«
Comédie française », de
Georges-Marc Benamou, journaliste et écrivain, étiqueté à gauche, auteur du « Dernier Mitterand », est la chronique autobiographique et autocritique de son incursion inattendue en Sarkozie. Cette aventure singulière dura 18 mois, de l'appel « amical » et intéressé de
Nicolas Sarkozy - « J'ai besoin de toi et de ta sensibilité ... » - jusqu'à son éviction prononcée laconiquement par Claude Guéant - « Il faut que tu quittes le Palais ».
Trois parties structurent le livre : la conquête (2006 et la campagne présidentielle de 2007), la Cité interdite (le début du quinquennat de N.
Sarkozy, période où il occupa à l'Élysée la fonction de Conseiller à la Culture et à la Communication), la chute (2008). Ce
témoignage est passionnant et instructif dans le sens où il dévoile les coulisses d'une prise de pouvoir et de son exercice au sommet de l'État. Cependant on ne peut considérer que G.-M. Benamou fait oeuvre d'historien : point ici de démarche scientifique, mais une lecture distanciée d'événements vécus et ressentis de l'intérieur par un non professionnel de la politique aveuglé par sa curiosité et son désir, pour réussir son pari fou, d'avoir « l'oreille du chef ». Ce relatif amateurisme, qui ne signifie nullement incompétence ni échec dans sa mission, conduira à l'infortune ce transfuge de la gauche, toujours suspect aux yeux des barons du l'UMP, jamais réellement admis dans aucun des clans ni de la « firme »,. Sentant son exécution venir, il souhaitait, naïvement, sortir par le haut. Il ne le put et tel Icare se brûla les ailes en s'approchant trop près de « Lui ». Humilié, cassé, rejeté, G.-M. Benamou raconte avec sincérité la période sombre qu'il traversa avant que ne vienne, par un déclic, le temps de la reconstruction jusqu'à nous proposer, peut-être un peu trop opportunément - retour annoncé, aujourd'hui confirmé, de N.
Sarkozy -, cette descente dans l'univers à la fois cruel et fascinant de la politique. Par cet acte salvateur, G.-M. Benamou renoue ici avec ce qui fit sa renommée : une écriture soignée au service d'une verve qui suscite la polémique.
Cantus