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EAN : 9782844854322
160 pages
Allia (05/01/2012)
3.86/5   18 notes
Résumé :
Après deux tentatives d'incendies criminels et un suicide suspect, Vilém Lebeda, respectueux inspecteur en chef d'un district d'ordinaire paisible de Prague, se lance dans une enquête. Il croise la route d'un vieil homme retraité acariâtre, Viktor Dyk. L'inspecteur découvre que Viktor a un fils à "l'esprit un peu limité", pour ne pas dire imbécile. D'obscurs souvenirs de violences subies dans son enfance hantent Dyk Junior. Il découvre également que le vieux Dykk n'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Les tronches abruties des élus sur les panneaux municipaux lui rappelèrent les élections proches. (…) Lebeda allait voter régulièrement, considérant que l'exercice du droit de vote conditionne une citoyenneté pleine et entière. Mais d'année en année le choix devenait plus difficile, les tronches abruties étaient de plus en plus bornées et la fatigue de Lebeda de plus en plus grande. (…) Monsieur Prazak avait raison au moins sur un point : l'idiotie humaine était la seule chose sur terre qui puisse donner une idée de l'infini. »

Drôle de roman policier truqué que ce texte intelligent, qui est plein de verve, de non-sens et de dérision. Il est Impossible de résumer l'intrigue, qui part dans de nombreuses directions et donne seulement au lecteur une fugitive impression que tout cela, quelque part, pourrait trouver une résolution.

Pourtant le narrateur prévient clairement qu'il ne faudra pas s'y attendre…

Deux personnages principaux sont à la manoeuvre. D'abord Viktor Dyk, un vieil homme misanthrope qui vit dans son quartier de Prague depuis plus de cinquante-cinq ans. Il est peut-être mêlé à un meurtre ancien et à des suicides récents, des personnes âgées qu'il côtoie. Face à lui, l'inspecteur de police Vilem Lebeda, une sorte de Maigret placide et, semble-t-il, peu pressé d'arriver à une conclusion des affaires sur lesquelles il travaille.

J'ai beaucoup aimé ce roman, avec ses impasses et ses spéculations diverses et variées. La fin est effectivement abrupte. Mais lui succède une intrigante postface, signée d'un certain Jean Montenot, intitulée « Libre suite à Classé sans suite », qui a toutes les apparences d'un travail universitaire sur le texte qu'on vient de lire.

Franchement je n'ai pas pu démêler si c'était un palier supplémentaire d'incertitude dans le roman ou bien un authentique essai, qui a le mérite de récapituler toutes les pistes et d'en éclairer quelques aspects cryptés. Ce qui annule l'effet de fin brutale du roman. Un complément idéal, donc.
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Chef d'oeuvre en vue. J'ai été aspiré par le style et l'histoire. Attention n'attendez pas un roman policier conventionnel car l'enquête n'est que secondaire au sein de cet ouvrage. N'attendez pas non plus de comprendre par vous-mêmes c'est impossible.
Patrik Ourednik nous sème dans les méandres d'une histoire rassemblant des relations complexes entre les personnages au sein d'un Prague mi-réel mi-imaginaire où seuls les connaisseurs de la ville sauront faire la différence.
Au-delà du roman policier il y'a une vraie analyse anthropologique de la mentalité tchèque et de son rapport à l'histoire de son pays. Les mentalités sont critiques, les comportements visés avec beaucoup d'humour, enjoué parfois mais souvent cynique.
Il n'y a pas de hiérarchie d'importance entre les personnages, car selon l'aspect qui vous intéresse, alors chaque personnage a une importance plus ou moins affirmée. C'est là toute la richesse du récit : il mélange pratiquement tous les genres du roman moderne avec beaucoup d'influences d'auteurs passés. Pour le style j'y ai reconnu un peu de Hasek, un peu de Hrabal.
Pour l'humour un peu de Ionesco, un peu de Kundera et moi en tant que lecteur je me suis cru Joseph K. perdu dans une histoire que je ne peux comprendre. Et j'ai adoré cela.
Les personnalités sont riches et pourtant aucun événement ne nous montre que ces personnages s'affirment, on le ressent à travers les dialogues mais jamais à travers leurs actes. C'est un autre aspect intéressant, nous ne pouvons que ressentir ce que nous ne comprenons pas sans jamais réussir à « tomber dessus ».
Un petit mot pour les dialogues qui sont somptueux. On dit souvent qu'on reconnaît un bon écrivain à l'importance que ses dialogues apportent au récit. Eh bien si tel est le cas Ourednik est un très grand écrivain. Ses dialogues sont d'une qualité similaire à celle que l'on trouve dans les pièces de Ionesco : rythme rapide, beaucoup d'humour et souvent un peu d'absurde.
Les dialogues s'enchaînent et notre lecture s'accélère tant on est pris par la conversation et par son rythme.
Ceci ne pourrait être le cas sans un vocabulaire riche et soigné.

Je ne sais pas si cet ouvrage plaira à beaucoup de monde mais il m'a conquis.
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"Le handicap habituel des écrivains tchèques est de se prendre trop au sérieux." Manifestement, ce n'est pas le cas de Patrik Ourednik, qui publie toujours dans sa langue d'origine alors qu'il vit depuis longtemps en France. "J'écris sur la bêtise tchèque parce qu'elle m'est plus compréhensible que d'autres', se justifie t-il. La bêtise, la grandiloquence des abrutis, Ourednik l'attrape au vol dans les dialogues virtuoses et hilarants de Classé sans suite, un polar biaisé qui ne mène nulle part, parce que son auteur en a décidé ainsi. Ecrire sur rien, c'est l'une de ses ambitions mais, osons le contredire, il y a beaucoup plus dans ce rien que dans bien des romans remplis jusqu'à la gueule de péripéties en tous genres. L'écrivain se moque de tout avec une belle santé, du peuple tchèque, de l'Europe qui méprise son petit pays et enfin, et surtout, aux romans traditionnels, qui font croire au gogo lecteur que la vérité se trouve dans leurs pages plus que dans le monde réel. le lecteur, justement, est l'une des cibles d'Ourednik, quand il l'apostrophe au coeur de Classé sans suite. Il lui dit en substance que s'il ne comprend rien à son livre c'est parce que 1, l'auteur (c'est à dire lui) est un idiot ; 2, le lecteur est un imbécile. C'est du 50/50. Voilà, c'est cela, Classé sans suite, un jeu littéraire, un petit monument d'insolence tapi sous plusieurs couches d'intrigues, avec des personnages on ne peut plus incarnés, bien qu'énigmatiques, dans une Prague à moitié imaginaire. Céder aux maléfices de ce livre manipulateur est pur délice. On en redemande et la postface, signée d'un certain Jean Montenot, en donnant quelques clés avec malice, sans pour autant en dire trop, ajoute encore au bonheur de lecture. Au passage, un grand coup de chapeau à la traductrice, qui fait des merveilles, et à l'éditeur, qui vend l'ouvrage moins de dix euros. Ce n'est pas cher pour un bijou pareil.
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Voilà un drôle de petit livre ! Très original. J'ai eu le sourire figé aux lèvres pendant toute sa lecture. Je me suis amusée, je n'ai pas tout compris… car l'auteur aime perdre son lecteur, mais certains passages étaient jubilatoires. Il y a notamment des dialogues tout à fait extraordinaires, cocasses et qui révèlent la vacuité des échanges entre les gens.

Un ton décalé, de l'ironie, une intrigue (ou plusieurs) mais qui ne se démêle pas vraiment, et ce n'est pas grave, car dans ce livre, l'histoire n'a pas grand intérêt, seul compte la forme. D'ailleurs ce vrai faux thriller n'est-il pas là aussi pour nous inciter à nous poser des questions sur notre propre fonction de lecteur ?

Un narrateur facétieux intervient parfois pour embrouiller davantage le lecteur ou pour s'en moquer.

C'est une expérience de lecture intéressante, unique en ce qui me concerne. Elle m'a séduite mais je n'aurais pas aimé qu'elle s'éternise. L'auteur a heureusement fait court (150 pages).

Un livre à découvrir pour les curieux.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Pour moi, c'est un chef d'oeuvre, un roman noir oulipien bluffant, un faux polar où l'on se marre, où l'on enquête, où l'on se pose des questions! Ah oui, Patrik Ourednik se joue de nous, et j'ai pris un immense plaisir à lire ce livre.
C'est assez rapide à lire mais très déstabilisant pour ceux qui souhaiteraient une narration bien linéaire. le style est impeccable, les personnages sont bien campés dans leur psychologie, on sent l'ambiance lourde, et les dialogues sont ciselés à merveille.
A lire!
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critiques presse (3)
Lexpress
17 avril 2012
Très oulipien, ce vrai-faux polar, qui se déroule à Prague, manie les quiproquos dans une intrigue burlesque.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
17 janvier 2012
On croit un moment que toutes les anecdotes, dialogues, promenades satiriques vont précipiter en un roman choral où tout fera sens. De fait, on retrouve bien la jeune fille égarée au bout de 100 pages, l’enquête menée par les flics tire plusieurs fils [...], mais plus on avance, plus on rigole, et plus on rame aussi dans la choucroute.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
13 janvier 2012
Récit déconstruit, pulvérisé, comme son titre l'indique loyalement, Classé sans suite pourrait évoquer un puzzle dont l'image, enfin reconstituée par le lecteur, serait celle d'un autre puzzle aux morceaux éparpillés au fond d'une boîte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lecteur ! Notre récit vous parait dispersé ? Vous avez l’impression que l’action stagne ? Que dans le livre que vous tenez en main, il ne se passe au fond rien de très remarquable ? Gardez espoir : soit l’auteur est un imbécile, soit c’est vous ; les chances sont égales. D’autres trépassèrent, oyez ! nous mourrons tous ! Qui c’est qui sait comment ça finira ? On s’embrouille parfois dans sa propre vie sans même s’en apercevoir ; il en va de même pour les personnages de roman.
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Né quelques siècles plus tôt, il aurait pu devenir François d'Assise ou Bartholomée de Las Casas ; dans la Tchécoslovaquie communiste du début des années soixante-dix du siècle, vingtième de son ère, il passait invariablement pour un con.
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Les pires étaient ces boutonneux. Autrefois dénommés jeunesse, hagarde avant-garde de ses devanciers dorénavant garde arrière ; plus tard, avec le changement de régime, jeunesse avait été remplacée par "jeunes", terme répondant mieux aux temps nouveaux car plus soucieux de l'individu et de ses aspirations.
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l'idiotie humaine était la seule chose sur terre qui puisse donner une idée de l'infini.
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Vidéo de Patrik Ourednik
Le 17.03, Patrik Ourednik était l'invité de l'émission italienne Fahreinheit pour évoquer Europeana.
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