Comme s'il en pleuvait

Lire du théâtre c'est toujours une expérience particulière, et lire Sébastien Thiéry c'est toujours doublement particulier. Il n'hésite pas à mêler réalisme, fantastique et absurde.
Des billets apparaissent comme par magie chez un couple, l'occasion de révéler le rapport de chacun à l'argent, ce qui en dit long sur nous... Et puis l'absurde s'invite avec l'intrusion du voisin, qui cherche des voleurs...
Une pièce assez drôle, décalée, grinçante aussi, que j'aurais aimé voir, du coup !

Fantastique ? Absurde ? Les deux à la fois, comme d'habitude, dans cette pièce de Sébastien Thiéry.
Le point de départ : Une situation rêvée pour beaucoup de personne : des billets de banques envahissent l'entrée, le salon, le placard. Des milliers d'euros semblent tomber du ciel.
Bruno, anesthésiste, et sa femme Laurence, directrice d'école maternelle, cherchent d'abord une explication logique à cette situation irrationnelle.
Mais cela va vite dégénérer…
Alors que quand elle n'en avait pas les moyens Laurence (Evelyne Buyle) rêvait devant les vitrines des boutiques de luxe, maintenant que l'argent est là, elle est dégoutée devant cet afflux aussi soudain qu'incontrôlé.
Et Bruno (Pierre Arditi) ? Cet homme si rationnel et consciencieux ? La folie le guette. Ses dialogues sont savoureux. Imaginez Pierre Arditi, homme de gauche, dire des horreurs sur les pauvres, le peuple, et traiter avec un mépris prononcé sa bonne espagnole !
Cette pièce, c'est l'opposition entre un homme qui devient fou tandis que sa femme tente de rester dans la morale et l'éthique.
Entre situations cocasses et angoisse, fou rire et terreur, Sébastien Thiéry nous plonge avec délice dans une pièce complètement folle.