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EAN : 9782845636460
197 pages
XO Editions (03/10/2013)
4.17/5   144 notes
Résumé :
En France, 14% des enfants ne se sentent pas en sécurité au collège. 10% sont victimes de harcèlement. Certains finissent par en mourir.

Jonathan est encore à l'école primaire lorsque les brimades, les insultes, les coups commencent. On se moque de lui, de son physique, de son nom de famille. Puis on le menace, on lui demande de l'argent, on lui dit qu'on va tuer ses parents. La peur et la honte l'empêchent de parler. Les adultes ne voient r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire de Jonathan, je la connaissais par le biais des médias, notamment celui de la télévision, puisque j'avais déjà eu l'occasion de le voir raconter ce qui lui était arrivé dans plusieurs émissions.

Harcelé depuis l'école primaire, Jonathan a tenté de s'immoler par le feu à l'âge de seize ans parce que ça lui paraissait être la seule solution face au racket et aux brimades qu'il vivait. Brûlé à 72%, il a dû subir de nombreuses opérations et des douleurs insupportables.

Ce livre a été écrit afin de mettre en garde les parents, les profs et adolescent·e·s face au harcèlement scolaire. Étant déjà sensibilisée sur le sujet, je n'en avais pas forcément "besoin" mais je voulais en apprendre plus sur ce jeune homme qui a voulu mourir à cause de ce qu'on lui faisait.

En terme d'écriture, ne vous attendez pas à quelque chose de très élitiste : elle reste simple, accessible à tous·tes et c'est tant mieux. J'ai trouvé dommage que le terme le plus employé soit le suivant : "traiter" (souvent mis entre guillemets, d'ailleurs), pour dire qu'il se "faisait traiter de...". J'avais l'impression qu'il minimisait la gravité des actes (même si ce n'est probablement pas le cas), et il me semblait plus pertinent de parler directement de "brimades" et de "harcèlement", afin que les mots soient à la hauteur de ce qui était fait.

Mais je ne veux pas juger le ressenti de Jonathan, qui a su se confier dans cet ouvrage afin de mettre en garde et d'alerter sur les dangers du harcèlement à l'école. Je trouvais ses propos justes, bien que je n'étais pas toujours d'accord (notamment sur la question de l'uniforme, qui, selon moi, ne réglerait pas le problème des moqueries dues aux classes sociales). Il a fait preuve d'un courage incroyable vis-à-vis de toutes les souffrances endurées.

Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est d'avoir le point de vue de différentes personnes, principalement celui de sa mère, qui s'incrimine d'ailleurs dans ce qui est arrivé à son fils, alors qu'elle n'est en rien responsable de ce que les élèves ont pu lui faire : les coupables, c'est les personnes qui le rackettaient et qui le harcelaient. Les parents ont parfois tendance à s'en vouloir, à tort.

Un témoignage fort et touchant sur l'histoire de Jonathan Destin, qui a été condamné à se tuer et qui s'en est sorti. le harcèlement scolaire peut avoir de graves conséquences, et des ouvrages (ou autres supports) comme celui-ci pour faire de la prévention me semblent indispensables.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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Merci à Lucy qui m'a permis de lire ce témoignage émouvant.
Ce récit narré à plusieurs voix, celle de Jonathan Destin, ses parents ses soeurs, sa sauveuse Florence et Alexandre, un jeune homme d'une trentaine d'années qui lui apportera beaucoup de soutien, témoigne du drame vécu par le jeune ado et sa famille, et de ses conséquences sur sa vie future.
Condamné à se tuer pour échapper à ses harceleurs qui le menaçaient lui et ses proches, Jonathan, 16 ans commet l'irrémédiable en choisissant de s'immoler. Car Jonathan a bien réfléchi, pour lui la mort viendrait rapidement ! Mais il ne mourra pas. Et le calvaire ne fait que commencer.

" Je croyais que mon coeur brûlerait en premier. Et si mon coeur brûlait, je mourrais très vite. "

Son témoignage, ainsi que ceux de ses proches, témoigne de sa souffrance et son combat. Lui qui pensait que la mort serait un soulagement regrette son acte à son réveil.
Malgré les souffrances endurées, Jonathan soutenu par ses parents, malgré leur incompréhension face à cet acte, va faire preuve, une fois libéré du lourd fardeau du secret, d'une grande détermination et se battre pour s'en sortir. Brûlé au 3e degré sur 72% du corps, il subira de nombreuses interventions chirurgicales et tel un phénix renaîtra de ses cendres. Il le dit à Alexandre.
"-pour moi, le fait d'avoir fait cet acte c'est comme une renaissance. À partir de maintenant, ce sera une nouvelle vie "

Il souhaite que son témoignage aide de jeunes enfants en difficultés, leur faire comprendre que lâcher prise c'est laisser gagner les harceleurs. C'est un des messages qu'il souhaite faire passer afin qu'ils ne commentent pas l'irréparable.

" Si un élève veut mourir comme je l'ai fait, il faut qu'il écoute ce que je dis. Ça n sert à rien de mourir. Quand on meurt, c'est les autres qui gagnent. Et puis les autres, je veux qu'ils aillent en prison"

Il dénonce l'inertie du corps enseignant qui se désintéresse ou nie, comme c'est le cas des représentants de son collège ( ce qui m'a donné envie d'hurler), l'existence de harcèlement au sein de la communauté scolaire.
En tant qu'adulte de la génération de Frédéric, le père de Jonathan, je comprend qu'il est pu passer à coté de certains signes, ne pas imaginer l'impensable. de "notre temps", dirai-je, les railleries, les moqueries, on a connu bien sur ! Mais pas d'une telle intensité et avec un tel degré de violence. Tout d'abord les enseignants ne l'auraient pas permis. Ils avaient plus de liberté d'action et les punitions ne manquaient pas. Quant ils affrontaient un parent, ce n'était pas au risque de se faire insulter, à minima, violenté dans dans les pires des cas. On en vient donc, au problème de base, l 'éducation des enfants à la maison avec des principes de bases. L'apprentissage du respect et de la tolérance. Accepter que quelqu'un soit différent et apprendre à ne pas le stigmatiser. D'un autre coté, nous évoluons dans une société de parents démissionnaires, souvent et d'un autre coté de ceux qui ne voient en leurs enfants que des petits anges, incapables de la cruauté dont on les accuse. Il est peut-être de se remettre en question !
Force donc est de constater la part de responsabilité dans le harcèlement. Chacun d'entre nous y a sa part. Que se soit par passivité ou déni. À partir de là notre rôle à jouer est primordial. Ne sommes nous pas les adultes sensés protéger les enfants ?
Il faut don, à mon avis, par commencer à arrêter de minimiser les actes, aussi petits soit-ils, et encore moins les réactions des enfants ou ados qui peuvent nous sembler excessives. Nous ne vivons pas ce qu'ils subissent. Nous ne sommes pas à leur place, n'éprouvons pas leurs émotions, ne réagissons pas tous de la même manière devant un même situation. Certains sont plus forts que d'autres. la preuve Jonathan est persuadé que son père s'en serait sorti et il a honte de ne pas parvenir a le faire, c'est une des raisons qui le pousseront à se taire.
Après avoir lu 13 reasons why, une fiction sur le harcèlement scolaire, j'ai pu constater dans beaucoup de retours de lecture que de nombreux lecteurs trouvaient le geste d' Hannah excessif. Ils minimisaient l'impact des paroles blessantes, des rumeurs sur elle. Eh bien, à mes yeux c'est comme ça que dans la réalité on laisse passer des comportements inadaptés répétitifs qui vont ensuite monter crescendo.
Je me suis révoltée du comportement des enseignants dans le cas de Jonathan, de leur déni, du peu d'aide que on lui a apporté quand il a tenté une approche. Jonathan, enfant en difficulté est la cible type pour les railleries. Il est différent intellectuellement avec un peu d'embonpoint. Faut-il sortir de St Cyr pour pressentir les risques, alors que le harcèlement scolaire est connu de tous . Faut-il former les enseignants à voir ce qui me semble une évidence ?
C'est pourquoi, j'insiste sur notre responsabilité d'adulte, en enseignant la tolérance, au respect de la différence. Et sur l'importance de la communication.
Il y a 30 ans en arrière, on ne parlait pas de harcèlement scolaire. Cependant le racket existait déjà et quelques petites fortes têtes malmenaient parfois les plus faibles. C'est pourquoi j'ai exigé de mes enfants que quoi qu'il se passe ils devaient m'en informer. Nous n'avons pas eu de soucis. Mais les choses étaient claires. Pour autant, j'ignore si sous certaines menaces, mes enfants n'auraient pas faiblis. C'est pourquoi, je comprend aussi la culpabilité des parents de Jonathan, qui n'ont suspecté qu'une crise d'adolescence chez un enfant déjà taciturne de nature.
Aujourd'hui Jonathan, moqué pour son nom, le porte haut et fort. Car il a choisi son Destin. Il est sorti grandi de cette épreuves et décider que son aventure et son témoignage aidera à d'autres harcelés de tomber dans un engrenage fatal !
Merci à lui, et à sa famille, de nous rappeler que nous sommes tous acteurs, à notre manière afin de lutter contre le harcèlement scolaire pour que plus jamais un enfant ne soit condamné à se tuer.
Une histoire narré dans le respect des mots de Jonathan, dans un style basique qui donne plus de force à ce récit. le jeune homme et sa famille nous émeuvent en nous racontant le calvaire de Jonathan, mais nous donne une sacré de leçon de vie et d'espoir !
Comme beaucoup harcelés qui luttent aujourd'hui pour mettre fin à la tyrannie, Jonathan et sa famille ont crée une association Tous ensemble pour Jonathan.
Vous trouverez d'autres d'autres liens en fin de lecture pour aider ceux dans le besoin, qu'ils soient parents où enfants. (voir blog)
Gros coup de coeur et je souhaite de toute mon âme que Jonathan Destin réalise ses rêves.
Lien : http://missneferlectures.ekl..
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Dure histoire que celle de Jonathan Destin, qui a voulu témoigner suite au drame qu'il a vécu adolescent, en effet, toute sa scolarité au collège a été pour lui un vrai calvaire, il va être harcelé, racketté, battu... et tout ça pour quoi, parce qu'il s'appelle Destin, qu'il a un léger surpoids, et qu'il a surtout une gentillesse et une timidité excessives qui fait de lui la victime parfaite.
Ce livre a été écrit pour mettre en garde les enfants, les parents, les enseignants, les surveillants... et alerter tout le monde contre le risque du harcèlement scolaire et les conséquences dramatiques qui peuvent en découler.
On ne ressent pas de haine en lisant ce livre, on voit bien que l'auteur et ses proches ont surtout voulu faire de la prévention contre ce phénomène dont on entend de plus en plus souvent parler.
Ce livre écrit principalement par Jonathan Destin, est traversé par le témoignage de sa mère, son père, ses soeurs, la personne qui lui a sauvé la vie, son ami... qui tour à tour vont prendre la parole pour nous livrer leurs ressentis et leurs façons de voir le jeune homme.
A la fin de cette lecture, on est bien évidemment en colère contre les harceleurs, mais ma rancoeur va surtout vers le personnel de l'établissement scolaire (profs, surveillants, directeurs...) qui ont fermé les yeux, qui n'ont pas réagit, pour protéger leurs petites vies pépères, j'espère juste que ces personnes ne passent pas une seule journée de leurs vies sans y penser et sans avoir de remords.
Un grand bravo à Jonathan Destin, à sa famille et à ses proches pour le courage qui ont eu à témoigner et à surmonter cette terrible épreuve, qui devrait ne plus jamais à avoir à se reproduire.
Si tu lis cette critique Jonathan, je te souhaite beaucoup de courage, continue le combat que tu mènes, je suis certaine que tu as déjà permis d'éviter beaucoup de drames, que ce soit du côté des victimes qui ont osé parler que de celui des harceleurs qui ont pris conscience du mal qu'ils étaient entrain de faire.
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Quel témoignage, mais quel témoignage ! Ce sont les deux premiers mots que je trouve à dire sur Condamné à me tuer de Jonathan Destin

Victime de harcèlement scolaire durant 6 longues années, Jonathan Destin a décidé d'en finir avec la vie à seulement 16 ans, en s'immolant par le feu. Brûlé à 72%, ayant passé 3 mois dans un coma artificiel et ayant subi 17 opérations, il décide de nous raconter son calvaire, pour que cela change…

C'est un sujet qui m'interpelle énormément, c'est la raison pour laquelle j'ai voulu me procurer ce livre et le lire. le harcèlement scolaire peut partir d'un tout petit rien et prendre des proportions incroyables comme nous en témoigne Jonathan ici.

Ce jeune homme a subi brimades, racket, insultes, coups, jusqu'à la menace de mort sur lui et sur sa famille, cette dernière l'ayant conduit à son geste fou, s'immoler par le feu pour en finir.
Jamais il n'a parlé, jamais il ne s'est plaint, il a enduré, comme un « guerrier », ces choses que personne ne devrait subir, et pourtant, même si c'est un sujet que l'on peut qualifier de tabou, beaucoup trop d'enfants à mon goût en sont victimes…

J'ai eu une boule au ventre en lisant ce témoignage, que ce soit la « voix » de Jonathan ou celle de ses proches que l'on peut découvrir dans certains chapitres…

Ayant moi-même connu des brimades, réflexions et tout ce genre de choses par mes « camarades tortionnaires » comme je qualifie ces enfants ou adolescents, j'ai moi-même compris, en lisant ce livre, que j'avais été victime aussi sous une certaine forme (moindre que celle de Jonathan Destin), d'harcèlement scolaire… On m'avait prévenu pourtant, les enfants ou adolescents sont cruels entre eux…

Jonathan Destin est très courageux de nous avoir raconté son histoire, d'avoir été puisé dans ces périodes si atroces pour lui (et pour nous par la même occasion, alors que nous sommes simplement lecteur ou lectrice) ! Mais il a réussi à briser le silence, chose que peu de personnes arrivent à faire, malheureusement parce qu'ils ne sont plus de ce monde pour pouvoir le faire…

C'est un sujet dont on ne parle pas assez à mon goût et pourtant si répandu ! Pourquoi ? Premièrement parce que comme je l'ai dit plus haut, les enfants sont cruels, ils sont élevés dans un monde qui devient de plus en plus fou, et ils ne sont pas sensibilisés à ce que l'on pourrait appeler « la différence ». Ils ont un schéma du monde très particulier, bien à eux, qui ne sera jamais réalisable.
Mais aussi parce que le personnel éducatif n'est pas assez attentif. C'est réellement ce que je pense. On va me répondre que l'on ne peut pas mettre un adulte derrière chaque enfant, je suis bien sûr, entièrement d'accord avec vous, et je vous répondrais aussi que le personnel éducatif, à tout niveau n'est pas formé pour pouvoir gérer ce genre de « problème ». Ce que je trouve, bien entendu, inacceptable… Qu'attend-on pour que cela change ?

Je vais terminer ma critique sur ce témoignage poignant et bouleversant en tirant mon chapeau à Jonathan Destin d'avoir osé briser le silence, et qui continue à témoigner et à sensibiliser tout le monde avec ses parents et son association Tous Solidaires Pour Jonathan, pour que jamais plus, cela ne se reproduise…
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Ce texte est le récit de Jonathan et de ses proches qui témoignent de l'enfer qu'il a vécu pendant sa scolarité et qui l'a poussé à s'immoler par le feu...
Jonathan, dyslexique, a des difficultés et des lenteurs à apprendre et souffre lorsque ses professeurs lui renvoient l'image d'un cancre qui ne travaille pas. Jonathan est un garçon gentil et pacifique alors quand on s'en prend à lui pour le racketter il se laisse faire, ne sachant comment se défendre, mais aussi sous la menace que sa famille soit attaquée.
La première partie du livre raconte en détails ce que cet adolescent a subi année après année dans l'enceinte du collège mais aussi dans la rue à la sortie... et ce, même en changeant d'établissement.
La seconde partie reprend les interrogations de ses proches qui culpabilisent de n'avoir pas deviné, de n'avoir pas su comprendre même si Jonathan avait honte d'en parler.
Dans la seconde partie se trouve aussi le récit des années d'hospitalisation et d'opérations chirurgicales, de tentatives de greffes qui ont suivi le sauvetage in-extremis de ce grand brûlé.
C'est poignant.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Pour l'instant, ma vie est compliquée. Il faut de la patience. C'est très long, la patience.

Quelques jours avant, j'avais vu à la télévision un reportage sur un adolescent qui s'était immolé par le feu. Il était mort de ses brûlures. C'était en France, ça m'a frappé. Comme je savais qu'il était bien mort, j'ai décidé de faire la même chose. Ça ne m'a pas fait peur, parce que que je me disais qu'il fallait bien que ça s'arrête. Je ne pouvais plus vivre comme ça. La mort ne me faisait plus peur. Je me disais qu'avec toute la douleur que j'endurais depuis plus de deux ans, un feu qui dure quinze minutes, c'était ce qu'il me fallait.

J'ai été tenté un moment par l'idée de me pendre, mais j'avais peur que ce ne soit pas assez rapide. Ce jour-là, je voulais faire vite. Disparaître en fumée.

J'ignorais ce que c'était, la dépression. Je ne savais qu'une chose : ma vie était mauvaise, insupportable, et mourir était la solution pour arrêter. Me retrouver dans un autre monde, au calme, un monde que j'imaginais sans méchanceté, sans école. Je pensais tous les jours au suicide.

Pour moi, la mort, c'était le calme, ne plus rien faire, ne plus se faire embêter... la liberté. Disparaître ça ne me faisait rien. Sauf que je pensais à ma famille. Je savais que j'allais leur faire de la peine : ils m'aimaient.

Pour moi, mourir, ce n'était pas le pire. Mourir était la délivrance. Mourir était devenu ma seule et unique pensée. Mais moi, je savais que je n'étais pas comme tout le monde. Alors là, quand ils m'ont menacé avec le flingue, j'ai vraiment décidé. Ils m'ont condamné à me tuer.

J'ai toujours eu peur des autres et de la vie. Je pense que je suis né comme ça. Je suis long à me confier, à faire confiance. J'ai peur aussi qu'on me juge.

J'allais à l'école avec l'impression d'avoir une boule dans le ventre. J'encaissais sans rien dire. Jamais je n'ai osé en parler à ma mère.

Je grignotais entre les repas, beaucoup, j'avais toujours faim, je pense que c'était une compensation. Plus les autres me traitaient de gros, plus je mangeais. La nourriture me réconfortait un peu.

"Ils s'amusent avec toi." S'il préférait les croire, et ne pas voir, alors j'étais seul. Complètement seul.

J'ai toujours été un peu solitaire. Moi, je voulais juste apprendre, rester à l'école, c'est tout.

Si j'avais pu, quand ils me traitaient, j'aurais répondu. Même ça ça ne sortait pas : j'avais peur que ce soit pire, de prendre des coups. Alors je les laissais faire. Je me suis toujours laissé faire.

Moi j'ai dit que c'étaient eux qui m'avaient tapé. Mais il ne m'a pas cru. Il a cru les autres parce qu'ils étaient quatre ou cinq. Le prof, lui, était tout seul et, peut-être, il ne voulait pas d'ennuis. Après, pour eux, c'est trop de problèmes, alors ils laissent tomber. C'est pour ça aussi qu'on ne dit rien. Parce que ça ne sert à rien.

J'étais humilié à l'idée de raconter ce que j'avais déjà subi.

La prison était dans ma tête. Je me réfugiais à la maison dans ma chambre.

J'ai commencé à réfléchir à la mort. À la paix dans un autre monde.

Je me suis toujours accroché à mes parents. J'avais peur de la vie, de tout ce qui se passait dehors. Depuis que je suis petit, je reste beaucoup enfermé chez moi. Je n'ai jamais eu beaucoup de copains.

Je n'ai pas arrêté de croire à ce monde meilleur. Jusqu'au moment où ils m'ont collé un pistolet sur la tête. Ce jour-là, j'ai décidé de mourir.

Je renverse d'un seul geste l'alcool à brûler sur moi, le tout sur mon torse. Je veux que mon coeur brûle et m'étouffe.

Je vois trouble dans l'eau glacée, le feu s'éteint tout de suite, mais pas la souffrance. Et je crie toujours.

Quand j'ai pris ma décision, j'ai pensé que je reverrais mes parents plus tard, là-haut. Pour moi, c'était un autre monde. Maintenant, je me dis que l'autre monde n'existe pas. On meurt et c'est tout.

Je me laissais prendre mon argent sans résister. C'était facile pour eux. Et moi, pendant ce temps, je pensais au suicide.

Un chirurgien m'avait dit que je ne remarcherais plus, que je resterais en fauteuil roulant toute ma vie. Je ne l'ai pas cru. Je lui ai répondu : "Non, moi, je remarcherai un jour." J'étais sûr que j'y arriverais. J'y suis arrivé.
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Je ne pouvais pas leur parler, j'avais honte de leur réaction. Et peut-être qu'eux, ils auraient eu honte de moi. Ils auraient pu se dire que leur fils ou leur petit frère ne devait pas être comme ça, qu'il ne devait pas se laisser faire. Je ne sais pas trop dire pourquoi, mais ça reste en moi.
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Quand j'ai pris ma décision, j'ai pensé que je reverrais mes parents plus tard, là-haut. Pour moi, c'était un autre monde.
Maintenant, je me dis que l'autre monde n'existe pas.
On meurt et c'est tout. (p.77)
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Là-bas, une heure, c’est très long. On est une heure à regarder le plafond. On dirait que le temps ne passe pas. On ne sait pas quelle heure il est, on ne sait pas quel jour on est, on ne sait pas si c’est la nuit ou le jour, on se pose beaucoup de questions. Sans réponse. Il n’y a pas d’horloge.
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Me retrouver dans un autre monde, au calme, un monde que j'imaginais sans méchanceté, sans école.
Je pensais tous les jours au suicide.
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