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EAN : 9782370560148
304 pages
Super 8 éditions (07/01/2016)
3.94/5   9 notes
Résumé :
En mars 2014, un photographe estonien publie les ahurissants clichés d’un cinéma égyptien abandonné au milieu du désert du Sinaï. Si la construction de l’édifice est attribuée à un excentrique homme d’affaires français du début du xxe siècle, aucun film n’y a jamais été diffusé et il a été depuis détruit.


Il n’en fallait pas plus à Pacôme Thiellement pour plonger dans les arcanes du cinéma et proposer des analyses déjantées de Nosferatu, Nosfe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pacôme Thiellement nous parle d'un cinéma pour nous, « les Gitans, les Gnostiques, les Hermétistes, les Sabéens et les hommes de la prisca theologia », nous qui « avons toujours été sans Histoire, perdus, abandonnés, mal aimés, solitaires ». Si l'identification avec les gitans et tout le tralala me semble assez approximative, je n'ai point de mal à trouver une ressemblance avec le groupe des paumés. Je signe le contrat.


PT dresse une première opposition entre le cinéma classique et le cinéma populaire et, comme tout bon gilet jaune qui se respecte, il dénonce la domination symbolique de la culture officielle classique qui serait celle désignée en tant que telle par le pouvoir sur des critères non pas esthétiques, moraux ou philosophiques, mais pour perpétrer une certaine forme de domination de classe. On apprend plus tard que PT situe la véritable opposition entre cinéma du libéralisme et cinéma d'auteur, ce qui n'a rien à voir avec la première opposition, et ce qui tend enfin à nous rassurer. Ma tendance à préférer le classique au populaire, se rapportant à une évidence de la suprématie de l'éternel sur le temporel, a rarement été démentie ; et bien que dans la théorie je préfère le cinéma bizarre au cinéma hollywoodien, la réalité est souvent venue me contredire - mais pour des raisons idéologiques dignes d'une gnostique gitane, je préfère passer sous silence ces moments de contradiction gênants.


Mais je vais être honnête cinq minutes. Je ne prête pas au cinéma les vertus d'aphrodisiaque de l'âme que leur trouve PT – ni d'aphrodisiaque du corps d'ailleurs. Je ne pense pas qu'on puisse opposer les films pop/bizarres aux films du libéralisme/pouvoir. Je pense qu'au cinéma, on ne peut opposer que la vraie vie. Mais c'est vrai, la vraie vie n'existe pas/plus/pas encore. Alors regardons les films avec PT. Il me faut mon pack de bières. Un film m'est insupportable sans un minimum de boisson. La vie aussi, d'ailleurs. Les deux partagent peut-être, finalement, quelques similitudes, vous avez raison. (Les films dépassant les deux heures sont exaspérants en cela qu'ils requièrent plusieurs packs de bière, et donc un minimum d'organisation et d'anticipation – combien de films n'ai-je pas terminé par manque de liquide ?)


PT n'aime pas les films produits par le libéralisme. A l'instar de ce monde que dépeint Orson Welles dans Mr. Arkadin, leur message « se caractérise par une inversion de la transmission » : « dans ce monde, les hommes de pouvoir dévorent leurs enfants et perdent alors la dernière trace d'innocence dont ils pouvaient encore se prévaloir ». PT n'a pas évoqué le cas, complémentaire, du film qui présente des enfants faisant la leçon de morale aux plus âgés sans que ceux-ci n'aient la foi et le courage suffisants pour témoigner de leur expérience. Pourtant les deux vont de pair. Les films du libéralisme sont des pièges idéologiques à vie foirée : « Si nous finissons par avoir une vie chiante et misérable parce que nous avons calqué nos choix sur ceux des héros de Quand Harry rencontre Sally, Pretty Woman, Coup de foudre à Notting Hill ou Friends, alors nous l'aurons mérité ». Je n'ai regardé aucun de ces films mais j'ai quand même une vie de merde – j'ai peut-être lu trop de choses inutiles, on ne parle jamais assez du danger de la lecture sur les esprits fragiles.


Pour nous déformater, PT nous propose le formatage du déformatage. Ça ne vous rendra pas heureux non plus, nous dit-il (ah, me voilà rassurée) mais ça vous permettra peut-être de trouver votre forme de jouissance personnelle dans la folie, la tristesse, l'amour obsessionnel et la flagellation psychologique. Allez, ça me va comme programme. Au cinéma aujourd'hui : Nosferatu, Freaks, le locataire (un humain qui aime Polanski ne peut pas être foncièrement mauvais), Possession, Suspiria, Céline et Julie vont en bateau, Mr. Arkadin, Chinatown, Nymphomaniacs, Shining.


Vous n'êtes pas obligés de connaître ces films pour apprécier la prose romantique de PT (je n'en connais que trois). Peut-être aurez-vous envie de voir les autres films ensuite ? (pour ma part, oui, mais depuis que j'ai lu l'ouvrage il y a deux ans, je ne les ai toujours pas regardés, l'envie ne devait pas être si pressante que ça). Ce qui est bien avec PT, c'est qu'il voit toujours le bon et le mauvais dans chaque chose. Il doit être agréable à vivre. Ainsi parle-t-il de Lars von Trier (my darling) dont le cinéma aurait pour objectif « de rendre votre vie plus difficile, vos blessures plus douloureuses, vos opinions moins évidentes, vos sentiments moins purs qu'ils n'en ont l'air. Mais aussi votre coeur plus profond, votre état mental plus friable, votre empathie plus développée, votre esprit plus obsédé par la découverte de vérités ». On se console comme on peut. Merci aux consolateurs, qui ont encore foi en leur métier.

Lien : https://colimasson.blogspot...
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Le quatrième de couverture de ce livre de cinéma qui vient de paraitre ne ment pas : le livre vaut énormément, une fois n'est pas coutume tant la plupart du temps dans les livres sur le cinéma l'auteur s'efface derrière son sujet, par la personnalité de son auteur, un journaliste et essayiste assez barré et passionné aussi bien de pop cultures que de géopolitique et d'histoire et qui ne s'embarasse pas de caresser son lecteur dans le sens du poil.
Ici ses analyses de ses films cultes sont dans la droite ligne de sa personnalité :érudite, décalée, et surtout qui fonce dans un chemin que lui seul connait, tant l'auteur ne cherche pas à prendre la main du lecteur et à vulgariser son propos.
Certains chapitres m'ont parus assez clairs et interessants- "Chinatown, Opening Night, Freaks" sans doute car les films me parlent plus que les autres, mais la plupart des autres chapitres m'ont parus assez abscons, truffés de référence philosophique que le commun des mortels ne pourra pas saisir...
Bref quelques cinéphiles adoreront se laisser bousculer par la vision très subjective de l'auteur, alors que le grand public passera son chemin en pestant contre ces intellos qui semblent aimer surtout tout ce qui n'est pas de la culture populaire...

Interessant et agaçant à la fois, un livre qui ne laisse en tout cas pas indifférent...

On préferera quand même à cette perspection un poil sectaire d'autres visions du cinéma de personnes aussi cultivées mais qui cherchent plus à transmettre et à être intelligibles de tout le monde comme Pierre Rissient, Philippe Rouyer ou d'autres encore.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Freaks parle de ce que le cinéma ne prend pas en charge, non seulement le cirque errant, la parade des singularités, mais aussi la disparition progressive du Carnaval comme réminisicence de l'âge d'Or. "
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Nous nous rendions le soir dans des salles obscures, des cryptes aux motifs orphiques, égyptiens ou chinois, où on nous diffusait des images en mouvement. Nous décryptions des récits qui décrivaient le fond obscur et sacré de notre présent, des contes qui tenaient à la fois de l’ensorcellement et de l’anamnèse, de la manipulation et de l’initiation. Nous adorions des idoles, que nous associions aux étoiles, et nous observions leur action sur le monde des hommes. Nous construisions le monde de notre âme à partir des architectures produites par les films, et nos rêves devinrent cinématographiques et hermétiques dans leur forme comme dans leur fond.
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Le fantastique, c’est ce qui reste une fois que les principes métaphysiques traditionnels qui structuraient l’existence spirituelle ont disparu. Il apparaît au siècle des Lumières, comme l’expression de ce qu’elles tentaient d’enrayer et la conséquence métaphysique expérimentale de leur juridiction – à savoir la disparition progressive, non de la royauté et du christianisme, mais des procédures carnavalesques que la royauté et le christianisme conservaient ; non de l’inégalité sociale et spirituelle, mais des procédures carnavalesques qui la compensaient. Ce à quoi nous avons eu affaire ces trois derniers siècles, ce n’est pas à la diminution mais bien à l’accroissement des inégalités, à l’accroissement de la misère.
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Freaks est le film qui rappelle aux hommes, avant qu’il ne soit trop tard, qu’ils n’ont pas toujours fonctionné selon l’étalon « homme » compétitif, prédateur, motivé par son intérêt personnel et son adéquation à une figure préalablement normée […].
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Par eux, pour eux et à propos d’eux étaient écrits l’organisation de la propriété, la promulgation des lois, les polices, les gouvernements, la religion d’Etat et la laïcité, le despotisme et les droits de l’homme, la colonisation et l’importation des valeurs de l’Occident, le beurre et l’argent du beurre. Nous, nous avons toujours été sans Histoire, perdus, abandonnés, mal aimés, solitaires. Pourtant nous avons survécu. Contre toute attente, ils sont morts et nous sommes encore là. Il faut fermer les yeux pour voir le film.
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Videos de Pacôme Thiellement (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pacôme Thiellement
Pacôme Thiellement vous présente son ouvrage "Infernet. Internet et moi : une confession" aux éditions Massot. Entretien avec Arthur Louis Cingualte.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2810424/pacome-thiellement-infernet-internet-et-moi-une-confession
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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