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EAN : 9782910686642
184 pages
Editions Joseph K (07/06/2012)
3.94/5   8 notes
Résumé :
jour de janvier 1975. Jean Meckert est allongé sur un lit de ta Pitié-Salpêtrière. Il a été trouvé inanimé dans la rue de Belleville. Sorti des épreuves...› Lire la suite de l'hospitalisation qui n'effacent pas les séquelles de deux heures de coma, il veut comprendre ce qui le laisse ainsi anéanti. Débute alors une lente enquête et une profonde méditation sur son passé, puis naît peu à peu l'idée d'un roman dont le narrateur serait un écrivain devenu amnésique.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Irréductible du début à la fin de sa vie d'écrivain et de scénariste, Jean Meckert (1910-1995) ! le début, c'est "Abîme", "Le Bon Samaritain" et "Un meurtre", trois contes écrits alors qu'il a une vingtaine d'années. La "fin", c'est "Comme un écho errant", «roman» refusé par Gallimard en 1986, soit neuf années avant son décès, et qui relate l'expérience de sa propre amnésie. Dans ces deux livres opportunément exhumés du cimetière des inédits par les éditions Joseph K., on retrouve la faconde libertaire de l'auteur de "Les Coups" – roman d'abord publié par Gallimard en 1941 dont la réédition (posthume) dans la collection «Folio» en 2002 fut enfin très remarquée – et de celui qui signa du nom de Jean (ou John) Amila plus de vingt volumes de la «Série noire».
C'est une commande de scénario noir qui valut à l'antimilitariste «teigneux» la dernière et pire épreuve de son existence: retour de repérage à Tahiti, il écrit un brûlot sur les expérimentations nucléaires à Mururoa – et chimiques à Makatea – du gouvernement de la France, «notre beau pays champion de toutes les libertés», si impitoyablement accusateur qu'il se trouve illico «confisqué, honni, rejeté». Un soir de janvier 1975, Jean Meckert – passé la soixantaine – est retrouvé inanimé sur un trottoir de Belleville, où il vit, vraisemblablement agressé par des «justiciers anonymes» qu'on ne retrouvera jamais. Sorti du coma, puis de l'hôpital, peut-il raviver ses souvenirs éteints ? Bien qu'hostile à tout qui lui semble relever de la «provocation», sa soeur cadette Augusta, «si bonne et brave [...], coeur d'or mais bougrement autoritaire», parangon de conformisme ayant fait «carrière dans la domination», s'emploie à réparer cette «mémoire moignon» en bousculant sans ménagement son «vieil irresponsable de frère» pour lui redonner, d'abord, le goût de communiquer. Cette fermeté, toute fraternelle malgré le fossé idéologique et social qui les sépare («Tu pues le désordre»), portera ses fruits, même si Jean ne recouvrera jamais tout son «cerveau bizarrement amputé» ; après être longtemps resté incapable de taper sur sa machine à écrire, il va peu à peu ressusciter son «talent défunt» et son passé naufragé, reprendre du service dans le registre noir et entamer à la troisième personne la rédaction d'un «roman» (parti pris littéraire et appellation revendiqués en page de titre et dernière page), témoignage autobiographique de ce long travail d'anamnèse. Nouveau coup, Gallimard, malgré l'avis enthousiaste de Roger Grenier, refuse le manuscrit, au prétexte abscons qu'il hésiterait «entre biographie documentaire et roman psychologique».
Des "Coups", on retrouve la haine des classes instruites – «supérieures et méprisantes» –, de la guerre et des idées reçues en même temps que la désillusion face à «l'attrape-gogo de la fraternité humaine».
Mais déjà, tout Meckert était dans ses trois contes de jeunesse, qui entend trouver sa raison d'être» – son éthique personnelle – dans la lutte contre le régime («abominable, abject»), la société et l'humanité telle qu'elle lui apparaît – «sale bête monstrueuse et puante...». Qu'on ne s'y trompe pas pourtant, il n'y a là qu'inébranlable honnêteté, refus intraitable de tricher et volonté farouche de rester debout.
Aussi saluera-t-on sans réserve ces deux éditions qui attestent, s'il en était encore besoin, combien la lecture de cet attachant «séditieux» se révèle roborative, et confirment une personnalité aux principes inflexibles, ne cherchant jamais à passer pour autre que ce qu'il est, maître d'une écriture vive, alerte, immédiate, méfiante de tout effet, de toute préciosité de style, et hérissée – sans jamais en abuser – de piquantes formulations argotiques.

Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 61, page 23
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critiques presse (1)
Bibliobs
16 juillet 2012
«Comme un écho errant» s'ouvre par ce mot que lui lance le professeur de médecine, alors qu'il somnole sur un lit d'hôpital: «Les polars, littérature médiocre!»[…]. Si seulement il avait su, cet écrivain sans passé, combien l'avenir lui rendrait justice.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Relire...Ça donnait du plaisir, et c'était peut-être le plus étonnant. Dans ses lectures, comme dans ses essais d'écriture, il ne se sentait jamais malheureux. Diminué, oui certainement, mais ça ne voulait rien dire en cette terre inconnue où la tempête l'avait jeté. Il goûtait la joie profonde d'être vivant, autrement, de tout voir et revoir d'un oeil neuf...
(p.40)
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Non, il n'avait jamais eu consciemment l'intention de trucider qui que ce soit, mais ses petits anti-héros de papier avait nettement le profil de redresseurs de torts.Ça se faisait malgré lui, ça venait d'ailleurs, mais il en assumait volontiers toutes les conséquences.
- Venant d'ailleurs..., que voulez- vous dire ?
- Je suis bien incapable de donner une explication .Je sais seulement que nous sommes des quantités de réfractaires, partout, et à toutes les époques. Des emmerdeurs, en somme.
(...)Et il n'y a aucune raison de nous classer chez les dingues parce qu'on est faits pour nager à contre-courant.

(p.64)
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Lire et relire.(...)

Redécouverte totale.
À Paris, comme à la campagne, il avait des murs de bouquins, demi-siècle d'achats divers.Des heures, des mois, des années de lectures qu'il fallait peu à peu intégrer comme des nouveautés.
C'était peut-être là l'originalité d'une expérience personnelle qu'il n'avait pas cherchée. Vieux bonhomme, il lui fallait tout apprendre comme au temps où, arpète en usine à cinquante- cinq heures la semaine, plus les cours du soir, il prenait sur ses nuits pour lire tout et n'importe quoi.Deux fois autodidacte, donc.


( p.38)
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Comme la plupart des braves gens qui font carrière dans la domination, elle s’était toujours arrangée pour éviter le fond des problèmes.

[...] faits divers bien baveux et sanglants qui chatouillaient si voluptueusement les gens convenables

[...] mort à la guerre, comme un million et demi de bons Français qui avaient « fait leur devoir ». (Comme un écho errant)

On est tout seul dans sa peau. (Comme un écho errant)

[...] ça c’était de la haute littérature puisque ça ne gênait personne !

sous la schlague imbécile des ptichefs chargés du respecct de l’ordre et des cuvettes des vécés

Et partout, comme toujours, les uns volaient la mort des autres pour s’en faire des médailles.

Il n’y a jamais plus patriote indigné qu’un bon planqué.


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Mais-est-il possible de faire comprendre , à qui n'en a pas l'expérience directe, qu'on puisse se retrouver heureux d'avoir été rejeté de la meute ? A la notion de société, cette pipeletterie complexe, se substitue alors la pleine conscience de l'Espèce entière. Et la fin devient commencement. (p. 43)
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