Elles se sont rencontrées par hasard chez une sociologue qui souhaitait faire une étude sur l'évolution des femmes en ce début des années 70. Très différentes, n'ayant pas les mêmes priorités dans la vie, c'est dans l'amitié qu'elles vont trouver leur unité, tout au long de la décennie suivante. Elles, c'est Clara, styliste indépendante, Marie-Pierre, cadre dans une banque et Albertine, universitaire en écriture de thèse. Rameutant les copines des unes et des autres, elles décident de créer un club, lieu de rencontre idéal réservé aux femmes où solidarité, complicité et union seront les maîtres-mots.
Ce n'est pas le titre "cucul pompon", ni la photo des trois naïades estampillées années 80, sur la première de couverture, qui m'ont décidée à ouvrir ce roman qui traînait dans ma PAL, mais simplement le fait qu'il n'avait aucune critique sur Babelio. Le contenu est tout à fait le reflet d'une époque celle des eighties où les femmes avaient un unique combat, celui de mener de front vie professionnelle, sentimentale et familiale, sans accepter la moindre faille au tableau. J'ai trouvé le débat assez superficiel étant donné que les femmes évoquées ont un niveau social assez élevé (il y en a qui n'ont pas le luxe de pouvoir se poser toutes ces questions). Problèmes existentiels, regards envieux sur le choix de vie des autres, ambitions avortées, sempiternelles discussions sur les hommes, j'ai trouvé le rendu final plutôt brouillon. L'excès de personnages et de dialogues donne un manque de consistance au récit.
Moi, j'attendais la solution miracle de la part des auteures pour faire cesser la dualité homme/femme et pour que tout le monde puisse s'épanouir au boulot, à la maison et au dodo, malheureusement le débat est resté stérile. J'en déduis que chacun fait comme il peut, comme il le sent, en jouant peut-être davantage sur la complémentarité. Un 7/20 pour cette lecture dont le seul intérêt consiste à décrire le milieu professionnel où évolue Marie-Pierre, celui d'une grande entreprise où les femmes rencontrent souvent des difficultés à faire reconnaître leurs compétences.
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Clara admirait le courage et la persévérance de ces femmes, dont certaines étaient ouvrières, d'autres contremaîtres et même cadres, mais toutes moins favorisées et moins libres qu'elle. Ces femmes aux élans brisés, usées petitement, au jour le jour, par toutes les pesanteurs de la vie quotidienne, les maris, les enfants, les grands-parents, la maison, l'usine. Quand elles essayaient de "se libérer", elles se retrouvaient plus d'une fois sans la situation du prisonnier qui creuse patiemment un tunnel avec une cuillère à café, pour déboucher finalement dans le bureau du gardien-chef.
"S'éclater de temps en temps, sans aucune retenue, c'est vital pour nous, renchérit Paul. La société enferme les hommes dans un carcan. Elle les programme pour remplir sans faille un certain nombre de rôles qui ne leur conviennent pas forcément. Entre autres, assurer la sécurité financière et la promotion sociale d'une famille. Moi, par exemple, je suis sorti de pension pour entrer à la caserne. Ensuite j'ai épousé une femme qui avait tout planifié d'avance, nos enfants, ma réussite professionnelle, nos relations. Parfois, j'ai l'impression d'avoir passé la première moitié de ma vie en prison.
- Vous voyez un peu la chance que vous avez d'être tombés sur des femmes comme nous ! Indépendantes, pas pesantes, et finalement pas tellement exigeantes. Non seulement on ne se décharge plus sur vous des responsabilités pratiques, mais on les partage. Éventuellement même, on les assume complètement quand vous n'en pouvez plus, dit Marie-Pierre avec coquetterie en regardant Paul.
Marie-Pierre, avait fait remarquer à Clara que l'adjectif "ambitieuse" appliqué à une femme était péjoratif, alors que parler d'un homme était laudatif.
A l'appui de ces propos, elle citait volontiers ceux d'une politicienne en vogue, haut fonctionnaire de l’État, parlant des voies et moyens de la réussite des femmes dans leur métier :
"Elles peuvent arriver à tout, partout, à condition de ne pas dévoiler leur jeu. Dès qu'elles manifestent ouvertement leurs intentions, elles se font irrémédiablement barrer."
Clara avait mis plusieurs mois à le pousser dehors. La séparation la faisait souffrir mais elle ne supportait plus la vie commune. Didier la savait vacillante, il était convaincu qu'elle céderait. C'était un fidèle dans l'infidélité. Il adorait sa femme à la maison et aimait toutes les autres à l'extérieur.
Les magazines féminins participent d'une vaste mystification : l'image idéalisée de la femme qui travaille. Le stéréotype de la femme bien dans sa peau, qui réussit dans son job, bonne épouse, bonne maîtresse de maison, bonne mère. Quel programme ! On pousse les femmes à vouloir tout en même temps mais la plupart n'ont ni la résistance physique, ni la force morale pour accomplir ce tour de force.