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EAN : 9781095438206
L' Iconoclaste (12/10/2016)
4.19/5   24 notes
Résumé :

Ce livre est une aventure. Il a été constitué à partir des milliers de lettres et journaux, photographies personnelles et dessins, conservés dans les archives fédérales et locales allemandes.

Il a fallu deux ans de recherche, denombreux voyages, des enquêtes, des traductions multiples pour retenir le meilleur, présenté pour la première fois dans ces 300 pages.

Durant quatre ans, de 1940 à 1944, la France vit à l'heure allemande... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis vraiment enthousiasmée par ce livre tant pour le fond que pour la forme. Un excellent travail de ces historiens français, allemand ou franco-allemand.

Pour le fond, je trouve que c'est une excellente idée que d'avoir rassemblé, trié, traduit et édité ces lettres qui rendent plus réels ces soldats allemands cantonnés en France.
Je viens juste de le finir et je crois que ce qui m'étonne le plus est que tous semblent avoir la conviction que leur cause est juste, ils combattent pour une nouvelle Europe, contre le bolchévisme. Même ceux qui semblent le moins admiratifs du Führer comme Ernst Jünger souhaitent la victoire de l'Allemagne. Ils semblent souvent s'étonner de l'hostilité des Français qui n'est d'ailleurs apparemment pas si grande sauf lorsque la victoire est acquise. Beaucoup parlent d'achats pour eux ou pour leur famille.
Si peu évoquent les rafles de Juifs, aucun ne parle de la Solution Finale ; ignorance ou indifférence ?
A noter que parmi ces épistoliers outre Jünger, figure Heinrich Böll.

Sur la forme, j'ai apprécié la petite note de présentation de chacun ainsi que la mention de leur destin, mort ou retour chez eux. En marge, de petites explications situent certains faits évoqués dans les lettres. Enfin la présence de fac-similés même si l'écriture est souvent difficilement lisible permet de rendre ces courriers encore plus vivants, de même que les photos et quelques dessins.

Et ce petit clin d'oeil au proverbe yiddish repris par les Allemands “Heureux comme Dieu en France” m'a également plu.
Vraiment un livre de qualité emprunté à la bibliothèque des Champs Libres de Rennes dont je me demande si je ne vais pas l'acquérir.
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Cet ouvrage sur les lettres écrites par des soldats allemands alors qu'ils se trouvaient en France pendant la Seconde Guerre mondiale vaut le détour. Car elles permettent de découvrir notre pays à travers le prisme de l'idéologie nazie ou de celui de la culture personnelle des soldats. J'ai été frappée par le le ton méprisant et le vocabulaire particulièrement péjoratif de jeunes soldats visiblement bien endoctrinés qui décrivent une France sale, des français à l'avenant et je ne vous parle pas des Parisiennes qu'ils assimilent à des prostituées parce qu'elles osent mettre du rouge à lèvres! Il y a une lettre d'un certain Lingemann expliquant à sa mère que Paris, loin d'être la ville Lumière, n'offre que crasse et misère dès lors qu'on s'éloigne des grands boulevards et quand il évoque la banlieue, il est encore plus impitoyable dans sa description "d'êtres humains aux boucles noires, repoussants et incroyablement sales" qui "se déversent des ruelles bordées de cabanes entassées en désordre". D'autres profitent du taux de change favorable pour les soldats pour pratiquer des razzias dans les magasins français et envoyer à leurs femmes des produits typiquement français. Heureusement on trouve tout de même des Allemands pour regarder avec admiration notre pays ou les françaises. D'ailleurs l'ouvrage rassemble quelques lettres d'amour échangées entre eux et des jeunes femmes dont on ignore le sort après la libération du territoire. Cette plongée épistolaire est très intéressante, elle m' a permis de découvrir un aspect que j'ignorais.
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Trois historiens ont décidé de donner la parole aux soldats Allemands stationnés en France de 1939 à 1945 à travers les lettres envoyées à leurs proches.

Ce livre est une petite pépite historique où les documents épistolaires se joignent à des photographies d'archives pour nous raconter l'occupation allemande par les soldats Allemands eux-mêmes.
Évidemment, ils n'interprétaient pas tous les évènements de la même façon. Et ça leur redonne une humanité que beaucoup de livres d'Histoire auraient voulu leur retirer.

Aurélie Luneau, Jeanne Guérout et Stefan Martens complètent les documents par des explications claires et précises. Chaque lettre est remise dans son contexte et chaque auteur de lettres est présenté de façon concise. Cela donne une grande force historique à leur livre qui est un témoignage intéressant et enrichissant.
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Le thème de ce livre est en soi un beau pari, réunir des lettres de soldats allemands qui stationnent en France, et ce classé selon un ordre chronologique de 40 à 44. Ces lettres sont accompagnées de photographies, de scans de lettres originales (ce qui n'a beaucoup d'intérêt car en allemand et illisible) mais aussi de dessins réalisés par les soldats.
Lire ces lettres est vraiment intéressant, on peut y découvrir la diversité d'idéologie au sein de l'armée, allant du comportement le plus raciste au comportement quasiment amical. Certains soldats font preuve en effet d'un racisme exacerbé envers les français, n'hésitant pas à parler de paresse, de saleté etc... Beaucoup de soldats critiquent aussi la présence de personnes noires sur le sol français (un des auteur dit être dégouté à la vue des métis tandis qu'un autre sent la "négroïsation" de la société française). Cependant, et c'est là le point de fort de cette réunion de documents, d'autres soldats font preuve d'une certaine sympathie, se liant avec les familles qui les hébergent, essayent de sauver les blessés etc... Il est aussi intéressant de voir le décalage entre le contexte de la guerre et les dires des soldats, notamment pendant la période 40-41 (âge d'or du shopping pour les soldats) avant une cristallisation des relations en 42-43 à cause de la rareté des produits qu'entraîne l'occupation et une déroute totale en 44 (quoique parfois accompagnée d'une confiance aveugle envers le Furher).
Donc une lecture extrêmement enrichissante, courte, rapide, qui permet d'éviter les généralisations et les facilités du "tous pourris" ou du 'tous contre leur gré".
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Voici une très belle compilation de témoignages de soldats allemands affectés en France durant la Seconde Guerre Mondiale au travers de leur correspondance. On y découvre leur opinion des conquis, leur quotidien, leur endoctrinement parfois, et surtout des sentiments communs à tous les soldats, quelque soit leur origine :
l'absence de leurs êtres aimés, leur inquiétude pour leurs proches, leur désir de rentrer chez eux, de voir la fin du conflit, leur conviction de combattre parmi les vainqueurs, de la proximité de la victoire.
Ce livre est édité de manière durable, joliment présenté et sur un support de très bonne qualité. Il me semble essentiel à la compréhension de cet événement de notre histoire et accessible y compris à ceux qui ne ressentent pas de passion pour L Histoire.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Près de la vitre, deux jeunes officiers des divisions blindées ; l'un d'eux a un visage décidément sympathique. Pourtant, voici déjà une heure qu'ils parlent de meurtres. L'un voulait, avec ses camarades, faire disparaître dans un lac un habitant qu'il soupçonnait d'espionnage ; l'autre est d'avis qu'après chaque attentat contre nos troupes, il faudrait coller au mur cinquante Français. " On en aurait vite fini. "

[p234-236]
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Souvent, quand une femme avait beaucoup d'enfants, j'ai donné ma ration du soir pour apaiser un tout petit peu la faim de ces pauvres gens. Je n'ai pas pu supporter ça, je ne voyais pas l'ennemi en eux, car ils n'y sont pour rien. Les coupables sont ailleurs et ne souffrent de rien, ils passent à côté de la misère et des souffrances de leur peuple, froidement et sans coeur...

[p48]
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Des milliards de lettres

On estime à environ 28 milliards le nombre de lettres et de cartes postales envoyées via la Feldpost, le service postal de la Wehrmacht, alors que 12 milliards de paquets furent expédiés pendant la guerre. Au regard du nombre des échanges de courriers en cette période, ce n’est qu’une part infime de ces témoignages de la vie quotidienne des soldats et de leur famille qui nous est offerte, mais ce sont là des archives d’une très
grande richesse.
En dehors du téléphone, exclusivement réservé aux administrations militaires, les lettres étaient le seul moyen de communication entre les soldats et leurs proches. Déposés dans un bureau de la Feldpost ou auprès du service de leur unité, ces envois étaient acheminés en Allemagne, gratuitement pour tout courrier ne dépassant pas 250 grammes, et au prix
de 20 pfennigs pour des colis de moins d’un kilogramme. De leur côté, les familles répondaient en postant leurs missives via les boîtes aux lettres « rouges » de la poste allemande.
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A l’ouest, 29 janvier 1943
Dieu fait que cette guerre se termine et que l’Allemagne en sorte gagnante ; les Français ont imaginé une nouvelle vacherie qui, lorsque je l’ai vue pour la première fois, m’a frappé comme un coup de massue ! Vraiment, l’effet en est fou, ils inscrivent tout simplement la date 1918 aux murs, cette combinaison de chiffres sans aucun commentaire, un nombre déprimant…
Oh, je ne pense pas qu’il y aura un autre 1918, sûrement pas. Si cela tourne mal pour nous, ce sera sous une autre forme… Non, l’Allemagne ne mourra jamais, même si nous perdons la guerre, nous pouvons en être sûrs. Je n’ai pas changé… Je déteste le dressage indigne des Prussiens plus que toute autre chose, mais je voudrais que l’Allemagne gagne… Ce n’est peut-être pas logique, mais la haine et l’amour sont toujours illogiques, et c’est une bonne chose.
Heinrich Böll
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28 août 1941
Les relations entre Français et Allemands ne sont pas mauvaises. Si les Français pouvaient manger à leur faim comme avant, on aurait très vite la meilleure des “collaborations” qui soit. Mais le problème de la nourriture reste un point qui détermine l’amitié ou l’hostilité… La ville est tellement tranquille qu’on a souvent l’impression de ne pas se trouver en pays ennemi. (…) On prend tout cela avec indifférence ou avec un peu de nonchalance. Seul le combat mené à l’Est éveille en nous un intérêt ardent. Ce que dit Churchill ou ce que prévoit Roosevelt… on l’enregistre et c’est tout. A côté de cela, il y a des petites choses qui nous occupent bien plus. Par exemple : savoir si le petit paquet avec les pêches est bien arrivé en Allemagne…
Arnold Nüssle
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Videos de Aurélie Luneau (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aurélie Luneau
Un texte de Stephan Martens, Jeanne Guérout et Aurélie Luneau COMMANDER : https://bit.ly/3O6hdoB
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