
304 pages
Elytis (18/04/2019)
4.75/5   4 notes
Résumé :
"Des touristes venus passer 15 jours au Japon m'ont dit avoir été enchanté par la gentillesse nationale et la serviabilité des Japonais ; mais beaucoup se posaient la question de savoir si la gentillesse légendaire des Japonais était innée ou si elle était le produit d'une programmation...
Je suis la première à apprécier tout ce qui rend la vie si plaisante au Japon : le sens du travail bien fait, le désir de faire toujours mieux, et je ne parle pas de la séc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dernier ouvrage rédigé et paru de la sociologue française Muriel Jolivet, Chroniques d'un Japon ordinaire : à la découverte de la société japonaise est une mine de connaissances et d'anecdotes inépuisables. L'auteure vit dans l'archipel depuis une quarantaine d'années et a enseigné à l'université Ste Sophie de Tokyo pendant 34 ans, établissement dont elle reste professeure émérite.

La matière de son ouvrage se base donc à la fois sur les recherches les plus actuelles d'éminents spécialistes nippons et sur ses propres vécu et expériences. Ayant déjà lu d'elle plusieurs de ses précédentes études sur la société japonaise, ce dernier livre permet de mesurer des évolutions parfois surprenantes.

Ici elle traite de différents thèmes tels que le mariage, la famille, la jeunesse, les personnes âgées, la spiritualité, la mort, etc, avec une approche à la fois très objective en tant que spécialiste en sciences humaines et subjective en rapportant des témoignages d'elle-même ou de proches, en commentant avec émotion ou cocasseries certains faits ou paroles d'intervenants.

De l'ensemble ressort néanmoins un sentiment de malaise dans la société nipponne. Muriel Jolivet met ainsi en exergue le manque cruel de communication qui va croissant dans les familles, la tendance prégnante de considérer comme "mendokusei" (casse-pied, contraignant, qui prend trop de temps pour pas grand chose) le fait de chercher un(e) petit(e) ami(e), d'être amoureux, la situation de plus en plus difficile des personnes âgées (de plus en plus nombreuses) qui vivent (et meurent) souvent seules du fait de l'éclatement des familles, etc. Certains exemples apportés par la sociologue sont émouvants, d'autres choquants (ainsi les hommes en retraite sont-ils surnommés parfois "meubles encombrants" ou "déchets industriels" par des épouses qui préféreraient les voir mourir afin de bénéficier de leur pension et assurance-vie pour mener sa vie toute seule ou entre amie).

En tout cas, voilà un ouvrage qui ne laisse pas indifférent, qui offre une vision sinon exhaustive du moins la plus large possible de la société et des faits sociétaux de l'archipel des années 2010. Les nombreuses références statistiques indiquées permettent de suivre les évolutions et changements dans le temps. Je me rends compte, en lisant ces Chroniques, ainsi que d'autres livres sur ce pays, combien mentalités et façons d'être et de penser du plus occidental des États asiatiques divergent souvent de celles d'Europe. Ce que résume l'auteure sur la quatrième de couverture en expliquant que "sous forme de mosaïques, [elle] aime observer et fouiller tout ce qui répond à une logique autre." L'éditeur ajoutant que "de fait, ces chroniques immergent le lecteur dans un continent autre, là où logique et culture occidentale sont desorientées". Sensations parfois perturbantes ou dérangeantes mais qui ouvrent l'esprit à l'altérité abordée dans le but d'apprendre et d'essayer de comprendre, et non de (mé)juger.

Pari réussi avec les ouvrages de Mme Jolivet que je trouve instructif, passionnant à lire et donnant l'occasion de découvrir des personnes hors du commun comme ce médecin mort à 106 ans, en retraite à 75 ans mais qui travailla bénévolement 18 heures par jour jusqu'à 105 ans. Ou cette bonzesse de 96 ans, admirable de vie et d'humanité, sur les fronts de ses combats, en fauteuil roulant après une opération d'un cancer du rein à 92 ans, contre la politique trop radicale de l'actuel premier ministre Shinzô Abe. Ou cet homme du Tôhoku qui installa une cabine téléphonique reliée à nulle part pour permettre aux personnes ayant perdu des proches lors du grand séisme suivi du tsunami de mars 2011 d'appeler leurs morts pour laisser enfin libre cours à leurs peines et émotions jusqu'alors refoulées. Des témoignages extrêmement émouvants et un "kaze no denwa" (téléphone du vent) aussi symbolique qu'utile à la reconstruction mentale des survivants affligés.
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Un excellent livre de grande taille même s'il ne fait que 300p, en miscellanées de petits articles sur différents pans de la culture japonaise moderne.
L'autrice balaye la mort, le mariage, le vieillissement, le rapport aux animaux domestiques, à la religion, l'économie, les genres, etc.
Les articles sont parfois très émouvants, et le style oscille entre l'approche sociologique et la restitution expérientielle de l'autrice. Cette alternance a parfois été déroutante mais j'ai apprécié ce retour sur son vécu (elle habite au Japon depuis les années 70) qui conserve son regard académique.

J'ai adoré découvrir les sculpture sur arbre vivant, ikiki Jizô, pour lesquelles j'ai eu beaucoup de mal à trouver des images sur Internet, il faut chercher le nom de l'homme Ogita Fumiaki pour trouver par exemple.
L'autrice a accès à des ressources difficiles à trouver, et encore non traduites.
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L'auteure vit au Japon et aime ce pays ;ce qui ne l'empêche pas de voir tous les problèmes qui s'y posent .Elle nous apprend beaucoup de choses, grâce à son vécu et à ses interviews truffés de questions pertinentes. de plus parlant et surtout lisant le japonais, elle a accès à toutes sortes de documents non traduits.Elle a aussi un grand sens de l'humour, ce qui ne gâte rien!
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il semblerait que les bonzes aient la cote auprès des demoiselles. Non seulement ils peuvent être beaux (bibôzu) et sont censés être sérieux et venir d'une famille respectable, mais ils ont aussi une belle demeure assurée (certes entourée d'un cimetière, mais...), du terrain, des revenus garantis (exemptés d'impôts) et sont théoriquement à l'abri du chômage.

Le mariage toujours...
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(...) les aspirations féminines se portent simultanément sur un mari serviable et un père attentionné (ikumen). Réalistes, elles attendent surtout du mariage une protection financière, faute de quoi, elles ne manifestent pas un empressement flagrant à convoler... Comme me disait récemment ma coiffeuse de 27 ans :《Je commence à m'énerver, car j'ai peur pour mes vieux jours.》Un regard froid, pragmatique et réaliste sur un mariage qui garde l'allure d'un contrat où la passion n'a pas vraiment sa place...

Introduction
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