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EAN : 9782889153084
380 pages
Quanto (21/11/2019)
4.78/5   9 notes
Résumé :
Faire parler l’ADN ancien, c’est lever le voile sur des vagues de migration incessantes et oubliées, et sur les innombrables ascendances dont nous sommes aujourd’hui les héritiers. Le généticien David Reich, dont l’équipe a été à l’avant-garde de ces découvertes, expose dans ce livre événement tout ce que la génétique dit de nous et de nos surprenants ancêtres.

Enterrant définitivement tout fantasme de pureté raciale, l’ADN fossile dévoile de profonde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est peu dire que le livre de David Reich (Comment nous sommes devenus ce que nous sommes. La nouvelle histoire de nos origines, éditions Quanto, 380p.) était attendu. Disons-le d'emblée : le travail qui en forme la substance constitue une prouesse non seulement irréalisable mais même inimaginable voici quelques années seulement. Reich travaille sur l'ADN ancien. Après avoir appris la technique auprès du pionnier Svante Pääbo, un chercheur suédois dirigeant un important groupe en Allemagne, il a ouvert un laboratoire à l'université Harvard donnant à ce type de recherche une dimension quasi industrielle.
Au titre des prouesses permises par ces techniques figurent non seulement le séquençage de plusieurs génomes d'hommes de Néandertal mais aussi la découverte d'un humain ancien qui doit tout ou presque à la génétique, celle de l'homme de Denisova. de ce dernier, on ne disposait que d'une dent. Mais l'étude de son ADN prouve qu'il s'agit d'un être à part, ni néandertalien ni sapiens.

Comment nous sommes devenus ce que nous sommes. La nouvelle histoire de nos origines, éditions Quanto, 380p.Pääbo, Reich et d'autres ont démontré que ces deux hommes fossiles ont laissé des gènes chez les Européens (pour ce qui est de Néandertal) et chez les Asiatiques (en ce qui concerne ces deux types d'humains disparus). le décodage des génomes anciens ne constitue pas la seule prouesse technique développée par Reich et ses collègues. L'examen d'un unique génome actuel constitue aussi une mine, exploitée comme la précédente à l'aide de paradigmes mathématiques et susceptible de témoigner des hybridations passées.

On doit surtout à Reich des études sur des humains relativement récents (moins de 40 000 ans) car il reste extrêmement difficile de récupérer de l'ADN très ancien. Elles prouvent que tous ces êtres du passé n'ont cessé de migrer d'un lieu à un autre, déplaçant souvent les populations locales. S'agissant de l'Europe, elles confirment une assez grande homogénéité génétique, notamment à partir de la culture dite de l'Aurignacien pour laquelle on peut distinguer au moins deux groupes, un à l'Est (représenté par un fossile en Russie) et un autre à l'ouest (avec un fossile belge). Nous sommes à peu près tous, à des degrés divers, descendants de ces humains. Reich ne s'est pas contenté de l'étude de ces hommes anciens. Décodant des centaines de génomes, il apporte des informations relatives à toutes les époques passées et notamment à l'origine des Indo-Européens dont il fait, sans en méconnaitre les conséquences politiquement délicates, un groupe génétiquement homogène quoique descendant d'une population hybridée, celle des Yamna habitant les steppes à l'est de l'Europe.

Reich aborde également, décodages génétiques à l'appui, le cas des populations non-européennes, d'Inde (ayant elle-aussi héritée des Yamna une langue indo-européenne), de Chine, d'Amérique et d'Afrique. Ce dernier continent apparait essentiel à plusieurs égards : il constitue la terre des vestiges préhumains les plus anciens et celles des groupes actuels différenciés depuis le plus longtemps, à savoir les San (anciennement appelés Bochimans) d'Afrique Australe ainsi que les Pygmées de la forêt. Quant aux Noirs, il est intéressant de constater qu'ils présentent une hétérogénéité génétique plus importante que les autres populations.

David Reich a la claire conscience de travailler dans un domaine où existe un sérieux risque de confrontation avec des présupposés idéologiques, qu'il s'agisse de l'origine des Indo-Européens ou de la notion de race. Il n'en aborde pas moins ces thèmes avec clarté constatant tout à la fois le rôle essentiel des migrations et des croisements au sein de l'espèce humaine (ruinant par là-même toute notion de race « pure ») et la réalité des différences génétiques entre populations, validant ainsi de facto la notion de race ce qui lui vaut bien évidemment quelques critiques ; ceux qui nient totalement l'existence des races le jugent suspect en dépit de l'antiracisme qu'il professe ; ceux qui se croient descendants d'une lignée pure exempte de toute forme de métissage lui en voudront tout autant de leur ôter leurs illusions. L'attitude la plus saine est, comme toujours, de respecter les faits tels que la science les révèle. Donc de lire Reich.

Yves Christen
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Si nous connaissons tous, depuis de nombreuses années déjà, l'importance de l'ADN pour résoudre des affaires criminelles ou révéler - ou infirmer - une filiation, l'ADN ancien nous est beaucoup moins familier.

Il s'agit d'un ADN humain extrêmement ancien, remontant parfois à plus de 300 000 ans, et que les techniques nouvelles permettent d'exploiter toujours plus loin dans le temps et à des coûts de moins en moins élevés, comme le souligne fréquemment l'auteur de Comment nous sommes devenus ce que nous sommes, David Reich, un généticien, professeur à Harvard, spécialiste des études sur le génome humain des hommes préhistoriques.

Son livre est d'une lecture extrêmement aisée, sans aucun jargon scientifique ou technique, et illustré de nombreuses cartes.

Il traite de l'histoire de l'humanité, principalement à partir du moment où les humains modernes se sont différenciés des Néandertaliens (il y a environ 500 000 ans), nous explique ce qui nous différencie de ces derniers, et comment les humains en sont venus à peupler tous les continents - Europe, Asie, Amérique - mais aussi l'Afrique car, contrairement à ce que l'on croit le plus souvent, si les humains sont sortis d'Afrique, ils y sont aussi retourné, puis pour certains, ressortis, à plusieurs reprises.

L'auteur insiste tout particulièrement sur le fait que, bien que les humains qui peuplent actuellement la Terre paraissent très différents les uns des autres, au-delà de cette diversité nous avons tous une origine commune, que nous sommes tous issus des multiples croisements des peuples qui nous ont précédés : "une seule personne contient à elle seule l'histoire de toute une population" nous dit David Reich, "car l'histoire d'une multitude d'ancêtres est inscrite dans son génome". Et il insiste : "Aucune population humaine n'a évolué sans mélanges : où que nous portions notre regard, les millénaires étaient jalonnés de croisements".
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
07 janvier 2020
Un ouvrage qui, dans l’ensemble, réussit le pari de faire voyager le lecteur, grâce à une écriture limpide et pédagogique accompagnée d’excellentes illustrations, à travers les différentes époques de l’histoire humaine et aux quatre coins du monde.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En montrant que les lignes de démarcation génétiques qui prévalaient en Eurasie occidentale durant la période allant d'il y a 10 000 à il y a 4000 ans étaient totalement différentes des actuelles, la révolution de l'ADN ancien a révélé que les classifications d'aujourd'hui ne reflètent pas d'unités biologiques « pures » ou fondamentales. Bien au contraire, ces divisions sont récentes et ont trouvé leur origine dans de multiples croisements et migrations. Tout porte à croire que les combinaisons vont aller de l'avant: l'hybridation est un principe fondamental de notre identité. Nous ne devons pas le nier, mais nous en réjouir.(p. 133)
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Aujourd'hui, les populations d'Eurasie occidentale (la vaste région comprenant l'Europe, le Proche-Orient et une grande partie de l'Asie centrale) sont extrêmement proches sur le plan génétique. La ressemblance physique de leurs membres a été perçue au XVIIIe siècle par des savants qui les ont classés dans la catégorie des "Caucasoïdes" pour les différencier des "Mongoloïdes" d'Asie orientale, des "Négroïdes" d'Afrique subsaharienne et des "Australoïdes" d'Australie et de Nouvelle-Guinée. [...] les différentes populations d'Eurasie occidentale sont en moyenne environ sept fois plus semblables entre elles qu'elles ne le sont des Asiatiques orientaux. Si l'on dresse la carte des fréquences de mutations, l'Eurasie occidentale, allant de la côte atlantique européenne aux steppes d'Asie centrale, y frappe par son homogénéité; l'Asie centrale présente beaucoup plus de variations; et l'Asie orientale constitue une nouvelle zone homogène.
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Selon l'analyse des données relatives à l'ADN ancien, les chasseurs-cueilleurs qui vivaient il y a environ 8000 ans en Europe occidentale avaient les yeux bleus, mais la peau sombre et les cheveux foncés, une combinaison rare aujourd'hui. Les premiers agriculteurs d'Europe avaient pour la plupart la peau claire, mais les cheveux foncés et les yeux bruns. Les Européens à peau claire actuels ont donc pour la plupart hérité ce caractère des agriculteurs qui ont migré [au Néolithique depuis la Turquie actuelle].
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Selon l'ADN ancien, les grandes migrations et les mélanges de populations très divergentes ont été la force vive de la préhistoire humaine. Et toutes les idéologies qui cherchent un retour à une pureté mythique sont totalement incompatibles avec les sciences dure. (p.159)
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(…) la reine Elizabeth II d'Angleterre n'a presque assurément aucun ADN de Guillaume de Normandie, son ancêtre de 24e génération, qui a conquis l'Angleterre en 1066. Certes, ce n'est pas forcément exclu mais, sur 24 générations, seuls quelque 1 751 de ses 16 777 216 ancêtres généalogiques ont pu lui transmettre un peu de leur ADN.
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