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Cité 19 tome 2 sur 2
EAN : 9782266262835
432 pages
Pocket Jeunesse (03/03/2016)
3.76/5   100 notes
Résumé :
Faustine, une adolescente d'aujourd'hui, se retrouve brusquement plongée dans le XIXe siècle. Décor grandeur nature ? Voyage dans le temps ? La réalité est bien plus inquiétante...
Tandis qu'elle s'enfonce dans les profondeurs de Cité 19, une ville qui ressemble à s'y méprendre au Paris du Second Empire, Faustine découvre qu'elle n'est pas la seule à vouloir détruire le simulacre.
Mais elle doit faire vite : dans son laboratoire secret, le docteur Za... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Un gros coup de coeur malgré que je déteste les fins ouvertes surtout dans ce genre littéraire. Mais je refuse de m'arrêter à la fin proposée par Stéphane Michaka car il peut un jour nous proposer d'autres récits d'aventures avec Faustine.
L'auteur est un sacré conteur d'histoire. Il arrive avec brio à nous faire croire à une réalité qui est en fait un rêve dont certaines personnes sont conscientes. Et pendant ce temps, un dictateur chef d'entreprise sème la terreur dans le monde réel. Et tout cela le lecteur le vit en direct, est malmené dans tous les sens sous une plume addictive. Félicitation à l'auteur. C'est du pur génie et brillamment orchestré. Franchement il n'y a rien à redire. Tout y est pour garder le lecteur captif jusqu'à la dernière ligne. Suspense, danger, secrets d'Etat, manipulation, pseudo romance, dictature, pouvoir, science, insurgés. Et au milieu de tout cela une héroïne va tout faire basculer avec un coeur pur. Pas besoin d'une badass pour devenir une Wonder woman. Faustine va contrecarrer ce plan ingénieux, le plan machiavélique de Zapruder avec son intelligence, son coeur et ses trippes.
J'ai un petit bémol cependant? Je trouve dommage que l'auteur n'est pas donné un petit aperçu de Louis le papa pour savoir ce qu'il devenait. Son épilogue est original mais j'ai eu la sensation qu'il se gardait des éléments sous le coude mais aussi d'autres récits d'aventure. J'ai un petit conseil, il faut lire les deux tomes à la suite car on se perd un peu quand on reprend le tome 2 avec tous les personnages secondaires. Ce serait dommage de passer à côté de certaines subtilités. Il m'a fallu un temps d'adaptation pour me refaire le topo. le coup de coeur y est quand même. C'est dire si le roman est puissant et addictif.
Stéphane Michaka un auteur que je vais suivre. Pour l'anecdote. J'ai acheté sa duologie pendant que je faisais la longue queue au salon du livre pour le stand de Marisa Meyer. Il n'y avait personne j'avais du temps à perdre, je me suis dit pourquoi pas. Aucun regret…..
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C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Faustine , toujours plongée dans son rêve et dans ce Paris du XIXème siècle ,ce Paris en pleine révolution architecturale, C.I.T.E 19 et ses 560 cobayes endormis dans leurs nacelles ,plongés artificiellement dans des rêves qui les transportent dans ce même Paris des années 1865 . Mais ces dormeurs resteront-ils des dormeurs ? Deviendront ils des veilleurs? Faustine sera t 'elle le cobaye X 1000 ? Sera t' elle celle qui permettra à tous de résister à Zapruder ?
Toujours au coeur de cette période sanglante de notre histoire, Faustine nous entraîne et nous fait toucher du doigt ce Paris du petit peuple, de tous ces ouvriers qui vont se révolter , de tous ces hommes et femmes, certes des avatars mais dont la cohésion peut créer une dynamique propre à une révolution ....
Stéphane Michaka , une fois encore, m' a conquise, mon seul regret ne pas avoir pu enchaîner la lecture des deux volets de CITE 19 , c'est vous dire.! Une lecture jeunesse mais pas que , une écriture fluide , rapide, un vocabulaire adapté tout en étant précis, une période de notre histoire peu ou mal connue des profanes ( dont je fais partie! ) , bref une lecture plaisante , une jolie découverte , merci encore aux éditions PKJ et à Babelio .
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J'ai sûrement laissé passer trop de temps entre ma lecture du tome 1 dont j'avais gardé un bon souvenir mais le tome 2 m'a paru vraiment long et je n'ai pas eu toutes les réponses que j'attendais.

J'ai aimé suivre Faustine et Morgane mais les passages concernant Vikram ou Gontran m'ont laissé de marbre. Je lis assez peu de littérature jeunesse et peu de bouquins de ce genre ont trouvé grâce à mes yeux, j'attendais beaucoup de cette sage avec son univers intéressant et si particulier mais malheureusement je pense qu'elle n'était pas faite pour moi.

Je garde cependant un très bon souvenir des deux rencontres que j'ai faite de Stéphane Michaka qui est un auteur très à l'écoute de ces lecteurs!

Un très bon premier tome a mes yeux mais un second plus poussif au niveau de ma lecture.
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J'ai réellement adoré ce deuxième tome. Pour moi cité 19 est une saga vraiment géniale. Les personnages sont très intéressants, et très bien développés. L'univers est surprenant et palpitant. Mais il y a aussi énormément de chose qui se passe, on est toujours surpris et plongé dans l'histoire. On veut toujours en savoir davantage, pour moi c'est un réel page tourner, un grand plaisir de lecture.


Les personnages: On a tellement de personnages que l'on pourrait si perdre. Cependant ils sont tous différents avec des rôles bien définis.


Faustine: C'est une fille forte et intelligente. Elle arrive à se sortir de n'importe quelle situation. Elle a une capacité d'adaptation exceptionnelle. Elle est très attachante. Pour moi c'est un personnage très mature pour son âge et instruite. Malgré que parfois ses actes sont un peu invraisemblables pour son âge elle reste un bon personnage bien développé. Je lai vraiment adoré.


le commissaire Gontran: C'est un homme qui aime la vérité. Il veux absolument résoudre les meurtres en série de Paris. C'est un homme très bien. Il n'hésite pas á mettre en danger sa carrière pour résoudre les crimes. Il n'utilise pas toujours les meilleures méthodes. C'est un très bon personnage intéressent. Je l'ai lui aussi bien apprécié.


Morgane: C'est une jeune femme maligne et intelligente. Elle sait utilisé ces atouts à son avantage. C'est un personnage que je n'avais pas aimé dans le premier tome mais qui évolue très bien dans ce deuxième tome.


Vikram: C'est un jeune homme noir, qui dans le 19eme siècle subit le racisme. Il ne se laisse cependant pas abattre. Il est fièr de ce qu'il est. Malgré les difficultés qu'il rencontre, il se bat pour réussir et s'en sortir. C'est encore un personnage très bien développé et adorable.


On suit aussi tout un tas de personnages dans un premier temps tout ce qui vienne en aide á Faustine dans le 19ème siècle, comme Florent, Bertolet, Mouilette, la garde rapprochée du commissaire, les veilleurs.
Dans un deuxième temps on suit Zapruder et son équipe travaillé. Des hommes et des femmes qui peu á peu ouvre les yeux.


L'histoire: Je ne peux pas dire énormément de chose sur l'histoire pour ne pas trop spoiler. Ce que je peux dire c'est que l'on reprend l'histoire là ou on l'a arrêté au tome 1. Á partir de là tout s'accélère de partout. On vit les événements et les révélations en même temps que Faustine.


Tout va très vite. On a énormément de révélation dans ce tome. On suit Faustine dans son avancement mais aussi le commissaire, Morgane, Vikram, et toute l'équipe de Zapruder avec des alternances de points de vue. On apprend énormément de chose. Tous les problèmes mis en avant dans le premier tome son résolut au fil de l'histoire. Des révélations surprenantes. Une bonne histoire bien développée et riche en rebondissements.


L'auteur: Stéphane Michaka ma une nouvelle fois emporte avec sa plume. Même si parfois il y a quelques longueurs. je suis vraiment fan de sa plume qui reste fluide et agréable. le choix de mettre son récit à la 3ème personne donne encore plus de force au récit. Il est aussi très fort pour les descriptions très détaillé qui font rêvé. Un auteur surprenant et agréable à lire.




conclusion: Un diptyque génial. Je vous le conseille vraiment. La science-fiction est mélangée avec brio au thriller et au roman historique. Une histoire palpitante pleine de rebondissements et de surprise. Des personnages très bien développés, un univers du 19ème siècle bien traité et décrit á merveille, une jolie plume agréable, de belle description. Un roman plein de bonne surprise à découvrir absolument.
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Cité 19 – Livre 2 : Zone blanche de Stéphane Michaka.
(Genre : Thriller, YA).

Editions : Pocket Jeunesse
Prix : 17,90€ (Partenariat)
Date de parution originale : 3 mars 2016

Résumé : Faustine, une adolescente d'aujourd'hui, se retrouve brusquement plongée dans le 19ème siècle. Décor grandeur nature ? Voyage dans le temps ? La réalité est bien plus inquiétante… Tandis qu'elle s'enfonce dans les profondeurs de Cité 19, une ville qui ressemble à s'y méprendre au Paris du Second Empire, Faustine découvre qu'elle n'est pas la seule à vouloir détruire le simulacre. Mais elle doit faire vite : dans son laboratoire secret, le docteur Zapruder, qui a d'autres projets pour elle, guette le moindre faux pas de l'adolescente…

Mon avis : Je tiens à remercier Stéphane Michaka et les éditions Pocket Jeunesse pour la confiance qu'ils m'ont accordée. Sans eux, je n'aurai pas eu le plaisir de lire le diptyque « Cité 19 ». Vous savez que j'avais adoré le 1er tome (ma chronique) et que j'avais hâte de lire la suite. J'avais encore beaucoup de questions en tête et j'espérais que ce tome 2 comblerait ce manque. Je trouve la couverture très jolie. On voit le contraste entre les deux livres. On sent que ce 2nd opus va être plus sombre… et il l'a été. Au final, j'ai passé un excellent moment de lecture.

J'ai apprécié que l'auteur reprenne son récit là où il l'avait laissé à la fin du tome 1. J'ai su me replonger dans l'histoire sans souci. Dès le début ça commence fort ! Faustine apprend quelque chose qui va changer le cours de l'histoire et j'ai adoré. On se pose des questions sur ce qu'elle va pouvoir faire et on devient curieux de la suivre dans ses péripéties. L'auteur sait attirer son lectorat dans son histoire et il le fait d'une manière intelligente avec son alternance de points de vue.

Faustine m'a encore beaucoup plu dans ce tome 2. Je trouve que c'est une fille droite dans ses baskets, qui n'a pas froid aux yeux et qui est déterminée à aller jusqu'au bout. Quand elle a un but elle ne le lâche pas et c'est appréciable. Faustine est aussi très intelligente et sa force psychique est un atout indéniable dans l'histoire. Je n'en dirai pas plus… Sa seule faiblesse serait peut-être qu'elle se laisse parfois aller à ses sentiments. Mais qui ne serait pas influencer à sa place ? Il y a d'autres personnages qu'on suit avec plaisir ou non : Zapruder, Sylvia, Vikram ou Morgane. Chacun porte Faustine dans l'histoire mais elle seule est maître de son destin.

Attention, vous n'allez pas voir le temps passer ! le récit possède un rythme phénoménal. Entre l'alternance des points de vue qui rend le récit riche et passionnant. Les chapitres courts qui apportent une fluidité au roman. Les changements autour de Faustine et de son voyage dans le temps amènent le lecteur à se poser beaucoup de questions. Les intentions des uns et des autres titillent notre curiosité. Et on est là à tourner les pages, à être toujours à l'affût d'un indice… un vrai page-turner !

Ce que j'avais aimé dans le tome 1 se renouvelle avec le tome 2. J'ai complètement été transporté au 19ème siècle, lors de la période du Second Empire. On imagine les lieux, les robes faites de crinolines et les boulevards en travaux. On apprend beaucoup de choses sur la période. L'auteur replace des évènements important du Second Empire et je le répète, j'ai pris un cours d'histoire en me divertissant. Stéphane Michaka a dû faire un paquet de recherches pour rendre son univers si réaliste. J'ai aussi adoré le côté thriller puisque Faustine continue son enquête. Au niveau de la science-fiction, on se rend compte que le voyage dans le temps va beaucoup plus loin. Qu'il y a une vraie recherche pour innover. J'ai adoré ces trois aspects, ils font le charme de « Cité 19 ».

Encore une fois j'ai adoré le style de Stéphane Michaka. Des descriptions faites dans la subtilité sans alourdir le roman. Des dialogues placés au bon moment pour fluidifier le récit. Tout comme les questionnements de la part des personnages nous permettent d'apprendre plus de choses sur l'univers construit. J'ai été en totale immersion, à être tantôt surpris tantôt pris dans le récit. Et la fin… d'habitude je n'aime pas les fins ouvertes. Mais là, je trouve que c'est fait intelligemment, dans la continuité de l'histoire. C'est assumé et amené comme il le faut. Ça pourra en frustrer plus d'un… mais pour ma part j'essaie de faire travailler mon imagination en tentant de savoir ce qu'il adviendra de Faustine. Je vous recommande fortement ce diptyque ! Un tome 1 solide qui apporte un univers pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Et le tome 2 a le mérite de répondre à toutes nos questions. Alors merci à Stéphane Michaka pour son histoire.

Ma note : 8,5/10.
Lien : http://enjoybooksaddict.blog..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
— Qui ça, « ils » ?
— Comment ?
— « Ils vont finir par nous repérer », tu disais. Tu parles de la police ? Tu parles des agents de Lagrange ?
Elle eut envie d’ajouter : « Ou de Zapruder ? » Par prudence, elle se tut. Comme il restait silencieux, elle reprit :
— Allez, je te le jure sur ce que j’ai de plus cher. Je ne suis pas un espion déguisé. Je suis un bon gars. Je veux dire : une bonne fille !
Ils sortaient maintenant du palais. Faustine entendit à nouveau le ronflement de l’orgue, ses notes qui flottaient autour des arbres comme une brume musicale. Justement, la vapeur des chaudières les entoura bientôt jusqu’à la taille.
Elle suivait Florent sans chercher à savoir où il l’emmenait.
— Qu’est-ce que tu as de plus cher ?
D’un geste vif, il avait tourné la tête vers elle. Faustine attendit quelques secondes avant de répondre :
— Eh bien… Mon père et ma mère, tiens !
Il hocha le menton.
— Moi, je n’ai plus mes parents. Tous les deux dans le champ de navets.
Faustine se rendit compte qu'elle n'était peut-être pas mieux lotie que Florent. Elle croyait dur comme fer que son père se trouvait quelque part dans cette ville. Mais où ? Quant à sa mère… Elle ignorait ce qui s'était passé il y a douze ans, mais les chances étaient très minces que Sylvia soit encore en vie.
— Mes parents, je ne sais pas où ils se trouvent. Mais ils sont tout de même ce que j’ai de plus cher !
— Tu es seule, alors ?
Elle devina qu’il concluait à l’absence d’un petit ami. Cette remarque l’avait chatouillée. D’autant que depuis un moment, elle ne pensait plus du tout à Vikram.
— Je te le dirai, si tu me dévoiles qui se cache derrière ce « ils »…
Il sourit et continua de la guider à travers le brouillard. Cherchant à se repérer dans le parc, elle se tourna pour embrasser le palais du regard.
C’était, à travers la brume, un spectacle extraordinaire. On aurait dit le Colisée de Rome revu par des architectes du Second Empire. Ses arches jaillissaient de la fumée, en plein cœur de Paris, comme sous les doigts d’un magicien.
À ce moment, elle entendit la voix de Florent dans son dos :
— Ils nous épient, tu sais. Ils nous testent.
Elle se tourna vers lui. Son expression avait changé.
— Ils veulent savoir de quoi nous sommes capables. Toi en particulier.
— Les Veilleurs, prononça-t-elle à voix basse.
Il la fixa sans rien dire. Elle prit cela pour un oui.
— Tu les as vues, les images ? Ces gens au crâne rasé ? Toi aussi tu es un avatar, n’est-ce pas ? Un « dormeur », comme ils disent...
Elle ne comprenait ces mots qu'à moitié. Les prononcer devant Florent, c’était soulever un peu le voile qui les recouvrait.
— Ils nous retiennent prisonniers ?
— Désolé. Je n’ai pas le droit de te répondre.
Elle eut un frisson d'horreur. Quoi qu’il dise, elle savait maintenant qu’elle ne se trouvait pas sous le Second Empire, mais dans une gigantesque illusion façonnée pour elle et les autres. Avatars, Dormeurs, peu importaient leurs noms : on les manipulait comme elle.
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Il était près de minuit lorsque Faustine quitta l’hôtel particulier de la baronne de Saint-Supplix.

En dévalant les marches du perron, elle se sentit fouettée par l’air vif du dehors. L’atmosphère étouffante de la haute société, les effluves envoûtants de la Taffanel lui avaient fait perdre tous ses repères. Elle franchit le porche de l’hôtel et se jeta dans la rue du Temple.

Faustine voulait mettre le plus de distance possible entre elle et le grand monde, celui où Échouart avait voulu l’introduire. Tout, dans ce monde-là, était fait pour exacerber les désirs et les satisfaire au plus vite.

Elle franchit sans encombre les ruelles obscures et tortueuses du Marais et se retrouva dans un Paris flambant neuf : la ville assainie, percée de larges avenues, voulue par l’Empereur et le baron Haussmann. La foule y affluait jusqu’aux heures tardives. Le regard de Faustine fut attiré par les devantures aux miroirs réfléchissants, les globes illuminés qui accrochaient de petites lunes sur les façades.

Le boulevard du Temple fourmillait de bateleurs qui essayaient d’attirer le chaland vers un numéro d’acrobate ou une pantomime.

Sous les porches des immeubles, on dressait des tréteaux à la va-vite, entre un marchand de sucres d’orge et une vendeuse de parapluies.

— Lanterrrne magique, merrrveilles de la nature !

Faustine aperçut un petit homme à la barbe mal taillée. Il n’était pas plus haut qu’un garçon de dix ans. Sa redingote et son chapeau melon lui donnaient une allure élégante, mais uniquement parce qu’il se tenait dans l’ombre d’un porche. Près de lui, une pancarte montrait la nacelle d’une montgolfière survolant Paris.

Elle se souvint que c’était l’époque des premières photographies prises du ciel. Les voyait-on alors dans les spectacles de lanterne magique ? Elle s’arrêta devant le bateleur. Il n’en fallut pas plus pour qu’il la prenne par le coude et la conduise sous le porche.

En même temps, il continuait de crier à tue-tête :

— Ne manquez pas l’occasion de voir Paris d’en haut ! Paris à vol d’oiseau ! On paie d’avance, fit-il à voix basse.

D’un geste d’escamoteur, il prit le sou que lui tendait Faustine.

Au fond du porche, un drap blanc était déployé sur un mur. Une quinzaine de curieux se tenaient là. Les silhouettes indiquaient des hommes et des femmes de tous âges et une jeune fille d’une dizaine d’années qui essayait de se faufiler parmi eux.

Le nabot disparut derrière l’appareil et la projection commença.

Faustine était si captivée par la lanterne qu’elle en oubliait de regarder la toile. Ce n’était pas une de ces lanternes magiques faites de bric et de broc et qui évoquent un tuyau de chaudière. Mais un splendide appareil empilant trois boîtiers d’où jaillissaient des lunettes télescopiques.

— Pousse-toi du cercle, tu gâtes la féerie !
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Ce que Zapruder appelait le « Panoptique » était à la fois son bureau, son lieu de méditation et un poste de surveillance.

De là, il pouvait tout voir. Non seulement ce qui se passait sur les dix-neuf plateformes où les cobayes étaient allongés, mais aussi ce qu’ils étaient en train de rêver dans le simulacre.

Derrière son immense bureau en arc de cercle, les séquences de rêve apparaissaient sur une soixantaine d’écrans.

Lorsque Zapruder avait besoin de détourner ses pensées d’un problème technique ardu, il se calait confortablement dans son fauteuil et se tournait vers cette mosaïque de rêves.

Il se sentait alors comme un enfant à une projection de lanterne magique.

Il pouvait voir la construction en cours de L’Aigle, le yacht de l’Empereur, sur les chantiers de la marine impériale. Déplaçant son regard de quelques centimètres, il entrait dans une manufacture de papiers peints où sifflait une machine à vapeur de douze chevaux. Puis il arpentait les boulevards, croisait une serveuse en tablier blanc, un gendarme dans son uniforme à trèfles. Levant les yeux, il franchissait la barrière Poissonnière à cinq heures du matin, derrière une file d’ouvriers portant une brique de pain sous le bras. Au centre de la mosaïque, il pénétrait dans la rotonde des locomotives du Bourget où luisaient des monstres d’acier qui allaient déferler aux six coins de l’Hexagone.

Et quand l’envie le prenait, il branchait l’agrégateur sonore de Cité 19.

L’activité cérébrale de chacun des cobayes, captée par une vingtaine d’électrodes, était convertie en sons. Les paroles, les murmures et les cris entendus dans le simulacre s’assemblaient pour former une gigantesque chorale.

La première fois que les ingénieurs firent écouter cela à Zapruder, il n’en crut pas ses oreilles. Cet appareil permettait d’entendre les rêves conjugués des cinq cents cobayes. C’était devenu pour lui une consolation, un refuge. Dès qu’il se sentait accablé par la complexité du protocole, il branchait l’agrégateur.

Les premiers instants, on ne percevait que des soupirs, des chuchotements qui s’amplifiaient peu à peu. Ensuite venaient les conversations, les rires et les cris de plus en plus distincts. Ils semblaient pris dans un tourbillon. Alors, un bruissement harmonieux montait, culminait, venait flatter l’oreille comme si les cinq cent soixante cobayes de Cité 19 s’étaient rassemblés pour chanter un hymne.
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— Ce n’était pas elle.

Zapruder avait légèrement pâli.

— Comment ?

— La fille dans le couloir du cinquième sous-sol. Ce n’était pas cette gamine.

— Qui, alors ?

— À ton avis ? fit Zapruder en passant son index sur un écran. Elle nous a mis sur une fausse piste… Elle s’est servie de Lucie Van Dinh comme d’un leurre.

— Sylvia ! s’exclama Popescu.

Zapruder reporta les yeux vers le corps inanimé de l’adolescente.

— La gamine ne mentait pas en disant n’être jamais allée au cinquième sous-sol. Sylvia s’est fait passer pour elle. Il lui a suffi d’une perruque et de quelques habits.

— Et le passe ?

— Un double, probablement. Elle s’en sert chaque fois qu’elle monte sur la plateforme 9. Les données que nous avons enregistrées, les connexions, les entrées et sorties, n’étaient pas toutes le fait de Lucie Van Dinh.

— Pour la plupart, il s’agissait de Sylvia…

— Si j’avais su, fit Zapruder en secouant la tête, j’aurais réagi bien plus tôt. Je ne voyais rien de surprenant à ce qu’une ingénieur plateforme modifie les données d’un cobaye. Mais depuis une semaine, les connexions se multipliaient. J’avais prévu d’interroger Van Dinh et Sprenger là-dessus. Ce n’était ni l’un ni l’autre. Mais Sylvia qui veillait sur sa fille.

— Si ce n’était pas la gamine dans le couloir du cinquième sous-sol, comment a-t-elle entendu parler de la Machine ? Comment a-t-elle deviné l’existence du protocole bis ?

— Elle n’en a pas entendu parler, répondit Zapruder. Elle a déduit leur existence…

— Après seulement six mois dans C.I.T.É ?

Popescu baissa les yeux.

— Nous aurions dû la garder, ajouta-t-il.

— Non.

— « Non » ?

Il leva un regard étonné vers son patron. Zapruder continuait d’actionner ses écrans. Popescu comprit qu’il cherchait à localiser Sylvia dans le laboratoire.

— Elle est venue dénoncer sa responsable hiérarchique. Cette petite ambitieuse ne se serait pas arrêtée en si bon chemin… Elle nous aurait dénoncés tôt ou tard.

— Alors pas de regrets à avoir, fit Popescu.

— Des regrets ?

Son patron avait tourné vers lui des yeux hagards. Popescu comprit qu’il pensait à Sylvia. La femme qu’il avait séduite, ensorcelée même.
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La tour passait pour un instrument de mesure météorologique.

Ce qu’elle permettait de mesurer en vérité, c’était la rotation de la Terre.

Les yeux de Zapruder suivaient la trajectoire du pendule.

— J’ai besoin, dit-il, de garder à l’esprit le mouvement du monde. La pulsation du temps.

Elle ne l’avait jamais vu aussi songeur. Elle ressentait comme un privilège le fait de recueillir ses confidences.

La voix de Zapruder prit une sonorité tranchante.

— Eh bien ? Ce code Prisme ?

— Docteur Zapruder, bégaya Lucie. Il y a un traître dans le labo.

— Un traître, fit-il d’un ton morne.

Ses yeux ne suivaient plus le mouvement du pendule, ils fixaient le vide.

— Vous l’avez identifié ?

— J’ai bien peur qu’il ne s’agisse de…

Il attendait. Lucie ne pouvait plus revenir en arrière.

— Votre directrice adjointe.

Elle pencha la tête sur le côté. Zapruder demeurait impassible.

— Désolée.

Elle venait de lui annoncer qu’il était trahi par son plus fidèle lieutenant.

Aussi s’étonna-t-elle de percevoir un léger sourire sur les lèvres de Zapruder.

— Tu as la preuve de ce que tu avances ?

— Eh bien, je…

Le tutoiement l’avait troublée. Elle se dit qu’après tout il avait bien le double de son âge.

Elle plissa les yeux et tâcha de lui exposer clairement les faits.

— Il m’est très vite apparu que Sylvia manifestait… (Elle laissa un temps puis, retrouvant son débit rapide et cristallin :) Un intérêt particulier pour un cobaye de la plateforme dont j’ai la charge.

— La plateforme 9.

Elle acquiesça d’un signe de tête.

— Ce cobaye, une adolescente prénommée Faustine et initialement dotée du code FX 27, s’est révélé un sujet hors norme. Elle a changé d’avatar en cours de protocole. De la jeune fille de dix-sept ans qu’elle est en réalité, nous l’avons vue se métamorphoser en jeune homme.

— Se « métamorphoser » ? fit-il comme si ce mot le dégoûtait.

— Le changement de sexe n’est pas total, se hâta de préciser Lucie. Elle a gardé des caractéristiques féminines. Il s’agit du premier cas d’androgynie apparu en cours de protocole.
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